Le Chili, un royaume de la street food


Photo: El Rey del Mote con Huesillo/ Paul Lowry via Flickr CC License by

Au Chili, la foule des rues piétonnes grignote sans cesse. Glaces même en hiver, Mote con huesillos, sandwichs en tous genre et à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit… Petite revue non exhaustive du meilleur de la street food chilienne.

La vraie street food des fins de soirée
Si on prend la street food au sens strict de nourriture cuisinée dans la rue, pour être mangée dans la rue, les Chiliens sont forts, surtout… la nuit. La vraie cuisine de rue sort sur les trottoirs en soirée, pour nourrir les affamés sortant ou allant dans les bars et les boîtes. D’excellentes grillades, souvent de bœuf, sont cuites sur des chariots bricolés en barbecues. Autre exemple, quand tombe la nuit on peut manger des Sopaipillas, galettes épaisses de farine de blé (avec parfois de la courge), frites dans une bonne dose d’huile, puis réchauffées directement dans la rue. On y ajoute généralement de la moutarde, du ketchup ou du pebre, une sauce piquante. Elle peut aussi être mangée sucrée, avec de la cannelle… Jour et nuit, on peut aussi boire un jus d’orange pressé sous nos yeux sur une table en plastique, ou grignoter un petit paquet de «mani»: des cacahouètes fraîchement caramélisées dans une échoppe ambulante, qui embaument délicieusement les alentours…

Mote con huesillos, l’ovni chilien
On peut dire qu’il s’agit de LA street food chileno-chilienne. On trouve des échoppes ambulantes de Mote con huesillos à chaque coin de rue des grandes villes ou au bord des routes à la campagne. Beaucoup de ces stands s’appellent d’ailleurs «El Rey del Mote con Huesillos» (le roi du Mote con huesillos)! Cette étrange boisson-aliment, peu appétissante au premier abord, n’existe nulle part ailleurs. Difficile d’en deviner le contenu sans connaître… En fait, il s’agit d’un jus caramélisé, dans lequel flotte un “huesillo” (une pêche séchée, qui a trempé une nuit dans l’eau) et une bonne louche de «mote de trigo» (blé cuit). Ce qui donne un gobelet en plastique, rempli d’un liquide sombre, dans lequel flottent des aliments un peu bizarres: pourtant, je vous assure que le Mote con huesillos, quand il est bien préparé, est délicieux et très rafraîchissant! C’est un parfait en-cas pour l’après-midi, fruits et glucides inclus… Alors quand vient l’été, les Chiliens marchent nonchalamment dans les rues avec leur verre et leur cuillère en plastoc. On dit d’ailleurs qu’on ne peut pas faire más chileno que el mote con huesillos (plus chilien que le mote con huesillos)!…

Completo, le hot-dog à la chilienne
Le completo (littéralement “le complet”) est sans doute le sandwich le plus populaire du Chili. La base, c’est un pain à hot-dog et une saucisse. Ensuite, on ajoute généreusement des morceaux de tomate, de la moutarde, de la choucroute, des oignons, du ketchup ou de l’aji (piment très utilisé au Chili)… Parmi les 1000 combinaisons possibles, l’ «italiano» (au couleurs du drapeau…) remporte la mise avec ses tomates, sa couche de mayo insensée et ses avocats écrasés…  La légende raconte qu’en 1920, Eduardo Bahamondes, un restaurateur de la Plaza de Armas, a ramené le concept du hot-dog des Etats-Unis, pour l’adapter à la sauce chilienne.

Le completo a le mérite d’être très bon marché et… extrêmement nourrissant. Le completo, généralement bon car bien relevé, contient du pain, de la viande et des légumes: c’est un sandwich assez complet. Mais pas vraiment léger quand on réfléchit au flot de mayonnaise très souvent ajouté…

Il est soit préparé directement dans la rue, sur des chariots, soit vendu dans des échoppes ou des chaînes de fast-food comme Doggis. Par contre, pour avaler la chose, c’est tout une affaire, que dis-je un savoir-faire qui s’apprend sur le terrain. Une expérience unique et intimidante, vu les dimensions du completo. Il faut l’attaquer du bon côté et avec toute une technique chilienne pour ne pas finir avec la tête et les habits pleins de mayonnaise, ketchup ou avocat. En pleine rue, en marchant, c’est une mission encore plus périlleuse, mais les chiliens sont très talentueux dans la pratique de cet art!

Photo: #Coluna Seu Guevara- 29/03/12/ Fora do Eixo via Flickr CC License by

Empanada, mi amor
Ces petits chaussons fourrés avec des farces salées ne sont pas typiquement chiliens, puisqu’on les trouve aussi en Argentine. Mais typiquement latinos, oui! La plus consommée dans les rues chiliennes et l’empanada de “pino”, qui contient du bœuf en fines lamelles, des oignons, des raisins secs, un quart d’œuf dur et une unique olive. D’autres sont au fromage, à la sauce napolitaine, aux légumes… Et aux fruits de mer dans les petits ports de pêche. On l’achète caliente (réchauffée au micro-onde…), et on la croque rageusement dans la rue, mais aussi dans les repas de famille.

Douceurs au Manjar
Cette douce crème caramélisée, à base de lait, de sucre et de vanille s’appelle confiture de lait en France, et dulce de leche en Argentine. Ici, c’est du MANJAR et rien d’autres. Les Chiliens vous diront que leur version est bien meilleure que celle des Argentins… Le Manjar est présent partout, au petit déj’ et au goûter, mais aussi dans les douceurs de rue. Mention spéciale à la glace au Manjar! Et je ne peux terminer sans évoquer  l’alfajor, petit gâteau sud-américain: deux galettes fourrées avec une large couche de manjar. Parfois roulé dans de la noix de coco, ou du chocolat… On le trouve dans toutes les pâtisseries, mais aussi en version industrielle dans les kiosques à sucreries et à journaux. De quoi terminer notre repas dans la rue: la street food chilienne n’est pas toujours légère, mais très souvent “rica” (délicieuse)!

Lucie de la Héronnière

Photo Mote con Huesillo: Chichichi Lelele! – Mote con huesillos/ andremarmota via Flickr CC License by
Photo completo: Italiano/ magical-world via Flickr CC License by
Photo alfajor: san antonio bakery alfajor/ scaredy_kat via Flickr CC License by


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Un petit verre de Cabernet galactique?

 

Le Chili est bien connu –entre autres– pour ses bons vins et ses observatoires astronomiques géants (installés surtout dans le nord du pays en raison de l’air sec et du ciel sans nuages). Le britannique Ian Hutcheon a eu l’idée de mélanger les deux éléments, en fabriquant du vin aux particules de météorites. BBC Mundo l’a rencontré dans sa bodega un peu spéciale.

Hutcheon créé le Centre astronomique de Tagua Tagua en 2007, à San Vincente, dans le centre du Chili. Un jour, un ami collectionneur américain lui offre un morceau de météorite trouvé dans le désert d’Atacama, précieux caillou qui s’est “formé à la naissance du système solaire”. Et là, c’est le déclic pour cet amoureux du vin: il décide de concocter un breuvage qui lierait ses deux passions.

Alors comment fabrique-t-on cette boisson céleste? Un morceau de météorite est très simplement introduit dans une barrique de vin. Et il ne reste plus qu’à laisser vieillir et interagir pendant 12 mois. Le potentiel et la saveur du vin changent.

Avant d’arriver à l’élixir parfait, l’astronome britannique a testé différents cépages et observé les différentes réactions… Pour arriver à la conclusion que le Cabernet Sauvignon de la Vigne Tremonte était le plus approprié.

Résultat, le «Cabernet Météorite 2010»: «quand on goûte ce vin, on déguste des éléments venant des origines du Système solaire. Il est très robuste, de bonne qualité. C’est difficile d’être objectif, mais il a une saveur plus vive, c’est comme si on s’élevait…» explique Hutcheon à Emol. Un vin qui donne une sensation… d’éternité? Car c’est en quelque sorte le plus vieux vin du monde!

Il déclare aussi au Nuevo Herald que ce vin «apporte sur terre la saveur de l’univers. Nous nous sommes rendu compte que ce processus change un peu la couleur, mais surtout le goût du vin»

La première cuvée a donné 1500 bouteilles. Aujourd’hui, Hutcheon dit qu’il a des opportunités de commercialiser son produit en Espagne, en Angleterre, au Canada, en République Tchèque et en Irlande.

Ajoutons que le britannique propose aussi de l’eau-de-vie à la météorite… Cela donne un liquide noir, très doux, ni agressif ni brûlant pour la gorge. Pas d’exportation en vue: pour goûter ce fort breuvage, il faut traverser l’Atlantique.

Photo: Eclipse/ Cristina V via Flickr CC License by

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