Depuis fin août, des milliers d’Européens marchent vers Bruxelles. Une centaine d’organisations (paysannes, environnementales, mais aussi des associations de consommateurs) de 15 pays participent à la Good Food March, et convergent vers le Parlement Européen, où se tiennent les discussions sur la réforme de la PAC (Politique agricole commune).
L’objectif est d’ «alerter l’opinion sur les négociations en cours et inviter les citoyens à faire entendre leur voix pour défendre une agriculture plus équitable, plus verte, plus humaine». En France, les partenaires de l’opération sont donc liés à cette thématique: la Confédération Paysanne, la Fondation Nicolas Hulot, le Mouvement des AMAP, Slow Food France, WWF, Attac… Tous partent du principe qu’une alimentation de qualité passe d’abord par une agriculture de qualité. Et qu’il faut donc essayer de peser sur les orientations de la PAC.
A pied, à vélo ou en tracteur, les volontaires vont vers la Belgique avec 4 grandes «caravanes», en faisant tout le parcours ou juste des étapes départementales. Pierre-Alain Prévost, coordinateur de la manifestation en France, est dans la caravane partie du Pays Basque, aujourd’hui près d’Alençon. Il explique que chaque jour, les marcheurs participent à «des conférences, des fermes ouvertes, des tables rondes, des goûters à la ferme ou encore des soirées-débat sur la PAC»…
«Nous voulons lier production agricole et alimentation », souligne l’organisateur. Les constats de départs de la Good Food March sont que l’agrobusiness supplante le monde rural, que le système agricole actuel détruit les sols et réchauffe le climat, que la crise de production favorise la concentration des exploitations. Et que la malbouffe est liée à nos modes de production…
Alors Pierre-Alain Prévost et ses compères marcheurs veulent arriver à «une souveraineté alimentaire» et «trouver une alternative à la concentration agro-industrielle, développer le tissu agricole des petites et moyennes fermes», car celle-ci «sont plus respectueuses de l’environnement, créatrices d’emplois, et s’adaptent aux territoires». Pour tout cela, il faudrait donc «réorienter les aides de la PAC».
11 «demandes fondamentales» sont ainsi formulées par les organisateurs. Ils appellent entre autres à une PAC qui «valorise notre patrimoine culturel, naturel et gastronomique», «accompagne la transition vers une agriculture plus verte et plus durable, et promeuve des méthodes de production agro-écologiques», ou encore «garantisse la culture des protéines locales pour l’alimentation animale plutôt que le soja importé»…
Pendant la durée de la Good Food March, des évènements sont aussi organisés «hors caravanes», comme une journée de mobilisation le 13 septembre dans les Pyrénées Orientales, ou un grand pique-nique à Paris le dimanche 16, sur l’Esplanade des Invalides.
Au final, les caravanes parties de toute l’Europe arriveront en même temps à Bruxelles, le 19 septembre, pour une journée de discussion avec les élus européens, dans le but de peser sur les décisions en matière d’agriculture, grâce à ce mouvement civil et à des «doléances» apportées de toute l’Europe.
Une grande campagne de demandes citoyennes en photos sera aussi montrée aux députés et commissaires… Des dizaines d’européens ont été photographiés, tenant une petite pancarte avec des inscriptions telles que «pour une PAC avec des paysans dedans», «mieux manger = mieux vivre» ou encore… «I love les tomates qui ont du goût».
Lucie de la Héronnière
Photo: Des demandes récoltées pendant la marche en France, blog de la Good Food March.