Carrot City: des villes à manger

Des vieilles chaussures, des sacs de courses, des petits coins de toits ou des aéroports désaffectés: tout est bon pour cultiver en ville. C’est ce que démontre l’exposition-phénomène Carrot City, qui, après Paris cet été, continuera sa route vers Strasbourg et Lyon.

Quelques carottes géantes et trois ou quatre dizaines de panneaux didactiques. Le visiteur non informé a toutes les chances de passer à côté de l’une des expositions pourtant les plus emblématiques du moment: Carrot City qui s’est invitée dans les jardins du parc de Bercy jusqu’à fin septembre, avant de déménager pour Strasbourg et Lyon, en fin d’année.

Car Carrot City est bien plus qu’une exposition. C’est une expérience lancée un peu par hasard en 2009 à Toronto (Canada) et qui prend désormais une ampleur mondiale tout à fait inattendue. Au point d’en devenir (presque) un phénomène de société.

«Au départ, nous avions conçu une exposition pour la publier sur Internet, raconte Jo Nasr, docteur à l’université canadienne de Ryerson. Son succès nous a dépassés. Le site web contient désormais plus d’une centaine de panneaux, l’exposition a déjà circulé dans 15 villes et trois continents et Carrot city est devenu un véritable lieu d’échanges et d’idées sur l’agriculture urbaine.»

Qu’on se le dise: faire pousser des carottes (pommes de terre, fraises, salades…) sur les balcons (toits, cours d’immeubles, terrains désaffectés…) est désormais extrêmement tendance. Voire indispensable: quand plus de la moitié de la population mondiale est urbaine, le lien avec l’agriculture se distend dangereusement, constate Fabienne Giboudeaux, adjointe au maire de Paris chargée des espaces verts.

Si, il y a encore 20 ans, chacun avait encore, via ses parents ou grands-parents, accès à un jardin potager, voire à une ferme, cet héritage vert est en train de disparaître. Et rares sont les petits citadins à savoir encore à quoi ressemble un plant de pomme de terre, ou des haricots verts.

Or comment savoir si l’on mange «bien» lorsque certaines connaissances de base ont disparu? «Nous ne pouvons pas non plus ignorer que toute une frange de la population n’a plus accès à une alimentation saine et de qualité», renchérit l’adjointe au maire.

Des cultures à déménager vite à la valorisation des bidonvilles

Si acheter fruits et légumes devient trop cher, les faire pousser chez soi devient alors une alternative.

De toutes façons, l’approvisionnement des métropoles à l’heure où les transports faciles et bon marché semblent condamnés à se raréfier devient une véritable question. Même si, bien entendu, personne ne rêve –ni même ne préconise– à une réelle autarcie.

Bien plus qu’un réceptacle des différentes expériences en cours, Carrot City est donc devenu un prétexte pour les multiplier. Aucune idée n’est a priori tabou, ni les fermes urbaines en forme d’immeubles, ni les traditionnels jardins partagés.

Quelques-unes sont particulièrement rigolotes: les Ecobox, à Paris, par exemple. Ici, les cultures sont en pots, ou en paniers, dans des carrés de bois ou même dans de vieilles baskets trouées. Mais le tout repose sur des palettes «car il faut pouvoir les déménager vite», explique l’un de ses initiateurs. Il est vrai que le mouvement, parfois, investit des lieux pas encore autorisés, comme les toits de parkings désaffectés.

D’autres sont tout simplement réalistes: telles celles menées par le «minimum cost housing group» à Rosario (Argentine) et Colombo (Sri Lanka) où l’on implante des cultures vivrières sous toutes les formes possibles au milieu de bidonvilles.

Quelques projets futuristes intéressants aussi: celui des «ravine city» où l’on regroupe culture et habitat, les déchets de l’un approvisionnant l’autre, et vice-versa.

En région parisienne aussi, les expérimentations commencent à se multiplier y compris à Paris qui a fait de 2012 l’année de l’agriculture urbaine. Montreuil, ville dirigée par la verte Dominique Voynet depuis 2008, a elle aussi présenté les multiples initiatives (dont la réhabilitation des «murs à pêches») prises pour rendre cette banlieue… un peu plus comestible!

Catherine Bernard

Photo: le toit de l’immeuble accueillant la conférence de Durban sur le changement climatique, en 2011, aménagé en jardin. REUTERS/Rogan Ward

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Dis-moi quand tu manges…

Tu n’es pas seulement ce que tu manges, mais aussi quand tu manges… El Mundo rapporte les conclusions d’une étude publiée dans la revue Cell. Etablir des horaires fixes pour manger, en respectant des temps de «repos» est très important pour le métabolisme.

Notre «horloge interne» régule le sommeil, duquel dépendent beaucoup de mécanismes métaboliques, dont le processus qui transforme les aliments en énergie. D’ailleurs, l’altération des rythmes de sommeil peut favoriser le terrain de certaines maladies comme le diabète. «Des modifications du style de vie sont la première étape du traitement de l’obésité. C’est plus facile que la pharmacothérapie ou la chirurgie. Les recommandations actuelles se centrent sur l’aspect nutritionnel. Nous avons introduit un changement en essayant de travailler sur les rythmes naturels de l’alimentation», affirment les chercheurs.

Pour prouver que des cycles métaboliques stables pouvaient protéger contre l’obésité, les scientifiques du département de Gastroentérologie de l’Université de Californie ont réalisé une étude sur des souris. Ils ont alimenté les animaux pendant 18 semaines avec un régime standard pour certains, un régime très gras pour les autres. Ensuite, certaines souris avaient un accès libre à la nourriture, et les autres des horaires limités. Mais les doses étaient calculées pour que chacune ait le même apport énergétique que ses voisines.

Résultat, les souris avec un régime standard et celles avec un régime gras ont été protégées de l’obésité quand elle devaient manger à des horaires précis, toutes les huit heures. Leurs niveaux d’insuline sont en plus restés bas, ce qui permet de limiter l’apparition de diabète. Contrairement à celles qui ont grignoté chaque heure…

Ces temps de «pause» permettent aux organes (foie, intestin…) de se «reposer» tranquillement et donc d’être plus efficaces. El Mundo a demandé son avis à Andreu Palou, directeur du laboratoire de biologie moléculaire, nutrition et biotechnologie de l’Université des Iles Baléares: «avec une bonne discipline dans les horaires alimentaires, l’organisme a une meilleure capacité à ajuster son système d’efficience énergétique. Si on surprend l’organisme avec des repas aléatoires, il est induit en erreur». Mais il précise aussi qu’il faut voir “comment on pourrait adapter ces données aux humains” et aux multiples facteurs de leurs prises alimentaires, autant physiologiques que sociaux.

Photo: Clock / Dave Stokes via Flickr CC License by

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Les “substituts de repas”, ça sert à quoi?

Les crèmes et autres poudres censées jouer le rôle de «substitut de repas» occupent un gros rayon du supermarché, coincées entre le bio et les lardons. Mais à quoi ça sert vraiment, ces aliments «diététiques» supposés remplacer un repas normal pour perdre du poids?

A table!
En pratique, il s’agit de poudres à la vanille ou au chocolat à mélanger à du lait, mais aussi de potages, crèmes dessert, biscuits, barres… Pour tester la chose, j’ai jeté mon dévolu sur un pot de crème censé me nourrir jusqu’au goûter (quatre heures composé d’une barre protéinée bien sûr selon les recommandations de la marque…) et apporter de la «douceur» à mon midi, avec une saveur «vanille-biscuit». Pour plus de 6 euros les 3 pots…

Au programme de ces 200 calories: «Lait écrémé, eau, sucre, protéines de lait (émulsifiant : lécithine de soja), texturants (amidon modifié de maïs, carraghénanes, gomme de guar, agar-agar, pectine), huile de colza, minéraux (citrates de sodium, de potassium et de magnésium, dihydrogéno-phosphate de potassium, pyrophosphate de Fer, sulfates de zinc, de cuivre et de manganèse, sélénite de sodium, hydroxyde de potassium, iodure de potassium), émulsifiants E471, arômes (vanille, biscuit) maltodextrines, vitamines (C, A, E, B1, B2, B8, PP, B9, D, B12, B5, B6), édulcorants (acésulfame de potassium, sucralose), colorant : béta-carotène». Pas très simple tout ça… Le goût est très artificiel, même si pas complètement désagréable, mais l’impression de n’avoir pas assez mangé est assez prenante puisqu’il n’y a rien de “solide”.

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«Vous reprendrez bien un peu de smoothie au placenta?»

January Jones, la jolie Betty Draper dans la série multi récompensée Mad Men, a fait une révélation fracassante au magazine People il y a quelques mois. Maman d’un petit garçon de 10 mois, elle aurait mangé son placenta après l’accouchement!

Si ses propos ont beaucoup surpris, des milliers de mamans adeptes de la pratique ont décidé de se manifester et de vanter les mérites du précieux organe.

En France, le placenta est détruit car considéré comme un déchet organique. Jolpress révèle qu’aux Etats-Unis, de plus en plus de mamans décident de le récupérer immédiatement après l’accouchement. Moyennant 250 dollars, des entreprises spécialisées le nettoie, sèche puis le réduisent en poudre avant de l’encapsuler.

Mais pourquoi ingurgiter cet organe unique? Le placenta permettrait de faire le plein de vitamines B12 et de fer ainsi que d’améliorer la qualité du lait maternel. Cette pratique permettrait également de renforcer le lien mère-enfant et d’éviter une dépression postnatale: le baby blues.

Si aucun scientifique n’a prouvé l’intérêt d’ingurgiter l’organe (il n’y a rien dans celui-ci qui soit introuvable ailleurs) beaucoup ont voulu tenter l’expérience. Ainsi le NY Magazine a même sorti un guide de recettes de cuisine pour concocter de délicieux petits plats à base de placenta. On y suit le parcours de différentes mamans enthousiasmées par ces «Plats Centas». Si certaines choisissent les capsules, d’autres préfèrent cuisiner elles-mêmes, et créent au choix le «smoothie placenta» ou «la soupe au placenta».

LePoint.fr rappelle que la placentophagia est une coutume chinoise qui date de plus 2.000 ans. A l’époque déjà, l’empereur Qin Shihuang vantait les mérites de l’organe pour la santé.

Mais cette pratique s’est renforcée en Chine depuis quelques années. Une maternité de la ville orientale de Nankin a observé que près de 10% des patientes quittent l’établissement avec leur placenta.

L’organe est tellement recherché qu’il existe un marché noir. Même les pères en veulent pour se donner de l’énergie.

Et en France? La loi de bioéthique encadre sa collecte. Ainsi «le placenta ne peut être collecté qu’à des fins thérapeutiques ou scientifiques si la femme accouchée ne s’y est pas opposée».

Mais qui sait, peut-être que dans quelques années, on cuisinera un ragoût de placenta pour fêter la naissance du petit dernier.

L. O.

Photo: Berry Smoothie / Le ciel azur via FlickrCC Licence by

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Miam, le menu du futur!

Glu de porc ou fromage synthétique? Cette semaine, le site de Basta!, agence d’infos sur les luttes environnementales et sociales, propose un charmant «menu de synthèse» décrivant la nourriture du futur concoctée dans les labos de l’industrie agroalimentaire. Voilà l’alléchante éventuelle carte de demain, pour nourrir les humains à moindre coût, sans trop prendre en compte les conséquences sanitaires et écologiques:

–       Une saucisse de glu de porc malaxée, mixture ressemblant à de la «guimauve rose liquide» faite en passant des carcasses de poulet ou de porc dans une centrifugeuse à haute température, pour utiliser absolument tous les morceaux. Le problème selon Basta!, «ce hachis liquide provient des parties les plus prédisposées à la bactérie E.coli et aux salmonelles». Ce qui rend nécessaire un traitement à l’ammoniaque, utilisé par exemple pour la fabrication d’engrais ou le détartrage des métaux… Cette substance gluante, surnommée Pink Slime (glu rose) a récemment provoqué la fronde de parents d’élèves aux Etats-Unis qui ne voulaient pas que leurs enfants touchent à cette mixture à la cantine.

–       Un plat de «viande séparée mécaniquement»: les restes de viande sont broyés, traités et compactés et réutilisés comme additifs dans d’autres viandes, pour «récupérer toute la substance comestible possible». En fait, on mange déjà de la «viande séparée mécaniquement» dans certaines saucisses…

–       Un beau plateau de fromages synthétiques, un fromage sans lait, “composé de trois amidons, d’un galactomannane (E410, 412, 417), d’un carraghénane (E407) et d’arômes”. L’avantage de cette chose répondant au doux nom de Lygomme™ ACH Optimum serait de ne pas dépendre des fluctuations du marché du lait et d’être moins cher… On le trouve déjà sur certaines pizzas.

–       Des animaux transgéniques, modifiés pour s’adapter aux besoins des industries agroalimentaires. Par exemple pour que les animaux grandissent plus vite, pour qu’ils polluent moins, pour qu’ils soient bien musclés… L’autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a lancé une consultation publique sur l’évaluation des risques environnementaux de ces animaux génétiquement modifiés. Pour une éventuelle autorisation de mise sur le marché?… Des programmes de recherches travaillent en outre sur la viande artificielle, fabriquée en éprouvette à partir de cellules animales.

–       Les vers, les scarabées et les papillons sont peut-être notre salut… Une idée pour limiter notre consommation de viande et ses conséquences environnementales… Selon Basta!, «il faut 8 kilos de végétaux pour produire un kilo de viande bovine. Et moins de deux kilos pour produire un kilo d’insectes”. Sur ce, bon appétit.

Photo: Forks/ Daniel Morris via FlickCC License by

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