A l’aube des championnats du monde de judo, qui se déroulent à Bercy du 23 au 28 août, certains ont mis les bouchées doubles à l’entraînement afin de peaufiner les ultimes réglages, quand d’autres ont fait maigre le temps de quelques jours histoire de bien se conformer à leur catégorie de poids.
Du haut de ses 2,04m, Teddy Riner, probable vedette de ce mondial où il pourrait décocher un 5e sacre suprême, a dû ainsi descendre autour de 128-130 kilos, son poids de forme en compétition. Généralement, deux mois avant un grand rendez-vous, l’Antillais affiche dix kilos de trop sur la balance qu’un léger régime adapté gomme avec plus ou moins de facilité dans la mesure où il est toujours plus «aisé» de se délester de 10kg quand on en pèse 140 que de 5 quand on en est à 90.
Les récentes mésaventures d’André-Pierre Gignac, contraint par son club marseillais de rejoindre un centre d’amaigrissement en Italie, témoignent de la difficulté, parfois, pour les sportifs de haut niveau d’avoir une ligne adaptée aux exigences de leur métier. En sport, comme ailleurs, tous les types de régime sont utilisés avec plus ou moins de succès et selon les tendances du moment sachant qu’il est admis que les sportifs, au-delà de certains clichés bien digérés, ont une relative méconnaissance de ce que doit être une bonne diététique.
Depuis quelques mois, un régime fait des ravages et va probablement finir gagner de nombreux adeptes compte tenu de ses vertus miraculeuses. Celui suivi par Novak Djokovic, n°1 mondial en tennis, vainqueur en 2011 de deux titres du Grand Chelem, en Australie et à Wimbledon, et carrément imbattable lors du premier semestre où il a réussi à enchaîner 41 victoires consécutives, Roger Federer finissant par mettre un terme à sa série fantastique sur la terre battue de Roland-Garros.
Aidé par un mystérieux médecin, Igor Cetojevic, venu récemment rejoindre son entourage et qui, précisons-le, ne s’adresse pas à la presse, le champion serbe évite, en effet, tout aliment contenant du gluten et le moins que l’on puisse dire c’est que cela marche car le Serbe s’est non seulement singulièrement «asséché» physiquement, mais paraît devenu infatigable.
Cette privation a commencé voilà un an. Comme 1,3% de la population, considérant que beaucoup de malades s’ignorent, Djokovic a découvert qu’il souffrirait d’une maladie cœliaque, c’est-à-dire d’une maladie caractérisée par une intolérance au gluten ayant pour conséquence, notamment, la survenue de diarrhées, de ballonnements ou de moments intenses de fatigue. Voilà qui expliquerait peut-être les malaises ressentis pendant longtemps par le joueur de Belgrade qui, souvent, a semblé souffrir plus que de raison au point de se résigner quelquefois à l’abandon.
Le gluten est une protéine que l’on trouve dans les céréales comme le blé, l’avoine, l’orge et le seigle. Il est utilisé dans la composition de très nombreux aliments de base, comme le pain, les pâtes, les biscuits, les pizzas et les gâteaux, denrées dont il permet le « gonflage » en assurant leur élasticité. Il est également contenu dans des sauces ou des produits à base de viande comme les saucisses et les hamburgers.
Soumis à ce régime anti-gluten, Djokovic, dont les parents ont longtemps tenu… une pizzeria quand il était enfant, s’est donc retrouvé face à un problème alimentaire majeur: devoir se priver de pâtes, considérées comme l’un des carburants essentiels de tout sportif avant l’effort. Le riz, qui ne contient pas de gluten, est ainsi devenu l’aliment principal de ses assiettes associé à de nombreux légumes et à des viandes souvent blanches.
Dans un article de L’Equipe paru au printemps, le docteur Stéphane Cascuas, médecin du sport et nutritionniste, auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, n’a pas mâché ses mots au sujet de l’excès de consommation de céréales et donc de gluten par les sportifs, mais aussi par les consommateurs «normaux» que nous sommes:
«Cette impossibilité (ou difficulté) à digérer la protéine du blé peut avoir de lourds effets. L’alimentation hyper céréalière qu’on propose aux sportifs actuellement n’est probablement pas très adaptée. Aujourd’hui, certains prônent d’ailleurs un retour à l’alimentation paléolithique (viande, poisson, œufs, fruits, légumes), quand nous étions des chasseurs-cueilleurs, en partant du principe que notre patrimoine génétique digestif n’est pas adapté à l’ingestion d’autant de céréales. La fameuse «pasta party» qui précède les grosses épreuves d’endurance n’est donc pas forcément une bonne idée.»
Comme Novak Djokovic joue comme un avion depuis la découverte de cette pathologie et la mise en place de ce régime adapté, il est probable que de nombreux sportifs confirmés, mais aussi d’amateurs, voudront savoir s’ils ne sont pas affligés eux aussi du même mal ou s’ils ne consomment tout simplement pas trop de céréales.
Andy Murray, qui carburait jusque-là à raison de 50 sushis, de deux bols de céréales et de bagels tartinés de beurre d’arachide lors de ses périodes de préparation d’avant compétition, vient d’annoncer d’ailleurs qu’il révisait aussi son menu dans la perspective du prochain US Open. Après avoir fait des tests en juin, le voilà à son tour privé de ses bagels préférés et abonné à des pâtes sans gluten (oui, cela existe). Il s’est livré à un petit discours de militant anti-pâtes en précisant que cette nouvelle hygiène alimentaire lui permettait en plus de mieux dormir. «En tant qu’athlète, on nous dit que les pâtes sont la meilleure chose, mais ce n’est pas vrai», a-t-il souligné en admettant également une perte de poids dans son cas.
Une autre joueuse de tennis, l’Allemande Sabine Lisicki, a mené aussi l’enquête sur son propre compte et s’est trouvé une allergie au gluten. Résultat (ou coïncidence): à la surprise générale, elle s’est propulsée en demi-finales à Wimbledon il y a quelques semaines.
Un petit business d’alimentation sans gluten est d’ailleurs en train de voir le jour aux Etats-Unis à l’image de ce reportage récent du New York Times qui évoquait l’implantation de quelques boulangeries «gluten free» dans certaines grandes villes américaines. Il est également à l’état embryonnaire en France où depuis des années, la présence accrue de gluten dans les variétés de céréales a permis, comme ailleurs, la réalisation de pains de plus en plus nombreux et originaux qui ne sont peut-être pas étrangers au fait que le taux des patients souffrant d’intolérance au gluten serait en constante augmentation.
Si vous voulez savoir si vous faites, vous aussi, une allergie au gluten, vous pouvez vous adresser à un nutritionniste qui vous dira peut-être de changer de boulanger. Djokovic et Murray ont perdu du poids –c’est ce qu’ils ont affirmé– mais sachez tout de même qu’un régime anti-gluten n’est pas, en principe, synonyme de perte de poids. Mais à l’évidence, c’est un régime de champions qui marche…
Yannick Cochennec
Photo: La soprano Natalie Choquette lors d’une performance à la convention libérale de Montréal, le 30 novembre 2006.
Article mis à jour le 23/08 pour clarifier la conclusion (voir le commentaire d’Ariane et la réponse de l’auteur ci-dessous)
Attention aux confusions possibles, arrêter le gluten (sous réserve d’être vraiment intolérant) ne garantit absolument pas la perte de poids, qui est liée à une baisse de l’apport calorique, quelque soit l’aliment. Si on absorbe autant de calories via des aliments sans gluten, on ne perdra pas un gramme !
Bonjour, merci de cette précision. Dans le cas de Djokovic et de Murray, il s’avère qu’ils ont perdu du poids en même temps (c’est leur témoignage et ils ont fait le lien). Ma conclusion est donc peut-être malheureuse dans ce sens. Mais quand j’ai écrit régime alimentaire (de manière générale), je pensais habitudes alimentaires. Désolé pour l’éventuelle confusion. YC
Oui, il existe des pâtes sans gluten (au riz, au maïs, au quinoa par exemple), et aussi du pain, des pâtisseries, etc, on peut facilement se faire des gâteaux avec les farines sans gluten dispo dans les magasins (même les grandes surfaces ont leur propre ligne de produits sans gluten).
Concernant une éventuelle perte de poids, il y a aussi des personnes amaigries par leur intolérance qui ont repris des kilos avec ce régime pour atteindre un poids plus normal.
Les intolérances alimentaires peuvent avoir des effets cachés non négligeables. Le gluten, certes, mais également le lactose. Il existe aujourd’hui des nutri-diététiciens spécialisés en detoxicologie.
Et lorsque l’on souffre de maux dont on ne trouve aucune pathologie claire (je pense au mal de dos par exemple ou aux problèmes musculaires récurrents), la solution est peut-être à chercher dans son assiette…
Je ne comprend pas bien votre article.
Un sportif souffrant d’une maladie cœliaque( une maladie ayant pour principaux symptômes : douleurs abdominales, des diarrhées, des pathologies osseuses…) se soigne.
Son traitement est le régime sans gluten.
Un fois traité, il va beaucoup mieux, il gagne plus.
Je ne suis pas un grand spécialiste du sport mais j’ose imaginer qu’on joue mieux quand une bonne diarrhée stéatorrheuse ne pointe plus le bout de son nez en plein match.
Par dessus tout ça, on rajoute un bout d’interview de médecin qui ne dit pas grand choses; une petite critique des pains spéciaux (que vous ont ils fait de mal?).
Et enfin on en conclu que le régime sans gluten est bon pour les sportifs. Wouhou
Saviez vous que la cigarette améliorait la symptomatologie de la rectocolite hémorragique?
J’en souffre, et depuis que je fume je joue beaucoup mieux au rugby.
Tous les rugbymen doivent ils fumer pour autant?
En conclusion : s’il vous plait, évitez de généraliser à une population à partir de cas uniques, en particulier si ces personnes souffrent d’une maladie, ici la maladie cœliaque.
Mais si vous pensez souffrir d’une maladie coeliaque, avant de changer de boulanger, adressez vous a votre généraliste qui diagnostiquera la maladie.
Car il est vrai, et c’est peut être la partie la plus importante de l’article de YC, la maladie coeliaque touche de plus en plus de monde pour des raisons encore inconnues mais ne vous inquiétez pas on attend une étude incriminant le pain au sept céréales pour bientôt.
Eh bien je viens de comprendre que l’alimentaire des pattes sans gluten ne doivent en aucune façon administrée à des personnes qui n’ont pas de problèmes causés par le gluten.
Moi aussi je suis d’accord.
Et bien,quelle est la bonne alimentation qui permet de faire perdre le poids sans provoquer de maladies dues à l’alimentation?
Je confirme pour ce qui me touche, pour le gluten. Je suis non tolérant. L’avoir supprimé ainsi que les laitages de vache et les sucres dont ceux raffinés, m’a permis de perdre 10 kg en 5 mois, que je ne reprends pas sauf écarts sur ces trois éléments là.
Quand je reprends du gluten, j’ai systématiquement, nez bouché, sinusites, ballonnements et effectivement fatigue.
En ce qui me concerne, le lait de vache joue, sur l’alitose et la transpiration. Et le sucre fixe mes kilos. Il suffit de lire les livres du docteur Catherine Kousmine des années 1970 pour le savoir, parmi d’autres choses.
Enfin, contrairement aux idées reçues, le lait, passé la puberté n’apporterait plus de calcium, il acidifierait le sang qui utiliserait le calcium des os pour rétablir un PH adéquat. (entendu également sur France Inter, le 16 août 2011, dans Ca vous dérange)
Voila le type d’article qui cree des confusions chez les gens qui ne font pas de sport et qui veulent perdre du poids…
Apres Duncan, le sans Gluten et le regime sans aliment !
Bonjour,
Une suggestion pour un de vos article, sur un sujet qui me pose question : le trou Normand, réalité chimique ou psychologique? Parce que pour l’expérimenter de temps à autre, j’ai l’impression que ça fonctionne, l’appétit semble revenir après… Mais mes maigres connaissances chimiques ou physiologiques ne me permettent pas de me l’expliquer.
Encore merci pour vos articles,
Bien cordialement,
Manu
Je confirme pour ce qui me touche, pour le gluten. Je suis non tolérant. L’avoir supprimé ainsi que les laitages de vache et les sucres dont ceux raffinés, m’a permis de perdre 10 kg en 5 mois, que je ne reprends pas sauf écarts sur ces trois éléments là.
Quand je reprends du gluten, j’ai systématiquement, nez bouché, sinusites, ballonnements et effectivement fatigue.
En ce qui me concerne, le lait de vache joue, sur l’alitose et la transpiration. Et le sucre fixe mes kilos. Il suffit de lire les livres du docteur Catherine Kousmine des années 1970 pour le savoir, parmi d’autres choses.
Enfin, contrairement aux idées reçues, le lait, passé la puberté n’apporterait plus de calcium, il acidifierait le sang qui utiliserait le calcium des os pour rétablir un PH adéquat. (entendu également sur France Inter, le 16 août 2011, dans Ca vous dérange)
Réponse à Blaise : l’usage cerveau.
La lecture des étiquettes, l’équilibre, l’activité physique. Mais surtout s’accepter tels qu’on est, dans la majorité des cas, ce serait un très bon régime.
Dès qu’on parle de bouffe, les ayatollah de l’anti-lait etc. réapparaissent….ptdr …. méfiez-vous surtout des allergies mentales, c’est les pires !
Prenez du plaisir à vivre, manger et faire du sport…et laissez surtout les autres faire de même et différemment de vous.