L’autorité européenne pour la sécurité des aliments (EFSA) a annoncé hier «le lancement d’une consultation publique pour finaliser son avis, attendu en mai, sur l’aspartame, un édulcorant au pouvoir sucrant utilisé par l’industrie agroalimentaire, et objet de nombreuses critiques», rapporte le Monde.fr.
E951
D’abord, rappelons que l’aspartame est un édulcorant faible en calories, avec un pouvoir sucrant environ 200 fois supérieur à celui du sucre blanc normal.
Comme le signale l’EFSA, l’aspartame est aujourd’hui un additif autorisé, utilisé par exemple dans des boissons, desserts, confiseries, chewing-gums, yaourts, produits amaigrissants, ou comme sucrette pour le café… On identifie sa présence dans les (longues) listes d’ingrédients par son nom ou par son numéro, E951.
En février 2011, l’EFSA déclarait qu’il n’existait «pas de preuve scientifique qui justifierait une révision des évaluations précédentes de la sécurité de l’aspartame», des études scientifiques disponibles menées des années 1980 au début des années 2000. Et concluant à une DJA (dose journalière acceptable sans risque pour la santé, sur la base du poids de l’individu) de 40 mg par kilo.
Jusqu’à présent, l’EFSA s’était donc servie des données disponibles. Mais l’autorité sanitaire a décidé de réévaluer complètement la sécurité de l’aspartame.
Des risques à nouveau évalués
D’une part parce que «d’ici 2020, en vertu du règlement UE 257/2010 sur la réévaluation des additifs alimentaires autorisés, l’EFSA doit réévaluer tous les additifs ayant été autorisés dans l’UE avant le 20 janvier 2009, ainsi que leurs utilisations».
Et surtout parce qu’en mai 2011, la Commission européenne a «invité l’EFSA» à avancer la réévaluation complète de la sécurité de l’aspartame de 2020 à 2012, «suite à certaines préoccupations soulevées par des députés européens». Tout cela arrive donc bien plus tôt que prévu, pour répondre aux interrogations sur l’aspartame…
Le sujet divise en effet les scientifiques et plusieurs études pointent des risques liés à l’aspartame, comme l’expliquait le Monde en 2009. L’aspartame est notamment accusé de provoquer des accouchement prématurés.
Pré-avis à finaliser
Alors, à l’heure actuelle, le pré-avis des experts scientifiques affirme toujours que l’aspartame «ne présente aucun risque pour la santé avec les niveaux aujourd’hui autorisés en Europe».
L’EFSA reconnait juste que la phénylalanine, un des composant de l’aspartame, peut être un risque pour les femmes enceintes atteintes de phénylcétonurie, une maladie génétique rare (des femmes qui doivent donc suivre un régime alimentaire strict).
Mais la consultation publique est chargée de critiquer ou confirmer ces conclusions avant l’avis final. L’EFSA invite «la communauté scientifique et les parties prenantes» à commenter le pré-avis, jusqu’au 15 février.
Attendons donc le printemps pour lire la conclusion finale de l’EFSA, organisme salué par les uns, critiqué pour son manque d’indépendance par les autres. Dans tous les cas, l’enjeu est lourd pour l’industrie agro-alimentaire, qui sucre un bon nombre de ses produits avec de l’aspartame.
Photo: coca cola dorps/ OmarRiva via FlickrCC License by
lire le billetVous souhaitez éliminer les risques d’être amputé à cause d’un diabète de type 2? Réduisez vos rations de boissons. C’est le message délivré (en anglais et en espagnol) par la campagne publicitaire du Département de la santé de l’Etat de New York qui fustige l’augmentation de la taille des rations de soda et dénonce les conséquences désastreuses que cela peut avoir sur la santé des consommateurs.
Dans le métro new-yorkais, les voyageurs peuvent voir une affiche montrant un homme amputé d’une jambe à cause d’une consommation excessive de boissons sucrées. Cette campagne baptisée «Cut your Risk» avec le slogan «Réduisez vos rations. Réduisez vos risques» s’inscrit dans la lutte contre l’obésité que mène depuis plusieurs années le Département de la santé. Elle dénonce les tailles XXL des rations de nourriture ou de boisson qui sont généralement servies à New York.
«Les rations ont augmenté. La même chose s’est produite avec le diabète de type 2, qui peut entraîner des amputations», titre la publicité. Sur d’autres visuels, on trouve des messages similaires d’avertissement concernant la consommation de grandes barquettes de frites ou de gros hamburgers.
D’autant plus que «les portions proposées sont largement supérieures aux besoins humains», rappelle le commissaire à la santé de New York, Thomas Farley. En effet, un seul menu proposé par des chaîne de restaurant peut satisfaire les besoins énergétiques d’une personne pour la journée entière. Il signale également que ce genre de campagne choc est le seul moyen de sensibiliser la population sur les risques encourus lorsqu’on néglige son alimentation.
Bien que la ville ait fait des progrès dans la lutte contre l’obésité, les chiffres restent inquiétants. La majorité des adultes new-yorkais (57%) et deux enfants sur cinq à l’école élémentaire sont en surpoids ou sont obèses, explique le communiqué de presse. Les conséquences sur la santé sont désastreuses, allant de l’hypertension au diabète de type 2. Ce dernier peut conduire à la cécité, à l’insuffisance rénale voire à l’amputation. En 2006, près de 3.000 New-Yorkais atteints de diabète de type 2 ont été hospitalisés pour des amputations.
Selon ses données, la taille des boissons a été multipliée par 4 depuis cinq décennies et la ration de certains aliments comme les frites a presque triplé.
De leur côté, les producteurs de boissons se sont insurgés contre cette campagne et ont affirmé que la publicité donnait une «fausse image» des boissons gazeuses, rapporte El Mundo.
Photo: la campagne, en espagnol.
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