A partir du 29 septembre, l’expo de photos «Des légumes et des hommes» sera visible au Chai de Bercy, après avoir passé l’été dans le Potager du Roi à Versailles.
La photographe Joëlle Dollé a réalisé pendant 4 années une série de portraits d’anonymes et de personnalités. Avec un point commun: tous sont mis en scène avec un légume (ou un fruit ou champignon en fait!). Les sujets se sont prêtés au jeu avec humour, ce qui donne des photos assez drôles et inédites, pointant les liens forts entre les légumes et les humains. Car les récoltes du potager sont présentes dans notre alimentation bien sûr, mais aussi dans notre langage, notre culture, nos traditions, voire nos souvenirs…
Sur le site de l’expo (doublé d’un livre d’ailleurs), la photographe explique sa motivation:
«C’est en recevant les paniers «bio» que j’ai vu pour la première fois un salsifis! Je n’avais jamais vu de citronnelle, jamais mangé de topinambours, jamais cuisiné les fanes des carottes… Mon manque de culture était assez impressionnant! J’ai pensé que tous ces légumes méritaient d’être re-connus. J’ai eu l’envie d’apporter un nouveau regard sur ces légumes qui font partie de notre quotidien. Je me suis prise au jeu de les photographier en tant que «natures vivantes»».
Elle cherche en quelque sorte à attirer l’attention sur notre lien à la nature:
“Dans ma démarche photographique, je souhaite montrer l’harmonie présente en chaque être humain à travers sa personnalité et son unité avec la Nature. Chaque photo est une mise en scène qui se crée tout naturellement entre la personne, le légume, la lumière et moi-même. J’ai toujours beaucoup de plaisir à découvrir cette alchimie. J’ai développé cette série avec mes amis, mes voisins, ma famille, puis avec des personnalités dont certaines sont impliquées dans la culture des légumes, leur transformation ou défendent des valeurs éthiques ou environnementales”.
Des légumes dans toute leur splendeur, donc, sans discours normatif. Dans ces photos, même les “oubliés” ont l’air modernes.
En attendant de voir l’expo ou le livre en vrai, voilà quelques extraits…
Claude Bureaux, ancien jardinier en chef du Jardin des plantes, pose avec une chicorée frisée.
Jean-Claude Opec, maire d’une commune de Haute-Saône, est photographié avec un “poireau monstrueux d’Elboeuf”.
Catherine Le Runigo, peintre et plasticienne, pose avec des potimarrons.
Le chef Alain Passard avec des raiforts d’Ardèche… On apprend dans l’expo qu’au “début du XXème siècle, deux mois avant leurs matches, les boxeurs se frictionnaient quotidiennement le corps d’un mélange de raifort, sel, vinaigre, jus de citron et whisky pour s’endurcir”.
Michel Onfray, auteur de Philosophie du Goût et créateur de l’Université Populaire du Goût, pose avec un rutabaga.Mayli M, journaliste, se cache derrière des myrtilles.
Pour les infos pratiques, jetez un oeil ici.
lire le billetDes vieilles chaussures, des sacs de courses, des petits coins de toits ou des aéroports désaffectés: tout est bon pour cultiver en ville. C’est ce que démontre l’exposition-phénomène Carrot City, qui, après Paris cet été, continuera sa route vers Strasbourg et Lyon.
Quelques carottes géantes et trois ou quatre dizaines de panneaux didactiques. Le visiteur non informé a toutes les chances de passer à côté de l’une des expositions pourtant les plus emblématiques du moment: Carrot City qui s’est invitée dans les jardins du parc de Bercy jusqu’à fin septembre, avant de déménager pour Strasbourg et Lyon, en fin d’année.
Car Carrot City est bien plus qu’une exposition. C’est une expérience lancée un peu par hasard en 2009 à Toronto (Canada) et qui prend désormais une ampleur mondiale tout à fait inattendue. Au point d’en devenir (presque) un phénomène de société.
«Au départ, nous avions conçu une exposition pour la publier sur Internet, raconte Jo Nasr, docteur à l’université canadienne de Ryerson. Son succès nous a dépassés. Le site web contient désormais plus d’une centaine de panneaux, l’exposition a déjà circulé dans 15 villes et trois continents et Carrot city est devenu un véritable lieu d’échanges et d’idées sur l’agriculture urbaine.»
Qu’on se le dise: faire pousser des carottes (pommes de terre, fraises, salades…) sur les balcons (toits, cours d’immeubles, terrains désaffectés…) est désormais extrêmement tendance. Voire indispensable: quand plus de la moitié de la population mondiale est urbaine, le lien avec l’agriculture se distend dangereusement, constate Fabienne Giboudeaux, adjointe au maire de Paris chargée des espaces verts.
Si, il y a encore 20 ans, chacun avait encore, via ses parents ou grands-parents, accès à un jardin potager, voire à une ferme, cet héritage vert est en train de disparaître. Et rares sont les petits citadins à savoir encore à quoi ressemble un plant de pomme de terre, ou des haricots verts.
Or comment savoir si l’on mange «bien» lorsque certaines connaissances de base ont disparu? «Nous ne pouvons pas non plus ignorer que toute une frange de la population n’a plus accès à une alimentation saine et de qualité», renchérit l’adjointe au maire.
Si acheter fruits et légumes devient trop cher, les faire pousser chez soi devient alors une alternative.
De toutes façons, l’approvisionnement des métropoles à l’heure où les transports faciles et bon marché semblent condamnés à se raréfier devient une véritable question. Même si, bien entendu, personne ne rêve –ni même ne préconise– à une réelle autarcie.
Bien plus qu’un réceptacle des différentes expériences en cours, Carrot City est donc devenu un prétexte pour les multiplier. Aucune idée n’est a priori tabou, ni les fermes urbaines en forme d’immeubles, ni les traditionnels jardins partagés.
Quelques-unes sont particulièrement rigolotes: les Ecobox, à Paris, par exemple. Ici, les cultures sont en pots, ou en paniers, dans des carrés de bois ou même dans de vieilles baskets trouées. Mais le tout repose sur des palettes «car il faut pouvoir les déménager vite», explique l’un de ses initiateurs. Il est vrai que le mouvement, parfois, investit des lieux pas encore autorisés, comme les toits de parkings désaffectés.
D’autres sont tout simplement réalistes: telles celles menées par le «minimum cost housing group» à Rosario (Argentine) et Colombo (Sri Lanka) où l’on implante des cultures vivrières sous toutes les formes possibles au milieu de bidonvilles.
Quelques projets futuristes intéressants aussi: celui des «ravine city» où l’on regroupe culture et habitat, les déchets de l’un approvisionnant l’autre, et vice-versa.
En région parisienne aussi, les expérimentations commencent à se multiplier y compris à Paris qui a fait de 2012 l’année de l’agriculture urbaine. Montreuil, ville dirigée par la verte Dominique Voynet depuis 2008, a elle aussi présenté les multiples initiatives (dont la réhabilitation des «murs à pêches») prises pour rendre cette banlieue… un peu plus comestible!
Catherine Bernard
Photo: le toit de l’immeuble accueillant la conférence de Durban sur le changement climatique, en 2011, aménagé en jardin. REUTERS/Rogan Ward
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Dé-formatage général, Pascal Colrat.
Quand quatre artistes se penchent sur la malbouffe, ça donne quoi? L’expo “République de la Malbouffe”, à la Galerie Talmart à Paris jusqu’au 25 février, soutient le film éponyme dont j’ai déjà parlé ici.
Xavier Denamur, restaurateur engagé, a proposé à Marc Monsallier, directeur du lieu, d’organiser une exposition avec des œuvres spécialement conçues pour l’occasion. Ce dernier réunit alors 4 artistes «représentatifs des intérêts plastiques et géographiques de la galerie».
Ni une ni deux, tout le monde voit le film et se retrouve autour d’une bonne table (avec un canard aux pruneaux, selon mes sources). Marc Monsallier explique: «La galerie a déjà fait des expos citoyennes, notamment avec Pascal Colrat. J’ai saisi l’occasion de faire cette expo plastique exigeante, soutenant les idées du film. Les idées sont nées petit à petit, chacun ne dévoilant pas ses idées aux autres…». Voyons voir ça.
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