Le chameau, un mets de choix?

Lors de sa visite au Mali en février, François Hollande a reçu un chameau. La semaine dernière, «panique en cuisine diplomatique», les autorités maliennes expliquent que la famille chargée de garder la bête l’a cuisinée en tajine. Mais heureusement, le camélidé mijoté sera remplacé par un chameau plus beau et plus gros qui sera envoyé à Paris.

Peu après, Boris Johnson, le maire de Londres, lors d’un voyage au Emirats arabes unis, s’est vu servir un énorme plat de chameau. Qu’il s’est empressé de photographier avec son smartphone. Apparemment, il a adoré le dîner.

Tout cela pousse The Guardian à s’interroger: le chameau, ça a quel goût? Et ça se cuisine comment?

C’est une viande de choix au Moyen-Orient. The Guardian cite l’auteur et chef Anissa Helou, experte en cuisine méditerranéenne et moyen-orientale:

«C’est un met délicat, pas un plat de tous les jours. En Syrie ou au Caire, il y a des bouchers spécialisés dans la viande de chameau. Dans le Golfe, on le mange pendant les fêtes et les mariages».

On le cuisine aussi en Afrique du Nord et de l’Ouest, comme le montre le quiproquo avec la famille malienne en charge du chameau de François Hollande.

Selon Anissa Helou, le goût du jeune chameau se situe «entre le bœuf et l’agneau». La bosse serait la partie la plus appréciée de l’animal, car plus tendre et plus grasse.

Au Royaume-Uni, on peut trouver du chameau (qui vient d’Australie!) chez Exotic Meats (en France, rien à l’horizon…). Pour le porte-parole, «la saveur est légère, un peu comme du veau».

Le chef Luke Mackay a préparé du curry de chameau lors d’une démonstration à Londres: «J’ai bruni la viande avant d’ajouter des épices. C’était  sucré, relativement gras, avec un goût de gibier», explique-t-il au Guardian. Bon, on dirait que tout le monde n’interprète pas la saveur du chameau de la même façon…

Alain Ducasse aussi a cuisiné le chameau, pour le restaurant du Musée d’Art Islamique de Doha. Il l’a fait cuire doucement, pendant 5 jours, et l’a accompagné de… foie gras.

Bref, selon les différentes suggestions, il faut mieux cuire le camélidé très lentement, en tajine ou en curry. Et le manger quand même bien cuit, pas rosé comme l’agneau.

Il s’agit d’une viande plutôt bonne pour nos petits corps, car assez maigre, et source importante de protéines et de vitamine E. Le lait de chamelle contient aussi trois fois plus de vitamines C que le lait de vache. Mais aussi du fer et de la vitamine B.

Selon la FAO, “bien que le lait de chamelle soit surtout commercialisé de façon informelle, il pourrait pénétrer sur un marché mondial d’une valeur de 10 milliards de dollars si des améliorations importantes étaient apportées”.

Les chocolats au lait de chamelle sont arrivés en France il y a quelques mois, bien forts en goût! Alors peut-être que dans 10 ans, on mangera des burgers de chameau, arrosés de milk-shake au lait de chamelle?

Photo: Camel/ xikita via FlickCC License by

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En Afrique du Sud, pas de cheval non étiqueté… mais de la chèvre, de l’âne et du buffle

En France et chez nos voisins, on achète des lasagnes (ou des raviolis ou des boulettes)  au cheval, étiquetées comme des plats au boeuf. En Afrique du Sud, une étude vient juste de révéler que de l’âne, du buffle et de la chèvre ont été trouvés dans des produits censés contenir du boeuf.

Sur le blog de l’Université de Stellenbosch, les auteurs expliquent que 68% des 139 produits testés (achetés dans des boucheries ou des magasins de vente au détail) contenaient des espèces non déclarées sur l’étiquette. Particulièrement dans des saucisses, des steaks pour les burgers et de la charcuterie. Notons que du soja et du gluten ont aussi été dénichés dans 28% des échantillons, sans être identifiés clairement sur les étiquettes.

Les fabricants ont ainsi utilisé des viandes de substitution pour remplacer discrètement le boeuf: du porc dans 37% des échantillons, du poulet dans 23%.

Et donc aussi des bêtes moins courantes au supermarché: “des espèces non conventionnelles comme l’âne, la chèvre et le buffle ont aussi été détéctées dans un certain nombre de produits”, déclare le professeur Hoffman, un des auteurs de la recherche. Ces conclusions ont été possible grâce à des recherches d’ADN dans les préparations carnées.

«Nos résultats soulèvent des préoccupations importantes sur le fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement de la viande en Afrique du Sud», et “cela viole les réglementations d’étiquetage de la viande, mais a aussi des impacts économiques, religieux, éthiques et sanitaires importants”, déclare Hoffman.

Le Washington Post précise que “l’Afrique du sud a des viandes excellentes et reconnues, boeuf, agneau, porc ou poulet. Mais une chaîne de production complexe, qui fait que des produits pourraient être contaminés par d’autres produits, dans des abattoirs ou lors des étapes de conditionnement. Ou à cause de nombreuses viandes importées”

Hoffman déclare pourtant que ses échantillons sont 100% locaux. Pour lui, il ne coûterait pas bien cher à l’industrie de la viande de se conformer aux lois concernant l’étiquetage en Afrique du Sud.

Et de conclure: “les gens ont le droit de savoir ce qu’ils mangent. Il n’y a rien de mal à manger de l’âne si vous aimez bien l’âne. Mais si vous n’aimez pas, vous avez le droit de savoir”.

Photo: Goats eat weeds at Cloisters City Park July 2011/ mikebaird via FlickCC License by

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Comment lire les étiquettes des plats industriels surgelés?

En ces temps d’ «affaire Findus» et d’histoires peu ragoûtantes de lasagnes à la viande de cheval, on s’interroge quelque peu sur la composition de notre assiette remplie de “prêt à manger” surgelé.

Comment lire une étiquette de plat industriel pour comprendre ce qu’il y a vraiment dedans? Voilà quelques petites idées générales, et je vous parlerai très bientôt d’ingrédients bien précis ayant des rôles et des noms très mystérieux…

Bon d’abord, il s’agit de mettre ses lunettes, de s’arrêter deux secondes dans un rayon froid, de prendre le temps d’observer l’emballage et de lire jusqu’au bout même si on est pressé. Et ensuite, de faire attention certaines choses:

De l’importance de l’ordre des ingrédients

Stéphane Gigandet, fondateur d’Open Food Facts, un site d’open data de l’assiette créé justement pour lutter contre le manque de transparence de l’industrie agro-alimentaire (on en parlait ici même en juin dernier), explique que «les ingrédients arrivent par ordre d’importance. On peut en déduire les quantités». La proportion de chaque matière première n’est pas obligatoirement mentionnée. Mais si la graisse (ou le sucre) arrive en 2ème ou 3ème position dans la liste, ce n’est pas bon signe…

Regarder l’origine des produits (si elle est mentionnée…)

Dans les produits industriels préparés, indiquer l’origine des produits n’est pas obligatoire. Aujourd’hui, l’origine des produits doit être précisée seulement pour des produits bruts comme la viande bovine, les fruits et légumes, les produits de la pêche, le miel et l’huile d’olive (une obligation européenne qui sera étendue en décembre 2013 aux viandes de porc, de volaille, de mouton et de chèvre).

Cependant, le gouvernement a déclaré hier vouloir entreprendre une «action volontariste en Europe pour une information obligatoire sur l’origine de la viande entrant dans la composition des plats cuisinés», en rappelant que les règles sont définies au niveau communautaire dans ce domaine.

Le site du ministère de l’Agriculture précise que selon le ministre Stéphane Le Foll, “aujourd’hui, chez le boucher, on sait d’où vient le steak. On doit connaître l’origine des viandes dans les produits transformés. il y a un problème d’étiquetage de ces produits». Nous observerons avec attention comment cette volonté se traduit dans les faits.

Stéphane Gigandet explique que l’origine est mentionnée quand elle est flatteuse: «Par exemple, les lasagnes de Findus en Suisse, qui appartiennent toujours à Nestlé, indiquent officiellement que leur viande est d’origine suisse. Quand l’information a une connotation positive, personne ne se gêne pour la donner !». Dans la même logique, une «huile d’olive vierge extra» est mise en avant dans la liste inscrite sur les étiquettes, alors qu’une huile d’olive basse qualité et donc moins chère, s’appellera juste «huile d’olive», comme vous vous en doutez…

Imaginer le contenu charmant caché derrière le mot «viande»

Le boucher Yves-Marie Le Boudonnec l’expliquait en début de semaine sur le site Atabula: même quand la «viande de bœuf» est bien du bœuf, cette dénomination sans précision sur le morceau signifie que l’on mange du «minerai», autrement dit «un magma de marchandises assez indéfini, dans lequel nous retrouvons du maigre, du gras et du collagène. Cela existe dans tous les abattoirs et avec toutes les espèces de viandes abattues. Ensuite, ce minerai est revendu à qui en veut”.

Attention aux images et aux mots

«Le devant des produits est trompeur. Le plat ne ressemble jamais à la photo quand on ouvre l’opercule !» dit Stéphane Gigandet. La photo du plat surgelé ressemble rarement à la réalité, merci le Photoshop de la bouffe. Des mots nous font aussi déduire des choses fausses. Un produit se vantant d’être «fabriqué en France» ne l’est pas forcément avec des produits français. Ils peut s’agir de produits faits avec des tomates cultivés en Amérique latine, ou avec de la viande roumaine, au hasard, le tout étant assemblé dans une usine on ne peut plus franchouillarde.

Un cassoulet dit toulousain peut très bien avoir été fabriqué dans les environs de Toulouse, mais avec du canard qui n’a jamais vu le Sud-Ouest de son vivant. Sauf que comme la mention de l’origine de la viande n’est pas obligatoire dans les plats préparés, on n’en saura pas plus, même si on lit toutes les petites lignes de l’étiquette.

La CLCV donnait d’autres exemples dans son sondage – prémonitoire – rendu public la semaine dernière: la marque “France Champignons” qui vend des pleurotes venues d’Espagne, “Jardins du Midi” qui vend des oignons on ne peut plus australiens…

“huiles végétale” = huile de palme ?

Quand la nature de l’ «huile végétale» reste floue, c’est assez souvent de l’huile de palme. Il y a toujours un bénéfice du doute, mais généralement les étiquettes le précisent quand il s’agit d’huiles de tournesol ou de colza, beaucoup moins controversées… En 2016, ce flou artistique devrait évoluer avec les changements progressifs des réglementations européennes.

Attention aux «saveurs» et «goûts»…

… Qui sont des arômes et non de vrais ingrédients. Un plat avec une sauce “goût tomate” est surtout parfumé à la tomate (ou alors le goût de vraies tomates peu goûteuses mais bien présentes peut être renforcé par un arôme).

Cet arôme peut être artificiel, ou bien naturel, fabriqué soit à partir du produit concerné («arôme naturel de vanille » dans une crème glacée par exemple) soit non…  Stéphane Gigandet explique qu’on peut par exemple «faire de l’arôme naturel d’amande avec des noyaux d’abricots». Par contre, les industriels peuvent se contenter d’inscrire “arômes”, sans préciser arôme de quoi. Point barre. Dans ce cas-là, impossible d’en savoir plus, sauf si vous êtes un inspecteur de la DGCCRF.

Pour conclure, Stéphane Gigandet pense que «les étiquettes manquent clairement d’informations et de précisions. Du coup, il y a rarement de vrais signaux d’alarme».

Si vous avez toujours rêvé de savoir à quoi servait la dextrose, les émulsifiants et les correcteurs d’acidité, revenez par ici ce week-end, je vous prépare une petite liste très appétissante. Mais en attendant, pourquoi ne pas fabriquer vos propres lasagnes?…

Lucie de la Héronnière

Photo: MorningStar Farms Lasagna with Sausage-Style Crumbles/ theimpulsivebuy via FlickCC License by

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La viande de dinosaure, ça avait quel goût?

Si les hommes avaient croisé des dinosaures et avaient réussi à chasser un specimen bien dodu avant de le faire cuire à la broche, quel dinosaure aurait été le plus goûteux?

David Varricchio, professeur de paléontologie à l’Université du Montana, a peut-être une réponse, signale le Huffington Post… Il a analysé le régime alimentaire et le type d’activité des dinos pour pouvoir juger de l’éventuel goût de leur viande.

Pour le chercheur, le met de choix n’était sûrement pas le T-Rex: «On a trouvé des anomalies dans ses mâchoires, qui suggèrent qu’il mangeait de la viande fétide, et qu’il avait des maladies transmises par ses proies», dit-il à Popular Science. Une viande pleine de parasites donc!

Diverses théories affirment que les dinosaures avaient un goût de poulet, en se basant sur leur proximité avec les oiseaux. Selon Slate.com, la viande de T-Rex ressemblait plus à du faucon qu’à du poulet… Puisque d’ «innombrables facteurs déterminent la saveur de la viande, y compris la composition des muscles d’un animal, ses habitudes alimentaires et ses hormones», la saveur du grand dino aurait été plus proche de celle d’un oiseau carnivore, assez forte donc…

Les dinosaures qui avaient un régime à base d’animaux marins ne devaient pas être vraiment délicieux non plus, non pas à cause de leur goût de poiscaille, mais parce que la consommation de beaucoup d’huile de poisson devait rendre leur viande plus sensible à l’oxydation, et donc lui donner petit goût rance.

Alors, quels dinosaures avaient bon goût? Ceux qui mangeaient des plantes en général devaient sans doute être meilleurs que ceux qui mangeaient de la viande ou du poisson.

Par exemple, un bon steak d’ornithomimosaure (qui ressemble à une autruche moderne) aurait sans doute été délicieux selon le paléontologue! Celui-là, principalement herbivore et très actif, aurait eu un excellent mais léger goût sauvage.

Les sauropodes (très grands dinosaures herbivores) aussi devaient être plutôt bons. Le brachiosaure par exemple, qui avait un long cou très costaud pour s’empiffrer de feuilles d’arbres, aurait été un excellent dîner de près de 30 tonnes.

“Le cou de sauropode aurait été un met de choix”, sûrement une viande rouge bien robuste, précise Varricchio à Popular Science.

Voilà donc les recommandations du chercheur. Précisons que ces commentaires sont fondés sur le goût du consommateur moyen, qui actuellement n’aime pas vraiment les viandes aux goûts trop forts, et préfère donc souvent manger des animaux plus herbivores que carnivores…

Photo: tag préhistorique/ OliBac via FlickrCC License by

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Le secret des régimes hyperprotéinés enfin dévoilé

Tenter de perdre du poids, c’est immanquablement entendre parler des vertus des régimes hyperprotéinés. Celles et ceux qui les ont expérimentés ont le plus souvent découvert des effets rapides suivis, à moyen ou long terme, de succès divers. Dans tous les cas, des questions demeuraient sans réponses précises.

Comment comprendre que le fait d’augmenter la proportion de protéines dans le bol alimentaire permet de perdre du poids? Ou plus précisément comment un repas riche en protéines déclenche-t-il un effet coupe-faim durant plusieurs heures après son absorption?

C’est précisément à cette question que vient de répondre une équipe française de chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l’université Claude-Bernard de Lyon. Dirigée par Gilles Mithieux  (directeur de l’unité Inserm «nutrition et cerveau»), elle publie le fruit de ses travaux dans la revue spécialisée Cell (résumé en anglais).

Ces chercheurs expliquent en substance avoir identifié des récepteurs bien particuliers (dits «mu-opioïdes») situés dans le système nerveux de la veine porte (située entre les organes digestifs et le foie). Ces récepteurs neurologiques communiquent directement avec le cerveau. En pratique, une fois que ces récepteurs sont inhibés par les produits de digestion des protéines, le cerveau déclenche des messages qui ont pour effet de provoquer une synthèse intestinale de glucose qui provoque alors rapidement un effet de satiété bien connu.

C’est le glucose qui joue son rôle de coupe-faim

En 2004, la même équipe de l’Inserm avait déjà démontré qu’un repas riche en protéines induisait une synthèse de glucose par l’intestin. Il restait toutefois encore à découvrir par quel mécanisme les protéines induisent cette «néoglucogenèse» intestinale. Et c’est précisément l’objet de la publication de Cell.

Il faut savoir que dans le tube digestif, les protéines sont naturellement digérées sous forme de petits peptides constitués seulement de deux ou trois acides aminés«Nous avons découvert que ces petits peptides libérés dans le sang sont interceptés par des récepteurs “mu-opioïdes” de la veine porte (les mêmes récepteurs que pour la morphine), avant d’être utilisés par le foie», expliquent les chercheurs.

Ces récepteurs sont inhibés par la présence de ces peptides, ce qui a pour effet de déclencher l’activation du nerf vague (ou nerf pneumogastrique). Ce dernier communique avec le cerveau et son activation induit une réponse en forme d’arc réflexe. La réponse nerveuse induit alors l’expression des gènes qui commandent la «néoglucogenèse» intestinale. Le glucose joue ensuite aussitôt son effet coupe-faim. Au total, cette séquence d’événements dure entre cinq et six heures.

Il faut savoir aussi distinguer le rassasiement de la satiété. Le premier est l’arrêt de la faim au terme du repas du fait de la distension gastrique. La seconde est quant à elle l’absence de faim pour le repas suivant; elle se situe donc bien à distance du dernier repas.

Le danger des régimes hyperprotéinés

L’effet induit par les protéines qui agissent avec un effet retard correspond donc bien à la satiété. Pour Gilles Mithieux, il ne fait aucun doute que le mécanisme mis en évidence par son équipe explique parfaitement la perte de poids induite par les régimes hyperprotéinés. «Toutefois, dans notre expérience, les souris ont reçu une quantité de protéines multipliée par trois, soit 50% de la ration calorique totale. En nourriture humaine, ces taux sont impossibles à atteindre car le repas perdrait toute palatabilité», ajoute-t-il. Par palatabilité entendre agréable au goût.

«De ce point de vue, je suis un fervent adversaire des régimes, poursuit Gilles Mithieux, notamment des régimes très rapides où l’on perd beaucoup de poids. L’organisme et le cerveau s’en défendent et mettent en place des mécanismes de stockage accélérés, ce qui au final favorisent la prise de poids et qui plus est à niveau supérieur. En revanche, je recommande d’augmenter la ration en protéines à la même valeur que celle recommandée par le PNNS soit 20% à 25% de protéines.»

Or le repas français habituel ne compte généralement que de 10% à 15% de protéines. Et un repas qui contiendrait 20% de protéines reste un repas équilibré où l’on conserve le caractère agréable des aliments et une sensation de satiété.

L’identification de ces récepteurs ouvre d’autre part des perspectives thérapeutiques: la découverte de molécules capables de les sensibiliser au niveau intestinal (et non cérébral comme certains coupe-faim) ferait qu’elles pourraient jouer le même rôle qu’une ration de 50% de protéines; et ce  sans que l’on ait à les avaler.

J.-Y. N.

Photo: Beef! par Comprock via Flickr CC Licence by

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Trompez votre boucher, devenez “carnivore infidèle”

Si vous vous nourrissez essentiellement de légumes, de fruits, de céréales et de légumineuses, mais que vous ne vous faites pas prier pour un bon barbecue ou quelques tranches de saucissons à l’apéro, vous êtes sans doute un peu flexitarien. Un mot qui vient de l’anglais flexitarian, «végétarien qui mange occasionnellement de la viande», néologisme approuvé en 2003 par l’American Dialect Society.

L’idée du flexitarisme est donc de réduire la consommation de viande, sans la faire disparaître tout à fait, en prenant en compte les bénéfices pour la santé et la planète. Un beau livre de cuisine est sorti cette année à ce sujet: Les Carnivores Infidèles, 60 recettes végés pour tromper votre boucher, publié aux Editions Cardinal. L’auteure canadienne, Catherine Lefebvre, n’est pas végétarienne, elle prône plutôt la modération et l’équilibre et explique dans l’introduction que «le but de ce livre est de mettre fin aux fausses idées à l’égard du végétarisme, d’arrêter d’avoir peur du tofu et de ses acolytes et d’essayer de manger un peu moins de viande, moins souvent».

Catherine Lefebvre est nutritionniste, auteure, conférencière et blogueuse. Grande voyageuse, elle sait que la viande n’est pas toujours la base de la cuisine du monde… Elle sait aussi expliquer les bénéfices de la diminution de la quantité de viande. En rappelant notamment que la production de viande engendre 18% des gaz à effet de serre. Et en montrant, exemples à l’appui, qu’on trouve aussi du fer et des protéines dans une alimentation sans viande…

De bien belles recettes donnent envie de tromper son boucher plus souvent. Il s’agit de créations, concoctées spécialement pour ce projet par des collaborateurs, amis, blogueurs ou journalistes: «humus des bois», «conte de féta», «risotto saignant», «guacamole nippon et pitas piquants»… Le chapitre «ils n’y verront que du feu» est particulièrement intéressant à cuisiner, avec par exemple des «faux fish n’chips et véganaise», la «côte de tofu grillée au whisky». Ou encore un «chili sin carne pour machos»… J’ai testé le «burger avec pas d’viande». Bien sûr, on ne retrouve pas le goût d’un steak saignant, même si de loin l’apparence est presque la même. La garniture est une sorte de galette aux haricots rouges, avec des champignons, du parmesan et du piment. Figurez-vous que c’était très bon (surtout avec un gros morceau de Morbier pour remplacer le fromage à burger).

Une cuisine végétarienne goûteuse et pas fade est donc un bon moyen de réduire doucement la consommation de viande, sans renoncer à vie à la côte de boeuf… Les Québécois ont plein d’autres idées pour développer le flexitarisme, comme par exemple le Lundi sans viande

Lucie de la Héronnière

Photo: Une gentille viande saignante/ Олександр via FlickCC License by

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La viande rouge est mauvaise pour la santé, quelle que soit la quantité et le type

Mauvaise nouvelle pour les amoureux de viande rouge. Une nouvelle étude de longue haleine publiée en ligne cette semaine par la Harvard School of Public Health montre que manger n’importe quel type de viande rouge augmente de manière significative le risque de mort prématurée.

Contrairement à l’hypothèse de départ des chercheurs, la viande transformée n’est pas la seule responsable: la viande non transformée semble aussi augmenter le risque.

Le Los Angeles Times rapporte que manger un steak de 85 grammes, soit à peu près la taille d’un paquet de cartes, tous les jours a augmenté les chances de mourir pendant l’étude de 13%. Remplacer le steak par de la viande transformée, comme un hot-dog ou deux tranches de bacon, fait grimper ce risque à 20%.

Si la viande rouge est depuis longtemps associée à un risque accru de cancer, de diabète et de maladies cardio-vasculaires, CNN souligne que l’étude, qui a suivi 110.000 adultes pendant plus de 20 ans, est la première à montrer que ne plus en manger du tout peut rallonger l’espérance de vie. Le LA Times écrit:

«Manger une portion de noix au lieu de bœuf ou de porc fait baisser de 19% le risque de mourir pendant l’étude. Selon les chercheurs, le poulet ou les céréales complètes font baisser le risque de mortalité de 14%; des produits laitiers allégés ou les légumes de 10%; et le poisson de 7%.»

Selon le journal, au moins un chercheur, qui n’a pas participé à l’étude, a remis en question les résultats car il y a beaucoup d’erreurs potentielles dans la manière dont les questionnaires alimentaires ont été récoltés au cours des années. Mais les chercheurs d’Harvard maintiennent leurs conclusions et affirment que la viande rouge ne peut pas être bonne pour la santé humaine, dans quelque quantité que ce soit. L’auteur principal de l’étude explique:

«Si vous voulez manger de la viande rouge, mangez des viandes non transformées, et limitez votre consommation à deux à trois portions par semaine. Cela aurait un énorme impact sur la santé publique.»

Dean Ornish, un défenseur des régimes végétariens, écrit dans un éditorial qui accompagne l’étude qu’un régime à base de plantes n’est pas seulement bénéfique pour la santé humaine: ne plus manger de viande contribue à faire baisser les dépenses de santé américaines, réduit l’industrie du bétail qui contribue de manière significative aux émissions de gaz à effets de serre et ralentit la destruction des forêts liée aux pâturages.

Photo: untitled/procsilas via Flickr CC License by

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Vous mangeriez de la viande synthétique?



De la viande de synthèse créée en laboratoire à partir de cellules animales pourrait bientôt être servie dans nos assiettes, d’après le New Scientist (relayé par notre grand frère Slate.com).

Des scientifiques hollandais de l’université de Maastricht ont en effet annoncé qu’à l’aide de cellules de cochons ils seraient capables de faire des saucisses synthétiques dans les six prochains mois. Pour des hamburgers cela prendra probablement un an.

Le quotidien britannique The Telegraph explique qu’avec la croissance actuelle de la population mondiale, on ne pourra bientôt plus produire assez de viande pour nourrir tout le monde. La viande de synthèse semble donc être une solution adaptée au futur problème de sous-production alimentaire.

Produire de la viande en laboratoire présente aussi l’avantage d’être plus écologique selon le Telegraph:

«Déplacer la production de viande de la ferme vers les laboratoires va aussi aider à diminuer les milliards de tonnes de gaz à effet de serre que les bétails relâchent, et permettre d’utiliser 99% de terre en moins qu’avec les élevages.»

Cependant, le Telegraph ajoute que cette viande de synthèse ne semble pas encore prête pour la commercialisation. Mark Post, professeur en charge des recherches sur la création de nourriture de synthèse à l’université de Maastricht, précise que la production du premier hamburger coûtera en effet plus de 250.000 euros.

De plus, en raison de règles d’hygiène et de procédures de contrôle très strictes, personne n’a pu pour le moment essayer cette nourriture de synthèse, on ne sait donc pas non plus si elle a du goût. La couleur est aussi un problème: la viande de synthèse n’ayant pas de sang, l’équipe de Mark Post n’a pas encore réussi à faire autre chose que de la viande blanche ou grisâtre.

Slate souligne le fait que cette nouvelle technique, si elle se diffuse, pourrait créer polémique: de plus en plus d’adeptes de la nourriture bio ou «naturelle» dénoncent la production d’aliments génétiquement modifiés, il ne serait donc pas étonnant que des produits qui n’ont absolument rien de naturel provoquent des débats encore plus enflammés.

Malgré tous ces bémols, Slate finit sur une note mi-optimiste mi-ironique:

«Mais peut-être que si le bacon sent suffisamment bon, il y aura assez de demande pour qu’un marché de la viande de synthèse se développe.»

A.B.

Photo: Blackened burger Louisiana cajun dust garnished with lettuce / pointnshoot via Flickr CC License By

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