Les bonnes bactéries sont à la mode. On en trouve dans les yaourts, les pizzas, les glaces et même dans les matelas et l’après-rasage. Dans ses publicités américaines, Danone affirme que son yaourt aux probiotiques Activia «contribue naturellement à la régulation de votre système digestif» et que sa boisson DanActive [Actimel] «aide à renforcer vos défenses naturelles» [En France, les deux produits ont renoncé à leur slogan vu le règlement européen sur les allégations santé].
Jala proclame pour sa part que ses barres glacées aux bactéries actives possèdent «toutes les vertus des probiotiques» en citant également leurs effets sur la digestion et le système immunitaire. Quant à Naked Pizza, avec ses bactéries capables de résister à la chaleur d’un four, l’un de ses co-fondateurs va jusqu’à rappeler dans son blog que les hommes étaient à l’origine «nus et couverts de microbes», évoquant même l’image d’une femme accouchant accroupie et de son bébé atterrissant sur un tapis d’excréments maternels bien naturels. Enfin, n’oublions pas les produits aux probiotiques supposés combattre les punaises ou calmer les symptômes de l’autisme.
La réponse ne s’est, évidemment, pas fait attendre. La Federal Trade Commission (Commission fédérale du commerce) a accusé Danone d’avoir exagéré les bienfaits de ses probiotiques (la société est parvenue à un accord, mais n’a reconnu aucun tort). Une armée d’avocats a également attaqué General Mills pour sa publicité vantant les mérites sur la digestion de sa marque Yoplus.
Selon eux, ces affirmations manquent de preuves scientifiques et sont «propres à tromper le public». Le New York Times a récemment mis tous ces «alicaments» au pilori, probiotiques compris, en remettant en cause la plupart de leurs soi-disant bienfaits. Même le célèbre animateur Stephen Colbert a plaisanté dernièrement sur ces yaourts «prétendument pleins de bonnes bactéries» en affirmant:
«Ne les écoutez pas. J’ajoute toujours une bonne cuillérée de désinfectant avant d’en manger.»
Il ne faudrait toutefois pas aller trop vite en besogne. Les probotiques sont, par définition, «des microorganismes vivants qui, lorsqu’ils sont administrés dans des proportions adéquates, présentent des avantages pour la santé du consommateur». La diversité de ces organismes (et le spectre de leurs bienfaits possibles) est bien plus vaste et complexe que ce que peut laisser penser un tour rapide au supermarché.
Différentes souches d’une bactérie bien connue comme le lactobacillus peuvent avoir des effets différents sur le corps humain, raison pour laquelle il est extrêmement important que les recherches soient menées avec soin et que la communication soit précise.
Des recherches universitaires ont, par exemple, suggéré que certaines souches de probiotiques pourraient être utiles dans le traitement de certaines affections intestinales, notamment la diarrhée. Une autre étude séduisante, mais qui n’en est qu’à ses balbutiements, s’intéresse aux effets de différents microorganismes sur le système immunitaire, notamment à leur capacité d’éviter certaines infections courantes ou de prévenir certaines allergies chez les nouveaux-nés.
Certains articles parlent de prévenir les maladies chez les personnes en bonne santé, d’autres se concentrent sur le traitement des maladies. Mais le problème ne vient pas de la recherche. Il vient du marketing et de ses propos exagérés ou trop vagues pour ne pas prêter à confusion (comment interpréter, par exemple, «l’équilibre de la digestion» vanté par certains produits?).
Derrière le langage flou des publicitaires, il serait grand temps de définir précisément le vrai potentiel de ces microorganismes, notamment en termes de sûreté et de dosage, dans l’optique de les utiliser comme de vrais médicaments.
La littérature scientifique relative aux probiotiques s’avère particulièrement prometteuse pour tout ce qui a trait aux intestins. Des preuves solides suggèrent en effet que plusieurs souches pourraient contribuer au traitement ou à la prévention des diarrhées associées aux infections virales ou aux antibiotiques.
Une hypothèse moins fondée, mais extrêmement intéressante, laisse penser que certains probiotiques pourraient aussi contribuer à soulager les troubles fonctionnels intestinaux ou à traiter des maladies liées à la bactérie clostridium difficile. L’espoir est que des probiotiques spécifiques puissent nous permettre de rétablir nous-même l’équilibre de notre flore intestinale lorsque celui-ci se trouve perturbé.
Et qu’en est-il du système immunitaire ? Les probiotiques pourraient modifier l’équilibre des cellules immunitaires ou contribuer à l’activation d’un plus grand nombre de cellules, du moins temporairement. En théorie, cela contribuerait à lutter contre la maladie.
Bien entendu, «la plupart des gens sont moins intéressés, par exemple, par le niveau d’activation de leurs macrophages qu’ils ne le sont par la prévention des maladies» comme le rappelle Mary Ellen Sanders, consultante spécialiste en probiotiques qui dirige la société Dairy and Food Culture Technologies.
Les quelques études qui cherchent à savoir si les probiotiques peuvent participer à la prévention des maladies fréquentes ont tendance à conclure que leurs bienfaits sont très modestes: Une étude menée en double aveugle sur de jeunes enfants finnois, par exemple, a suggéré que ceux qui avaient bu un lait avec un probiotique spécifique trois fois par jour, cinq jours par semaine, étaient malades environ un jour de moins sur une période de sept mois.
Reste à voir si d’autres souches (ou combinaisons) pourraient avoir un effet plus important. Dans le même temps, des chercheurs sont en train de se demander si certains organismes ne pourraient pas permettre de prévenir les allergies s’ils étaient donnés assez tôt aux mères allaitantes et aux bébés, ou s’ils ne pourraient pas réduire les inflammations. Aucun de ces travaux n’a encore donné de résultat définitif, mais ils n’en sont pas moins intéressants.
Le problème apparaît lorsque la science rencontre l’industrie agroalimentaire, avide d’exploiter le marché très porteur des alicaments. Si nombre des promesses faites par les sociétés en matière de santé sont ridiculement vagues, c’est en partie en raison des restrictions imposées par la Food and Drug Administration, l’organisme américain en charge de vérifier l’innocuité des produits alimentaires et des médicaments avant leur mise sur le marché.
Danone, par exemple, affirme qu’Activia «régule le système digestif». Mais comment le régule-t-il? Il apparaît que deux études financées par la société ont démontré qu’Activia pouvait aider à soulager «les lenteurs de transit liées à une irrégularité occasionnelle» (ce que le quidam moyen qualifierait de «petite constipation»).
La société japonaise Yakult affirme aussi que sa boisson au lait fermenté «équilibre le système digestif», mais cela semble surtout dire qu’elle aide à prévenir la diarrhée.
Le problème est que «équilibrer le système digestif» ou améliorer la santé gastro-intestinale peuvent avoir des sens différents, voire opposés. Les consommateurs ayant un problème particulier peuvent n’avoir aucune idée de la sorte d’équilibre digestif qu’il leur faut.
Bien entendu, les gens peuvent également prendre des probiotiques au simple prétexte vague qu’ils sont bons pour la santé, au même titre que les légumes bio ou le miel brut. Mais sont-ils vraiment plus efficaces que leurs alternatives moins séduisantes, telles que le jus de pruneau ou les céréales riches en fibres?
D’autres prétentions sont en revanche très exagérées, en particulier celles relatives au système immunitaire. Danone ne ment pas lorsqu’il suggère que sa boisson DanActive a un effet sur ce système: des recherches ont prouvé qu’une souche particulière de bactérie peut booster certaines cellules immunitaires. Mais cela ne signifie pas pour autant que les consommateurs seront forcément en meilleure santé.
Les chercheurs de la société en Europe font des recherches dans cette optique –en donnant, par exemple, une boisson aux probiotiques à des personnes âgées avant d’observer leur vulnérabilité aux maladies infectieuses communes, telles que les rhumes, les grippes ou les virus gastro-intestinaux (la souche utilisée pour ce faire, le lactobacillus casei DN-114001, est notamment présente dans DanActive).
Ils ont trouvé que les épisodes infectieux étaient en moyenne plus courts chez les personnes ayant consommé la boisson: de six jours et demi en environ contre huit jours pour le groupe de contrôle. Les probiotiques semblent donc leur épargner une journée et demie de maladie. En revanche, ils ne leur ont pas permis de tomber malades moins souvent et n’ont rien changé à la sévérité de la maladie. Tout cela devrait laisser les consommateurs quelque peu dubitatifs (d’autant qu’il y a toujours un peu de scepticisme lorsqu’une étude est financée par une société telle que Danone).
Les questions de dosage sont également à prendre en compte lorsque des entreprises tentent de mêler en un seul produit alimentation et médicaments. Quand Danone a découvert qu’Activia avait des effets positifs sur les irrégularités et les lenteurs de transit intestinal, les chercheurs ont fait manger leur produit trois fois par jour aux personnes participant à l’étude. Cela fait beaucoup de yaourts.
La question la plus importante reste toutefois de savoir ce qui se passera si un mélange aléatoire de probiotiques commence à envahir tous nos aliments, puisqu’il deviendrait alors difficile d’estimer ce que nous avons pris et en quelle quantité.
Les pro-probiotiques avancent que les souches les plus communes ont fait leurs preuves en matière de sécurité. «Avoir affaire à un organisme vivant, n’est jamais sans risque, affirme Gregor Reid de l’Université d’Ontario. Si l’on tient compte que des centaines de millions de personnes en prennent tous les jours, on peut estimer que nous le saurions sans doute déjà s’ils avaient causé des problèmes majeurs».
Pourtant, comme l’indique un nouveau rapport de la RAND corporation, étonnamment peu d’études ont été menées pour évaluer l’innocuité des probiotiques. D’après ses auteurs, aucun essai clinique portant sur les probiotiques n’a encore rapporté d’infection procédant du traitement.
Cependant, les études n’ont que rarement contrôlé les types d’infections identifiés dans des rapports de cas isolés. En fait, ils ont conclu que la plupart des principaux essais, «n’avaient pas déclaré quels effets indésirables étaient surveillés et n’étudiaient pas systématiquement l’innocuité des produits aux probiotiques». Les personnes immunodéprimées ou celles souffrant de maladies graves pourraient voir apparaître des problèmes que les autres n’ont pas.
Lors d’un essai notoire réalisé auprès de patients souffrant d’une maladie grave du pancréas, les chercheurs ont découvert que ceux qui avaient reçu des probiotiques par sonde décédaient plus rapidement que les autres. De même, dans un contexte hospitalier, la souche probiotique saccharomyces boulardii semble souvent rester sur les mains des médecins et des infirmières après le lavage des mains, risquant de causer des infections fongiques dans le sang des patients, en particulier chez les plus gravement atteints.
Le fait est que les probiotiques peuvent avoir des effets puissants sur le corps. Comme les médicaments. Il convient de les reconnaître à leur juste valeur –et non de supposer qu’ils ne feront que ce que l’on veut bien pour la simple raison qu’ils sont naturels ou servis sucrés.
Amanda Schaffer
Traduit par Yann Champion
Photo: des manifestantes pro-Milinkevich partagent un yaourt durant une manifestation contre la ré-élection du président biélorusse Alexander Lukashenko, dans le centre de Minsk, le 21 mars 2006. REUTERS/Vasily Fedosenko
Si l’auteur de cet article a quelque chose contre Danone qu’il le dise. Mais avant cela qu’il demande leur avis à ceux qui ont essayé. Depuis quelques années je mange du yaourt Activia tous les jours et je n’ai plus aucun symptôme de difficultés intestinales, irrégularités, ballonement, flatulences, dont je souffrais beaucoup avant. Je le recommande à mes amis et tous en sont très satisfaits. Aucune raison pour moi d’attaquer gratuitement quelque chose qui me fait du bien.
Pour rappel, l’homme est le seul mammifère qui, une fois devenu adulte, continue à consommer des aliments à base de lait. C’est le seul à qui on dit qu’il doit absolument en consommer pour avoir de bons os.
Les éléphants, les girafes, les hippopotames, les boeufs, … ne consomment plus aucun laitage une fois passé la période du nourrisson mais ils vont bien, non ? Ils ont une consistance plus importante que la notre sans aucun laitage dans leur alimentation. Serait-ce la preuve que l’on se fou allègrement de notre gueule ?
Bonjour,
Pour une bonne digestion la base est d’avoir un foie débarrassé des calculs biliaires, c’est un point fondamental. Il existe une méthode naturelle pour rejeter les calculs biliaires, qui obstruent les innombrables canaux du foie en limitant la production de bile. Pour tout savoir sur les nettoyages du foie et de la vésicule:
http://www.agirsante.fr
Cordialement,
Denis
[…] Le yaourt est-il bon pour la santé ? […]
Bonjour,
Au delà des yahourts, avons-nous vraiment besoin de consommer du lait, curieusement celui-ci est devenu indispensable quand il a été industrialisé !
L’homme serait donc la seule espèce animale dont la croissance dépend du lait d’une autre espèce ?
Informez-vous, ne gobez pas tous les beaux arguments marketing qu’on vous propose.
Le plus drole dans tout ca, c’est que dès qu’on publie un article sur la propagande des charlantans, ceux-ci arrivent au galop pour poster des commentaires pour jurer “si si ca marche” sans avoir plus d’arguments à revendre…
“Au delà des yahourts, avons-nous vraiment besoin de consommer du lait, curieusement celui-ci est devenu indispensable quand il a été industrialisé !
L’homme serait donc la seule espèce animale dont la croissance dépend du lait d’une autre espèce ?
Informez-vous, ne gobez pas tous les beaux arguments marketing qu’on vous propose.”
Bah … j’aime le lait et les yaourts. Donc, je vais continuer à en manger.
Bonjour
Il y a une dizaine d’années , je souffrais de colon irritable , ma mère me conseillait de manger des “BIOS” de Danone …. plus j’en mangeais , plus j’avais la diarrhée , et plus je souffrais !
Connaissant aujourd’hui mon intolérante au lactose , je l’ai écarté totalement de mon alimentation , tout est revenu dans l’ordre en 8 jours ! j’ai quand même trainé le diagnostique de Fibromyalgie pendant 4 ans …
Ma mère , elle , n’a pas eu le temps de connaitre la rémission des douleurs , le cancer des intestins me la prise .
On serait 75% de la population mondiale à ne pas digérer le lait .
Je guéris beaucoup de maux autour de moi en conseillant l’éviction totale ( migraines , douleurs cervicales et diverses , spondylarthrites , fibromyalgies , maux de ventre , sinusites ….)