Enfin des nouvelles de Todd Field !

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Le réalisateur revient enfin, six ans après le magnifique Little Children, avec deux nouveaux projets. Prévu pour 2014, The Creed of Violence est enfin sur les rails depuis que Christian Bale a été confirmé pour le rôle principal. L’histoire se déroule en 1910 au Texas et suit Rawbone, un criminel, qui après un accord avec des agents du gouvernement, accepte d’acheminer les armes qu’il a volées vers le Mexique. L’agent Lourdes sera son gardien. Mais Lourdes sait une chose que Rawbone ignore : l’agent est le fils du dangereux criminel.
De manière parallèle, Field a le projet d’écrire avec l’écrivaine Joan Didion un thriller politique intitulé As It Happens. L’écrivaine est notamment connue au cinéma pour son scénario de Panique à Needle Park. Espérons que Field sera également le réalisateur de ce projet alléchant !
Kelly Reichardt aligne un casting alléchant
Le prochain film de notre réalisatrice indépendante préférée s’intitule Night Moves et raconte l’histoire de trois éco-terroristes planifiant l’explosion d’une digue. Peter Sarsgaard (Jarhead) sera le fabriquant de la bombe, Jesse Eisenberg (The Social Network) le leader du groupe et Dakota Fanning (The Runaways) une riche jeune femme qui finance le groupe. Après trois chefs-d’œuvre (Old Joy, Wendy & Lucy et Meek’s Cutoff) inutile de souligner que nous sommes très enthousiastes.



Justin Theroux dirige Steve Carell et Will Ferrell
L’acteur-scénariste-réalisateur-producteur réalisera Swear To God, une comédie avec les deux grands acteurs comiques de la décennie, Will Ferrell et Steve Carell. Justin Theroux avait notamment écrit le scénario de Tropic Thunder et devrait réaliser la suite de Zoolander.
Mauvaise nouvelle pour Gatsby ?
Difficile de ne pas s’alarmer après l’annonce du report de la sortie de Gatsby le Magnifique. Le film de Baz Luhrmmann, qui était prévu pour Noël, n’arrivera qu’à l’été 2013. Pourtant, Luhrmann a un casting bien solide : DiCaprio, Carey Mulligan et Tobey Maguire… Mais après avoir vu la bande-annonce on s’était déjà fortement inquiété… Et la 3D ne fait qu’ajouter à nos angoisses !

En bref : Le cinéma a perdu un réalisateur cette semaine puisque Mel Stuart (Willy Wonka and the Chocolate Factory) est mort à 83 ans. Sean Penn revient à la réalisation avec l’adaptation de Crazy for the Storm de Norman Ollestad. Saoirse Ronan sera Mary Queen of Scots dans un film qui n’a pour l’instant pas de réalisateur. Keira Knightley sera la femme de Jack Ryan (Chris Pine) dans le film de Kenneth Brannagh.
Viddy Well!
E.C
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Attention, *SPOILERS* (mais qui donnent quand même envie d’aller voir le film…)
Sorti en Grande Bretagne en septembre 2011, le film nous parvient enfin en France…
«Encore une adaptation de Jane Eyre ?!» Et oui… Mais ne vous méprenez pas, même si la coiffure de Jane demeure inchangée au fil des adaptations, le traitement de celle-ci diffère des précédentes.
La scénariste.
Dramaturge britannique, Moira Buffini a commencé par le théâtre avec l’écriture de dix pièces. Jane Eyre est son premier scénario, mais pas sa première adaptation. Depuis, elle a écrit Tamara Drewe de Stephen Frears, sorti avant Jane Eyre en France, mais écrit après chronologiquement.
Tous deux salués par la critique, le scénario de Jane Eyre a été complètement ignoré aux Oscars. Le film n’a d’ailleurs été nominé que dans la catégorie de «Meilleurs costumes», subissant le même sort que Bright Star de Jane Campion l’année précédente. Une manie qui récidive : le period drama n’est nominé que pour la beauté de ses costumes d’époque…
Malgré des changements effectués par rapport au scénario initial et une réalisation qui ne lui rend pas toujours hommage, la clé de voûte du film, l’originalité de sa structure, reste la même.
Alors étudions cet objet curieux qu’est une adaptation réussie.
Restructuration de l’oeuvre d’Emilie Brönte
Le défaut de bien des adapations de Jane Eyre est leur narration linéaire, calquée sur celle du roman de Brontë : l’enfance de Jane Eyre, sa vie au domaine de Rochester, sa fuite et la rencontre avec St John, puis son retour.
Passage obscur de l’oeuvre de Brontë, l’errance de Jane apparaît dans le roman comme une parenthèse dans la narration, le récit semble entrer dans une sorte de non-temps/non-lieu. Une partie à mon sens (et d’après un petit sondage auprès d’autres lecteurs) qui semble tout de même bien longue… Le rythme est soudainement cassé, ce qui au cinéma, devient encore plus flagrant, d’autant plus qu’il a été précédé de rebondissements majeurs dans l’histoire : Miss Ingram n’est plus une entrave au bonheur de Jane, Jane se marie presque, le mariage est annulé et le secret de Rochester exposé. Une accélération dans le rythme des révélations qui se freine brusquement lorsque Jane fuit et entame une nouvelle vie.

Le retour du flashback
L’originalité de cette adaptation réside essentiellement dans la restructuration narrative de l’histoire. Dans cette adaptation, Moira Buffini éclate le schéma classique et linéaire du roman pour lui donner une structure cinématographique et visuellement plus dynamique.
Au lieu d’ouvrir sur l’enfance du personnage principal, Moira Buffini commence par l’errance de Jane et sa rencontre avec St John (la partie finale du roman) en l’utilisant comme réalité temporelle du film. Cette partie devient alors le présent de l’histoire, coupé par des flashbacks.
Les deux premières parties du roman, son enfance puis la rencontre avec Rochester, deviennent le passé de Jane. Le coeur du récit est un flashback entre-coupé de présents. Ces extraits de présent deviennent presque des flashfoward, des projections formant une réalité vague et incertaine. Ce constant va-et vient dans la temporalité traduit le sentiment du personnage principal : où qu’elle aille, le souvenir de Rochester la hante, son passé vit dans le présent. Si bien que les scènes de présent semblent être celles qui sont contre-nature, irréelles presque – Jane poursuit sa vie sans la vivre vraiment, le poid de son passé l’emporte. Plus l’histoire avance, plus le présent de Jane Eyre s’esquisse, entre rêve, réalité, projections et attentes, jusqu’à ce qu’enfin, le présent rejoigne le noyau de son passé : Jane retourne vers Rochester.
Le flashback n’est plus purement informatif, cliché ou facilité scénaristique bien souvent exploitée, il structure ici l’histoire. Cette distanciation du roman se révèle plus fidèle au livre puisqu’elle en garde les enjeux tout en lui donnant une nouvelle forme et accroit également l’émotion vers la fin du film.
Indications de mise en scène dans le scénario
Ce qui semble être une composition travaillée au niveau du cadrage et de la mise en scène, se trouve en réalité déjà indiquée dans le scénario. Jane Eyre est souvent décrite comme étant amorcée, avec beaucoup de plan de dos, de profils, de reflets, un grand nombre d’encadrements sont déjà notés, renforçant l’idée de Jane prisonnière de la demeure et de son lien avec Rochester.
Influences littéraires
Tout comme l’oeuvre de Brontë est inspirée de références littéraires entre Romantisme et Gothique, Moira Buffini emprunte à ce passé littéraire pour affirmer l’atmosphère du film. Le décor, la partie d’errance sur la lande n’est pas sans rappeler Les Hauts de Hurlevent. Le travail sur le son, les voix fantomatiques, le souffle du vent, évoque un univers commun aux soeurs Brönte. Jane Eyre gouvernante, l’importance de la maison, les plans sur les fenêtres font penser au Tour d’Ecrou, de Henry James, ou à son excellente adaptation de Jack Clayton, Les Innocents.
L’influence du gothique est fondamentale dans le roman de Brontë, or elle est souvent minimisée ou omise par la plupart des adaptations qui font passer le romantisme de l’histoire avant tout. Cette adaptation est sans doute la plus sombre de toutes, et le scénario l’était encore plus. Un grand nombre d’éléments ont malheureusement été supprimés.
Ce qui est passé à la trappe : du scénario au film
Leitmotive : marque gothique par excellence, l’apparition récurrente d’insectes dans l’histoire (pensons par exemple aux mouches que gobe ce fou de Renfield dans Dracula chez Bram Stoker) est également présente dans le scénario. Jane aperçoit un lézard lorsqu’elle erre sur la lande, puis le motif de la mouche comme signe de mauvais présage ou de noirceur de la scène revient également tout au long du scénario. Eléments dérangeants totalement absents du roman de Brontë, ce sont des inventions scénaristiques qui rappellent l’univers duquel le film est issu. Ces éléments n’ont cependant pas survécu au montage final (ou n’ont pas été tournés?). Seule la mouche apparaît lors de la scène de révélation du secret – tel un signe de putréfaction du mariage impossible entre Jane et Rochester. L’inquiétante étrangeté de la demeure jusqu’à lors familière pour Jane et qui devient monstrueuse, survient lorsqu’elle découvre la vérité sur certains de ses habitants.
Pourquoi ne pas avoir gardé ces ajouts ? Ont-ils eu peur que le public ne comprenne pas ce que font des insectes chez Brontë ?
Passons. Dans le scénario, la présence de la seule amie d’enfance de Jane est beaucoup plus importante. Jane rêve d’Helen lorsqu’elle est perdue, son apparition fantomatique intervient au début. Tel un ange gardien, le souvenir d’Helen accompagne Jane. Jane prie également dans le scénario mais jamais dans le film. La dimension religieuse en est extraite, tout comme le thème de vie et de mort si fort dans la littérature romantique et qui se trouve ici amoindri.
Nos regrets
– L’absence de Grace Poole : mais où est donc passé ce personnage mysérieux qui semble pousser des cris d’outre-tombe dans la nuit, que l’on soupçonne d’être folle dans le roman et capable de meurtre ? Elle qui sème le doute chez le lecteur, n’apparaît ici qu’une fois vers la fin, comme si l’histoire de Jane Eyre était tellement connue de tous que plus personne ne pouvait être induit en erreur par ce personnage inquiétant. Et ceux qui n’ont jamais lu ou vu Jane Eyre ? Ne méritent-ils pas eux aussi d’être angoissés par Grace Poole ?
– Les cheveux d’Helen. Cette pieuse amie de Jane subit la pire des injustices à l’orphelinat dans le roman. Helen a des cheveux magnifiques : ce que la nature lui a donné, le directeur de Lowell School lui reprend. «Vanité !» s’exclame le cruel homme dans le roman. Les cheveux d’Helen sont coupés. Un souvenir qui reste gravé en Jane et qui hante son personnage décrit comme étant quelconque. Helen représente la beauté simple et naturelle et s’oppose au personnage de Miss Ingram, de sa noblesse toute aprêtée et qui menace d’épouser Rochester… À l’inverse de certaines scènes du film, dans le scénario, les cheveux d’Helen ne sont jamais coupés.
Le dernier scénario de Moira Buffini s’intitule Byzantium, un thriller fantastique adapté d’une de ses pièces et réalisé par Neil Jordan, avec Sam Riley (Sur la Route) et Gemma Arterton (Tamara Drewe).
Viddy Well,
E.D.
lire le billetEntertainment Weekly just released the first picture of Steven Spielberg’s next film Lincoln, which will be released on November 9th in the US.
Daniel Day Lewis will be just in time to rightfully drink everyone’s milkshake at the next round of Oscars!
Based on the besteller «Team of Rivals», written by Pulitzer prize winner Doris Kearns Goodwin, the screenplay was written by Tony Kushner (Angels in America, Munich).
The story centers on the political struggle that lead to the end of the Civil War, and from this first glimpse of Mr. Lewis’ profile, this is looking good indeed…
Other members of the cast include Sally Field, Tommy Lee Jones, Joseph Gordon-Levitt, Hal Holbrook, James Spader, John Hawkes, Tim Blake Nelson, Bruce McGill, Joseph Cross, David Costabile, Byron Jennings, Dakin Matthews, Boris McGiver, Gloria Reuben, Jeremy Strong, David Warshofsky, David Strathairn, Walton Goggins, Lee Pace, Jackie Earle Haley, David Oyelowo and Jared Harris.
Viddy Well,
E.D.
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En sortant de Laurence Anyways, on s’est réjoui de l’excellente interprétation de Melvil Poupaud en homme qui veut devenir femme. Avant de subir une transformation complète (autrement dit, une opération), Laurence commence par s’habiller et se maquiller encore plus que sa petite amie Fred (Suzanne Clément). Le héros du film de Xavier Dolan devient ainsi une femme tout à fait charmante. Laurence n’est pas le premier personnage de cinéma à réussir la métamorphose avec autant de succès ! Voici les travestis fictionnels que Viddy affectionne tout particulièrement.
1. Les plus drôles : Sans hésiter, les plus délicieuses sont Josephine et Geraldine (alias Joe et Gerry) dans Certains l’aiment chaud (Billy Wilder, 1959). Voir Tony Curtis se transformer en femme fatale et Jack Lemmon se dandiner devant des milliardaires du troisième âge est fort réjouissant. La comédie atteint son pic lorsque Geraldine oublie qu’elle est Jerry et projette d’épouser son milliardaire. Afin d’éviter la catastrophe, Geraldine-Jerry pratique l’auto-persuasion provoquant l’hilarité du public avec sa fameuse tirade : « I’m a boy. I’m a boy. I wish I were dead. I’m a boy. Boy, oh boy, am I a boy. » Wilder ne se moque pas de la féminité de ses héros, au contraire il l’exalte et rappelle que l’amour entre personnes du même sexe, déguisées ou non, est possible puisque « personne n’est parfait ! »
2. Le plus créatif : Ed Wood (Johnny Depp) est un homme qui aime les femmes mais qui se sent davantage lui-même lorsqu’il porte une perruque blonde et le pull angora de sa compagne. Le film de Tim Burton (1994) retrace le début de la carrière de ce cinéaste, sacré pire réalisateur de tous les temps, dont le premier long-métrage – Glenn or Glenda – posait justement la question du travestissement. Le plus beau moment du film vient quand la petite amie d’Ed Wood jouée par Patricia Arquette accepte en toute simplicité la révélation qu’il vient de lui faire.
3. Le plus légendaire : Norman Bates (Anthony Perkins) se déguise en sa maman pour tuer des jeunes filles dans son motel… Là, on sort du ludique et du divertissant pour tomber dans la perversion. Un poil rétrograde, diront les fâcheux : faut-il comprendre qu’un travesti est un fou dangereux ? Mais Alfred Hitchcock réussit avec Psychose (1960) un chef d’œuvre d’horreur et fait de son anti-héros, l’un des plus grands méchants de l’histoire du cinéma.
4. Le plus séduisant : Bon Bon (Johnny Depp) dans Avant la nuit (2000) de Julian Schnabel. Le plus grand caméléon du cinéma se transforme dans d’autres films que ceux de Tim Burton ! L’acteur vole la vedette à Javier Bardem grâce à sa double interprétation du travesti et du Lieutenant Victor. Faire jouer les deux rôles par le même acteur était un choix risqué mais sensé puisqu’il permet à Schnabel de représenter avec un seul corps à la fois la beauté et la destruction. Pari réussi : Johnny Depp livre une des plus belles interprétations de sa carrière. Ajoutons que Bon Bon est aussi belle que Johnny Depp est beau.
5. Le plus inquiétant : Trelkovsky (Roman Polanski), le nouveau Locataire (Roman Polanski, 1976) finit par céder au harcèlement de ses voisins qui veulent le persuader qu’il ne fait qu’un avec la précédente locataire, Simon Choulle, pourtant suicidée. Dans une scène terrifiante à l’atmosphère oppressante, Trelkovsky s’habille en Simone, applique du vernis sur ses ongles et se maquille. Mêlant humour et noirceur comme à son habitude, Polanski épate lors de cette transformation inquiétante…
6. Le plus tragique : Àngel-Juan-Zahara (Gael Garcia Bernal) dans La Mauvaise Education (Pedro Almodovar, 2004). C’est LE film qui a révélé Gael Garcia Bernal au grand public. Thème exploré dans beaucoup des films du cinéaste espagnol (Tout sur ma mère, La piel que habito…), la frontière entre masculinité et féminité se retrouve brouillée à travers le personnage de Bernal. Une splendide femme fatale sur fond de film noir.
7. Le plus attachant : Lorsque Michael Dorsey (Dustin Hoffman) devient Dorothy Michaels dans Tootsie (Sydney Pollack, 1982) il ne soupçonne guère que devenir une femme fera de lui un homme meilleur. Dustin Hoffman rend cette Tootsie si attachante que l’on regrette presque qu’il délaisse sa robe et ses lunettes à la fin du film !
8. Le plus dérangeant : Martin von Essenbeck (Helmut Berger) dans Les Damnés de Luchino Visconti. Quelle entrée fracassante pour un jeune premier ! C’est en effet dans ce chef d’œuvre de Visconti que Helmut Berger débuta sa carrière. Sa première apparition à l’écran se fait sous la forme d’un show musical, mis en scène et interprété par Martin von Essenbeck, futur Nazi, ici déguisé en Marlene Dietrich.
9. Le plus romantique : au temps de Shakespeare n’étaient autorisés à jouer sur scène que les hommes. Afin d’interpréter les grandes héroïnes tragiques, les acteurs devaient donc se travestir en femmes. C’est là le sujet de Stage Beauty (Richard Eyre, 2004) dans lequel Ned (Billy Crudup), un acteur, connu pour son interprétation de Desdémone, a bien du mal à se détacher de son double féminin. Un film peu connu qui vaut le détour.
10. Le plus décalé : Henri Rochard (Cary Grant) dans Allez coucher ailleurs de Howard Hawks. Voir Cary Grant, symbole de la séduction masculine en perruque et talon, ne peut que nous réjouir ! Quoique un peu ratée, cette comédie trouve son intérêt dans le travestissement de sa star. Cary Grant se montre irrésistiblement décalé et bien peu à l’aise en talons hauts.
Viddy Well !
E.C
lire le billetEn mai 2012, une peinture de 1511 a fait un mini buzz sur internet. Un étudiant d’Harvard en vacances à Rome avec sa famille a remarqué une curieuse ressemblance sur une fresque de Raphäel qui se trouve au Vatican : à côte du Pape Gregory IX, un des cardinal semble être le sosie de Sylvester Stallone.
Photo de l’acteur à l’appui, la fresque a fait le tour du site Reddit en une nuit et s’est retrouvée dans la presse le lendemain.
Certains allumés des théories abracadabrantes y ont vu plus qu’une simple coïncidence ; il s’agirait là de la preuve de l’existence du clonage à travers les siècles par la descendance des Illuminati. Un complot qui aurait pour but d’inflitrer les hautes sphères du pouvoir au fil des générations… Politiciens, stars d’Hollywood, il existerait au cours de l’histoire des «Doppelgänger» (des sosies), aux caractéristiques plus ou moins surnaturelles. Vous avez peut-être entendu parler il y quelques temps de cette fameuse photo d’un homme aux traits semblables à ceux de Nicolas Cage, datant de 1870. La photo fut mise en vente sur ebay pour la modique somme de 1 million de dollars, car selon le vendeur, elle prouverait un fait irréfutable : Nicolas Cage est un vampire.
Nous restons sceptiques à Viddy Well… et pourtant, Illuminati à part, on ne peut s’empêcher de se demander si nos morphologies sont cycliques. Les gênes de l’humanité convergeraient-il vers un même visage à plusieurs moment de l’histoire telle une lotterie génétique géante et universelle ? Quelles sont les probabilités que cela se produise ? Notre visage a-t-il déjà existé ? Existera-t-il à nouveau un jour ? Etant dans l’incapacité d’apporter ne serait-ce qu’un début de réponse à ces interrogations, je ne peux que constater les faits : il n’est pas rare de voir une peinture ou une sculpture ressembler à un vieil oncle éloigné. La coïncidence devient d’autant plus flagrante lorsque ces personnages rappellent des célébrités du grand écran. En voici un exemple, l’acteur Jack Black ressemble à deux gouttes d’eaux à l’orfèvre Américain Paul Revere (18ème siècle).
C’est donc avec un peu de fierté que nous apportons notre contribution à l’édifice de la vérité aux mille visages… Après avoir écumé les musées de plusieurs villes du monde, *SCOOP*, nous avons découvert deux nouveaux Doppelgänger.
Récemment Viddy Well est parti à Vienne sur les traces de Sissi l’Impératrice (voir articles précédents), et telle ne fut pas notre surprise de voir un parent éloigné de Vincent Cassel au Musée des Beaux Arts : un certain Giacomo de Cachiopin, peint par Anthony Van Dyck.
Et enfin… En me promenant au Grand Palais, cette peinture de Gustave Courbet m’a interpelée. Son visage familier… ce regard. Je l’avais déjà vu furtivement quelque part. Et puis j’ai su.
Nous avons également aperçu un nu de Denis Podalydès dans un dessin de Edgar Degas à l’exposition récente sur le peintre au Musée d’Orsay, mais nous n’avons pas de preuve à l’appui pour l’instant… nous continuons nos recherches. Affaire à suivre…
Viddy Well,
E.D.
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ATTENTION CET ARTICLE CONTIENT DES SPOILERS !
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Le problème quand on sort de The Dark Knight Rises c’est qu’on est partagé entre la déception et l’émotion. Déception forcément, puisque le premier réflexe est celui de comparer le film au deuxième volet de la trilogie, chef d’œuvre du genre. The Dark Knight bénéficiait de deux atouts majeurs : c’était le premier film de Nolan sur le terrorisme d’aujourd’hui, sur la guerre contre un Mal que l’on ne sait identifier. Nolan y déployait tout son savoir-faire esthétique, montrant une ville dévorée par les ténèbres au cœur de laquelle sillonne un chevalier noir, justicier masqué, luttant seul contre tous pour la survie de sa ville. Le second facteur avait été celui du hasard génial d’avoir choisi Heath Ledger pour incarner le Joker. Animé par un plaisir du jeu évident et lumineux, Ledger fit de son Joker l’incarnation d’un Mal sans nom, sans raison, et sans commune mesure. Talent et hasard firent donc de The Dark Knight un film extraordinaire, une légende même, de ce fait bien difficile à surpasser.
Le problème majeur de The Dark Knight Rises est avant tout scénaristique. Une intrigue plutôt simpliste, des retournements prévisibles, des personnages esquissés… Tom Hardy, quoique acteur très respectable, n’arrive pas à la cheville de la performance de Ledger. Le visage dévoré par un masque, l’acteur en est donc privé pour exprimer ses émotions. Là où Hardy trouve un obstacle, d’autres y trouvaient leur génie ! Souvenons-nous de l’éclatante performance d’Edward Norton dans Kingdom of Heaven, où grâce à sa seule voix, l’acteur parvenait à éclipser le reste du casting ! Ici, c’est la voix justement qui bride un abandon du spectateur au personnage. Incompréhensible lors des premiers teasers, la voix de l’acteur a été à nouveau modifiée pour la sortie du film en salles. Mais l’on continue à lutter pour comprendre le discours de Bane (bien simpliste pourtant), et cette voix fabriquée nuit à l’incarnation de cette nouvelle figure du Mal. Alors que la force du Joker résidait dans l’absence de psychologie (d’où vient ce sourire de l’Enfer, on ne le saura jamais), agité par un désir de chaos terrifiant car inexplicable, Bane en revanche est mû par des sentiments trop communs, trop explicatifs, pour pouvoir fasciner. Ce Goliath au masque de fer est bien moins terrifiant que le David de Ledger, petite créature tordue et sautillante. Quant au personnage de Miranda Tate, faiblement interprété par Marion Cotillard (mais d’où vient cet accent ? Ses allées et venues entre anglais et américain, il faudrait qu’elle se décide…), les révélations la concernant sont trop attendues pour émouvoir. Et la dernière scène de l’actrice restera comme l’une des plus ridicules d’une trilogie pourtant de haut niveau.
Passées ces critiques, venons-en au plaisir majeur de ce film qui vient d’un casting éclatant. Anne Hathaway en Selina Kyle est une très bonne surprise, Nolan ayant eu l’intelligence de faire de cette femme-chat un être diamétralement opposé à la merveilleuse Catwoman de Michelle Pfeiffer. Il est bien plaisant d’ailleurs de voir Batman et Kyle travailler côte à côte ! Joseph Gordon-Levitt, que l’on aimerait voir plus souvent, apporte une force de caractère et une intelligence de jeu prodigieuses à son personnage. Et notre héros, Christian Bale, séduisant à souhait, livre enfin dans ce troisième opus la totalité de son talent. Bale fait partie de cette rare espèce d’acteurs (façon Day-Lewis) qui allie force et grâce, espièglerie et noirceur, avec une facilité déconcertante. Ce qui émeut le plus chez lui, c’est de retrouver par instants son visage d’enfant innocent. Bale révèle ainsi les blessures de son Bruce Wayne, un être poursuivi par le chagrin et la mort.
L’émotion surgit bien sûr de ce thème. D’un être qui rêve d’innocence et de victoire sur le Mal, et qui ne cesse d’être rattrapé par la tragédie : la mort prématurée de Ledger, puis le massacre d’Aurora. Une émotion qu’on a du mal à contenir lorsque se révèle le réel sujet du film. Une fois de plus, Nolan parle du chaos, de la violence humaine, et de la terreur. Le cinéaste livre une œuvre hantée par le spectre du 11 septembre : drapeaux américains déchiquetés flottant au vent, immeubles en flammes, policiers prisonniers de décombres, ville dévorée par la fumée de ses propres cendres. Gotham et New York ne font plus qu’une. Bane est suivi par des adeptes à la foi aveugle, qui n’hésitent pas à mourir pour lui. Anarchiste convaincu, ce colosse veut « rendre la ville à ses habitants ». Alors, le propos de Nolan surgit. Divisée par une crise financière majeure, la ville se retourne contre elle-même. Les riches deviennent l’ennemi à abattre, on les traîne dans la rue, on les frappe, on les juge. Tout ordre, toute justice a disparu. Ce que Bane lâche dans la ville c’est la violence de l’homme. Dans une citation magnifique du Procès d’Orson Welles, on voit un juge (le génial Cillian Murphy), lui-même coupable de crimes (il était l’épouvantail de Batman Begins), condamner des gens à mourir pour le simple plaisir du spectacle : les condamnés doivent marcher sur l’eau gelée, la chute et la noyade étant inévitables.
La violence de l’homme. Voilà le sujet qui préoccupe Nolan. Lui, qui a fait de ce Batman une trilogie sur la terreur, mais qui ne cesse de rêver encore et toujours qu’un chevalier noir viendra un jour les sauver de cette noirceur rampante. Comme l’homme chauve-souris le dit lui-même à Jim Gordon : « un héros peut-être n’importe qui. Même un homme faisant une chose aussi simple que de mettre un manteau autour d’un petit garçon pour lui montrer que le monde ne s’est pas écroulé. » Christopher Nolan a fait du cinéma sa maison, en espérant peut-être qu’en nous procurant quelques heures d’évasion, il pourrait nous redonner, ainsi qu’à lui-même, de l’espoir en l’humanité. Après de nombreux malheurs, son Bruce Wayne obtient son happy-end. Espérons que Nolan aura aussi le sien.
Viddy Well.
E.C
lire le billetLe cavalier sans tête est de retour…
Fox a annoncé la production du pilote d’une nouvelle série : Sleepy Hollow sera peut-être remis au goût du jour dans une version contemporaine du thriller fantastique inspiré de la nouvelle de Washington Irving de 1820. Au placard les chapeaux haut-de-forme et les manteaux longs. Cette adaptation semblerait suivre l’idée originale de Tim Burton où le personnage principal enquête sur une série de meurtres dans un petit village (dans la nouvelle, il s’agit d’un maître d’école). Ichabod Crane est ici un agent du FBI qui travaille en collaboration avec la femme sheriff de Sleepy Hollow, où sévit une lutte implacable entre «le bien et le mal». Déjà vu? Allez hop, on prend un peu de Dale Cooper de Twin Peaks, on rajoute Frances McDormand de Fargo, on mélange le tout avec un zest de Tim Burton… et on attend quelques mois pour voir ce que ça donne.
Au scénario : Alex Kurtzman at Roberto Ocro (Fringe, Star Trek, Transformers…) qui ont pitché le projet aux studios, et Philip Iscove (Underworld).
Quant au casting, qui remplacera l’irremplaçable Johnny Depp en Ichabod Crane ? Suspense…
Jonathan Rhys Meyers dans Dracula
NBC a annoncé la création d’une première saison en 10 épisodes. La star des Tudors aura le premier rôle de cette série inspirée du roman de Bram Stocker et dont le tournage commencera plus tard dans l’année. Il s’agit d’une co-poduction avec la maison de production britannique Carnival Films & Television à qui l’on doit l’excellent Downton Abbey.
L’humour de The Office dans la nouvelle série Hello Ladies
Stephen Merchant, collaborateur de Ricky Gervais sur The Office et Extras, aura sa propre série sur HBO où il jouera le rôle d’un Anglais un peu desespéré qui part à Los Angeles pour rencontrer la femme de ses rêves. Pour ce faire, il tente d’infiltrer le monde du glamour…
Le Festival du Film de Toronto a annoncé sa sélection
En ouverture du festival cette année, le film de Ryan Johnson Looper, un thriller/science-fiction avec Bruce Willis et Joseph Gordon Levitt. Parmis les films en avant-première :
Le plus américain des cinémas français s’exporte en Chine
EuropaCorp, vient de signer un contrat de trois ans avec Fundamental Films, un des plus grands distributeurs en Chine où les derniers films produits par la société de Luc Besson ont connu un succès commercial certain.
Viddy Well!
E.D.
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COSTUMES ET DECORS : du réel au conte de fées.
(par E.D.)
L’aventure Sissi continue… Retour sur les décors et costumes de la trilogie. Réalité ou fiction : « où s’arrêtent les cheveux de Romy Schneider et où commence la perruque ? Ce chapeau à poils verts que porte l’empereur est-il une fantaisie visuelle ou historiquement correct ? Mais où se passe cette scène ?» Voilà autant de questions auxquelles nous avons tenté de répondre lors de cette escapade à Vienne.
C’est sous une pluie battante que Viddy Well s’est rendu à la Hofburg au coeur de Vienne où se trouve le Musée de Sissi. Pour accéder aux appartements impériaux, il faut d’abord passer par une installation sombre et claustrophobique : le musée dédié à l’Impératrice d’Autriche. Bravant une horde de touristes, l’audio-guide collé à l’oreille (nous y compris) et agglutinés devant les objets ayant appartenu à la célèbre Sissi, nous tentons une percée vers les spacieux appartements où la famille impériale résidait l’hiver. Là encore sont exposés portraits de l’Impératrice et robes à lourdes traînes conservées comme des reliques sous des cloches de verre. Interdiction de prendre des photos à l’intérieur, même sans flash, sous peine d’entendre un «Verboten!» ; il faudra donc me croire sur parole. Des phrases écrites par l’Impératrice parcourent les murs du musées, évoquant son désir de liberté. Nous sommes loin de la jeune Sissi du film ; légèrement contrariée de passer si peu de temps avec son mari, la vraie Sissi semble bien plus mélancolique. La robe de celle que l’on appelait «La Dame en Noir» est d’ailleurs exposée dans la partie la plus sombre du musée – dans le film, cette robe noire apparait dans le deuxième volet, lorsqu’elle voyage ou lors des missions qui lui sont attitrées en tant que figure impériale. Elle survient pour la première fois lorsque les rapports entre l’Impératrice et sa belle-mère se compliquent et que son enfant lui est enlevé. L’authentique Sissi se révèle lorsqu’elle n’est pas sous les contraintes de la cour, ce qui est retranscrit par le choix des costumes : tenues traditionnelles pour des mouvements plus libres en Bavière, robes à carcan à la cour…
À Hofburg ou dans le palais de Schönbrunn, son apparât est tout autre. Vêtue de riches couleurs ou d’un blanc éclatant, Sissi dénote toujours par ce qu’elle porte et contraste avec son entourage. Elle occupe souvent une position centrale dans ces décors somptueux et les personnages de la cour qui l’encadrent constamment servent de faire-valoirs visuels avec des robes moins élaborées ou aux couleurs plus ternes. Seule la belle-mère, l’antagoniste impériale, arbore un bleu royal éclatant.
Si le film passe sous silence les drames de l’histoire, il expose visuellement certaines contraintes subies par l’Impératrice. Rarement seule à l’écran, Sissi est constamment accompagnée par des femmes de la cour et dans les pièces les plus spacieuses de Shönbrunn. Le décor, toujours mis en valeur, tente de rétablir la grandeur de l’Autriche… En réalité, Sissi aimait s’isoler principalement dans deux des plus petites pièces du palais, une pour la lecture, l’autre pour sa toilette où elle passait des heures à s’occuper de sa longue chevelure. Détail qui n’échappe pas dans le film ; qu’elle parte à la pêche, au galop à travers les vallées d’Autriche dans les scènes de chasse, ou quasi-mourante et clouée au lit pendant des mois, Sissi est un peu le James Bond de l’Autriche : elle n’est jamais décoiffée. Sa robe non plus, n’est jamais froissée. Une beauté naturelle, sans effort : son seul rituel de beauté dans le film est de se brosser les cheveux. Au musée de Sissi sont exposés les ornements de sa coiffure que l’on retrouve dans un portrait de l’Impératrice et dans le film :
Les nombreux portraits de la Hofburg et de Schönbrunn ont clairement servi d’inspiration pour les costumes du film ainsi que pour la place qu’occupent les acteurs dans le cadre. Un grand nombre de plans ressemblent à de véritables tableaux. Les uniformes de la garde impériale sont les premiers exposés à Schönbrunn. De même, le casque de l’empereur à plumes vertes, son uniforme que l’on retrouve sur un grand nombre de représentations de l’héritier, tout semble repris de manière fidèle dans le film.
Le bureau de l’Empereur est ici d’un blanc et doré lumineux digne des pièces les plus spacieuses de Schönbrunn. L’Empereur est surcadré ; entre la verticalité des tableaux, des encadrements des fenêtres, des trois chaises au premier plan qui entourent l’acteur de velours rouge alors qu’il s’applique à accomplir ses tâches administratives, tout est fait pour louer l’empire.
La réalité, bien moins filmogénique, n’aurait pas eu le même impact : le bureau de l’Empereur était visuellement chargé de meubles et de boiseries sombres, placé sur le côté de la pièce, en retrait, à l’opposé de la position centrale qu’il occupe dans le film.
Quant aux plans d’extérieur du palais, on les retrouve essentiellement au début du deuxième volet, suite au mariage de Sissi. Une ouverture à la hauteur de la gloire du nouveau couple impérial, avec des plans fronteaux de Schönbrunn, faisant là encore office de tableaux. Le soucis de ressemblance avec les commandes de portraits que l’on trouve dans le palais est si frappant que les intentions du film deviennent évidentes… l’espace de quelques heures, la fiction souhaite réécrire l’histoire et la transformer en véritable conte de fées.
Malgré cette expédition à travers l’histoire et les nombreux décors, le mythe Sissi reste toujours intact : nous ne savons toujours pas si Romy Scheinder portait ou non une perruque, surtout dans le troisième film.
Viddy Well,
E.D.
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Dans un grand moment nostalgique, Viddy a décidé de partir en vacances sur les traces d’une de ses héroïnes d’enfance : Sissi. Viddy Well est donc allé à Vienne pour découvrir l’histoire de la fameuse impératrice à la chevelure de princesse. Voici donc la première partie du récit de nos découvertes…
SUR LES TRACES DE SISSI : DU CONTE DE FÉES AU RÉEL…
par E.C
Pour toutes les petites filles qui aiment les contes de fées, Sissi est le film rêvé : une vraie princesse, Elisabeth l’Impératrice d’Autriche ; un château merveilleux, celui de Schönbrunn ; et surtout une actrice à la beauté légendaire, Romy Schneider. Enfant, on se laisse donc emporter par l’histoire romanesque de Franz et Sissi et leur amour indestructible, qui parvient à vaincre la plus malveillante des belles-mères, la maladie et jusqu’aux problèmes politiques internationaux les plus épineux !

Arrivées à Vienne, nous nous sommes donc précipitées sur les lieux de la romance : la Hofburg et le palais de Schönbrunn. Mais lors de la visite, le peu d’enfance qu’il restait en nous s’effondre devant les informations que l’audio-guide nous procure. Choc, en effet, lorsqu’à peine entrées dans les appartements impériaux on nous apprend que le fameux François-Joseph n’était pas un joyeux luron ! L’empereur s’installait à sa table de travail dès cinq heures du matin, et estimait que venait le moment de s’arrêter de travailler une fois atteint l’état d’épuisement. Le Franz du film, lui, n’hésite pas à aller courir dans les champs avec Sissi pour cueillir des pâquerettes quand celle-ci estime qu’il a trop travaillé et ne lui a pas prêté suffisamment d’attention… Il ose même (en plein milieu de la journée, le filou) quitter sa table de travail pour admirer le portrait de son épouse installé dans son bureau. On est quand même soulagées d’entendre que l’amour de François-Joseph pour Elisabeth était pure vérité. Cette dernière, en revanche, n’avait pas vraiment l’air d’adorer son époux… « Vendue à quinze ans », dira-t-elle, « le mariage est une institution absurde ». La Sissi du film, elle, évidemment n’a d’yeux que pour son Franz, et passe son temps à repousser les avances de ses nombreux admirateurs, notamment celles du charmant Comte Andrassy (la rumeur en son temps ayant fait du Comte l’amant de la réelle impératrice). Ce que le film montre, dans sa troisième partie, c’est que l’impératrice passait la plus grande partie de son temps hors d’Autriche, et ne voyait guère son mari.
Avec le poids de ses 5 kg de cheveux, qui lui arrivaient jusqu’aux chevilles, la vraie Sissi était digne des stars d’aujourd’hui : réputée pour sa beauté, l’impératrice était obsédée par sa jeunesse et sa ligne. Ses journées étaient souvent consacrées à divers soins du corps et du visage, exercices pour maintenir sa taille fine, et surtout s’imposait un régime des plus stricts. On la voyait donc rarement attablée aux côtés de son mari lorsque celui-ci sortait (enfin !) de son bureau pour dîner. Notons d’ailleurs que selon les informations du guide, le dessert préféré de Franz n’était pas l’Apfelstrudel, comme l’indique le film, mais le Kaiserschmarrn, dessert à base d’œufs. On est donc bien loin de la charmante Bavaroise qui dévore des pieds de cochon et se délecte de pichets de bière à la table royale dans Sissi Impératrice !
Les choses se gâtent brutalement lorsqu’au cours de notre visite, on nous annonce une bien plus grande tragédie. Une tragédie telle que l’on tombe des nues, tellement le film l’avait rendue insoupçonnable. Lorsque le troisième volet se termine, le couple royal est en Italie avec leur petite fille, premier enfant du couple, et l’impératrice vient de sauver les relations italo-autrichiennes grâce à son instinct maternel (voir le fameux : « Viva la Mamma ! »). La petite fille est en pleine forme. Comment soupçonner que cette petite Sophie est en réalité morte à l’âge de deux ans ?

Hormis cette énorme impasse, qui serait venue entacher la tonalité romantique voulue, la trilogie suit l’histoire impériale dans les grandes lignes. Le premier film, Sissi, relate la rencontre : comment Franz devait au départ épouser Hélène, sœur de Sissi, comment il tomba immédiatement amoureux de la petite sœur âgée d’à peine quinze ans et décida du jour au lendemain d’en faire l’Impératrice d’Autriche contre l’avis de sa mère. Ceci dit, les livres d’Histoire ne font pas état d’une pêche à la ligne coincée dans les gilets princiers, ni de rencontre fortuite au bord du lac… On voit également une jeune fille attachée à ses origines, à sa liberté, et à la nature. Ce qui la rendit difficile à maîtriser pour la mère de l’Empereur, l’archiduchesse Sophie de Bavière. Cette dernière fut un véritable cauchemar pour Elisabeth. C’est ce que l’on voit dans le deuxième volet : Sissi Impératrice. Sophie y fait espionner sa belle-fille par une de ses suivantes, lit son journal intime, et entend tout faire pour monter son fils contre sa nouvelle épouse. A la naissance du premier enfant du couple (le seul que l’on verra dans la trilogie, le couple royal ayant eu quatre enfants), la méchante Sophie enlève l’enfant à sa mère afin de l’élever elle-même. Fait avéré puisque l’Archiduchesse jugeait Sissi trop jeune pour élever un enfant. L’enjeu du deuxième film est donc le suivant : Franz doit choisir entre sa femme et sa mère. Dans la fiction, c’est bien sûr la femme qui gagne, puisque Sissi récupère son enfant à la fin du film et obtient la permission de l’élever comme elle l’entend. En réalité, la petite Sophie, ainsi que les deux enfants qui la suivront, n’auront jamais été rendus à leur mère. Le troisième et dernier film, Sissi face à son destin, traite de la maladie de l’Impératrice, qui fut victime d’une tuberculose sévère et partit à Madère pour se soigner. C’est sans doute le film qui procure le plus de plaisir esthétique, les paysages de Madère, puis de la Grèce, fournissant un décor romantique à souhait. On peut donc y admirer à loisir la beauté de Romy Schneider, mise en valeur par un maquillage plus subtil qu’auparavant et par des costumes particulièrement flamboyants. Bien sûr, le film se termine sur une réconciliation de l’Autriche et de l’Italie, que Sissi provoque en courant au devant de sa petite fille dont elle a été privée pendant sa longue maladie. Pas d’anarchiste italien en vue, évidemment, il est bien trop tôt…
Certes, nous ne regarderons plus Sissi avec nos yeux d’enfants. Aujourd’hui, nous le regardons en version originale, en critiquant toutes les inexactitudes historiques, le ton propagandiste, la présence gênante de Magda Schneider, le ton excessivement mielleux de la romance… Mais la nostalgie persiste, car de ces films médiocres naquirent une immense actrice, au visage sans pareil, véritable impératrice du cinéma : Romy Schneider. Née avec Sissi, elle fit tout pour se détacher de cette héroïne factice. Et pourtant, c’est bien cette même impératrice qui allait la rendre immortelle dans la plus belle interprétation de sa carrière dans Ludwig de Luchino Visconti.

Viddy Well !
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Elles connaissent un succès retentissant outre-manche et ne nous parviennent que rarement à la télévision française, pas même en DVDs sous-titrés, et c’est bien dommage… Vous connaissez peut-être déjà l’excellente adaptation de la BBC d’Orgueil et Préjugés (1995) avec Colin Firth et Jennifer Ehle en 6 épisodes, voici une suggestion de trois autres mini-séries britanniques, ces fameux «period drama» dont raffolent les Anglais. Si vous êtes à court de fiction, c’est l’occasion de réviser (ou de découvrir) vos classiques de la littérature anglaise.
CRANFORD – La mini-série du comérage sur fond de campagne anglaise.
avec Judi Dench, Imelda Staunton, Jim Carter, Simon Wood.
Adapté du roman d’Elizabeth Gaskell, Cranford (2007) est une mini-série en 5 épisodes qui porte le nom d’une bourgade du fin fond du Cheshire où il ne se passe pas grand chose… 1840. La menace de l’arrivée du chemin de fer vient bouleverser le paysage rural ainsi que le rythme de vie tranquille des habitants. Progrès et révolution industrielle sont à l’ordre du jour, certains accueillent la modernité à bras ouverts, d’autres voient dans ce changement monstrueux la perte de valeurs fondamentales. Un bouleversement idéologique qui passe par l’arrivée de nouveaux personnages… Des voisins qui lisent Dickens (scandale…), un charmant docteur aux pratiques avant-gardistes (Simon Woods), qui éveille des espoirs de mariage d’un village essentiellement composé de vieilles-filles. Cranford se démarque d’autres adaptations du même style ; plus qu’une série aux tons pastel sur fond de papier-peint défraîchi où il n’est question que de mariage, de malentendus amoureux, de broderies ou de dentelles et de journées ponctuées par l’heure du thé tant attendue, Cranford retrace le portrait d’une époque avec beaucoup d’humour… À voir si vous êtes fan du genre !
Si vous en voulez plus, réjouissez-vous : il existe une deuxième saison qui date de 2009, Return to Cranford, en deux épisodes, légèrement moins délectable que la première puisqu’on connait déjà l’ambiance et les enjeux de l’histoire, mais on y retrouve les même personnages et l’humour qui a fait le succès de la première.
NORTH & SOUTH – Romantisme à l’usine de coton.
avec Daniela Denby-Ashe, Richard Armitage, Tim Pigott-Smith.
Également adapté d’un roman d’Elizabeth Gaskell, North & South (2004) traite de la même époque d’un point de vue plus sombre. L’héroine Margaret et sa famille quittent l’idyllique sud rural de l’Angleterre lorsque son père, le Révérand Hale se voit chassé de sa paroisse. L’histoire se déroule sur 4 épisodes et débute avec leur arrivée à Milton, ville industrielle du nord où se trouvent les usines de cotons. Margaret y rencontre le sévère et cruel – mais en fait charmant – John Thornton («Thorn»= épine, ce n’est pas une coïncidence), et qui n’est autre que le riche maître d’une des usines. Déchirée entre son effroi envers les conditions de vie atroces des travailleurs et ses sentiments pour «Mister Thornton», la jeune Margaret se retrouve confrontée à la dure réalité sociale de son temps et aux différences culturelles qui semblent opposer radicalement le nord et le sud de cette Angleterre en pleine mutation. La conclusion évidente ne retire rien au plaisir que l’on peut avoir à regarder ces quelques épisodes…
Pour ceux qui ne sont pas d’humeur romantique :
BLEAK HOUSE – Les orphelins de Dickens.
avec Gillian Anderson, Carey Mulligan, Charles Dance, Anna Maxwell Martin.
Dans un registre différent, Bleak House (2005) est l’adaptation la plus récente du roman de Charles Dickens. Moins connu et moins adapté que certains chef-d’oeuvres de l’auteur comme David Copperfield ou Oliver Twist, on y retrouve les thèmes récurrents de son oeuvre. Deux orphelins se voient victimes d’une injustice, un héritage leur est refusé ce qui les plonge dans une misère totale. L’histoire en 15 épisodes accompagne le procès qui devrait rétablir leur fortune.
À sa sortie, cette adapation a provoqué une polémique chez les spécialistes de Dickens pour son esthétique en marge des adaptations classiques plus posées. Ici le montage cut, les mouvements de caméra, zooms, et la photographie sombre cherchent à retranscrire à l’écran le style d’écriture de Dickens ainsi que les transitions entre les histoires de son foisonnement de personnages… Un traitement à mon sens plutôt réussi et qui a le mérite d’avoir pris des risques. Vous y trouverez Carey Mulligan à ses débuts et qui poursuit maintenant une carrière prometteuse, ainsi que Scully de X-Files en costume d’époque qui lui va très bien.
Bon visionnage !
Bientôt sur Viddy Well, plus de period drama : Retour sur la production d’Orgueil et Préjugés (1995, BBC).
Viddy Well,
E.D.
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