Joyeux anniversaire Picsou Magazine

Le journal du canard avare , qui fête ses 40 ans, reste une porte d’entrée incontournable dans l’univers de la BD.

Quand j’ai appris la nouvelle, je vous avoue que j’ai été un peu étonnée. Avec son numéro d’avril, le 480, Picsou Magazine souffle… sa quarantième bougie. Le premier numéro français du canard des canards de Canardville est en effet sorti en mars 1972, tout en noir et blanc. Moi qui n’ai pas cet âge canonique, je n’imaginais pas que la publication soit aussi vieille. Même si j’avais le souvenir d’avoir, gamine, racketté mes parents pour acheter des Picsous moitié en couleur, moitié en noir et blanc dans les brocantes de ma belle province.

Je suis convaincue que tout ancien lecteur ou toute lectrice repentie de Picsou Magazine aurait cette difficulté à dater le magazine. Parce que c’est l’un des premiers titres de presse (c’est prestigieux dit comme ça) que l’on a entre les mains, le lien affectif qui se créée est très fort. Et l’on peine à imaginer que d’autres aient pu lire, avant ou après, “son” magazine.

Ils sont pourtant nombreux, les lecteurs de Picsou Mag. L’an dernier, la diffusion payée du magazine en France était de 98 198 exemplaires, tandis que le titre revendique la bagatelle d’1 705 000 lecteurs, selon l’AFP. D’après l’étude Junior Connect menée par Ipsos, Picsou Magazine serait le deuxième titre le plus lu par les garçons de 8 à 14 ans, juste derrière… Super Picsou Géant. Personnellement, je ne suis jamais partie en colonie de vacances sans les deux publications dans mon sac à dos !

Certes, au bout d’un moment, on passe à autre chose. Mais, à l’occasion, je n’hésite pas à me replonger dans une histoire de Picsou ou de Donald (comme beaucoup j’ai toujours moins aimé Mickey) quand je tombe dessus. Car beaucoup ne sont pas juste de simples histoires pour enfants mais ont une vraie qualité et ont inspiré de nombreux auteurs. Les premiers Picsou par Carl Barks sont une référence mais les meilleurs sont sans doute ceux de Don Rosa.

La Jeunesse de Picsou, modèle du genre
Au début des années 90, il dessina et scénarisa La Jeunesse de Picsou, déclinée dans Picsou Magazine et que l’on peut aujourd’hui lire en albums reliés. Parmi les nombreuses histoires qu’a réalisées l’auteur américain, elle fait figure d’exemple. Outre le fait d’être extrêmement divertissante car tout en rebondissements, cette biographie du canard avare est nourrie de références qui dépassent l’univers de Picsou à proprement parler.

Sur la pauvreté dans l’Ecosse industrielle, sur la conquête de l’Ouest, les chercheurs d’or ou même la colonisation de l’Afrique du Sud, l’histoire traverse les époques et offre un regard sur les Etats-Unis de la fin du XIXème et du début XXème, comme peuvent le faire Lucky Luke ou Blueberry, avec souvent des accents qui mélangent Dickens et Jack London. On comprend d’où vient l’envie d’argent de Picsou, sa foi inébranlable, son amour perdu (mais pourquoi n’a-t-il pas ouvert la lettre de Goldie?), sa misanthropie, ses grandes erreurs, etc.

Parce qu’on y trouve des histoires comme celles de Barks ou de Don Rosa, d’un calibre autrement supérieur que les autres gags qui peuplent le magazine (il y a des histoires aussi franchement pourries), Picsou Magazine reste, à mon sens, une porte d’entrée idéale dans l’univers de la bande-dessinée. C’est probablement ce qui explique la survie du titre dans un paysage qui a vu les magazines “d’illustrés pour la jeunesse”, selon l’appellation traditionnelle, s’éclipser tous peu à peu. Bien sûr il ne faut pas oublier la force de frappe générale de Disney qui entre la télévision, les parcs d’attraction et le merchandising divers occupe beaucoup plus facilement l’espace. Avant d’être de la BD, Picsou Magazine est un outil de promotion de la marque.

Le seul équivalent de cette qualité reste le Journal de Spirou, mais son âge d’or n’est plus. Le Journal de Tintin, lui, a disparu depuis bien longtemps et Pilote n’existe plus que par des hors-séries aléatoires, par ailleurs plutôt réussis (pour commémorer mai 68 ou pour célébrer l’érotisme). Quant à Pif, pendant anticapitaliste historique de Picsou dont il partage la même culture du gadget, il a bien tenté un come-back en 2004 mais l’aventure aura été de courte durée. Le dernier numéro du nouveau Pif, avec sa fameuse machine à faire des œufs carrés, est sorti en 2008, avant la liquidation judiciaire l’année suivante.

Ces œufs carrés symbolisent tout simplement le décalage entre les deux titres. On trouvait en effet des œufs de ce type dans une histoire de Carl Barks, Perdus dans les Andes, datant de… 1949.

Laureline Karaboudjan

llustration : dessin de Picsou par Carl Barks, DR.

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Donald Duck contre Hadopi

jeunesse de picsou

En bande dessinée, j’ai toujours eu un faible pour les grincheux, les rebelles sans cause, les jamais contents, rétifs à tout et pro-rien. J’en pince pour Lincoln, le cow-boy grognon créé par les deux frères Jouvray (et colorisé par la femme d’un des deux) et Vito la Deveine ne me laisse pas de marbre. Mais parmi tous les mauvais garçons que compte le monde de la Bédé, c’est Donald que je préfère. Oui, Donald Duck, le canard en costume de marin des studios Disney, à qui Carl Barks ou Don Rosa ont donné ses lettres de noblesse. Car Donald, c’est un authentique rebelle, mieux que James Dean à l’écran ou Dean Moriarty en littérature.

Le site Actua BD rapporte que le volatile vient de créer la polémique en Suède, car notre héros est favorable au téléchargement illégal de musique. Résumé de l’affaire: Riri, Fifi et Loulou veulent acheter un CD mais Donald n’a pas l’intention de leur donner de l’argent. Les trois canetons téléchargent alors le disque sur Internet en attendant de pouvoir acheter l’original. Plutôt que d’engueuler les jeunes délinquants, leur oncle trouve que c’est une bonne idée et entreprend même de la développer pour gagner des sous. Ses trois neveux ont beau essayer de l’en dissuader, rien n’y fait et Donald se met à copier des CD et à imprimer des pochettes. Évidemment, Donald finit par être pris la main dans le sac par… Picsou, à qui appartient la maison de disque lésée par le pirate. Il se repent alors et l’histoire se termine par une morale bien comme il faut. Il n’empêche, pour le Konsumentombudsmannen, l’organisme d’état suédois chargé de la protection du consommateur, il y a là une apologie manifeste du piratage qui est inacceptable.

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