Piraté, il voit ses ventes de BD augmenter

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Les ventes d’un comics américain ont fortement augmenté après que l’ouvrage a été piraté sur 4chan. Une preuve que la culture en libre accès et les bénéfices peuvent cohabiter?

4chan, c’est ce célèbre forum d’images américain où les internautes peuvent discuter anonymement de tous les sujets, parfois de manière très trash. Ce site, véritable sous-culture de la jeunesse, s’est spécialisé dans la création/lancement de memes, comme Pedobear, «l’animal devenu aujourd’hui le symbole absolu de la pédophilie pour plusieurs millions de personnes», comme l’explique un article du dernier numéro de la revue L’imparfaite.

Récemment, comme le rapporte en France le site Numérama, un des internautes de 4chan a scanné puis mis en ligne l’intégralité d’un comic, Underground, de Steve Lieber (dessin) et Jeff Parker (scénario). Sauf qu’au lieu d’adopter l’attitude Hadopi, de râler voire de menacer de procès, Steve Lieber est allé discuter avec les internautes.

Image 3Source : http://new-media.lazaruscorporation.co.uk

Une discussion qu’il a adorée comme il l’explique sur son blog. Conséquence pratiqument immédiate: les ventes de sa bd en ligne ont explosé, bien plus qu’après une critique de la part du site Boing Boing. L’ouverture a poussé les internautes a acheter. Un nouvel exemple qui met à mal la ritournelle habituelle sur Internet qui causerait de la mort du disque, du livre, voire du porno. Pour Numérama, «la meilleure chose qui peut arriver à une œuvre était de gagner en visibilité. Si Steve Lieber avait saisi la justice, il n’est pas certain que la bande dessinée aurait rencontré ensuite une audience aussi vaste. En conséquence, les ventes n’auraient sans doute pas été aussi importantes». Comme le signale Ecrans.fr, «le bestseller rank d’Amazon le présente comme 19ème meilleur vente pour l’éditeur Image Comics, juste derrière 17 numéros de Walking Dead et un Invicible». Et pour renforcer ce cercle vertueux, Steve Lieber a mis en ligne sur son site gratuitement le PDF téléchargeable de l’album.

En France aussi…

En BD francophone, il existe des cas assez ressemblants. Des auteurs de blogs connaissent aujourd’hui des succès d’édition grâce à leur exposition sur Internet, que ce soit Pénélope Jolicoeur, Martin Vidberg,  Margaux Motin ou Boulet (même si lui avait déjà une vie sur le papier avant). Pour ce dernier, il publie par exemple des posts de blog, en libre accès, et une fois par an sort en librairie un nouveau tome de ses Notes. Les gens achètent donc ce qu’ils ont souvent déjà lu gratuitement.

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Source : Bouletcorp, DR.

Bien sûr, toutes les BDs ne vont pas êtres mises gratuitement sur Internet. La tendance chez les éditeurs est d’ailleurs plutôt au développement du payant sur Internet. Mais est-ce que c’est le modèle de développement le plus pertinent? J’avais déjà eu l’occasion de faire part de certains doutes à ce sujet dans une précédente note.  Force est de constater, en tous cas, que le gratuit peut avoir certaines vertus, notamment pour permettre à de potentiels acheteurs de découvrir une oeuvre.

Pour l’instant, chez les éditeurs traditionnels, les Bds sont encore assez mal mises en valeur sur leurs sites. L’internaute peut souvent voir la couverture, le dos, et une page s’il a de la chance. Impossible de se faire une idée précise du contenu, de donner envie donc à l’achat impulsif sur des sites marchands. La plupart du temps le raisonnement est le même: «Ah oui tiens, ça a l’air bien, j’irai regarder dans une librairie.» Parfois, ils le font, parfois ils l’oublient. Alors que plus de contenus visibles permettraient de donner envie de faire directement chauffer la carte bleue comme disait ma grand-mère. Dans une librairie, on ouvre, on sent, on feuillette, on lit quelques pages avant de passer à l’acte d’achat. Pourquoi ce n’est pas possible en ligne?

Laureline Karaboudjan

PS: Si les internautes de 4chan veulent bien reprendre mes papiers et augmenter en corrélation fortement l’audience de ce blog, c’est avec grand plaisir.

Illustration : Extrait de Underground, DR.

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Donald Duck contre Hadopi

jeunesse de picsou

En bande dessinée, j’ai toujours eu un faible pour les grincheux, les rebelles sans cause, les jamais contents, rétifs à tout et pro-rien. J’en pince pour Lincoln, le cow-boy grognon créé par les deux frères Jouvray (et colorisé par la femme d’un des deux) et Vito la Deveine ne me laisse pas de marbre. Mais parmi tous les mauvais garçons que compte le monde de la Bédé, c’est Donald que je préfère. Oui, Donald Duck, le canard en costume de marin des studios Disney, à qui Carl Barks ou Don Rosa ont donné ses lettres de noblesse. Car Donald, c’est un authentique rebelle, mieux que James Dean à l’écran ou Dean Moriarty en littérature.

Le site Actua BD rapporte que le volatile vient de créer la polémique en Suède, car notre héros est favorable au téléchargement illégal de musique. Résumé de l’affaire: Riri, Fifi et Loulou veulent acheter un CD mais Donald n’a pas l’intention de leur donner de l’argent. Les trois canetons téléchargent alors le disque sur Internet en attendant de pouvoir acheter l’original. Plutôt que d’engueuler les jeunes délinquants, leur oncle trouve que c’est une bonne idée et entreprend même de la développer pour gagner des sous. Ses trois neveux ont beau essayer de l’en dissuader, rien n’y fait et Donald se met à copier des CD et à imprimer des pochettes. Évidemment, Donald finit par être pris la main dans le sac par… Picsou, à qui appartient la maison de disque lésée par le pirate. Il se repent alors et l’histoire se termine par une morale bien comme il faut. Il n’empêche, pour le Konsumentombudsmannen, l’organisme d’état suédois chargé de la protection du consommateur, il y a là une apologie manifeste du piratage qui est inacceptable.

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