En ce samedi pluvieux, un grand repas gratuit était organisé sur le Parvis de l’Hôtel de ville de Paris, dans le cadre du documentaire de Tristan Stuart, Global Gâchis, diffusé le 17 octobre sur Canal+. Le film et la manifestation mettent en avant une grande absurdité: chaque année, un tiers de la production alimentaire destinée aux hommes finit à la poubelle.
Ce genre d’événement a déjà été monté à Londres, Berlin ou Bristol, par le collectif Feeding 5000, également organisateur de ce banquet parisien. L’idée de ces manifestations, c’est d’alerter les gens sur le gaspillage alimentaire insensé réalisé en France et dans le monde.
Un message simple et concret pour Tristan Stuart, qui explique au Nouvel Obs: “Je pensais qu’un grand repas pour des milliers de personnes était le meilleur moyen de montrer l’énormité du problème. La nourriture mérite d’être célébrée, il y a trop de valeurs là-dedans pour la jeter.”
Alors ce «Banquet des 5000» était réalisé exclusivement à partir de produits destinés à être jetés. Carottes biscornues, pommes de terre difformes, salades un peu cuites… Des «produits frais disqualifiés encore parfaitement consommables».
Les organisateurs ont préparé un curry de légumes (plus vendables donc) géant pour des milliers de personnes. Disco Soupe (asso qui organise des «happenings collectifs et ouverts à tous d’épluchage de fruits et légumes rebuts, invendus ou de troisième main dans une ambiance musicale et festive») fournissait les économes pour la confection de très grosses salades. On pouvait aussi apprendre des recettes «anti-gâchis» avec des restes du fin fond du frigo, du pain rassis, des légumes un peu vieux…
Le site de Global Gâchis propose d’ailleurs également des trucs anti-gaspi et des recettes pour donner une seconde vie à vos vieux restes, comme les rillettes de saumon, radis noir, pomme verte et jus de Yuzu (pour utiliser un reste de saumon cuit), un pudding aux pommes et au raisin (avec du pain rassis!), ou encore des radis au beurre de fanes (pour ne pas jeter de vieux radis défraîchis!). Pour agir contre le gaspillage alimentaire le reste de l’année aussi…
Lucie de la Héronnière
Photos: Guillaume Langlais
Entre 15 et 25 ans, on est entre la fin de l’adolescence et le début de la vie d’adulte: un moment critique de transition, et notamment au point de vue des habitudes alimentaires… Une enquête Ipsos, réalisée en partenariat avec Logica Business Consulting pour Doing Good Doing Well et publiée jeudi, épingle certaines mauvaises habitudes alimentaires des jeunes qui constituent clairement des facteurs d’obésité.
Isabelle Darnis, diététicienne, spécialiste de l’adolescence et membre de l’association lyonnaise ABC Diététique (qui fait notamment des actions de sensibilisation en milieu scolaire), commente les principaux résultats de cette étude réalisée en septembre sur un échantillon représentatif de 1000 jeunes de 15 à 25 ans.
Un jeune sur cinq est en situation de surpoids ou d’obésité. Ce phénomène est sous-évalué puisque parmi eux, trois sur dix estiment êtres minces ou de corpulence normale.
«Il y a en effet un souci de diagnostic. Personne ne veut s’atteler à ce problème… On a du mal à recruter pour s’occuper de ces patients. Les pros sont mal outillés. Il y a eu plusieurs PNNS, la diffusion de réglettes, il est très facile de calculer son IMC sur internet… Mais il y a un problème d’accompagnement. Les jeunes vont chez le médecin pour un rhume, pas pour dire qu’ils ont un problème de poids. De l’autre côté, le médecin ne fait pas forcément le chemin vers eux.»
Un certain nombre de mauvaises habitudes alimentaires très diffusées sont des facteurs d’obésité. Par exemple, 54% des 15-25 ans déclarent ne pas manger au moins un repas sur deux à heure fixe.
«Pour moi, ce n’est pas très grave… Bien sûr, le corps aime la régularité. Mais généralement, quand on entre dans la vie active – ce qui arrive de plus en plus vers 25 ans! – ou que l’on s’installe en couple, la régularité revient.»
48% des jeunes sondés ne prennent pas de petit déjeuner au moins un matin sur deux.
«Si ce n’est pas plus! C’est déjà à partir de la 6ème que les chiffres chutent, les jeunes commencent à sauter le petit déj’. Au début, cela est dû à un manque d’encadrement parental, mais aussi aux rythmes scolaires. Les jeunes se couchent tard et donc se lèvent le plus tard possible. S’ils veulent éluder une étape, ce sera plus le petit déj’ que le choix des fringues! Pour eux cela n’a pas d’intérêt, surtout quand la faim n’est pas au rendez-vous. Mais le matin, il faut le temps que l’appétit s’installe! Il se peut aussi que le repas trop copieux de la veille ait une influence. Quoiqu’il en soit, les habitudes prises à l’adolescence peuvent perdurer.»
Plus d’un jeune sur trois déclare que lorsqu’il est stressé, il lui arrive de grignoter toute la journée pour se remonter le moral.
«La pub a banalisé le grignotage! Par exemple cette pub pour les Kinder Bueno, «pour les faims d’après-midi»… Mais de quelle faim parle-t-on? Parce qu’un Kinder Bueno c’est un petit plaisir, mais le plaisir ne remplit pas la faim. Aussi, quand on mange à la cantine ou à la fac, c’est souvent pas terrible… Alors les jeunes ont faim et se jettent sur des aliments très packagés, riches en graisses et en sucres. Et ce comportement n’est pas forcément transitoire! Je pense aussi qu’il faut redéfinir le grignotage. On grignote rapidement, debout. Quand on s’assoit, avec quelque chose que l’on s’est préparé, dans une assiette, c’est plus une collation. Cela se justifie. Mais souvent, les grands ados disent que ce genre de goûter est réservé aux enfants… »
Les jeunes consacrent très peu de temps aux différents repas: en moyenne, 9 minutes pour le petit déjeuner, 24 minutes pour le déjeuner, 27 minutes pour le dîner.
«C’est directement lié au temps de repas, assis, ensemble, en famille. Précisons que dans la restauration scolaire, il est recommandé de passer au minimum 20 minutes assis à table. En plus, les jeunes ont souvent la tête ailleurs, pour eux l’alimentation est fonctionnelle, ce n’est pas la peine d’y passer des heures…»
Seul un jeune sur trois déclare consommer quotidiennement à la fois des fruits et des légumes.
«Cela est rattaché à la question du coût, de la préparation plus contraignante. Le rôle parental dans l’apprentissage des fruits et des légumes est primordial… En outre, les jeunes connaissent par cœur le slogan «Mangez 5 fruits et légumes par jour», mais il a peu d’impacts sur eux. Ils se heurtent aux incitations par les pubs, avec des images de jeunes cool… En plus, quand on est jeune, on est immortel! On n’ est pas très touché par les menaces de diabète ou de maladies cardio-vasculaires… La dimension santé de l’alimentation, on y pense plus tard!»
61% des jeunes disent manger au moins une fois sur deux leur repas devant leur écran.
«C’est une affaire entendue dans un certain nombre de familles… Dans le cas des ados, ils ne veulent plus manger avec les parents et donc vont derrière leurs écrans… Si les parents tiennent à un temps d’échange, tous ensemble, assis à table, je leur conseille de maintenir le cadre, tout en établissant des temps décalés, une soirée plateau repas ou chacun mange ce qu’il veut et s’amuse, ou une soirée où le jeune cuisine…»
Il existe une «fracture alimentaire»: la proportion des jeunes en état de surpoids ou d’obésité est de un sur dix dans les foyers les plus aisés, alors qu’elle est de un sur quatre dans les foyers les plus modestes.
“Il est évident que les raisons socio-économiques du surpoids sont nombreuses. Plus on a un niveau universitaire élevé, plus on a les moyens de bien se nourrir, plus on consacre du temps à l’éducation alimentaire des enfants. C’est lié aussi au nombre d’écrans dans le foyers, plus important dans les foyers défavorisés. Télé et ordinateurs entraînent de la sédentarité, une réceptivité plus grande aux pubs alimentaires… De plus, si on mange devant un écran, on ressent moins bien la sensation de satiété.”
Enfin, l’alimentation n’est pas un poste prioritaire dans les dépenses des jeunes, puisque plus d’un jeune sur quatre est prêt à sacrifier la qualité et la quantité de son alimentation au profit de son habillement (31%) ou de la téléphonie mobile (25%).
«Oui, mais si de bonnes graines ont été plantées pendant l’enfance, ce résultat, comme les précédents, est juste transitoire. Sinon, il peut se prolonger bien après 25 ans…»
Propos recueillis par Lucie de la Héronnière
Photo: 1o6 / FALHakaFalLin via FlickrCC License by
lire le billetQuand on leur demande pourquoi ils font la cuisine, 63% des Français invoquent en premier “pour la gourmandise d’un plat”. Viennent ensuite le plaisir ressenti en cuisinant (52%), la qualité des produits utilisés (51%), la diététique (30%) et le prix (23%). C’est une des conclusions d’une étude comportementale sur les habitudes culinaires des Français réalisée par Gira Conseil pour le salon Cuisinez By M6.
Les Français aiment donc toujours la cuisine, mais «ont une nouvelle façon de la percevoir et d’en interpréter les codes». 65% des Français cuisinent par loisir ET par nécessité.
Pendant la semaine, c’est plutôt la nécessité: moins de 30 minutes y sont consacrées pour plus de la moitié de sondés, avec un budget de moins de 5 euros par personne pour 67% d’entre eux. Le week-end, c’est le contraire, on cuisine plus d’une heure par repas (pour 80% des gens), avec un budget de plus de 5 euros pour 90% des sondés.
Le contenu des assiettes n’est pas le même selon le contexte: quand ils cuisinent par loisir, les Français préfèrent préparer la pâtisserie, la viande, la volaille et les plats en sauce. Dans la cuisine de nécessité, les soirs de semaine, les pâtes sont numéro 1, suivies des viandes et volailles, des légumes et des salades composées.
Fait maison
82% des sondés affirment faire “fréquemment” la cuisine. Même si la quasi-totalité des Français utilise des produits surgelés, le succès de ces derniers concerne surtout les produits bruts (paquets de légumes par exemple) et un peu moins les plats semi-préparés et cuisinés.
D’ailleurs, la notion de «fait maison» n’est pas la même pour tous… L’étude distingue trois catégories. D’abord, les «créateurs» (57% des Français) pour qui cuisiner signifie mélanger des produits bruts avec des produits finis ou semi-élaborés.
Ensuite, les «cuisiniers» (40% des français) définissent la cuisine comme un assemblage de produits bruts. Enfin, les «pressés» (3% des Français) cuisinent en mettant un plat tout prêt au micro-onde…
Côté sources d’inspiration, la principale reste le livre de recette pour 65% des sondés, suivi par les recettes familiales (55%) et les sites web de cuisine (53%). Malgré leur succès, les émissions de télé culinaires inspirent peu les Français dans la réalisation de recettes.
Enfin, 78% des Français préfèrent cuisiner seuls plutôt qu’en binôme ou à plusieurs. La fameuse convivialité du “repas gastronomique des Français”, inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, semble donc plus concerner la dégustation des repas que la préparation des mets…
Photo: Time to cook / Robbert van der Steeg via FlickrCC License by
lire le billetLe thé est la boisson la plus bue dans le monde, après l’eau… 4 millions de tonnes de feuilles de thé ont été consommées en 2010. Le Musée Guimet, à Paris, y consacre une exposition qui durera jusqu’au 7 janvier 2013: «Le Thé à Guimet, Histoires d’une boisson millénaire».
Le parcours commence par une dégustation d’un intéressant breuvage créé spécialement pour l’occasion par le Palais des Thés, concocté avec du yuzu, du bleuet, du thé vert et de la fleur de cerisier. Et se prolonge avec une grande histoire des moments forts de l’expansion du thé (qui peut être blanc, vert, jaune, bleu-vert, rouge, noir…) et de ses usages sur le continent asiatique.
Née en Chine, la consommation du thé a connu trois grandes phases dans les manières de le préparer et de le déguster. D’abord, sous la dynastie des Tang (618-907), les Chinois étaient à «l’âge du thé bouilli»: ils broyaient les feuilles en fines particules et les faisaient bouillir dans une marmite en ajoutant des aromates. Cette pratique perdure encore en Mongolie et au Tibet.
Ensuite, sous les Song (960-1279), le thé était «battu». La recette: mettre dans un bol du thé vert réduit en fine poudre. Le battre en le mélangeant avec l’eau bouillante. «Cette émulsion mousseuse constitue un breuvage tonique», souligne l’expo. C’est pendant cette période que le thé se popularise. Les Japonais boivent encore du «thé battu».
Enfin, on parle de «thé infusé» sous les dynastie des Ming et des Qing (1368-1911) et encore aujourd’hui, en Asie et dans le reste du monde: «l’âge du thé infusé est né à la suite du décret de 1391 promulgué par l’empereur Hongwu, au début des Ming, qui imposa un retour à la simplicité». Alors les feuilles de thé sont juste cueillies, séchées et torréfiées, puis plongées dans l’eau pour révéler leurs saveurs. C’est là que la théière prend un rôle important…
Pour chacune de ces périodes, le Musée Guimet expose des ustentiles de préparation et de dégustation, bols, théières, soucoupes, mortiers… La fin (et malheureusement seulement la fin, mais le Musée Guimet est dédié aux arts asiatiques!) est consacrée à l’extension du thé dans le monde et sa transformation en enjeu commercial important, avec des services en porcelaine français, des théières arabes ou indiennes.
Aujourd’hui, les quatre grands producteurs de thé sont la Chine, l’Inde, le Sri Lanka et le Kenya, et on boit le thé très différemment en Angleterre, au Maroc, au Japon ou en Mongolie. Les manières de consommer le thé ont bien évolué, et évoluent encore…
En sortant, on peut humer des bols remplis de thé du Palais des thés, et identifier les notes “épicées”, “florales”, “fruitées” ou “boisées”. Et se rendre compte que le thé sollicite vraiment les sens, l’odorat donc, mais aussi le goût bien sûr, la vue (par exemple le Thé vert Perles de Jasmin est formé de petites boulettes, tandis que le Long Jing Premium est fait de longues et fines feuilles…), ainsi que le toucher et l’ouïe lors de la cérémonie du thé. Peut-être parce qu’il s’agit d’une expérience très immédiate, le thé, parti de Chine, est bien devenu une boisson quasi universelle.
Lucie de la Héronnière
lire le billet«Que devrais-je manger?», c’est la question simple que c’est posé Michael Pollan, journaliste américain, collaborateur du New York Times Magazine et auteur de plusieurs livres sur l’alimentation. Les règles d’une saine alimentation (Food Rules en version originale) a été publié en 2009 et traduit en français en 2010. Je ne le lis qu’aujourd’hui, un peu tard, mais le contenu de ce petit ouvrage est tellement limpide qu’il vaut la peine d’en parler…
«S’alimenter, à notre époque, est devenu compliqué, et cela, selon moi, inutilement», commence Pollan. Le fait de se nourrir, activité pour le moins fondamentale, s’est entourée peu à d’une complexité floue, appuyée par les avis divers et variés d’une bonne quantité d’experts dans des domaines différents. On entend plus parler de nutriments et de calories que d’aliments. Mais on ne sait toujours pas au juste ce qu’on devrait manger.
Alors Michael Pollan s’est tourné vers «la sagesse alimentaire»,
«le produit d’un processus d’évolution impliquant des tas de gens du monde entier qui, ayant trouvé ce qui maintient (ou pas) en bonne santé, ont transmis ces connaissances sous forme d’habitudes et de combinaisons alimentaires, de règles, de tabous et de pratiques quotidiennes et saisonnières, et aussi de mémorables proverbes et adages».
L’auteur a condensé 64 règles pour une alimentation «saine et heureuse», en 3 chapitres qui relèvent tout simplement du bon sens un peu oublié.
“Que devrais-je manger ? De vrais aliments”
Ce serait LA clé du bien manger. Pour Pollan, les «vrais aliments» sont les plantes, les animaux, les végétaux mangés par les hommes depuis de nombreuses générations. A l’opposé, il y a les produits transformés et industriels, «des substances comestibles ayant l’apparence d’aliments».
A partir de cela, on arrive à une série de règles simples comme «ne mangez rien que votre arrière-grand-mère ne reconnaitrait pas comme un aliment» ou «évitez les produits alimentaires qui contiennent des ingrédients qu’une personne normale n’aurait pas dans son garde-manger».
Pollan nous conseille aussi d’éviter «les produits alimentaires contenant des allégations de santé» (en prenant pour exemple la margarine, censée être plus légère que le beurre mais bourrée d’acides gras trans) mais aussi «les aliments qui prétendent être ce qu’ils ne sont pas» (comme le fromage maigre, les succédanés de sucre, l’amidon synthétique…).
Question pratique, on ne devrait consommer «que des aliments qui finiraient par pourrir» (car «plus un aliment est transformé, plus il a une longue durée de conservation, et moins il est nutritif en règle générale») et «que des aliments cuisinés par des humains». Et non pas par des chaînes industrielles…
“Quels types d’aliments devrais-je manger ? Principalement des végétaux”
L’auteur est favorable à une consommation omnivore, à tendance flexitarienne quand même… Il recommande de «traiter la viande comme un assaisonnement ou comme un aliment réservé aux grandes occasions».
Et il nous propose ce proverbe chinois:
«manger ce qui n’a qu’un pied (champignons et végétaux) vaut mieux que manger ce qui a deux pattes ( volaille), ce qui est encore préférable à manger ce qui en a quatre (vaches, cochons et autres mammifères)».
Ce proverbe laisse cependant de côté la question du poisson, pourvu de zéro patte… Ensuite, Pollan conseille de sucrer et saler nous-mêmes notre nourriture, et de ne pas avaler «de céréales de petit déjeuner qui modifient la couleur du lait», preuve irréfutable de la présence d’additifs chimiques.
Autre règle qui interpelle: «Mangez toute la malbouffe que vous voulez, tant que vous l’apprêtez vous-même». Si on faisait toutes les frites, les chips, les glaces et les biscuits que l’on consomme, on en mangerait bien moins souvent, ne serait-ce parce que cela représente beaucoup de travail. Et ce serait gustativement meilleur!
“Comment devrais-je manger? Sans excès”
Les mœurs et habitudes alimentaires sont bien sûr essentielles dans cette affaire. Les règles «cessez de manger avant d’être rassasié», «mangez par faim et non par ennui» et «consultez vos tripes» nous encouragent à bien réfléchir à la sensation de faim avant de se jeter sur un repas.
«Mangez lentement» et «passez autant de temps à savourer votre repas qu’il en a fallu pour l’apprêter» sont aussi des recommandations utiles si on recherche une expérience alimentaire plutôt qu’un simple apport calorique. D’ailleurs, «cuisinez» est une règle primordiale, pour ne pas perdre le contrôle de ce que l’on mange, au point de vue des portions et des ingrédients.
Dans ce petit ouvrage, on parle donc vraiment de pur bon sens. Mais un certain nombre de ces règles simples ne vont pas forcément de soi partout, elles ont été peu à peu oubliées. Il serait très bénéfique de s’y pencher de nouveau…
Mais bon, il ne s’agit pas non plus d’être obnubilé par ces principes alimentaires. Cela pourrait être «dommageable pour le bonheur et sans doute aussi pour la santé». Alors Pollan conclue par un ultime conseil: «Enfreignez les règles de temps à autre». Car «ce qui importe, c’est d’adopter une attitude décontractée envers l’alimentation».
Lucie de la Héronnière
Photo: knives forks and spoons/ lizjones112 via FlickCC License by
lire le billetA partir du 29 septembre, l’expo de photos «Des légumes et des hommes» sera visible au Chai de Bercy, après avoir passé l’été dans le Potager du Roi à Versailles.
La photographe Joëlle Dollé a réalisé pendant 4 années une série de portraits d’anonymes et de personnalités. Avec un point commun: tous sont mis en scène avec un légume (ou un fruit ou champignon en fait!). Les sujets se sont prêtés au jeu avec humour, ce qui donne des photos assez drôles et inédites, pointant les liens forts entre les légumes et les humains. Car les récoltes du potager sont présentes dans notre alimentation bien sûr, mais aussi dans notre langage, notre culture, nos traditions, voire nos souvenirs…
Sur le site de l’expo (doublé d’un livre d’ailleurs), la photographe explique sa motivation:
«C’est en recevant les paniers «bio» que j’ai vu pour la première fois un salsifis! Je n’avais jamais vu de citronnelle, jamais mangé de topinambours, jamais cuisiné les fanes des carottes… Mon manque de culture était assez impressionnant! J’ai pensé que tous ces légumes méritaient d’être re-connus. J’ai eu l’envie d’apporter un nouveau regard sur ces légumes qui font partie de notre quotidien. Je me suis prise au jeu de les photographier en tant que «natures vivantes»».
Elle cherche en quelque sorte à attirer l’attention sur notre lien à la nature:
“Dans ma démarche photographique, je souhaite montrer l’harmonie présente en chaque être humain à travers sa personnalité et son unité avec la Nature. Chaque photo est une mise en scène qui se crée tout naturellement entre la personne, le légume, la lumière et moi-même. J’ai toujours beaucoup de plaisir à découvrir cette alchimie. J’ai développé cette série avec mes amis, mes voisins, ma famille, puis avec des personnalités dont certaines sont impliquées dans la culture des légumes, leur transformation ou défendent des valeurs éthiques ou environnementales”.
Des légumes dans toute leur splendeur, donc, sans discours normatif. Dans ces photos, même les “oubliés” ont l’air modernes.
En attendant de voir l’expo ou le livre en vrai, voilà quelques extraits…
Claude Bureaux, ancien jardinier en chef du Jardin des plantes, pose avec une chicorée frisée.
Jean-Claude Opec, maire d’une commune de Haute-Saône, est photographié avec un “poireau monstrueux d’Elboeuf”.
Catherine Le Runigo, peintre et plasticienne, pose avec des potimarrons.
Le chef Alain Passard avec des raiforts d’Ardèche… On apprend dans l’expo qu’au “début du XXème siècle, deux mois avant leurs matches, les boxeurs se frictionnaient quotidiennement le corps d’un mélange de raifort, sel, vinaigre, jus de citron et whisky pour s’endurcir”.
Michel Onfray, auteur de Philosophie du Goût et créateur de l’Université Populaire du Goût, pose avec un rutabaga.Mayli M, journaliste, se cache derrière des myrtilles.
Pour les infos pratiques, jetez un oeil ici.
lire le billetPetit, moyen ou grand? En achetant un sandwich, vous vous demandez quelle taille raisonnablement choisir. Mais, comme s’interroge un article publié sur Npr, «est-ce qu’on commande vraiment une petite portion quand on commande un petit sandwich?».
En fait, ça dépend. Krishna Aradhna, prof de marketing à l’Université du Michigan, a étudié les répercussions des «tailles» indiquées sur les étiquettes sur nos choix alimentaires. Lors de son expérience, elle a donné des cookies à ses cobayes, biscuits étiquetés soit «grands» soit «moyens». Elle a ensuite étudié le nombre de cookies dévorés.
Mais il y avait un piège… Les cookies étaient tous de taille identique. Que s’est-il donc passé? Les gens mangeaient plus de cookies lorsqu’ils étaient étiquetés «moyens»: «au lieu de croire les message envoyés par leurs estomacs, les personnes testées faisaient confiance en l’étiquette».
Krishna explique: «juste parce qu’il y a une taille différente écrite sur l’étiquette, pour une même quantité réelle de nourriture, les gens mangent plus. Mais ils sont également persuadés de ne pas avoir mangé plus… ».
Pour brouiller encore plus les pistes, les tailles indiquées ne sont absolument pas les mêmes partout. Par exemple, dans un MacDo américain, le «grand soda» a la même taille qu’un «moyen» dans la chaîne Wendy’s… On peut constater visuellement sur le site fastfoodmarketing les différences entre plusieurs portions de frites «medium» et plusieurs boissons «médium»…
Selon le Centers for Disease Control and prevention (Centre de Contrôle et de prévention des maladies), le «grand» soda d’aujourd’hui aux Etats-Unis est 6 fois plus grand que le même «grand» il y a 60 ans… «Au fil des ans, la taille des aliments est devenue beaucoup plus grande. Les hamburgers ont grossi, les frites aussi, et cela a conduit au développement de l’obésité», souligne Krishna.
Les restaurants sont libres d’étiqueter leurs portions comme bon leur semble. Mais, «compte tenu de la puissance des étiquettes pour diriger les comportements», Krishna pense que la standardisation des tailles indiquées dans tous les restaurants pourrait avoir un impact plus important sur la santé publique que l’interdiction des sodas XXL, cheval de bataille du maire de New York. «Je ne parle pas de restrictions de liberté. Juste d’essayer d’avoir des tailles plus uniformes, pour aider le consommateur» explique la prof.
Npr souligne que cela n’est pas la seule manière d’influencer les portions avalées. Par exemple, manger sur une petite assiette peut inciter les gens à surestimer la taille de la portion reçue, et donc manger moins. De plus, boire de la bière dans un verre droit, plutôt que dans un verre courbé, encourage les gens à boire plus lentement et à mieux évaluer la quantité bue.
Photo: Oven roasted french fries/ Gudlyf via FlickCC License by
lire le billetLa fin des boissons sucrées taille XXL approche à New York. Proposée par le maire de la ville Michael Bloomberg, l’interdiction de vente de larges boissons sucrées au restaurant, dans la rue et au cinéma a été approuvée le 13 septembre par le département santé de la mairie de New York –dont les membres sont choisis par le maire–, rapporte le New York Times.
Après le vote, Michael Bloomberg a estimé qu’il s’agissait «du plus grand pas fait par une ville pour lutter contre l’obésité», et qu’il pensait que ça «aiderait à sauver des vies».
Sauf si un juge bloque l’application de la mesure, d’ici six mois il ne sera pas possible de vendre des boissons dans des verres de plus de 16 ounces (50 centilitres). Les lobbys de l’industrie du soda comptent bien tenter de tout faire contre cette échéance, peut-être notamment via des plaintes devant la justice.
La ville affirme que la moitié de ses habitants est obèse ou en surpoids, mais ceux qui critiquent la mesure pensent qu’elle pourrait affecter les recettes des petites entreprises. Les établissements concernés sont ceux qui sont inspectés par le département de la santé (depuis Starbucks jusqu’aux stands de hot-dogs dans les stades). Les épiceries comme 7-Eleven ou les distributeurs de boissons ne seraient pas concernés. Ne sont pas non plus concernés les jus de fruit, les boissons à base de lait comme les milkshakes, ou les boissons alcoolisées (ni les boissons light, bien sûr).
Comme on l’écrivait au moment où Bloomberg a proposé cette mesure, pour The Salt, le blog food de NPR, cette mesure ne va en rien changer les habitudes des buveurs de soda ni faire baisser le nombre d’obèses. David Just, qui enseigne le comportement économique à la Cornell University, est «extrêmement sceptique». Pour lui, la manière dont la proposition est structurée va juste provoquer des rebellions… Tout simplement, les gens qui veulent boire beaucoup de soda vont être amenés à acheter deux portions plus petites… De plus, les énormes gobelets de jus de fruit ou de cappuccinos bien sucrés, non concernées par la mesure, contiennent aussi un nombre de calories aussi très élevés.
Michael Blommberg n’en est pas à son coup d’essai contre l’obésité. Depuis plusieurs années, les chaînes de fast-food de New York doivent inscrire le nombre de calories en face de chaque plat et boisson, tandis que les gras trans artificiels ont été interdits dans les restaurants. Enfin, cet hiver, une campagne de pub choc avait déjà suggéré aux habitants de réduire leurs portions de soda XXL.
Photo: Untitled/ wholehole via FlickCC License by
lire le billetMange pas ci, mange pas ça, mange ci, mange ça, les jeunes sont souvent confrontés à des normes contradictoires en matière d’alimentation. Le Fonds français Alimentation et santé organisait ce jeudi une conférence sur le thème: “L’alimentation des enfants et des adolescents: des normes aux représentations”.
Véronique Pardo, chercheur à l’Ocha (Observatoire Cniel des habitudes alimentaires) s’est notamment attardée sur l’exemple du gras, «au cœur des conflits entre normes et représentations», en s’appuyant sur la grande étude Alim’ados. Les ados et le gras, c’est un peu «Je t’aime, moi non plus». Il est intéressant de voir comment le gras est perçu selon certains critères de texture, d’aspect, qui ne correspondent pas forcément à la réalité.
D’après les enquêtes, pour les 12-19 ans, les gras, «c’est mou». Par exemple, des frites molles sont souvent considérées comme plus grasses que les frites croustillantes.
Le gras est aussi associé à un «fort dégoût», un côté gélatineux, souvent appliqué à certains produits carnés. Mais aussi à un aspect transparent, toujours suspect dans l’assiette… Un jus transparent va être analysé comme de la matière grasse fondue, alors qu’il peut s’agir d’un bouillon tout léger.
Enfin, «le coulant» est connoté gras. Par exemple, un camembert bien crémeux est classé par les ados comme un produit très gras, un camembert plus ferme et perçu comme plus léger!
Plus largement, Véronique Pardo explique que souvent, pour les ados, la définition du gras c’est «tout ce qui n’est pas jugé comme étant sain». Y compris certains produits ne contenant pas de matières grasses, comme les pâtes ou la semoule. «L’idée de saleté s’associe aussi au gras», puisque selon des verbatim d’ados, on a les mains sales après en avoir avalé…
Par contre, le gras de la cuisine des grands-parents est connoté positivement. L’étude a notamment été réalisée en Alsace… Les plats régionaux, pourtant très riches, ne sont pas perçus comme gras, car là, le gras donne du goût ! Ces plats sont aussi liés à des souvenirs d’enfance et des préparations familiales…
Au final, le gras est perçu par les ados comme bon ou mauvais en fonction du lieu, du mode de consommation, des personnes avec qui on mange… Les ados sont tiraillés entre le rejet des corps et aliments gras et leur goût pour ces aliments.
Filles et garçons n’ont pas le même discours sur ce rejet du gras (physique et dans l’alimentation) et sur les normes de minceur. Pour certains garçons, ingurgiter plus de gras peut même être «lié à l’image de virilité». Au final, il existe dans les sphères collégiennes et lycéennes une sorte de “spectre du gras, lié à un jugement moral de la personne pour les ados. Pour eux, avoir un corps ferme est comme une obligation vis-à-vis des autres. D’ailleurs, ils parlent plus d’aspect esthétique que de poids».
Lucie de la Héronnière
Photo: cordon bleu / kochtopf via Flickr CC License By
lire le billetAux États-Unis, près de 40% de la nourriture part à la poubelle sans avoir été consommée.
Selon Reuters, qui relaie une étude du Natural Resources Defense Council (NRDC, une organisation de protection de l’environnement) publiée mardi 21 août, ce gâchis représenterait 165 milliards de dollars par an. Une famille américaine de quatre personnes jette environ 2.275$ de nourriture tous les ans. Le gaspillage a augmenté de 50% depuis les années 70.
Le Washington Post décrypte comment le gaspillage s’étale entre le moment de la production et celui où la nourriture arrive dans nos assiettes.
Non seulement, environ 7% des denrées produites pourrissent sur pied dans les exploitations agricoles mais une fois les légumes récoltés et prêts à être emballés, tous ceux qui ne correspondent pas parfaitement aux standards esthétiques sont jetés. Selon l’étude de la NRDC, «un producteur important de concombres a estimé que moins de la moitié des légumes qu’il fait pousser quitte son exploitation et que 75% des concombres envoyés au rebut avant la vente sont comestibles»
De nombreux gâchis ont aussi lieu au moment de la distribution. «La nourriture peut parfois attendre trop longtemps à des températures inadaptées et devenir invendable. Un autre problème est que parfois les supermarchés refusent des livraisons et il est alors difficile de trouver un autre preneur», rapporte le Washington Post.
Les supermarchés jettent pour environ 15 milliards de dollars de nourriture, soit 2.300$ par supermarché, essentiellement des produits dont la date de péremption est proche. Selon la NRDC, «la plupart des magasins retirent leurs produits des rayons deux ou trois jours avant la date limite de vente». Ils préfèrent surcharger leurs rayons et jeter les invendus plutôt que de présenter des allées à moitié vide.
Au restaurant, des portions trop importantes font que les clients terminent rarement leurs assiettes. Sans compter que les restaurateurs commandent en quantités importantes pour ne pas manquer. De plus dans les chaines de restauration rapide, 10% d’aliments encore consommables sont jetés à cause de règles comme celle de McDonald qui exige que des frites invendues au bout de sept minutes partent directement à la poubelle.
Enfin, les familles américaines jettent entre 14 et 25% de la nourriture et des boissons qu’elles achètent.
Selon le Los Angeles Times, le rapport préconise plusieurs solutions comme retailler les carottes trop tordues pour être vendues. Les Américains devraient aussi manger leurs restes et apprendre quand un produit devient vraiment non comestible et être prêts à acheter des produits moins parfaits.
Les Français ne sont pas en reste concernant le gâchis de nourriture. Sur le blog «Bien Manger», Slate rapportait en mai 2012 que les Français jetaient environ 20 kilos de nourriture par an et que 75% des aliments jetés étaient encore consommables. Ce qui représente un coût de 200 à 1.500€ par foyer.
Photo: Wasted Days/Tauben Via FlickrCC Licence By
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