Top 10 des travestis: Les hommes qui deviennent femmes

En sortant de Laurence Anyways, on s’est réjoui de l’excellente interprétation de Melvil Poupaud en homme qui veut devenir femme. Avant de subir une transformation complète (autrement dit, une opération), Laurence commence par s’habiller et se maquiller encore plus que sa petite amie Fred (Suzanne Clément). Le héros du film de Xavier Dolan devient ainsi une femme tout à fait charmante. Laurence n’est pas le premier personnage de cinéma à réussir la métamorphose avec autant de succès ! Voici les travestis fictionnels que Viddy affectionne tout particulièrement.

1.     Les plus drôles : Sans hésiter, les plus délicieuses sont Josephine et Geraldine (alias Joe et Gerry) dans Certains l’aiment chaud (Billy Wilder, 1959). Voir Tony Curtis se transformer en femme fatale et Jack Lemmon se dandiner devant des milliardaires du troisième âge est fort réjouissant. La comédie atteint son pic lorsque Geraldine oublie qu’elle est Jerry et projette d’épouser son milliardaire. Afin d’éviter la catastrophe, Geraldine-Jerry pratique l’auto-persuasion provoquant l’hilarité du public avec sa fameuse tirade : « I’m a boy. I’m a boy. I wish I were dead. I’m a boy. Boy, oh boy, am I a boy. » Wilder ne se moque pas de la féminité de ses héros, au contraire il l’exalte et rappelle que l’amour entre personnes du même sexe, déguisées ou non, est possible puisque « personne n’est parfait ! »

2.     Le plus créatif : Ed Wood (Johnny Depp) est un homme qui aime les femmes mais qui se sent davantage lui-même lorsqu’il porte une perruque blonde et le pull angora de sa compagne. Le film de Tim Burton (1994) retrace le début de la carrière de ce cinéaste, sacré pire réalisateur de tous les temps, dont le premier long-métrage – Glenn or Glenda – posait justement la question du travestissement. Le plus beau moment du film vient quand la petite amie d’Ed Wood jouée par Patricia Arquette accepte en toute simplicité la révélation qu’il vient de lui faire.

3.     Le plus légendaire : Norman Bates (Anthony Perkins) se déguise en sa maman pour tuer des jeunes filles dans son motel… Là, on sort du ludique et du divertissant pour tomber dans la perversion. Un poil rétrograde, diront les fâcheux : faut-il comprendre qu’un travesti est un fou dangereux ? Mais Alfred Hitchcock réussit avec Psychose (1960) un chef d’œuvre d’horreur et fait de son anti-héros, l’un des plus grands méchants de l’histoire du cinéma.

4.     Le plus séduisant : Bon Bon (Johnny Depp) dans Avant la nuit (2000) de Julian Schnabel. Le plus grand caméléon du cinéma se transforme dans d’autres films que ceux de Tim Burton ! L’acteur vole la vedette à Javier Bardem grâce à sa double interprétation du travesti et du Lieutenant Victor. Faire jouer les deux rôles par le même acteur était un choix risqué mais sensé puisqu’il permet à Schnabel de représenter avec un seul corps à la fois la beauté et la destruction. Pari réussi : Johnny Depp livre une des plus belles interprétations de sa carrière. Ajoutons que Bon Bon est aussi belle que Johnny Depp est beau.

5.     Le plus inquiétant : Trelkovsky (Roman Polanski), le nouveau Locataire (Roman Polanski, 1976) finit par céder au harcèlement de ses voisins qui veulent le persuader qu’il ne fait qu’un avec la précédente locataire, Simon Choulle, pourtant suicidée. Dans une scène terrifiante à l’atmosphère oppressante, Trelkovsky s’habille en Simone, applique du vernis sur ses ongles et se maquille. Mêlant humour et noirceur comme à son habitude, Polanski épate lors de cette transformation inquiétante…

6.     Le plus tragique : Àngel-Juan-Zahara (Gael Garcia Bernal) dans La Mauvaise Education (Pedro Almodovar, 2004). C’est LE film qui a révélé Gael Garcia Bernal au grand public. Thème exploré dans beaucoup des films du cinéaste espagnol (Tout sur ma mère, La piel que habito…), la frontière entre masculinité et féminité se retrouve brouillée à travers le personnage de Bernal. Une splendide femme fatale sur fond de film noir.

7.     Le plus attachant : Lorsque Michael Dorsey (Dustin Hoffman) devient Dorothy Michaels dans Tootsie (Sydney Pollack, 1982) il ne soupçonne guère que devenir une femme fera de lui un homme meilleur. Dustin Hoffman rend cette Tootsie si attachante que l’on regrette presque qu’il délaisse sa robe et ses lunettes à la fin du film !

8.     Le plus dérangeant : Martin von Essenbeck (Helmut Berger) dans Les Damnés de Luchino Visconti. Quelle entrée fracassante pour un jeune premier ! C’est en effet dans ce chef d’œuvre de Visconti que Helmut Berger débuta sa carrière. Sa première apparition à l’écran se fait sous la forme d’un show musical, mis en scène et interprété par Martin von Essenbeck, futur Nazi, ici déguisé en Marlene Dietrich.

9.     Le plus romantique : au temps de Shakespeare n’étaient autorisés à jouer sur scène que les hommes. Afin d’interpréter les grandes héroïnes tragiques, les acteurs devaient donc se travestir en femmes. C’est là le sujet de Stage Beauty (Richard Eyre, 2004) dans lequel Ned (Billy Crudup), un acteur, connu pour son interprétation de Desdémone, a bien du mal à se détacher de son double féminin. Un film peu connu qui vaut le détour.

10. Le plus décalé : Henri Rochard (Cary Grant) dans Allez coucher ailleurs de Howard Hawks. Voir Cary Grant, symbole de la séduction masculine en perruque et talon, ne peut que nous réjouir ! Quoique un peu ratée, cette comédie trouve son intérêt dans le travestissement de sa star. Cary Grant se montre irrésistiblement décalé et bien peu à l’aise en talons hauts.

Viddy Well !

E.C

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