C’est extraordinaire ce que la santé publique est empreinte de moralisme quasi catéchétique. Lisez à ce propos, dans son billet d’aujourd’hui, le sévère jugement que porte Jean-Yves Nau sur nos contemporains qui refusent aujourd’hui la vaccination et tiennent à le faire savoir. Le rapport à la santé est certes culturellement connoté par l’influence des grandes religions. Les hôpitaux étaient – et sont encore parfois – des Hôtel-Dieu dans nos villes. A Berlin aussi, capitale européenne que nous fêtons particulièrement ces jours-ci, l’Assistance publique s’appelle « Charité », en Français dans le texte. Les legs laissés par le dévouement infirmier des sœurs soignantes des siècles passés sont bien sûr considérables et ont façonné nos métiers, nos esprits et nos cœurs, à n’en point douter. Les métiers de la médecine, très certainement. Ceux de la santé publique, ce pouvait être moins attendu. Ce sont plutôt les Lumières qui ont apporté le discours sur la médecine préventive et collective, avec Condorcet par exemple, puis plus récemment, au début du XXème siècle, avec de grandes figures (un peu oubliées malheureusement) comme celles de Jacques Parisot, véritable père de l’école de Nancy (lire le livre d’Etienne Thévenin, paru en 2002 aux Presses Universitaires de Nancy, résumé en ligne gratuit) . Malgré cet apport profondément laïc, il subsiste dans l’approche de la santé publique de profonds reliquats moralisants. On voudrait que les experts soient des saints comme le rappelle Jean-Yves Nau. Mais il y a les conflits d’intérêts. Ils existent. Il faut déclarer publiquement ses conflits d’intérêt dit-on aujourd’hui, comme on demandait autrefois de reconnaître ses fautes (mais cela restait dans le confessionnal, c’était avant l’ère Internet). Derrière les intérêts, il y a le fantasme sous-tendu d’un grand marionnettiste qui tirerait, derrière le rideau, les ficelles : encore une scorie des interférences religieuses du passé ? On voudrait que les ministres soient des Mère Thérésa. On reproche aux responsables de ne pas « donner l’exemple ». Mais de quoi parle-t-on ? Que souhaitons-nous comme société ? Souhaitons-nous vraiment remplacer la morale religieuse par une morale sanitaire, certes laïque, mais qui vous ferait expier vos kilos en trop par une activité physique pénible et imposée ? Le fumeur a-t-il besoin que son médecin ne fume pas pour savoir que la fumée de cigarette est dangereuse pour sa santé ? La vaccination de Nicolas Sarkozy doit-elle être scénarisée pour que les foules se dirigent vers les centres municipaux ?
Permettez-moi de reprendre ici la réflexion d’une de nos blogueuses-lectrices de ce week-end, qui sous le pseudonyme de Cathy a écrit le commentaire suivant qui éclaire à mon sens le débat d’aujourd’hui : « C’est curieux, en vous lisant j’ai l’impression de comprendre (je suis prudente…) que pour bcp le problème du vaccin c’est la peur des effets secondaires éventuellement dangereux. Je ne suis pas sociologue, hein, mais autour de moi j’observe tout autre chose. Il s’agit surtout d’opposition, d’opposition ferme avec plus ou moins de colère. La phrase que j’entends le plus c’est “on nous prend pour des c…”. Je ne connais personne qui ait peur du vaccin en tout cas qui l’exprime… Il s’agirait plutôt d’un moyen de s’opposer à un système qui semble avoir perdu toute crédibilité. Le danger n’étant pas -encore- visible, (voire totalement nié par bcp) le petit peuple fait de la résistance autrement que dans la rue. En tout cas, dans nos campagnes, c’est le discours ambiant, “notables” compris ». Je ne sais pas si Cathy a raison, il est un peu tôt pour le dire. Mais, elle a sa raison, et elle l’exprime. On sent bien en effet, que l’expertise est un peu prise au dépourvu dans cette aventure. D’abord parce que cette expertise peine à cerner avec acuité le phénomène, dont on n’arrive toujours pas à savoir le degré de gravité – comme le rappelle avec des mots très justes Jean Rabat, un autre fidèle commentateur de notre blog, co-auteurs avec Cathy et les autres devrait-on bientôt dire, tant leur production est intense.
On ne sait pas en particulier si la pandémie sera beaucoup plus grave qu’on ne la ressent aujourd’hui, ou au contraire particulièrement anodine, au regard des véritables fléaux auxquels sont confrontés toute l’humanité, tous les jours que Dieu fait. Ensuite, nos contemporains éprouvent sans doute des difficultés – des limites ? – à croire ce qu’ils ne voient pas (c’est évangélique pourtant : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu », Jean 20, 19-31), et donc sans doute à donner crédit à l’anticipation des experts. Dans cette pandémie du XXIème siècle, on est pourtant en plein dans l’anticipation. On l’attend même depuis 2003 ! Elle a changé de nom entre temps, ce n’est plus H5N1, mais c’est bien une pandémie, et c’est bien la grippe. Mais on ne voit pas grand-chose. Pas encore ? Peut-être. Et l’on ne verra probablement jamais quoi que ce soit de bien grave, pour plus de 99% d’entre-nous. Alors, face à ces incertitudes, face à ce « rien à voir », il n’est pas étonnant que certains d’entre nous aient envie de dire « circulez », et ceux, les moins moralistes : « laissez-moi circuler, et me retirer de tout se brouhaha ».
Antoine Flahault
En voilà une affaire d’état,une affaire nationale!
Que cherchons nous? Un messie!Celui qui nous montrera la voie.Peut être.
Le peuple ne voit pas ,refuse de voir, pour certains;
Mais Il pourrait croire:Croire nécessite l’abandon de soi ,dans une confiance aveugle,sans attente de preuves.Est ce possible?
ESt ce de la défiance,face à l’autorité?je ne suis pas sûre que la plupart d’entre nous réfléchissent de cette façon;La défiance à l’autorité n’est pas mauvaise en soit à condition,je suppose,qu’elle soit productive.L’est elle actuellement?
ça me semble plus basique:comportement de masse pour une majorité, et une minorité convaincue dans un sens ou dans l’autre,….
Soigner,c’est faire le Bien,non?dans nos esprits,du moins.Le vaccin serait il le Malin?Bonne blague!
Nos élites sont elles Bonnes fées ou fée Carabosse?
Je ne sens PAS d’avancée dans le discours des médias;
Je ne pense pas qu’il soit une bonne chose que les élites se donnent en spectacle ,même pour convaincre!Ne confondons pas les rôles.
Je ne crois pas que ça changera l’attitude du public:je le vois plutôt comme:que fait mon voisin ,y va t’il ou non?
Finalement ne sommes nous pas dans une époque,où l’on aimerait Croire encore,à quelque chose?
Alors?
Eh bien,cette phrase:”Heureux….sans avoir vu”; sans avoir vu Qui,Quoi;Je pense qu’il s’agit de Dieu;
Cette phrase nous fait Entrevoir le Risque! Et nous n’avons affaire, ici, qu’à des Hommes;
A vous.
Bonjour,
On peut défendre également la thèse inverse, celle d’une démonisation du virus et d’un affolement des élites accompagnée d’une obstination rationnelle de la machine sanitaire qui voit dans H1N1 une ADM. (allusion à l’Irak)
Cette affaire de pandémie a discrédité les autorités sanitaires, ses experts, et notamment Mme Chan de l’OMS
bien cordialement
BD
Bonjour,
C’est un peu intimidé que je prends la parole pour la première foi sur ce blog. Je lis régulièrement les écrits numériques de Monsieur Flahault et, depuis sa “propulsion”, je consulte les publications régulières de ce Journal de la Pandémie 2.0
J’apprécie tout particulièrement les analyses précises et l’honnêteté intellectuelle dont fait preuve le professeur Flahault, tout comme je trouve très stimulant de consulter les réactions des différents internautes.
Face à ce billet, je ne peux que m’interroger à propos de la frénésie désespérée agitant experts et officiels dans la tentative précipitée et sans recul de trouver une explication au manque de motivation des Français face à cette stratégie vaccinale de masse.
Le désenchantement viendrait-il, comme nous invite à le penser M Flahault, à la suite de M Nau, sur la minoration criante de la variable d’exemplarité dont se rendraient coupables nos élites ? Leur reprocherait-on aussi insidieusement leur manque de “sainteté” en mettant notre vie en danger, par refus du vaccin ? Ainsi, vilipenderait-on les experts, pour collusion avec les laboratoires, en évitant de s’immuniser ? Fustigerait-on les politiques, pour manoeuvre de manipulation générale de la masse populaire et pour dilapidation d’argent public, en se tenant écartés du bouclier vaccinal ?
Soyons sérieux. Ses explications sont un peu spécieuses.
Le printemps dernier a permis de mettre le feu à la poudrière cauchemardesque des fantasmes de grippe aviaire, entretenus depuis plusieurs années. Enfin, la prévisibilité s’avérait juste ! Enfin, aux yeux de l’opinion, éclatait la confirmation des thèses de mutation virale à caractère pandémique : la prévision, qui tendait auparavant à la prédiction, se voyait confirmée par les faits.
Dès lors, il fallut mesurer l’impact émotionnel de cette annonce : véritable vague de peur dans l’opinion et véritable engouement, parfois mêlé d’une excitation palpable, des experts médicaux. Enfin, la population allait connaître ce qui était annoncé depuis des années. Enfin, et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité-ce que rappelle le journal de la pandémie 2.0-, un lien étroit allait pouvoir se tisser entre les experts investis de la mission de surveillance de l’ennemi viral, les pouvoirs politiques chargés d’assurer la riposte et la masse populaire, destinataire finale des messages informatifs de préventions et des réponses curatives apportées.
Dès lors, l’ennemi était réel, mais qui plus est, visible, traqué et bientôt cerné. Il s’agit donc d’un plan de guerre véritable qui fut établi, en réponse aux impératifs d’une pandémie hautement pathogène.
Alors, où en est-on ?
Cet ennemi viral, ne le voit-on pas ? Ne veut-on pas le voir ?
Pourtant si. Il est vu, par la plupart des Français. Chacun connaît au moins une personne, sinon plusieurs, qui en ont été frappés. L’ennemi apparaît sous son véritable jour.Et il n’en paraît pas redoutable. Or, les gesticulations expertes, les pantomimes politiques, pourront bien chercher à convaincre d’utiliser l’arme absolue -le vaccin- contre cet hôte invasif : le recours massif à ce vaccin paraît aussitôt disproportionné au regard des risques.
Car là est bien le coeur de ce désaveu : les messages de prévention diffusés à l’envi, les discours moraux adressés aux Français, l’organisation extraordinairement réglées de la campagne vaccinale ont invité chacun à observer l’ennemi pour mieux le voir. Et leur estimation de son pouvoir de nuisance ou de nocivité n’a guère été propice à les pousser à la vaccination.
Pourquoi, alors, organiser un tel plan de guerre ?
Parce que l’ennemi est dangereux et ses spécificités le rendent plus propice à frapper au hasard, 1 malade sur 10000 devant en décéder. Et ce point-là, malheureux sont les infidèles qui ne le voient pas !
Je m’inscris en faux contre cette vision des choses.
D’une part, parce qu’il me semble au contraire que le peuple préfère s’en remettre à la Providence, dans ce genre de situation. Le risque est connu, et assumé. La réponse proposée (limite ” moralement imposée”) paraît disproportionnée. Le peuple semble refuser une vie dictée intégralement par la soumission à des idoles auxquels sont assimilés experts et politiciens. Seraient-ils saints, ou agiraient-ils comme tels, qu’il n’en serait pas autrement.
D’autre part, la métaphore biblique, aussi habile soit-elle, ne me paraît guère pertinente, dans le sens où la “croyance sans voir”, à laquelle l’Evangile de Jean exhorte est une croyance au Bonheur, une invitation à suivre le Sauveur, sans l’avoir vu. Qu’en est-il en ce qui nous concerne. Faudrait-il donc croire au Danger, et non au Sauveur, sans le voir ? Si le présupposé biblique tient bien dans la nécessité de croire au Sauveur sans le voir, il en va tout autrement pour la question vaccinale de masse. Le postulat est non seulement différent, mais il est même inverse. La Bible invite à croire au Bonheur, dénué de Peur, sans le voir et donc à adapter son comportement. La bible anti-H1N1.pdm invite, quant à elle, à croire à l’inverse, au Danger et à la Peur, sans les voir, pour adapter son comportement.
Là où l’un peut réussir, l’autre est plus délicat à obtenir.
“Heureux sont ceux qui croient sans avoir vu” …Le Sauveur : peut se comprendre dans une perspective biblique ou évangélique.
Mais “Heureux sont ceux qui croient sans avoir vu”…Le Danger lié au virus : est bien plus aléatoire Il ne s’agit plus d’un acte de foi mais d’une réponse positive à une campagne de terreur.
C’est là qu’il faut prolonger le débat ! Dans quelle mesure la peur est-elle vectrice de succès dans cette campagne massive de vaccination. J’ai à ce sujet deux interrogations.
1) La situation au Québec est diamétralement opposée à la nôtre : peu de vaccins mais une forte demande. Or, j’ai étudié (et peut-être me sui- je trompé) le rapport de l’institut de veille sanitaire québécois en le comparant au rapport de notre InVs pour la semaine 44. Hormis les cas sporadiques de décès imputable à H1N1.pdm, un peu plus nombreux là-bas du fait sans doute du démarrage plus précoce de l’épidémie et d’une autre répartition socio-sanitaire de la population, le taux d’impact global du virus m’a semblé très proche de la nôtre. Alors pourquoi le réflexe vaccinal est-il plus grand outre-atlantique ? Après examen de la presse en ligne, j’ai remarqué une forte tendance à la “dramatisation”, dans le sens de “théatralisation” ou scénarisation des décès. Le traitement médiatique paraît avoir fait souffler un vent de peur bien plus grand qu’en France…
2) J’ai bien des interrogations au sujet de la proportion des cas de décès par SDRA. Si je ne m’abuse, c’est l’étude du taux d’attaque sur l’ile Maurice qui avait permis de dégager cette proportion ? Qu’en est-il aujourd’hui ? Le nombre de personnes contaminées (sans oublier les possibles 40% de personnes asymptomatiques) depuis deux mois peut-il être mis en relation avec le nombre de décès. Devant la complexité du calcul, je n’ose le faire : cependant, “sur la base du modèle de régression périodique (Serfling) appliqué aux données historiques de surveillance de la grippe” (approche 1), ou en “appliquant au nombre hebdomadaire de consultations pour IRA estimé par le Réseau des Grog la proportion de positivité des prélèvements réalisés par les médecins de ce même réseau ” (approche 2), il semble possible de cumuler le nombre de personnes contaminées en 2 mois, et de le mettre en ratio (j’espère bien m’exprimer) avec le nombre de décès par SDRA.
Merci beaucoup pour vos commentaires et réactions !
Loon
Il n’existe aucune preuve que le vaccin contre la grippe soit capable de prévenir ou de diminuer la maladie. Ses fabricants savent bien qu’il ne sert à rien, mais continuent néanmoins à le vendre. (Dr. Anthony Morris) Virologiste, ancien chef du contrôle des vaccins à la Food and Drug Administration (FDA). Cet organisme a, entre autres, le mandat d’autoriser la commercialisation des médicaments sur le territoire des États-Unis d’Amérique…
Donner des gages d’exemplarité, fournir des preuves de moralité, ou plutôt de “transparence” selon une expression plus politiquement correcte, semble effectivement être le leitmotiv depuis hier :
-le gouvernement ira bien se faire “piquer”. Parce que la piqûre gouvernementale doit revêtir une plus plus forte valeur d’exemple que celle du commun des mortels ? En terme de communication, on a connu mieux et le poncif est un peu élimé depuis 1976 aux Etats-Unis.
-le jeu de la transparence totale. En ce sens, la stratégie est plus élaborée. En contrôlant sa propre communication des cas indésirables post-vaccinaux, le ministère s’assure ainsi d’éviter des recherches plus approfondies de la part de fouineurs et éloigne aussi les soupçons de secret, dont est entachée, depuis le début, la façon de lutter contre l’épidémie. C’est retors.
Maîtrisant la diffusion de l’information, en évitant que des fuites fassent éclater un scandale, le discours journalistique, unilatéralement formaté et diffusé via les agences de presse, permet de relativiser dans l’opinion les conséquences (trop?) facilement incriminables au vaccin : en effet, les journalistes mentionnent systématiquement, depuis hier soir, la survenue préalable d’une attaque virale à caractère inflammatoire susceptible de favoriser l’apparition d’un tel syndrome, chez la patiente victime du SGB. De quoi disculper totalement le vaccin, le véritable incriminé devenant le rhume.
En outre, l’Afssaps a d’ailleurs publié aujourd’hui un bulletin complet :
“Sur les 91 signalements d’effets secondaires, 82 ont été jugés “non graves”, cinq ont nécessité une simple surveillance et “leur évolution a été rapidement favorable”, tandis que les quatre derniers, jugés “graves”, ont exigé une hospitalisation: deux affections neurologiques, une réaction allergique et une affection respiratoire, précise l’agence, qui ajoute que l’état de ces quatre patients s’est amélioré.”
Un tel bulletin sera hebdomadaire. Ce serait un gage de sérieux, mais il faut préciser qu’un certain nombre d’effets indésirables ne seront peut-être observables que plus tardivement, dans plusieurs mois, quand le risque pandémique aura déserté l’hémisphère nord. Alors, un bulletin de suivi immédiat, pourquoi pas ? Mais il faudra un recul supplémentaire pour évaluer les conséquences éventuelles et indésirables, sur une plus grande échelle de temps, de la vaccination de masse.
Enfin, il faudrait aussi observer (honnêtement, j’ignore si ce sera le cas ) les réactions des individus vaccinés qui attraperont la grippe entre le moment de l’inoculation du vaccin et le moment de la protection (supposée) totale : plus le nombre de vaccinés sera important, plus la probabilité sera grande d’observer de telles contaminations post-vaccination. Il faudra(-ait ?) alors mesurer les proportions, le type de réaction à l’exposition virale et l’intensité des symptômes chez ces individus fraîchement vaccinés. N’oublions pas que des décès attribués à H1N1.pdm sont survenus juste après des vaccinations, notamment celui de la jeune femme décédée au Québec et dont la disparition a causé, apparemment, un grand traumatisme. De là à vouer le vaccin aux gémonies, il y a un pas que je n’ose franchir et que je réserve aux ligues anti-vaccinales. Mais devra bien être menée et rendue publique cette prise en compte scientifique de la réaction au virus dans la période de 21 jours suivant l’injection.
A propos de moralité, car tel est l’objet du billet qui ne cesse de me faire réagir et cogiter, voici encore une réflexion parmi d’autres.
Le traitement médiatique des décès imputables à H1N1.pdm !
Jusqu’à présent assez sobre dans notre pays, il semble avoir été beaucoup plus théâtralisé outre-atlantique, comme je le signalais à la mi-journée.
j’ignore quelle sera l’évolution hexagonale de ce traitement journalistique de la plus dramatique, mais encore sporadique, évolution de la maladie.
Mais théâtraliser de tels décès (les dramatiser, les scénariser) pour sensibiliser aux dangers du virus, ou pour encourager à la vaccination de masse ou pour faire vendre de “l’actualité”, serait-il éthique ?
En outre, deuxième point, avéré cette fois dans notre pays. Plusieurs décès imputés à H1N1 sont expliqué par les journalistes comme consécutifs à des “arrêts cardiaques”, et non spécifiquement décrits ou annoncés comme des SDRA…Au passage, je sais gré au professeur Flahault d’avoir indiqué en août, dans un prestigieux quotidien d’actualité, les différentes formes de complications de la grippe. Didactiquement, on ne pouvait faire mieux. Mais voilà, la presse n’est pas aussi claire. Alors, j’ai répertorié un certain nombre de décès de personnes assez jeunes, de celui du jeune homme de la Loire, en septembre, à la jeune femme de 27 ans aujourd’hui dans l’Essonne, en passant par l’homme de 58 ans à Enieu en octobre : tous (et d’autres) sont classifiés sous l’appellation d'”arrêts cardiaques” et tous ont la particularité d’avoir été traité par le plus célèbre représentants des inhibiteurs de neuraminidase.
La “morale” la plus utile, en la circonstance, bien plus que la vaccination gouvernementale, serait l’utilisation des termes appropriés. La véritable transparence serait la classification exacte des décès imputés à H1N1 :
– dans les cas présentés, s’agissait-il à chaque fois de SDRA ?
– quel a été le rôle exact de l’inhibiteur prescrit, qui s’est révélé au” mieux” inefficace, et au pire délétère ?
En dernier lieu, je réitère ma demande d’information à propos des proportions de SDRA. Si quelqu’un avait une information (moralement irréprochable bien entendu !) sur une éventuelle consolidation ou révision du rapport “nombre de décès par SDRA” / “nombre de patients contaminés par H1N1”, je lui en serais très reconnaissant !
Merci à tous et à toutes pour la qualité de vos commentaires et merci à JY Nau et à A Flahault pour la rigueur de leurs billets.
Loon
Que dit la Pologne ?
Il y a le discours du 5 novembre de la ministre de la santé de la Pologne, le Dr Ewa Kopacz, devant le Parlement. On peut voir et écouter ce discours sur YouTube, sous-titré en anglais :
http://www.youtube.com/watch?v=RhZesZe33cw
Traduction par exemple
http://storage.canalblog.com/11/39/97167/46335180.pdf
Erreur d’adresse : pour la traduction il s’agit de
http://storage.canalblog.com/45/45/310209/46342449.pdf
Bonjour,
C’est un peu intimidé que je prends la parole pour la première foi sur ce blog. Je lis régulièrement les écrits numériques de Monsieur Flahault et, depuis sa “propulsion”, je consulte toutes les publications de ce Journal de la Pandémie 2.0
J’apprécie tout particulièrement les analyses précises et l’honnêteté intellectuelle dont fait preuve le professeur Flahault, tout comme je trouve très stimulant de consulter les réactions des différents internautes.
Face à ce billet, je ne peux que m’interroger à propos des tentatives des uns et des autres pour trouver une explication au manque de motivation des Français face à cette stratégie vaccinale de masse.
Le désenchantement viendrait-il, comme nous invite à le penser M Flahault, à la suite de M Nau, sur la minoration criante de la variable d’exemplarité dont se rendraient coupables nos élites ?
Aisni, leur reprocherait-on aussi insidieusement leur manque de “sainteté” en mettant notre vie en danger, par refus du vaccin ? De même, vilipenderait-on les experts, pour collusion avec les laboratoires, en évitant de s’immuniser ? Et encore, fustigerait-on les politiques, pour manoeuvre de manipulation générale de la masse populaire et pour dilapidation d’argent public, en se tenant écartés du bouclier vaccinal ?
Soyons sérieux. Ces explications sont un peu spécieuses.
Le printemps dernier a permis de mettre le feu à la poudrière cauchemardesque des fantasmes de grippe aviaire, entretenus depuis plusieurs années. Enfin, la prévisibilité s’avérait juste ! Enfin, aux yeux de l’opinion, éclatait la confirmation des thèses de mutation virale à caractère pandémique : la prévision, qui tendait auparavant à la prédiction, se voyait confirmée par les faits.
Dès lors, il fallut mesurer l’impact émotionnel de cette annonce : véritable vague de peur dans l’opinion et véritable engouement, parfois mêlé d’une excitation palpable, des experts médicaux.
Enfin, et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité -ce que rappelle le journal de la pandémie 2.0-, un lien étroit allait pouvoir se tisser entre les experts investis de la mission de surveillance de l’ennemi viral, les pouvoirs politiques chargés d’assurer la riposte et la masse populaire, destinataire finale des messages informatifs de préventions et des réponses curatives apportées.
Dès lors, l’ennemi était réel, mais qui plus est, visible, traqué et bientôt cerné. Il s’agit donc d’un plan de guerre véritable qui fut établi, en réponse aux impératifs d’une pandémie hautement pathogène.
Alors, où en est-on ?
Cet ennemi viral, ne le voit-on pas ? Ne veut-on pas le voir ?
Pourtant si. Il est vu, par la plupart des Français. Chacun connaît au moins une personne, sinon plusieurs, qui en ont été frappés. L’ennemi apparaît sous son véritable jour.Et il n’en paraît pas redoutable.
Or, les paroles des experts, les discours politiques, pourront bien chercher à convaincre d’utiliser l’arme absolue -le vaccin- contre cet hôte invasif : le recours massif à ce vaccin paraît aussitôt disproportionné au regard des risques.
Car là est bien le coeur de ce désaveu : les messages de prévention diffusés à l’envi, les discours moraux adressés aux Français, l’organisation extraordinairement réglée de la campagne vaccinale ont invité chacun à observer l’ennemi pour mieux le voir. Et leur estimation de son pouvoir de nuisance ou de nocivité n’a guère été propice à les pousser à la vaccination.
Pourquoi, alors, organiser un tel plan de guerre ?
Parce que l’ennemi est dangereux et ses spécificités le rendent plus propice à frapper au hasard, 1 malade sur 10000 devant en décéder. Et ce point-là, malheureux sont les infidèles qui ne le voient pas ! Nous dit-on…
Je m’inscris en faux contre cette vision des choses.
D’une part, parce qu’il me semble au contraire que le peuple préfère s’en remettre à la Providence, dans ce genre de situation. Le risque est connu, et assumé. La réponse proposée paraît disproportionnée. Le peuple semble refuser une vie dictée intégralement par la soumission à des idoles auxquels il assimile parfois experts et politiciens. Seraient-ils saints, ou agiraient-ils comme tels, qu’il n’en serait pas autrement.
D’autre part, la métaphore biblique, aussi habile soit-elle, ne me paraît guère pertinente, dans le sens où la “croyance sans voir”, à laquelle l’Evangile de Jean exhorte est une croyance au Bonheur, une invitation à suivre le Sauveur, sans l’avoir vu. Qu’en est-il en ce qui nous concerne. Faudrait-il donc croire au Danger, et non au Sauveur, sans le voir ?
Si le présupposé biblique tient bien dans la nécessité de croire au Sauveur sans le voir, il en va tout autrement pour la question vaccinale de masse. Le postulat est non seulement différent, mais il est même inverse.
La Bible invite à croire au Bonheur, dénué de Peur, sans le voir et donc à adapter son comportement. La bible anti-H1N1.pdm invite, quant à elle, à croire à l’inverse, au Danger et à la Peur, sans les voir, pour adapter son comportement.
Là où l’un peut réussir, l’autre est plus délicat à obtenir.
“Heureux sont ceux qui croient sans avoir vu” …Le Sauveur : peut se comprendre dans une perspective biblique ou évangélique.
Mais “Heureux sont ceux qui croient sans avoir vu”…Le Danger lié au virus : est bien plus aléatoire Il ne s’agit plus d’un acte de foi mais d’une réponse positive à une campagne de terreur.
C’est là qu’il faut prolonger le débat ! Dans quelle mesure la peur est-elle vectrice de succès dans cette campagne massive de vaccination. J’ai à ce sujet deux interrogations.
1) La situation au Québec est diamétralement opposée à la nôtre : peu de vaccins mais une forte demande. Or, j’ai étudié (et peut-être me suis- je trompé) le rapport de l’institut de veille sanitaire québécois en le comparant au rapport de notre InVs pour la semaine 44. Hormis les cas sporadiques de décès imputable à H1N1.pdm, un peu plus nombreux là-bas du fait sans doute du démarrage plus précoce de l’épidémie et d’une autre répartition socio-sanitaire de la population, le taux d’impact global du virus m’a semblé très proche de la nôtre. Alors pourquoi le réflexe vaccinal est-il plus grand outre-atlantique ? Après examen de la presse en ligne, j’ai remarqué une forte tendance à la “dramatisation”, dans le sens de “théatralisation” ou scénarisation des décès. Le traitement médiatique paraît avoir fait souffler un vent de peur bien plus grand qu’en France…
2) J’ai bien des interrogations au sujet de la proportion des cas de décès par SDRA. Si je ne m’abuse, c’est l’étude du taux d’attaque sur l’ile Maurice qui avait permis de dégager cette proportion ? Qu’en est-il aujourd’hui ? Le nombre de personnes contaminées (sans oublier les possibles 40% de personnes asymptomatiques) depuis deux mois peut-il être mis en relation avec le nombre de décès. Devant la complexité du calcul, je n’ose le faire : cependant, “sur la base du modèle de régression périodique (Serfling) appliqué aux données historiques de surveillance de la grippe” (approche 1), ou en “appliquant au nombre hebdomadaire de consultations pour IRA estimé par le Réseau des Grog la proportion de positivité des prélèvements réalisés par les médecins de ce même réseau ” (approche 2), il semble possible de cumuler le nombre de personnes contaminées en 2 mois, et de le mettre en ratio avec le nombre de décès par SDRA. J’espère m’être assez bien exprimé…
Merci beaucoup pour vos commentaires et réactions !
Loon
Heureux ceux qui ont perçu avant d’avoir cru !
Parce que de toute évidence, la communication du gouvernement en matière d’alerte et de prévention sanitaire s’est avérée être un vrai flop.
A demander à la population de croire les yeux fermés tout ce qui entoure le plan pandémique, par l’absence d’informations simples ou par celles qui ont été omises ou tronquées, n’ont pas permis aux citoyens de se faire une idée précise, de manière à décider d’un choix sanitaire pour eux et leurs familles. Au contraire, elles ont fait grandir le doute.
En matière de sécurité sanitaire, la foi n’a pas sa place.
Les critères Bénéfices/Risques et la fiabilité du vaccin ont été très mal communiqués et bien trop tardivement. Le refus général des français et des professionnels de la santé à se faire vacciner, est une des conséquences face à ces manquements, le temps à fait le reste.
Et puisque l’on parle de morale religieuse, voici un vidéo-document sur le “Glas de la Grippe Porcine” :
SOEUR TERESA, UNE BÉNÉDICTINE MÉDECIN S’EXPRIME SUR LE H1N1