On ne mange pas simplement parce qu’on a faim, et on ne s’arrête pas nécessairement de manger lorsqu’on n’a plus d’appétit (sinon la vie serait trop simple et les diététiciens n’auraient plus de travail!).
Au lieu d’écouter notre estomac, nous avons tendance à faire confiance à toutes sortes de facteurs extérieurs, comme la taille de notre assiette et de notre portion (qu’on mangera en entier même si elle fait le double de d’habitude) ou l’appétit des gens qui nous entourent (qu’on suivra pour continuer de manger, ou s’arrêter).
Plusieurs études ont observé de près ce phénomène, et une nouvelle recherche (à paraître en avril 2012 dans le Journal of Consumer Research) s’intéresse plus particulièrement à la question suivante: pourquoi est-ce que les gens optent pour des portions plus grandes –par exemple commander le plus grand café chez Starbucks ou la plus grosse portion de frites au McDo?
Trois psychologues d’HEC Paris et de l’école de management Kellogs ont testé l’hypothèse selon laquelle nous ferions nos choix pour des raisons sociales, rapporte Wired:
«L’acte de choisir une taille de portion spécifique dans un ensemble d’options arrangées hiérarchiquement est une façon pour les individus de signaler à d’autres leur rang relatif dans la hiérarchie sociale. En conséquence, les portions plus grosses seraient sélectionnées par les consommateurs, non pas seulement par faim mais par un désir de signaler leur statut.»
Grâce à plusieurs expériences, les chercheurs ont notamment montré que leurs sujets percevaient les gens avec un plus grand café comme ayant un statut social plus élevé que ceux qui prenaient une taille moyenne ou petite de café (ou de smoothie ou de pizza), même si le prix était le même.
Une autre expérience a montré que ceux à qui l’on demandait de se souvenir d’un moment où ils s’étaient sentis impuissants avaient deux fois plus tendance à prendre la plus grande taille de smoothie (et donc plus du double de calories) que ceux qui se souvenaient d’un moment où ils s’étaient sentis puissants (ces derniers préféraient la plus petite taille de boisson).
Comme l’analyse Wired, cette étude dessine un triste cercle vicieux: un des facteurs qui nous fait trop manger est le manque de statut, puisque nous essayons de grimper l’échelle sociale en consommant des portions plus importantes. Mais cette consommation mène à une prise de poids qui «met en péril l’évolution de son statut vu le stigma social qui accompagne le fait d’être en surpoids», notent les chercheurs.
Petite note d’espoir: quand les psychologues ont dit à leurs sujets que les plus petits hors d’œuvres étaient servis aux réceptions prestigieuses, les participants qui se sentaient impuissants ont mangé 25 calories de moins que ceux qui se sentaient puissants.
Le fait qu’on mange trop, je l’avais déjà remarqué, par contre je ne savais pas qu’il y avait une histoire de status derrière tout ça. Mais ceux dont on dit qu’ils ont un appétit d’oiseau (dont moi), sont ceux qui mangent à leur faim, ou y a t-il quelque chose d’inconscient là dessous ?
ce n’est pas le ventre qui est insatiable, mais la fausse idée que l’on se fait de sa capacité illimitée. (Epicure)
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