Qu’allez-vous manger pour la fin du monde?

On a parlé ici il y a quelques semaines des «nourritures d’urgence», un business très rentable aux Etats-Unis, face aux menaces d’éventuelles catastrophes naturelles, économiques ou géopolitiques. Comme la fin du monde approche (oui oui, c’est vendredi) il est quand même temps de se préoccuper de ce qu’on va manger.

Voilà l’enjeu: si la fin du monde est dans deux jours, quelles boissons et nourritures mettriez-vous dans votre kit de survie?

The Guardian s’est penché sur ce qui se fait de mieux dans le monde. Dans la ville sibérienne de Tomsk, on peut trouver des «kits apocalypse», des paquets remplis de choses indispensable en cas de réalisation de la prédiction des Mayas: vodka, sardines, sarrasin… Pour Dave Drummond, le journaliste du Guardian, cela «ressemble plus à une liste de courses d’un ermite qu’à un kit de victuailles pour survivre à la fin du monde»…

Évidemment, pour prévoir ce type d’évènement bien embêtant, il faut choisir des aliments avec des durées de conservation longues: conserves, riz, blé, maïs… Ou des aliments pas forcément délicieux mais bourrés de conservateurs, comme les Twinkies (génoises fourrées à la crème qui auraient une durée de conservation incroyable) ou des blocs de viande reconstituée vendus dans des boîtes sous la marque Spam… En équivalents vendus en France, on pourrait proposer des boîtes de raviolis insipides? Des cakes très emballés genre Savane (à tremper dans une boisson faite à partir de lait en poudre?)?…

30 kilos de farine et 600 bouteilles d’eau

Le site du réseau P2S, une communauté «survivaliste» anglaise, propose un «calculateur de réserves» pour savoir de quoi vous auriez besoin (en nourriture mais pas que) pour survivre 3 mois. Faites le test, entrez le nombre d’adultes femmes, d’adultes hommes, d’enfants de moins de 8 ans et de plus de 8 ans de votre famille…

Et hop, vous voilà avec une liste de course (en anglais) longue comme un bras. Ceci dit, pour stocker, -entre autres!- 24 kilos de sucre, 800 sachets de thé, 60 boîtes de raviolis, il vous faudra de l’espace, beaucoup d’espace…

Pour certains, la fin du monde pourrait être un prétexte pour manger absolument égoïstement. Le critique gastronomique du Times Giles Coren pense qu’il vaudrait mieux se régaler de choses en voie de disparition: «caviar, thon rouge, ortolans, morue, ailerons de requins… Tous les trucs que je ne mange pas habituellement parce que ce n’est pas très développement durable…».

Son raisonnement? «Ce n’est pas très politiquement correct, mais si je survis à l’apocalypse, je pourrai manger tout ça. Car si ces espèces sont éteintes ou en voie de disparition, c’est parce qu’il y a trop de gens sur la terre… » Or, s’il est le survivant humain, il n’y aura pas de problème! Reste à savoir si les thons rouges auront survécu…

Et Dave Drummond de conclure: “peut-être que la meilleure façon de se préparer à l’apocalypse est de manger ce que nous voulons, quand nous voulons, plutôt que d’avoir peur de ce qui se passera ensuite. Si la fin du monde arrive, alors je préférerais sans doute me gaver d’excellente nourriture pendant un ou deux jours plutôt que de manger des conserves au petit déjeuner pendant 3 mois”.

Ce raisonnement de bon vivant sert d’ailleurs le “marleting de l’apocalypse”, largement utilisé dans la restauration. De nombreux restos, en France et dans le monde, proposent des menus ou plats spécialement conçus pour se régaler, voire se goinfrer, avant la fin du monde…

Photo: emergency food & drink/ mbtrama via FlickrCC License by

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Coca ou smoothie: lequel est le plus sucré?

Les smoothies, pleins de fruits et de vitamines, colorés, sans additifs, sont souvent perçus comme des aliments particulièrement sains. Mais The Daily Mail fait part des résultats d’une étude menée par Which? (une sorte de Que choisir? à l’anglaise) pointant les fortes teneurs en sucre et en calories de ces a priori innocentes boissons aux fruits.

Les chercheurs ont testé 52 smoothies de grandes marques commercialisées en Angleterre. 24 contenaient plus de 30 g de sucre pour 250 ml, soit l’équivalent de 6 cuillères à café de sucre.

Près de quatre smoothies sur cinq contenaient plus de sucre qu’une bouteille de 250 ml de Coca-Cola (26,5g). Le pire smoothie testé étaient un mélange de mangue et de fruit de la passion de la marque The Pineapple Cooperative, avec 14,7g de sucre pour 100 ml.

Cela s’expliquerait par la forte concentration en fruits dans une seule portion de smoothie, et ce même si pas un gramme de sucre n’est ajouté en plus. Selon les chercheurs, chacun des 52 smoothies testés contenaient plus de calories qu’une bouteille de 250 ml de Coca-Cola. Un des cobayes, à la banane et à la noix de coco, comprenait même 71 calories pour 100 ml.

Par exemple, un smoothie de 250 ml aux mûres, fraises et cassis de chez Innocent contient 3,5 mûres, une fraise, 31 grains de cassis, 5 grains de raisin blanc, une pomme, une demi-orange et une demi-banane. Généralement, on ne mange pas autant de fruits d’un coup!

Ces résultats sur les teneurs en sucre et en calories sont malgré tout à nuancer, car les smoothies restent d’excellentes sources de vitamines et de minéraux, ce qui n’est pas le cas d’une bouteille de Coca-Cola…

Richard Lloyd, directeur de Which?, commente en expliquant qu’il est clair que «cette étude montre que les smoothies ne sont pas aussi sains que l’on pourrait le penser. Ce sont de bonnes sources de fruits, de vitamines essentielles et de minéraux, mais il contiennent de hauts niveaux de sucre et de calories. Il faut donc les intégrer à une alimentation équilibrée».

Selon l’étude, sur 2000 buveurs de smoothies au Royaume-Uni, un sur trois pense qu’il peut avaler 2 de ses «5 fruits et légumes par jour» en buvant des smoothies. Un sur dix pense qu’il peut ingérer les 5 portions quotidiennes en buvant des smoothies… Mais un jus contient beaucoup moins de fibres qu’un fruit ou un légume entier.

Enfin, notons que l’étude porte sur des marques de smoothies industriels avec ou sans ajouts de sucre… donc différents de boissons home made, réalisées sans jus concentré et avec des quantités de sucre et de fruits maîtrisées.

Photo: Barcelona Smoothies/ maltman23 via FlickCC License by

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Produits industriels: encore trop de gras, de sel et de sucre

Sous de nombreuses pubs de produits souvent gras, salés et sucrés, on peut lire un des slogans du PNNS (Programme national nutrition santé) qui nous recommande de ne manger ni trop gras, ni trop salé, ni trop sucré. En plus des encouragements pour les consommateurs, le PNNS entendait bien faire bouger les entreprises agroalimentaires.

Mais une étude de l’Observatoire de la qualité de l’alimentation (Oqali), publiée hier, montre que les efforts des industriels pour réduire les excès de gras, de sucre et de sel dans les produits du supermarché sont encore insuffisants pour respecter les préconisations sanitaires du deuxième Programme national nutrition santé.

15 000 produits transformés ont été passés au peigne fin et analysés. Lemonde.fr rapporte qu’«au cours des cinq dernières années, les apports journaliers en sucres ont baissé de 0,4 % pour les hommes et les femmes et la part des lipides de 0,4 % pour les hommes et 0,3 % pour les femmes, selon une évaluation basée sur les produits proposés par l’industrie agroalimentaire aux consommateurs français».

Une minuscule amélioration, réalisée sur les produits frais laitiers et les boissons fraîches sans alcool pour le sucre, et sur les charcuterie pour le gras.

En ce qui concerne le sel, selon lemonde.fr, «les apports en sel ont baissé quant à eux de 1,1 % pour les hommes et de 0,9 % pour les femmes, soit une réalisation de “3 à 5 %” des objectifs du PNNS 2 pour les hommes et de 14 % pour les femmes».

Même si trente entreprises ont adopté des chartes d’engagements, entre 2008 et 2012, promettant d’améliorer leurs recettes, les progrès sont donc insuffisants. Le monde.fr rapporte que pour l’association de défense des consommateurs CLCV, “l’effet de ces chartes est très décevant” et «faire appel aux bonne volontés des industriels ne suffit pas». Alors que faut-il faire? Passer par la case réglementation?

Pour les industriels, il faut laisser le temps au temps… L’Express rapporte les propos de Jean-René Buisson, président de l’Ania, Association nationale des industries alimentaires. Pour lui, la qualité nutritionnelle des produits est «aujourd’hui un élément totalement stratégique et marketing» et «l’important est d’être dans une démarche progressive de baisse de sucre et de sel».

Cette étude porte donc uniquement sur les produits industriels. Mais la meilleure façon de contrôler les quantités de gras, de sel et de sucre que l’on avale, c’est encore et toujours d’éviter ces aliments transformés et de cuisiner soi-même…

Photo: Sugar/ Uwe Hermann via FlickCC License by

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Mesgouts.fr: les petits plats à la loupe

Il y a ceux qui veulent manger bon, tout en mangeant bien. Ceux qui désirent surtout préserver l’environnement, ou favoriser le commerce équitable. Ou manger français tout en préservant leur porte-monnaie. Mais au final, comment remplir son chariot?

Faire ses courses alimentaires, aujourd’hui, n’est pas simple. Surtout pour le consommateur tenté par l’excellence. Il lui faut à la fois manger 5 fruits ou légumes par jour, ingérer fibres, protéines, glucides et lipides en quantités contrôlées, sans oublier les vitamines et autres minéraux, tout en vérifiant que tout ceci a une traçabilité environemmentale satisfaisante.  Les plus sourcilleux veilleront aussi à ne s’approvisionner qu’auprès de producteurs /distributeurs respectueux de leurs salariés et fournisseurs, voire, pour les plus chauvins, fabriquant en France et comptant des actionnaires français.

Pour eux, trois trentennaires viennent de créer une plate-forme pour le moins ambitieuse, www.mesgouts.fr . C’est une sorte de de “goodguide” français, moins complet –puisque spécialisé sur l’alimentation– mais sans doute plus transparent sur les critères et les modes de notation.

Une impressionnante base de données

Mesgouts note environ 10.000 produits alimentaires selon 7 critères: la qualité des ingrédients, la nutrition, le prix, l’environnement, l’origine,  l’éthique/social, et l’appréciation de la communauté «mesgouts». Ces données se trouvent pour l’instant sur internet, mais très bientôt, promet-on, il suffira au consommateur de scanner en magasin un produit sur son smartphone pour y accéder directement.

Venus de l’industrie des semi-conducteurs et de l’agro-alimentaire, les trois compères ont compilé une assez impressionnante base de données: pour chacun des produits, ils ont décrypté l’étiquette nutritionnelle, la liste des ingrédients,  ils ont pesé l’emballage, analysé sa recyclabilité. Estimé le nombre de kilomètres parcourus jusqu’à l’assiette du consommateur. Mais ils sont aussi allés chercher  des informations d’habitude assez confidentielles: pour certaines marques de distributeur, «mesgouts» est ainsi capable d’indiquer quel est leur fabricant. Le consommateur curieux apprendra ainsi que Novandie (groupe Andros et Cie) fabrique les yaourts brassés Monoprix et Panzani les spaghettis Auchan.

Libre ensuite à chacun de pondérer chacun des critères selon ses propres préférences. Voire de rentrer dans chacun d’entre eux pour y enlever ou ajouter un aspect qui lui semblerait marginal ou crucial. Ceux qui suivent un régime spécial (halal, ou végétarien) ou tentent d’éviter des ingrédients spécifiques (gluten, ou huile de palme), peuvent ainsi faire influer la note «nutrition» des produits. Et, une fois n’est pas coutume dans ce genre d’exercices, les préférences de chacun modifient de façon sensible le classement des produits: autrement dit, pour un produit donné, le choix de la marque joue un rôle. Mais, en général la plus grande différence de notation reste entre les catégories de  produits (entre un viennois au chocolat et un yaourt nature par exemple) plutôt qu’entre marques.

Que de la grande distribution

Evidemment, on trouvera toujours à redire: les produits ici listés sont tous issus de la grande distribution, où se réalise l’immense majorité des achats,  ce qui chagrinera les adaptes des marchés ou des petites enseignes de quartier.  Et les fruits et les légumes en vrac en sont assez naturellement exclus, puisque les emballage/origine/ etc.. varient de jour en jour.

Enfin, le modèle de financement envisagé –pour l’instant, le site est autofinancé par ses créateurs– ne plaira pas à tous, puisqu’il est prévu de proposer à des annonceurs de mettre en avant certains de leurs produits en fonction des profils enregistrés par les consommateurs. Les créateurs de «mesgouts»  devront alors faire doublement la preuve de leur impartialité –et de leur transparence.

Evidemment aussi, on pourrait rêver encore mieux: que la plate-forme nous aide, par exemple, à constituer une liste de courses parfaitement équilibrée par rapport aux recommandations du PNNS (programme national nutrition santé). Ou ne dépassant pas un certain budget. Ou n’ayant pas au total effectué plus d’un certain nombre de km. Ou géolocalisant le produit le plus proche correspondant aux préférences.

En attendant, mesgouts constitue surtout une mine d’informations pour les consommateurs qui le souhaitent. Et ce n’est déjà pas si mal.

Catherine Bernard

Photo: Qu’on fit Ur(staat) / poilOdo flickr CC License By

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