Longtemps, un des arguments justifiant la grande consommation de nourriture de type fast-food a été celui du coût: cela serait plus économique de manger un hamburger et des frites que de concocter un repas à la maison, qu’il soit plus équilibré ou non, en termes d’argent et de temps (Le temps, c’est de l’argent, dit-on). Pourtant, Mark Bittman, journaliste culinaire au New York Times, explique que des menus classiques de McDonald’s pour une famille composée de 4 personnes coûteront 2 plus cher qu’un poulet rôti accompagné de pommes de terres ou 3 fois plus cher qu’un riz aux haricots noirs avec lardons et poivrons (rice and pinto beans) préparés à la maison.
L’article de Mark Bittman a suscité de nombreux commentaires d’internautes, dont le New York Times a repris les plus éloquents. A l’image de ce témoignage d’une mère de famille qui pointe du doigt l’oubli principal de Mark Bittman, à savoir le temps passé à faire les courses, le temps à éplucher, couper, faire sauter des légumes ou autre tâche culinaire et le temps passé à débarrasser la table et nettoyer la cuisine alors qu’«une sortie au McDonald’s permet à la famille de passer du temps ensemble, que la nourriture leur soit apportée, qu’ils profitent du repas et quittent le restaurant tous ensemble en beaucoup moins de temps». Comme le remarque Mother Jones, si l’on se rapporte aux statistiques du salaire horaire médian américain, il faudrait ajouter près de 32 dollars pour deux heures passées à cuisiner un poulet-pommes de terre.
Mark Bittman le reconnaît, les personnes ne se rendent pas au fast-food seulement parce que la nourriture y est bon marché mais parce qu’ils sont fatigués et qu’ils ont été habitués à penser, à l’ère de la restauration rapide et des surgelés, que cuisiner des repas est un travail comme un autre.
Par ailleurs, comme le souligne Phil Covington pour TriplePundit, en référence au livre Le dilemme de l’omnivore de Michael Pollan, tant le marketing des chaînes de fast-food que la disposition des menus au comptoir incitent les consommateurs à consommer plus (le prix d’un simple hamburger est indiqué en petit à la différence des menus comprenant un hamburger, une frite et une boisson) et à avoir l’impression d’avoir un bon rapport quantité-prix. Par ailleurs, comme le souligne Mark Bittman, cela n’est pas partout aisé de trouver une épicerie à proximité de son domicile avec des prix abordables (le food desert, «désert alimentaire»), ne serait-ce même pour cuisiner des plats aussi caloriques que ceux des chaînes de fast-food.
Au-delà de l’argument financier ou géographique, la question est aussi celle des habitudes culinaires familiales: «Elever nos enfants à la maison de manière à ce qu’ils ne soient pas programmés à consommer de la nourriture rapidement préparée, mangée sur le pouce, calorique, faible en apports nutritionnels: leur donner le plaisir d’apprécier de se nourrir correctement en famille.»
J.C
Photo: Un hamburger yoppy via Flickr CC License by