“Think.Eat.Save”: l’ONU lance une campagne contre le gaspillage alimentaire

La lutte contre le gaspillage alimentaire, déjà évoquée au Sommet de Rio en Juin 2012, devient concrètement un enjeu mondial. Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) lancent aujourd’hui une grande campagne, pour réduire les 1,3 milliards de tonnes de nourriture perdue (dans les phases de production, récolte, transformation et distribution) ou gaspillée (au niveau du détaillant et du consommateur) chaque année.

«Au niveau mondial, un tiers de la nourriture produite – soit en valeur environ 1 milliard de dollars – est perdue ou gaspillée dans les systèmes de production et de consommation alimentaire», rappelle la FAO, qui a donc décidé d’agir, en mettant en avant l’absurdité de ce constat dans un monde qui devrait passer à 9 milliards d’individus en 2050.

José Graziano da Silva, Directeur général de la FAO, déclare clairement qu’il s’agit, outre d’enrayer une des dérives d’un monde ultra-consommateur, de lutter contre la faim:

«Ensemble, nous pouvons inverser cette tendance inacceptable et améliorer des vies. Dans les régions industrialisées, près de la moitié des aliments gaspillés, soit environ 300 millions de tonnes par an, sont le fait des producteurs, des détaillants et des consommateurs qui jettent la nourriture alors qu’elle est encore propre à la consommation. Ceci dépasse la production alimentaire nette totale de l’Afrique subsaharienne, et suffirait à nourrir les quelque 870 millions d’affamés que compte la planète.»

D’ailleurs, et c’est assez évident, on gaspille plus dans les pays riches:

«Le volume des aliments gaspillés par habitant est compris entre 95 et 115 kg par an en Europe et en Amérique du Nord/Océanie, alors qu’en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud et du Sud-Est, ce chiffre se situe entre 6 et 11 kg”.

Alors la campagne Think.Eat.Save (Pensez.Mangez.Préservez) démarre en ce début d’année. Et on ne peut que se réjouir de voir ce combat contre le gaspillage alimentaire traité peu à peu comme un vrai enjeu international. La campagne appuie l’initiative Save Food de la FAO. Et avec l’expertise de gens comme ceux de Feeding the 5000, les organisateurs du Banquet des 5000

L’idée est d’aider les producteurs à réduire les pertes, grâce à de «meilleurs méthodes de récolte, de transformation et de stokage», mais aussi d’informer le public. Le principal outil est un portail web (pour l’instant la version en français ne marche pas!) montrant diverses initiatives actuellement en cours partout sur la terre, et donnant aussi des conseils simples.

Comme par exemple faire ses courses avec une liste, acheter des légumes qui ont une tête rigolote (beaucoup trop de fruits et légumes sont jetés parce qu’ils sont biscornus), éviter les achats impulsifs, faire du compost, utiliser son congélo, finir les restes avant de remplir son frigo… Des trucs simples, des petites démarches individuelles, qui peuvent enrayer la tendance mondiale, selon la FAO.

Cette campagne fait écho au plan contre le gaspillage alimentaire lancé en France, mais aussi aux nombreuses initiatives récentes, comme le Banquet des 5000 ou les évènements organisés par Disco Soupe, en Allemagne ou dans plusieurs villes de France.

L.D.

PS: “Manger sans gâcher” à lire et écouter sur Fance Culture, apporte des éléments très intéressants au sujet du gaspillage alimentaire!

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Coca-cola évoque l’obésité dans un spot télévisé

C’est une première, le géant Coca-Cola lance aux Etats-Unis une campagne de pub abordant l’obésité, en faisant appel à la responsabilité des consommateurs et en rappelant que «toutes les calories comptent pour gérer son poids, y compris celles des produits Coca-Cola et de toutes les nourritures et boissons». Plein de gens qui ont l’air très heureux et en très bonne santé sirotent des boissons du groupe et font du sport tranquillement…

Coca-Cola met en avant son «engagement à offrir plus de choix de boissons, notamment des options à faibles calories ou sans calorie, et à communiquer clairement sur le nombre de calories contenues dans ses produits».

La vidéo précise que sur les 650 boissons du groupe, 180 sont à faibles calories ou sans calorie. Le groupe se félicite aussi de la création de petites portions, de la réduction générale des calories dans les sodas aux Etats-Unis ou encore du soutien à une série d’initiatives visant à encourager l’exercice physique.

Coca veut encourager les gens à bouger leurs corps pour brûler les calories contenues dans les sodas. Un autre spot bientôt diffusé, affirme «clairement qu’une canette de Coca-Cola fait 140 calories» et «encourage les gens à s’amuser en brûlant ces calories, à promener un chien, danser, partager un fou rire avec des amis, faire une danse de la victoire après un strike au bowling…».

Une stratégie critiquée

Ce spot ne fait pas l’unanimité. Le New York Times rapporte les propos de Michele R. Simon, avocate spécialisée dans les affaires de santé publique. Pour elle, cette campagne ne fait qu’apporter de la confusion dans l’esprit des gens:

«Ils minimisent les conséquences graves sur la santé des excès de soda. Ils essayent de faire passer l’idée que le seul problème serait de trouver un équilibre entre la consommation de soda et l’exercice physique. Or, il y a beaucoup d’autres raisons de limiter la consommation de ces produits».

Harold Goldstein, directeur du California Center for Public Health Advocacy, qui a notamment lutté pour sortir les sodas sucrés des écoles, pense que Coca-Cola a la trouille… Pour lui, toujours selon le New York Times, si Coca-Cola avait vraiment voulu faire quelque chose pour diminuer la consommation de sodas sucrés, la firme aurait pu vendre ceux-ci à des prix plus élevés que les boissons à faibles teneurs en calories:

“Au lieu de dépenser des millions dans une campagne de relations publiques qui n’agit en aucun cas contre l’obésité, le diabète et les caries, ils pourraient ainsi changer la consommation de boissons des Américains de façon considérable et bénéfique ».

Enfin, John Sicher, du journal Beverage Digest note que Coca-Cola a trop longtemps éludé la question de l’obésité, en laissant les critiques monter en puissance. Et que le groupe la joue donc très stratégique. Laisser les adversaires de l’industrie du soda définir cette critique n’était pas vraiment dans l’intérêt de la firme…

XXL

Lors du débat sur l’interdiction partielle (dans les cinémas, les snaks et les restaurants) des sodas XXL à New York, le géant américain avait déjà organisé une riposte pour ne pas trop ternir son image.

Katie Bayne, PDG de Coca-Cola Amérique du Nord, bien loin de toute trace de surpoids, s’était ainsi vantée de boire des boissons du groupe à longueur de journée et affirmait qu’il n’existait «aucune preuve scientifique qui relie les boissons sucrées à l’obésité». Cela n’a pas fait changer d’avis le maire de New York…

Le Monde.fr nous recommandait alors de jeter un œil au site Sugar Stacks (piles de sucre) montrant les quantités parfois hallucinantes de sucre présentes dans différents sodas. Or, la corrélation entre excès de sucre et surpoids n’est plus à prouver.

Photo: Untitled/ wholehole via FlickCC License by

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Lutte contre l’obésité: des stratégies de prévention pas toujours efficaces

«Evitez de grignoter entre les repas», «évitez de manger trop gras, trop salé, trop sucré»… Nous sommes exposés à de nombreux messages censés raisonner nos choix alimentaires et lutter contre l’obésité, en réalité pas toujours utiles pour nous faire changer de comportement…
Jeudi dernier, le Fonds français pour l’alimentation et la santé organisait une conférence intitulée «Efficacité des campagnes de prévention de l’obésité: mesure des attitudes et comportements alimentaires». Carolina Werle, prof à l’Ecole de management de Grenoble, présentait ses dernières recherches en marketing social, discipline qui utilise les principes de base du marketing pour la promotion d’idées sociales, comme la lutte anti-tabac par exemple, ou en l’occurrence la prévention de l’obésité. L’objectif, c’est de «changer les comportements, et pas seulement les croyances».

Les campagnes de prévention de l’obésité semblent efficaces puisqu’il est prouvé que les gens mémorisent plutôt bien les messages. Mais il ne suffit pas de connaître les recommandations en vigueur pour les appliquer dans la vie de tous les jours… Carolina Werle s’est donc intéressée aux effets des campagnes de prévention sur les changements dans les choix alimentaires, sur la conséquence concrète en terme de comportement. Ses recherches ont été publiées dans Archives Of Pediatric & adolescent Medicine, Obesity, Appetite, Food Quality & Preference.

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