Japon : l’indépendance par le manga

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Le nouveau gouvernement japonais de centre gauche, en tenant tête aux Etats-Unis sur la question de la présence militairesur les objectifs à fixer en matière de lutte contre le réchauffement de la planète, rompt en apparence avec ses prédécesseurs, plus enclins à suivre l’allié américain. Mais la tendance à l’émancipation par la culture existe, elle, depuis de nombreuses années, et semble indépendante de la volonté des gouvernements.

L’une des premières décisions du nouveau Premier ministre Yukio Hatoyama (issu du Parti démocrate du Japon (PDJ)), après son élection le 16 septembre dernier, a été d’annuler un projet de musée dédié au manga et à la culture populaire. Budgété à 11,7 milliards de yen (88 millions d’euros) et étendard de l’ancien chef du gouvernement Taro Aso, qui avait fait un fond de commerce de sa passion pour les manga, il fallait à tout prix l’enterrer pour marquer la rupture.

Mais ce projet de musée, en réalité un Centre National des Arts Visuels, dont l’idée était évoquée depuis 2002, était en réalité pris en otage par les deux camps politiques. Le précédent Premier ministre n’avait d’ailleurs fait que l’inclure dans son dernier budget. « En réalité, la pop culture japonaise n’a pas été plus encouragée durant le mandat de Taro Aso, confirme Takamasa Sakurai, un producteur qui parcourt le monde pour parler de pop culture pour le compte du ministère des Affaires étrangères japonais. Ma mission n’avait aucun lien avec le précédent gouvernement et je ne pense pas que le changement politique affectera cette diplomatie en quoi que ce soit. »

Pour Kaichiro Morikawa, maître de conférence à l’Université Meiji à Tokyo, qui met sur pied son propre projet de « Tokyo international manga library », l’annulation du musée n’est finalement pas un mal : « Le budget astronomique concernait uniquement la construction du bâtiment, mais rien n’était prévu pour acquérir les pièces qu’allait contenir l’édifice.

C’était un projet pour relancer le secteur du bâtiment, pas pour rassembler et conserver les cultures. » Le nouveau gouvernement a d’ailleurs rapidement changé de position sur le sujet, adoptant une attitude moins radicale : « Avant l’élection, il était question d’utiliser le budget du musée pour des aides sociales, explique Tomoharu Ishikawa, secrétaire général de l’agence organisatrice du CoFesta, le festival de l’industrie de contenu japonaise, qui s’est clôturé fin octobre. Mais il a finalement été décidé de réinjecter cette somme à l’industrie de contenu, par exemple par le biais de la formation. »

Au Japon, la « diplomatie du manga », qui consiste à vouloir doper le poids économique et diplomatique de l’Archipel en exportant sa culture populaire (jeux vidéo, films, mode, musique, manga, etc.), est née indépendamment de la volonté des gouvernements, qui l’ont ensuite encouragée. C’est presque une seconde nature de la pop culture nipponne dont une bonne partie s’est en effet construite, depuis des décennies, en récupérant des produits américains, en les transformant et en créant de nouvelles tendances très prisées à l’étranger.

Les exemples ne manquent pas : l’animation japonaise, si particulière, est à l’origine largement inspirée des dessins animés Disney, et sa spécificité est née de la nécessité de faire aussi bien avec beaucoup moins de moyens, développant un style graphique propre et privilégiant le scénario, la délicatesse des couleurs, etc. Les jeux vidéo, à l’identique, sont nés aux Etats-Unis avant d’être copiés par les Japonais, qui se les sont appropriés pour créer un nouveau produit, révolutionnaire pour l’époque (1983) : la Famicom ou NES, la première console de jeu Nintendo.

Le gouvernement Hatoyama a donc vite compris son intérêt à soutenir la culture populaire. Car elle poursuit, à son rythme, les mêmes objectifs que lui : l’émancipation par rapport à l’Amérique et l’affirmation du Japon sur la scène internationale.

Mathias Cena

PS: J’accueille exceptionnellement un camarade sur mon blog, mais je reviens très vite. Laureline.

5 commentaires pour “Japon : l’indépendance par le manga”

  1. En tout cas, le musée international du manga de kyoto est bel et bien ouvert depuis 2006 et recense quelques 300 000 mangas !
    http://www.kyotomm.jp/french/

  2. “largement inspirée des dessins animés Disney” : cela ne va pas faire plaisir aux fans de manga. Il faudrait se documenter et les “exemples ne manquent pas” : cherchez du côté du Roi Lion de Disney, vous trouverez qu’il s’agit d’une copie des Américains d’un dessin animé japonais, le Roi Léo.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Roi_Léo

  3. Pour ce qui concerne l’inspiration tirée des dessins animés Disney, je pense que l’auteur fait plutôt allusion au début des longs métrages Disney, avec Blanche neige etc, et plus particulièrement aux techniques utilisées et non au style graphique.

    ps : le musé international du manga de Kyoto est d’ailleurs un très bon musé! Très ouvert sur la bande dessinée des autres pays d’ailleurs 😉

  4. @Thomas
    Tezuka, l’inventeur du manga après 1945, s’est très largement inspiré de Disney pour les grands yeux, et les films d’animation des frères Fleischer.
    Comme le note Dide, la tradition de l’animation au Japon avant Tezuka était dans l’ensemble une copie de Disney, avec les mêmes standards d’animation.
    Bref, que ce soit au niveau technique ou au niveau graphique, les mangas sont dérivés de l’animation américaine. C’est cette parenté cinématographique dans les bandes dessinées qui a créé le “style manga” (puisque, ce qui caractérise le manga, c’est bien moins une unité graphique qu’une narration particulière, et cette narration est issue du cinéma.)

  5. je suis desolé de dire ça!! mai au vas pas au japon pour les mangas si tés un otaku,geek,nolife…fustre le rayon manga a la fnac sa suffit !! moi qui suis rentre du japon juillet 2008 est un 4° est dernier retour a kyoto si tous va bien en 2011 . en france la folie des mangas et ores des realité de la vie de tous les jour au japon, pour moi le japon est un pays qui se mérite et oui au japon au boss 12 heure par jour la derniere foi j’ ai tenu 3 ans est biento un re-mariage encore une japonaise est ma fille 5 ans vie a kyoto si je vous dise tous ce que j’ai vu (oo) est fait! fous meus prendré pour un mito!! j’ai de quoi ecrire un livre la vie en general de tous les jour ect….

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