Vous allez voter pour Batman, Barbapapa ou Spiderman?

Quelque part en France, quelqu’un semble s’être bien amusé comme le signale la page Facebook de The Real Art of Street Art. Je me demande où c’est (Edit: à Brest, quartier de l’Harteloire, nous dit Dimfacion en commentaire) et j’approuve évidemment. A la fois cela change des affiches habituelles, mais c’est surtout un habile détournement comme on les aime. Cela rappelle les posters Lucha Libre qui ont fleuri un peu partout sur les murs de Paris en mars.

Après, les personnages correspondent plus ou moins malheureusement avec l’ordre des candidats, si on compare avec cette photo des panneaux que j’ai piquée au sociologue André Gunthert.

  • Eva Joly en Mickey, ok.
  • Marine Le Pen en Hulk, bof, surtout que Hulk est plus beau.
  • Sarkozy en Bisounours, ça va pas à moins que cela soit ironique.
  • Petit-Bleu et Petit-Jaune pour Mélenchon, pourquoi pas, le PS qui se mélange avec le PC, même si ça plaît pas aux autres, ça se tient.
  • Poutou en Monsieur Parfait, jolie blague.
  • Nathalie Artaud en Kilroy, pourquoi pas aussi. Ce petit personnage est à l’origine un graffiti « Kilroy was here » apparu lors de la bataille de Normandie et devenu célèbre. Kilroy n’a rien fait, mais il était là, bien présent, un peu comme la LCR pour cette élection.
  • Cheminade en Capitaine Haddock, les deux sont allés sur la lune, ou presque, donc ok.
  • Bayrou en Batman, je dis non.
  • Dupont-Aignan en Barbapapa, je dis oui, surtout pour quelqu’un passé par le cabinet de Bayrou, le barbacentriste ultime.
  • Hollande en Spiderman pour terminer. Il me paraît moins souple tout de même que Peter Parker, mais, bon, le candidat PS doit sans doute aimer cette formule:  «un grand pouvoir implique de grandes responsabilités»

Laureline Karaboudjan

 

 

 

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Tintin et l’affaire de la Redoute

Vous connaissez déjà sans doute cette délicieuse histoire d’un homme nu apparu dans les pages du catalogue en ligne de la Redoute (sinon, cliquez absolument ici).Le web français a été assez réactif,  faisant de ce “naked man” un mème. Un tumblr recence notamment les meilleurs.  Je ne résiste pas à poster celui-là,  surtout qu’il résonne avec mon précédent article sur la Bordurie.

 

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Les X-Men débarquent à Moulinsart

Après Astérix et Naruto, le blogueur Yop un mash-up encore plus réussi entre Tintin  et les X-Men.

Le mois dernier, je vous avais signalé le travail de Christopher Lannes, alias Yop, qui a créé sur son blog un joli mash-up entre le Astérix et Naruto. Depuis, le dessinateur a récidivé et, outre une version parodique de Valérian et Laureline qui ne peut me laisser insensible, il nous offre un superbe mélange entre Tintin et les X-Men. Le reporter à la houppette devient le professeur Xavier, Wolverine lance des jurons du capitaine Haddock tandis que le Fauve a des allures de professeur Tournesol. Le tout dans un Institut Xavier qui a de furieux airs de Moulinsart. Jugez-en plutôt avec la première planche :

A l’occasion de son premier mash-up, Christopher Lannes m’expliquait l’intérêt, pour lui, de cet exercice : «Ce qui est intéressant est la re-création : des objets connus en font un nouveau, presque spontanément. Comme je touche à des univers que les gens connaissent plutôt bien et que je les fait se téléscoper, on partage [avec le lecteur] un moment complice de redécouverte, de contraste, de décalage.»

Notez le nom de l’éditeur…

A propos de ce mélange a priori improbable entre les X-Men et Tintin, l’auteur relève qu’il y a plus de points commun qu’on pourrait le penser entre les deux séries : « Le souffle de l’aventure parcourt les deux séries. Tintin va dans l’espace, les X-men aussi. Tintin se frotte aux complots politiques, les X-men aussi. Tintin va dans la jungle, les X-men aussi. Bref, toutes les facettes de la grande aventure sont explorées». Reste une divergence graphique entre la ligne claire naïve d’Hergé et le dessin épique propre aux comics : « Le traitement du mouvement et du cadrage, le choix des couleurs et des lumières, la mise en page, quasiment tout oppose les deux séries. C’est que les américains choisissent souvent la production et la surenchère là où Hergé jouait sur l’économie ». En mélangeant l’univers des X-Men avec le traitement graphique et des dialogues  à la Hergé, Yop réussit encore un mash-up que j’aime beaucoup. Et vous, qu’en pensez-vous ?

Laureline Karaboudjan

Illustration de une: extrait de la couverture de L’affaire Magneto  par Christopher Lannes, DR.

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Astérix rencontre Naruto

Remixer le petit gaulois à la sauce manga, un sacrilège? Non, c’est ce qu’on appelle un mashup, et c’est plutôt réussi.

Des bagarres dantesques où le moindre coup de poing peut envoyer son ennemi voler à plusieurs dizaines de mètres. Des héros aux super-pouvoirs magiques coachés par un vieux sorcier. Des adversaires dont le nombre semble infini, terribles légions des Danaïdes… Dragon Ball Z, Saint Seiya ou autre manga épique du genre? Non: Astérix bien-sûr! Et pourtant… Christopher Lannes a créé sur son blog un mashup très bien fait, et plutôt amusant, d’Astérix redessiné et rescénarisée à la manière du manga d’aventure Naruto. Et cela marche assez bien: on se croirait dans un manga sans non plus avoir l’impression de quitter l’univers de l’intrépide Gaulois.

Le principe du mashup, “faire à la manière de”, est bien connu mais reste toujours diablement efficace quand c’est bien fait. «Ce qui est intéressant est la re-création, juge l’auteur Christopher Lannes. Des objets connus en font un nouveau, presque spontanément. Comme je touche à des univers que les gens connaissent plutôt bien et que je les fait se téléscoper, on partage [avec le lecteur] un moment complice de redécouverte, de contraste, de décalage.» Je n’aurais pas mieux défini l’efficacité de ces parodies.

Lui-même compte bien ne pas s’arrêter à ce premier et en fournir le plus régulièrement possible. Mettre en rapport Astérix et Naruto lui a paru assez naturel. «Le parallèle entre les deux m’est venu au cours de plusieurs discussions sur la BD avec des amis. Les squelettes narratifs des deux séries m’ont semblé assez proches et l’idée m’est venu de les mélanger. Je voulais avant tout voir ce que ça pouvait faire. Et le dessin me paraissait à peu près accessible, même s’il n’est pas parfait», explique-t-il.

Ce mélange BD/manga avec Astérix a d’autant plus de saveur que le dernier album du petit gaulois, Le Ciel lui tombe sur la tête , met justement en scène Astérix avec des personnages issus de mangas. Il rencontrait également des toons et autres super-héros sortis de comics américains. Sauf que là où le mashup de Christopher Lannes est autant un hommage à la BD européenne de son enfance qu’au manga d’aventures, l’album d’Uderzo était une charge réactionnaire contre le succès des BDs venues d’ailleurs. Astérix comme gardien de la tradition face aux envahisseurs japonais et américains… Parfois, six ans après la parution, j’y repense encore dans la rue et je m’arrête pour pleurer tellement c’était mauvais.

Comme il est une figure emblématique de la bande-dessinée, Astérix a fait l’objet d’autres mashup, souvent réduits à une seule illustration. J’ai quelque part un hors-série de Pilote (mâtin, quel journal!) sorti pour les 50 ans du héros gaulois qui en était truffé. Plus récemment est paru un album complet, Astérix et ses amis, reprenant un certain nombre de dessins réalisés par d’autres dessinateurs en hommage à Uderzo. Ci-dessous, quelques uns de mes préférés:

Astérix vu par Baru
Astérix vu par Manara
Astérix vu par Zep

Au mashup répond le caméo, que les amateurs de cinéma connaissent bien. C’est le principe de faire apparaître furtivement, au détour d’une scène ou d’une case, un personnage connu ou l’auteur de l’oeuvre lui-même. Alfred Hitchcock s’était fait une spécialité de faire des caméos dans ses propres films. En BD, son équivalent pourrait être Hergé que l’on retrouve dessiné ça et là, comme figurant, dans la plupart des albums de Tintin. Pour revenir à Uderzo, notons que les Dupondt de Tintin apparaissent au détour d’une case d’Astérix chez les Belges. Et qu’à l’inverse, Hergé fait apparaître Astérix (et Mickey) dans Tintin et les Picaros. Et vous, il y a des mashup ou des caméos de BD qui vous plaisent particulièrement ?

Laureline Karaboudjan

Illustration de une: extrait de Asterix no Desentsu par Christopher Lannes, DR.

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Tout Tintin en une minute

Alors que la sortie du Tintin de Spielberg se rapproche un peu plus chaque jour, voilà une jolie petite vidéo d’un peu plus d’une minute qui résume tous les épisodes de Tintin.

The Adventures of Tintin from James Curran on Vimeo.

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Ce qu’Art Spiegelman dessinait avant de faire Maus

La première case de "Don't Get Around Much Anymore," une BD d'une page d'Art Spiegelman

 

Dans un livre intitulé Metamaus sorti au début du mois aux Etats-Unis et prévu pour janvier en France, le dessinateur Art Spiegelman discute avec Hillary Chute de la genèse de son chef-d’œuvre Maus, qui reste la seule BD à avoir reçu le prix Pullitzer. Voici un extrait exclusif de ces conversations, où Spiegelman parle de l’essence de la BD et décrit une planche qu’il avait réalisée au début de sa carrière et dont il est «extrêmement fier», que vous pouvez lire ci-dessous.

Vous avez insisté sur le fait que la bande dessinée en tant que format ne rime pas forcément avec un bon dessin en soi. A la place, vous parlez de ce que vous appelez «picture writing» («l’écriture d’image»).

Je dirais plutôt que les BD que j’ai le plus de mal à regarder sont celles qui sont les plus illustratives, parce que ce sont celles qui cassent la magie au lieu de la créer. Il y a un sous-genre de BD qui s’appelle fumetti, des BD-photos qui ont été très populaires au Mexique et en Italie, qui ont tendance à ne pas bien fonctionner dans la forme. Les photos ont tendance à contenir trop d’information; c’est très dur de supprimer le superflu. Le travail qui marche le mieux est celui qui déploie l’information de manière visuelle pour vous donner les signaux nécessaires mais pas beaucoup plus. J’adore le gribouillage, et je préfère les dessins faits avec verve qui expriment la personnalité du dessinateur.

La BD est un dessin qui va à l’essentiel. La BD est une forme dépouillée qui permet de schématiser un mouvement narratif. Pour moi, c’est un art de compression qui réduit les évènements narratifs à leurs instants les plus nécessaires. Si vous montrez trois fois la même case, cela représente un laps de temps important. Si vous voulez indiquer ce genre de durée au cinéma, cela prend pas mal de plans atténués pour le faire comprendre.

Pouvez-vous parler un peu plus de vos intérêts formels avant Maus?

Je m’étais intéressé au cinéma d’avant-garde des années 1960, les films non-narratifs de Ken Jacobs, Ernie Gehr et Stan Brakhage sont devenus importants pour moi. Ils m’ont amené à me poser la question: à quel moment des images juxtaposées deviennent-elles une bande dessinée? Et cela m’a amené à réaliser une page en 1973 appelée «Don’t Get Around Much Anymore» (Je ne me ballade plus beaucoup) Elle montre un homme assis dans son salon, et des détails de cette pièce. Les légendes sont des phrases plates et aliénées comme «Le réfrigérateur est vide».

C’est basé sur quelque chose que j’avais écrit quand j’étais déprimé et j’ai décidé d’utiliser ça comme scénario d’une BD même si, ou plutôt parce que, il ne se passe rien. Je voulais savoir ce qu’il se passerait quand rien ne se passe. Rien n’est synchronisé entre les mots et les illustrations, elles ne fonctionnent plus comme des illustrations mais plutôt comme des remorques visuelles qui font bouger votre œil sur la page mais en même temps qui le gardent piégé dessus. C’est sans doute la raison pour laquelle la planche s’appelle «Don’t Get Around Much Anymore», comme le morceau de Duke Ellington.

Il n’y a qu’un moment de mouvement continu sur la page: à travers la fenêtre, vos yeux ricochent entre deux cases pour voir un enfant qui fait rebondir une balle. C’est le seul échappatoire vers la vie et le mouvement physique. C’est une page durement gagnée, dont je reste extrêmement fier. Une tentative de trouver une nouvelle manière d’utiliser ces mots et ces images ensemble pour indiquer la langueur et la dépression intemporelle à laquelle je reste enclin: le sentiment que «Oh, une fois que je m’en suis débarrassé, m’y voilà encore, enfermé, et je ne serai plus jamais autre part.»

"Don't Get Around Much Anymore," une BD d'une page d'Art Spiegelman, 1973.

 

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Vacances alternatives

Ca y est, c’est la rentrée. Vous rentrez chez vous et vous allez devoir impressionner vos amis sur les endroits extraordinaires où vous êtes allé, sur les villes incroyables que vous avez vues. Quitte à mentir d’ailleurs. Les cartes postales uchroniques et fantastiques de l’artiste Matthew Buchholz sont là pour vous. Ces Alternates Histories mettent en scène des paysages” historiques” avec une petite touche de science fiction et/ou de fantasy pour rendre ça un brin plus excitant. Comme le note Ecrans.fr, «Certes, rien de tout cela n’est arrivé. Ce qui n’empêche pas de se demander : et si… ?»

Ce genre de détournements est un classique. L’année dernière l’exposition Peur sur la ville du photo-reporter Patrick Chauvel à la Monnaie de Paris proposait une sélection de photos historiques de la capitale, imaginaires ou réelles.

L’un des derniers exemples à succès en BD est la série Jour J chez Delcourt, à laquelle j’avais consacré une chronique, qui, en s’amusant avec l’histoire, permet quelques illustrations urbaines imaginaires sacrément jolies.

(extrait de la couverture, Jour J, Paris, Secteur soviétique)

(extrait de la couverture, Jour J, Octobre Noir)

Et puis, bien sûr, comment ne pas songer aux délires fantastiques de Tardi dans la série Adèle Blanc-Sec, qui fait, par exemple, surgir un ptérodactyle en plein Paris de la Belle Epoque.

Autant de cartes postales imaginaires qui valent bien plus que toutes celles qu’on peut trouver sur les rayonnages des plagistes. Vous voyez, c’était pas si bien les vacances… Bonne rentrée à tous !

Laureline Karaboudjan

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Si les réseaux sociaux étaient des supers-héros

Le blog américain freestyle interactive s’est amusé à imaginer quels supers-héros seraient les principaux réseaux sociaux. Facebook est The Hulk, grand puissant, mais pas vraiment sympathique. Twitter est Spiderman rapide et agile, Google+ est le mystérieux Surfeur d’Argent, etc…

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“Restons amis Link”

L’illustrateur Zac Gorman rend hommage en BD sur son Tumblr I Draw Nintendo aux personnages de la célèbre maison japonaise de jeux vidéo.  Link, le héros de la série Zelda, y est particulièrement mis à l’honneur.  Je dois avouer que j’ai toujours eu un faible pour lui – à une époque je me suis achetée un ocarina – et le voir de temps en temps devenir personnage de BD me réjouit.

Alors, la nostalgie  me prend, et, au loin, j’entends Epona qui hennit.

« Herbes de l’été.
Des valeureux guerriers
La trace d’un songe. »

Basho.


Laureline Karaboudjan

Illustration: Zac Gorman

 

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Oussama Ben Laden ne pouvait pas lutter


Dans la droite ligne de mon article précédent sur Superman n’aurait pas tué Ben Laden, un détournement amusant de la désormais célèbre photo de la Situation Room avec tous les principaux personnages grimés en Super-héros. On notera que Barack Obama a très logiquement été déguisé en Captain America.

Petit test. Combien arriverez-vous à en reconnaître? J’attends vos réponses dans les commentaires!

D’ailleurs, dans la vraie vie des comics, les supers-héros fonctionnent assez régulièrement en groupe, comme les X-men:

Watchmen (ici les Minutemen, qui ont préfiguré dans les années 1940 les futurs Gardiens):

Dragon Ball Z chez les Japonais:

La Situation Room est elle devenue un meme, The Atlantic en a recensé une bonne collection:

 

PS:  pour la première photo, vue sur Twitter grâce à @HenryMichel.

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