Sentir ses poils se hérisser au bruit d’une personne qui mange et mâche sans gêne, être pris par l’envie soudaine de trucider sur place celui qui renifle, respire, sirote et avale bruyamment à table… Vous avez déjà eu ce genre de pulsions? Rassurez-vous, vous n’êtes pas les seuls, nous apprend le New York Times, cette réaction porte même un nom: la misophonie, ou la «haine des sons», qui revient très souvent à table mais aussi ailleurs.
Beaucoup sont simplement distraits par des sons que la majorité des gens n’entendent même pas, comme le bruit des pas, ou celui du chewing-gum mastiqué. Mais pour ceux qui souffrent de misophonie, le problème est plus grave.
Voila par exemple une liste non-exhaustive de ces petits bruits qui exaspèrent à table et qu’on retrouve sur le site soundsensitivity.info:
«Craquer, sucer, claquer, mâcher, avaler, parler la bouche pleine, roter, le bruit des dents frottant les couverts, mastiquer et faire des bulles avec son chewing-gum, engloutir, aspirer, serrer une bouteille d’eau, le petit «aaah» de satisfaction après avoir bu, les bruits de lèvres mouillées, les bruits de bisous, cracher, se ronger les ongles, ouvrir des sacs plastiques ou les frotter.»
Alors que ce phénomène, découvert il y a quelques années par le docteur Jastreboff de l’université d’Atlanta selon le site d’information Maxiscience, a fait longtemps débat parmi les chercheurs, un neuroscientifique de l’université de Dallas, Aage R. Moller, a récemment ajouté la misophonie au «Livre de Tinnitus», un guide médical reconnu par les spécialistes et dont il est l’éditeur.
Cette réaction bien particulière n’a rien à voir avec d’autres maladies auditives comme la phonophobie (crainte d’écouter due à une sensation auditive douloureuse liée à des sons environnants), ou encore l’hyperacousie qui correspond à une hypersensibilité de l’ouïe.
Cette intolérance liée à certains bruits apparaît presque toujours à la fin de l’enfance ou au début de l’adolescence et s’empire avec le temps explique le New York Times. Et il n’existe pas de traitement efficace pour l’instant.
Aage R.Moller est convaincu que cette «haine du son» n’est pas causée par des troubles auditifs, mais plutôt par des «anormalités physiologiques» qui se manifestent au sein même du cerveau quand certains sons sont perçus.
Le docteur Marsha Johnson, audiologiste à Portland et qui tient aussi un forum de discussion sur le net concernant la misophonie, remarque quant à elle que les personnes atteintes de cette maladie désespèrent de ne pas trouver des remèdes et présentent de nombreux troubles du comportement:
«On a diagnostiqué chez ces gens plein de différentes choses: phobies, anxiété, troubles obsessionnels compulsifs, et bipolarité.»
Pour elle, tout a commencé en 1997 quand elle a eu son premier cas de misophonie:
«Ce n’est pas volontaire. Souvent ils pleurent beaucoup parce qu’on leur a répété qu’ils pouvaient le contrôler s’ils le voulaient vraiment. Ce n’est pas de leur faute. Ils n’ont pas demandé ça et ils ne l’ont pas inventé.»
Taylor Benson, étudiante à l’université de Creighton en Omaha, déclare par exemple que les bruits de bouche, les reniflements et le bruit du chewing-gum mastiqué accélèrent son rythme cardiaque et bloquent son souffle. Elle s’est même surprise en train de serrer ses poings et de dévisager avec rage la personne qui faisait de tels bruits:
«Ces réactions m’ont fait perdre des amis et ont provoqué de nombreuses disputes.»
A.B.
Photo: Jeune homme se protégeant les oreilles / xJasonRogersx via Flickr CC License By
Misophonie vous avez dis! Mince c’est à cause de ça alors! Non, parce que chaque fois qu’un politique se met à parler tout mon être saute au plafond… Lol
ça y est je peux mettre un mot sur mes maux : je suis misophone !
Merci pour l’article… pffiou, je me sens mieux tout d’un coup.
Par contre aucun signe de bipolarité ni de phobies chez moi, juste une envie de meurtre par ci par là, rien de trop grave en somme.
Estelle
Ah bah voilà je souffre de misophonie légère ^^
La misophonie n’a rien à voir avec l’hyperacousie liée à un traumatisme sonore. Bizarrement, on rapproche une pathologie psychiatrique d’une pathologie auditive. La raison en est simple : on assiste à une explosion des traumatisme sonores : surdité brusque, acouphènes, hyperacousie. La pratique croissante de loisirs bruyants n’est jamais remise en cause, car elle fait tourner l’économie.
PS : la phonophobie est une pathologie psychiatrique et non audtive.
je me sens moins seule, ça fait des années (en fait depuis mon enfance) que je ne supporte aucun bruit de mastication!
“Taylor Benson, étudiante à l’université de Creighton en Omaha, déclare par exemple que les bruits de bouche, les reniflements et le bruit du chewing-gum mastiqué accélèrent son rythme cardiaque et bloquent son souffle. Elle s’est même surprise en train de serrer ses poings et de dévisager avec rage la personne qui faisait de tels bruits”
Je me retrouve complètement dans ce descriptif ,exception faite des reniflements ^^ Sinon, pour le rythme cardiaque et le souffle, c’est tout pareil….