Mauvaises habitudes des 15-25 ans: le décryptage d’une diététicienne

Entre 15 et 25 ans, on est entre la fin de l’adolescence et le début de la vie d’adulte: un moment critique de transition, et notamment au point de vue des habitudes alimentaires… Une enquête Ipsos, réalisée en partenariat avec Logica Business Consulting pour Doing Good Doing Well et publiée jeudi, épingle certaines mauvaises habitudes alimentaires des jeunes qui constituent clairement des facteurs d’obésité.

Isabelle Darnis, diététicienne, spécialiste de l’adolescence et membre de l’association lyonnaise ABC Diététique (qui fait notamment des actions de sensibilisation en milieu scolaire), commente les principaux résultats de cette étude réalisée en septembre sur un échantillon représentatif de 1000 jeunes de 15 à 25 ans.

Un jeune sur cinq est en situation de surpoids ou d’obésité. Ce phénomène est sous-évalué puisque parmi eux, trois sur dix estiment êtres minces ou de corpulence normale.

«Il y a en effet un souci  de diagnostic. Personne ne veut s’atteler à ce problème… On a du mal à recruter pour s’occuper de ces patients. Les pros sont mal outillés. Il y a eu plusieurs PNNS, la diffusion de réglettes, il est très facile de calculer son IMC sur internet… Mais il y a un problème d’accompagnement. Les jeunes vont chez le médecin pour un rhume, pas pour dire qu’ils ont un problème de poids. De l’autre côté, le médecin ne fait pas forcément le chemin vers eux.»

Un certain nombre de mauvaises habitudes alimentaires très diffusées sont des facteurs d’obésité. Par exemple, 54% des 15-25 ans déclarent ne pas manger au moins un repas sur deux à heure fixe.

«Pour moi, ce n’est pas très grave… Bien sûr, le corps aime la régularité. Mais généralement, quand on entre dans la vie active – ce qui arrive de plus en plus vers 25 ans! – ou que l’on s’installe en couple, la régularité revient.»

48% des jeunes sondés ne prennent pas de petit déjeuner au moins un matin sur deux.

«Si ce n’est pas plus! C’est déjà à partir de la 6ème que les chiffres chutent, les jeunes commencent à sauter le petit déj’. Au début, cela est dû à un manque d’encadrement parental, mais aussi aux rythmes scolaires. Les jeunes se couchent tard et donc se lèvent le plus tard possible. S’ils veulent éluder une étape, ce sera plus le petit déj’ que le choix des fringues! Pour eux cela n’a pas d’intérêt, surtout quand la faim n’est pas au rendez-vous. Mais le matin, il faut le temps que l’appétit s’installe! Il se peut aussi que le repas trop copieux de la veille ait une influence. Quoiqu’il en soit, les habitudes prises à l’adolescence peuvent perdurer.»

Plus d’un jeune sur trois déclare que lorsqu’il est stressé, il lui arrive de grignoter toute la journée pour se remonter le moral.

«La pub a banalisé le grignotage! Par exemple cette pub pour les Kinder Bueno, «pour les faims d’après-midi»… Mais de quelle faim parle-t-on? Parce qu’un Kinder Bueno c’est un petit plaisir, mais le plaisir ne remplit pas la faim. Aussi, quand on mange à la cantine ou à la fac, c’est souvent pas terrible… Alors les jeunes ont faim et se jettent sur des aliments très packagés, riches en graisses et en sucres. Et ce comportement n’est pas forcément transitoire! Je pense aussi qu’il faut redéfinir le grignotage. On grignote rapidement, debout. Quand on s’assoit, avec quelque chose que l’on s’est préparé, dans une assiette, c’est plus une collation. Cela se justifie. Mais souvent, les grands ados disent que ce genre de goûter est réservé aux enfants… »

Les jeunes consacrent très peu de temps aux différents repas: en moyenne, 9 minutes pour le petit déjeuner, 24 minutes pour le déjeuner, 27 minutes pour le dîner.

«C’est directement lié au  temps de repas, assis, ensemble, en famille.  Précisons que dans la restauration scolaire, il est recommandé de passer au minimum 20 minutes assis à table. En plus, les jeunes ont souvent la tête ailleurs, pour eux l’alimentation est fonctionnelle, ce n’est pas la peine d’y passer des heures…»

Seul un jeune sur trois déclare consommer quotidiennement à la fois des fruits et des légumes.

«Cela est rattaché à la question du coût, de la préparation plus contraignante. Le rôle parental dans l’apprentissage des fruits et des légumes est primordial… En outre, les jeunes connaissent par cœur le slogan «Mangez 5 fruits et légumes par jour», mais il a peu d’impacts sur eux.  Ils se heurtent aux incitations par les pubs, avec des images de jeunes cool… En plus, quand on est jeune, on est immortel! On n’ est pas très touché par les menaces de diabète ou de maladies cardio-vasculaires… La dimension santé de l’alimentation, on y pense plus tard!»

61% des jeunes disent manger au moins une fois sur deux leur repas devant leur écran.

«C’est une affaire entendue dans un certain nombre de familles… Dans le cas des ados, ils ne veulent plus manger avec les parents et donc vont derrière leurs écrans… Si les parents tiennent à un temps d’échange, tous ensemble, assis à table, je leur conseille de maintenir le cadre, tout en établissant des temps décalés, une soirée plateau repas ou chacun mange ce qu’il veut et s’amuse, ou une soirée où le jeune cuisine…»

Il existe une «fracture alimentaire»: la proportion des jeunes en état de surpoids ou d’obésité est de un sur dix dans les foyers les plus aisés, alors qu’elle est de un sur quatre dans les foyers les plus modestes.

“Il est évident que les raisons socio-économiques du surpoids sont nombreuses. Plus on a un niveau universitaire élevé, plus on a les moyens de bien se nourrir, plus on consacre du temps à l’éducation alimentaire des enfants. C’est lié aussi au nombre d’écrans dans le foyers, plus important dans les foyers défavorisés. Télé et ordinateurs entraînent de la sédentarité, une réceptivité plus grande aux pubs alimentaires… De plus, si on mange devant un écran, on ressent moins bien la sensation de satiété.”

Enfin, l’alimentation n’est pas un poste prioritaire dans les dépenses des jeunes, puisque plus d’un jeune sur quatre est prêt à sacrifier la qualité et la quantité de son alimentation au profit de son habillement (31%) ou de la téléphonie mobile (25%).

«Oui, mais si de bonnes graines ont été plantées pendant l’enfance, ce résultat, comme les précédents, est juste transitoire. Sinon, il peut se prolonger bien après 25 ans…»

Propos recueillis par Lucie de la Héronnière

Photo: 1o6 / FALHakaFalLin via FlickrCC License by

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Les “substituts de repas”, ça sert à quoi?

Les crèmes et autres poudres censées jouer le rôle de «substitut de repas» occupent un gros rayon du supermarché, coincées entre le bio et les lardons. Mais à quoi ça sert vraiment, ces aliments «diététiques» supposés remplacer un repas normal pour perdre du poids?

A table!
En pratique, il s’agit de poudres à la vanille ou au chocolat à mélanger à du lait, mais aussi de potages, crèmes dessert, biscuits, barres… Pour tester la chose, j’ai jeté mon dévolu sur un pot de crème censé me nourrir jusqu’au goûter (quatre heures composé d’une barre protéinée bien sûr selon les recommandations de la marque…) et apporter de la «douceur» à mon midi, avec une saveur «vanille-biscuit». Pour plus de 6 euros les 3 pots…

Au programme de ces 200 calories: «Lait écrémé, eau, sucre, protéines de lait (émulsifiant : lécithine de soja), texturants (amidon modifié de maïs, carraghénanes, gomme de guar, agar-agar, pectine), huile de colza, minéraux (citrates de sodium, de potassium et de magnésium, dihydrogéno-phosphate de potassium, pyrophosphate de Fer, sulfates de zinc, de cuivre et de manganèse, sélénite de sodium, hydroxyde de potassium, iodure de potassium), émulsifiants E471, arômes (vanille, biscuit) maltodextrines, vitamines (C, A, E, B1, B2, B8, PP, B9, D, B12, B5, B6), édulcorants (acésulfame de potassium, sucralose), colorant : béta-carotène». Pas très simple tout ça… Le goût est très artificiel, même si pas complètement désagréable, mais l’impression de n’avoir pas assez mangé est assez prenante puisqu’il n’y a rien de “solide”.

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McDo, des burgers jusque dans les hôpitaux

Un Big Mac en sortant du bloc opératoire? Aux Etats-Unis, c’est possible. Npr décrit cette implantation du fast-food à l’hôpital… Dans la caféteria du Centre médiacal Truman de Kensas City, on peut sagement acheter un repas à faible teneur en calories, en gras et en sodium. De l’autre côté du mur, on peut aussi acheter des frites bien salées dans un des restaurants de la grande enseigne jaune…

Cette affaire est délicate pour le directeur de l’hôpital, John Bluford. En tant que président de l’Association américaine des hôpitaux, il a lancé l’année dernière un appel à l’élimination des aliments malsains présents dans les établissements de santé, qui donnent «un message incohérent» au personnel et aux patients.

Mais l’hôpital Truman a signé en 1992 un contrat de 25 ans avec MacDo. A une époque où les bénéfices financiers l’emportaient sur les éventuels risque sanitaires… Le problème, c’est qu’il n’est pas si facile de se défaire d’un contrat avec la grande chaîne de fast-food. La Clinique de Cleveland a essayé, en vain.

Sur les 14 000 McDonalds implantés aux Etats-Unis, “seulement” 27 sont dans des hôpitaux, selon la chaîne. Toujours selon Ronald, la présence de ces échoppes peut apporter commodité et confort aux patients. Ou même réveiller les papilles des gens subissant des traitements forts… Danya Proud, la porte-parole de McDo, va même jusqu’à dire que la chaîne peut s’adapter à tous les régimes: “aujourd’hui, nous avons une grande variété dans nos menus. Nous avons confiance en nos clients pour qu’ils fassent des choix appropriés pour eux, leurs familles et leurs modes de vie”…

Le journal Ouest France précise que 2000 médecins et professionnels de la santé se sont insurgés devant cette aberration en envoyant une lettre à une vingtaine de directeurs d’hôpitaux, demandant la fermeture pure et simple de ces McDo. L’entreprise est accusée entre autres de se faire «un bonus d’image, en faisant croire que ses produits sont bons pour la santé», puisqu’ils sont «associés à des hôpitaux».

Mais pendant que certains hôpitaux essaient de rompre les contrats avec les chaînes de restauration rapide, d’autres s’en donnent à cœur joie. Des restaurants Chick-fil-A ont récemment ouvert dans plusieurs établissements, comme au Texas ou en Caroline du Sud. Et le fast-food à l’hôpital américain est loin d’être éradiqué, puisque d’autres chaînes ont déjà des points de vente depuis plusieurs années, comme KFC ou Pizza Hut.

Photo: Happy Meal Play Set // Dinette Happy Meal/ Stéfan via Flickr CC License by

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Tu ne veux pas être amputé? Diminue tes rations

Vous souhaitez éliminer les risques d’être amputé à cause d’un diabète de type 2? Réduisez vos rations de boissons. C’est le message délivré (en anglais et en espagnol) par la campagne publicitaire du Département de la santé de l’Etat de New York qui fustige l’augmentation de la taille des rations de soda et dénonce les conséquences désastreuses que cela peut avoir sur la santé des consommateurs.

Dans le métro new-yorkais, les voyageurs peuvent voir une affiche montrant un homme amputé d’une jambe à cause d’une consommation excessive de boissons sucrées. Cette campagne baptisée «Cut your Risk» avec le slogan «Réduisez vos rations. Réduisez vos risques» s’inscrit dans la lutte contre l’obésité que mène depuis plusieurs années le Département de la santé. Elle dénonce les tailles XXL des rations de nourriture ou de boisson qui sont généralement servies à New York.

«Les rations ont augmenté. La même chose s’est produite avec le diabète de type 2, qui peut entraîner des amputations», titre la publicité. Sur d’autres visuels, on trouve des messages similaires d’avertissement concernant la consommation de grandes barquettes de frites ou de gros hamburgers.

D’autant plus que «les portions proposées sont largement supérieures aux besoins humains», rappelle le commissaire à la santé de New York, Thomas Farley. En effet, un seul menu proposé par des chaîne de restaurant peut satisfaire les besoins énergétiques d’une personne pour la journée entière. Il signale également que ce genre de campagne choc est le seul moyen de sensibiliser la population sur les risques encourus lorsqu’on néglige son alimentation.

Bien que la ville ait fait des progrès dans la lutte contre l’obésité, les chiffres restent inquiétants. La majorité des adultes new-yorkais (57%) et deux enfants sur cinq à l’école élémentaire sont en surpoids ou sont obèses, explique le communiqué de presse. Les conséquences sur la santé sont désastreuses, allant de l’hypertension au diabète de type 2. Ce dernier peut conduire à la cécité, à l’insuffisance rénale voire à l’amputation. En 2006, près de 3.000 New-Yorkais atteints de diabète de type 2 ont été hospitalisés pour des amputations.

Selon ses données, la taille des boissons a été multipliée par 4 depuis cinq décennies et la ration de certains aliments comme les frites a presque triplé.

De leur côté, les producteurs de boissons se sont insurgés contre cette campagne et ont affirmé que la publicité donnait une «fausse image» des boissons gazeuses, rapporte El Mundo.

Photo: la campagne, en espagnol.

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La street food est-elle encore de la junk food?

Moins grasse, moins sucrée. Plus fraîche, plus intéressante au goût. Même si la bonne street food n’est pas encore complètement entrée dans les mœurs françaises, on dirait bien qu’une «cuisine nomade» précise, saine et gourmande émerge doucement, pour s’éloigner de plus en plus de la junk food grassouillette des grandes chaînes de restauration rapide.

What is street food?

Qu’est-ce donc que cette cuisine des rues ou street food? Alexandre Cammas, fondateur du guide gastronomique du Fooding, donne sa définition: «C’est de la cuisine faite dans la rue, dans des conditions sommaires (petit espaces, préparations rapides…). Ou bien de la cuisine faite pour la rue, pour être appréciée quand on est en mouvement, mangeable facilement, souvent sans couverts. Ou les deux.»

La street food existe depuis des lustres dans les rues françaises, avec les jambon-beurre ou les crêperies au coin des cafés. Mais il s’agit d’une street food bien différente de celle que l’on trouve aux Etats-Unis ou en Asie, préparée directement dans la rue.

Pour Cyril Musy, rédacteur en chef du M.I.A.M., «magazine épicurien, gratuit et urbain», «la vraie street food, cuisinée dans la rue, n’existe en fait pas en France, à part avec les camions à pizzas ou les baraques à frites dans le nord.» Chez nous, on trouve donc pour l’instant essentiellement des échoppes ou petits magasins ayant pignon sur rue.

Une alternative au burger-frites

Parmi ces boutiques en tous genres, on assiste à l’apparition croissante d’une nouvelle génération de cuisine de rue: sandwicheries, saladeries, bars à soupe, bars à smoothies. Du beau, du bon, du frais, parfois bio, parfois classe. En tous cas du moderne.

Léa Fleuriot tient la sandwicherie «Du bout des doigts» à Paris, à deux pas des grands boulevards:

«La street food est devenue un besoin pour les gens. On a une clientèle de bureau qui veut manger vite mais bien, équilibré. Mais on a aussi de plus en plus de plaisir à grignoter sur le pouce le soir ou le week-end. Maintenant que tout ça n’est plus synonyme de malbouffe, l’intérêt est grandissant.»

Place alors aux bons produits, frais et choisis, pour des sandwichs à 5 euros et des poussières. Léa Fleuriot utilise par exemple dans ses sandwichs de la moutarde de Meaux, du poulet fermier, du beurre de Noirmoutier.

Les chaînes ne sont pas absentes du prêt à emporter «sain», comme par exemple Cojean et ses sandwichs diététiquement corrects ou Exki, au positionnement «natural, fresh & ready» (4,10 euros le sandwich à emporter au pain bio et saumon fumé).

Plus sain, même au McDo

Ceci dit, tout le monde part à la recherche de bons produits, même MacDo… Dans la lignée du Big Mac au pain complet, du Mac Cantal et du «Charolais» garanti origine France, la chaîne de fast-food prévoit de lancer en 2012 un sandwich à base de baguette, après avoir déjà introduit le pain français au menu des petits déjeuners.

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Les ventes de bières et fromages locaux en hausse aux Etats-Unis, grâce à la crise

Alors que la crise s’est officiellement terminée en 2009, le Wall Street Journal rapporte que les américains continuent de dépenser moins et d’épargner plus. Et pourtant un rapide coup d’œil dans les rayons des supermarchés aux Etats-Unis révèle que les ventes de yaourts grecs et de bières et fromages artisanaux grimpent. Pourquoi l’appétit des américains augmente pour ces mets luxueux quand leur budget diminue?
Parce qu’ils se privent de luxes encore plus chers. Comme les Américains vont moins au restaurant, ils sont plus enclins à dépenser davantage pour la variété, le côté pratique, et peut-être même pour leur santé. La multitude apparente des différents goûts, textures et formes des yaourts grecs, du fromage artisanal et de la bière locale leur donne l’impression de choisir dans un nouveau menu à chaque fois qu’ils vont au supermarché, alors qu’ils passent moins de temps à choisir un véritable menu.

«Il n’y aura jamais de crise pour la nourriture. Juste des gagnants et des perdants», affirme Harry Balzer, vice-président du groupe NPD, une entreprise de recherche en marketing pour consommateurs. Sans surprise, le plus gros perdant a été le restaurant. Les restaurants sont plutôt chers: les Américains mangent au restaurant un quart de leurs repas, pour à peu près la moitié de leur budget nourriture selon NDP.

Les gagnants ne sont pas seulement les produits les moins chers, mais ceux qui procurent de nouvelles expériences –et prennent moins de temps. «Les Américains sont toujours en quête de nouvelles versions de plats qu’ils aiment déjà», explique Balzer. «Mais ce n’est pas assez en période de crise, donc on voit des gens demander ‘Est-ce que ça va rendre ma vie plus facile?’»

Ceux qui travaillent dans ce secteur sont d’accords pour dire que les consommateurs trouvent que ces produits gourmets ont quelque chose de plus. «Le succès des fromages artisanaux ne vient pas simplement des gens riches qui ne savent pas quoi faire de leur argent», affirme Paul Kindstedt, auteur du livre American Farmstead Cheese. «Les gens recherchent de la meilleur nourriture, et un lien plus sain et naturel avec la production locale».

Les yaourts grecs satisfont cette envie de produits meilleurs pour la santé et plus pratiques à manger. «Les yaourts peuvent remplacer tout ce que vous prenez au petit-déjeuner- et même au déjeuner», remarque Harry Balzer. Les multiples variétés permettent aussi d’avoir une nouvelle expérience bien ciblée: telle marque pour les enfants, telle autre pour ceux qui sont au régime, les yaourts buvables pour ceux qui mangent en conduisant. Le fromage et la bière artisanaux sont tout aussi flexibles. On peut déboucher une bouteille avec un sandwich au fromage fondu – ou bien se servir une bière d’une édition limitée vieillie en barrique avec un plateau de gruyère affiné en cave.

La bière et le fromage artisanal et les yaourts grecs se mangent aussi bien en version sophistiquée que pour un repas simple. On peut les voir un peu comme la version culinaire d’un autre produit qui survit à la crise: la petite robe noire.

Cindy Y. Hong, traduit par Alexis Boisseau

Photo: Rayon de bières artisanales, le 6 octobre 2010. Beaufort’s TheDigitel  via Flickr CC Licence By

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Pourquoi faisons-nous 3 repas par jour?


«On ne mange pas entre les repas», ou «trois repas par jour» font partie de ces phrases toutes faites que nous avons tendance à suivre sans vraiment y réfléchir. Pourtant, prendre trois repas par jour est une habitude parfaitement culturelle «qui ne repose sur aucun argument biologique», affirme Paul Freedman, professeur d’histoire à l’Université de Yale aux Etats-Unis et auteur de Food: The History of Taste (La nourriture: l’histoire du goût). Un article d’Alternet est consacré à ce rituel qui se perd de plus en plus.

Les humains ont besoin d’être rassurés par des habitudes, des rituels prévisibles, comme celui de prendre trois repas par jour, explique le professeur. Mais selon les époques, les milieux sociaux, le nombre de repas par jour varie. Un paysan européen au Moyen-Age «commençait par une bière, du pain le matin, puis emportait de la nourriture aux champs pour un repas conséquent qu’il prenait entre 2 et 6 heures ou même plus tard, selon son travail, la saison et multitude de facteurs»,  selon Freedman.

Aujourd’hui également, prendre trois repas par jour est de moins en moins la norme. Ce que nous mangeons, et les heures des repas sont en effet de moins en moins prescrits par les habitudes familiales, le rythme des collègues de travail mais davantage par nos goûts personnels et nos envies du moment. La perte progressive de cette habitude met donc en lumière la dislocation de phénomènes de société plus larges que sont la régularité du rythme de travail et le maintien des traditions au sein de la  famille.

Les résultats d’études récentes sur le lien entre le nombre de repas par jour et leur conséquence sur la santé et la diététique disent tout et son contraire. D’un côté, une étude du ministère de l’agriculture américain a conclu que prendre un gros repas par jour plutôt que trois normaux, diminuait l’absorption de graisse mais augmentait la pression sanguine. De l’autre, une étude de l’université de Maastricht montre que manger au moins quatre repas par jour diminue les risques d’obésité de 45%. Une étude de l’université d’Ottawa montre, au contraire que prendre plein de petits repas ne fait pas perdre de poids.

Les conclusions divergent autant, car elles dépendent également d’une multitude d’autres facteurs comme le contenu des repas en question, l’heure de la journée à laquelle il est pris. D’autres informations concernant le patrimoine génétique ou la fréquence d’exercice des personnes interrogées rentrent aussi en ligne de compte.

Alors plus la peine de culpabiliser d’avoir sauté un repas ou d’avoir picoré à un moment de la journée prendre 1, 3 ou 5 repas par jour est une question d’habitude culturelle.

Au delà de la fréquence des repas, leur déroulé peut également être un  rituel culturel. Le repas gastronomique à la française a ainsi été inscrit au  Patrimoine culturel immatériel mondial de l’humanité par l’Unesco en 2010. Comme nous l’expliquions à l’époque, l’Unesco estimait ainsi –à tort ou à raison– que le repas gastronomique est «un facteur important du maintien de la diversité culturelle face à la mondialisation». Le chef trois étoiles Guy Savoy avait alors commenté:

«J’espère que la France va montrer la voie pour que la planète entière prenne enfin conscience que les habitudes alimentaires représentent l’aspect culturel de toute nation.»

Photo: table dressée alexyra via Flickr CC License by

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A la recherche du bien manger

Succès d’audience sur le web, succès d’audience dans les magazines —et pas uniquement féminins—, succès des livres des stars internationales du régime (coucou Dukan!), abondance de diététiciens –ils sont plus de 6.000 à exercer en France. Notre quête du moins —bien— mieux—sainement manger est insatiable. Soit par manque de temps ou d’argent, soit par trop plein d’informations et d’influences extérieures, on ne sait plus ce qu’on devrait manger ni quand et comment on devrait manger.

Or ces décisions alimentaires ne nous satisfont pas: d’après les premiers résultats de l’étude NutriNet-Santé en novembre 2009 (qui veut suivre les mêmes sujets pendant au moins 5 ans, avec des questionnaires à remplir en ligne), non seulement 42% des hommes et 49% des femmes se trouvent trop gros, mais en plus 30% des femmes de poids normal se trouvent trop grosses (13% des hommes) et 63% des femmes de poids normal voudraient maigrir (30% d’hommes).

Pour enfin obtenir des réponses à toutes mes (nos?) questions, nous avons décidé d’ouvrir un blog sur le sujet: ça veut dire quoi, le «avec modération» du «manger de tout avec modération»? Pourquoi est-ce que mon collègue Grégoire n’arrive-t-il pas à s’empêcher de finir son assiette (voire mon assiette) alors qu’il n’a plus vraiment faim? Pourquoi les garçons (et Titiou —qui au passage considère que les viennoiseries ont leur propre groupe nutritionnel—) pensent-ils que les pommes de terre sont des légumes? Est-ce que c’est réellement possible de manger 5 fruits et légumes par jour? Est-ce qu’un chaton meurt qu’à chaque fois que je ne finis pas mon assiette? Peut-on manger ET bouger en même temps? Est-on foudroyé sur place de malnutrition si on ne prend pas de petit dej?

Je m’intéresserai aux études qui sortent sur le lien entre nourriture et santé, sur les régimes et la nutrition, aux questions très quotidiennes autant qu’aux grandes interrogations existentielles, bref à tout ce qui permettra de faire le tri entre toutes ces informations souvent contradictoires que Cosmo, Glamour, GQ, votre mère, vos collègues et l’étiquette de votre chocolat préféré assènent.

Attention, ceci n’est pas un blog régime. «Bien manger», c’est aussi justement réussir à ce que la nourriture reste un plaisir, sans les interrogations et/ou la culpabilité et les idées fausses qui vont avec. Et une habitude qui s’installe sur la durée, sans avoir à passer par des périodes de frustrations culinaires suivies de reprises de poids.

Ralliez-vous à ma quête du manger bien! J’ai besoin de votre aide: quelles sont les grandes questions existentielles que vous vous posez sur la nourriture? Et plus généralement, ça veut dire quoi pour vous «bien manger», et qu’est-ce qui vous en empêche au quotidien?

Premier épisode à venir: Faut-il manger 5 fruits et légumes par jour?

Cécile Dehesdin

PS: Un grand merci à Camille Bosqué, qui a réalisé la bannière de ce blog.

So Yummy, Mr. Uncooked Potato Dives Right into It / skippyjon via Flickr CC License By

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