Copé et Fillon, la fin du combat des chefs

La guerre Copé-Fillon a enfin trouvé son épilogue. Dommage, elle me rappelait les meilleurs albums d’Astérix.

Ils sont deux chefs. L’un est sur des valeurs traditionnelles de son village. L’autre serait tenté de s’associer avec l’ennemi de toujours pour s’arroger la suprématie. Ils sont tellement opposés que le village a fini par être séparé complètement en deux. Certains membres, ne voulant pas choisir, se voient complètement écartelés. De qui parle-t-on? De Copé et de Fillon? D’Aplusbégalix et d’Abraracourcix? De Ségrégationnix et de Tournedix? Ou de Figatellix et d’Ocatarinetabellatchitchix?

L’affrontement entre Jean-François Copé et François Fillon a pris fin hier soir avec le triomphe du maire de Meaux. En tant qu’amatrice de BD, je suis déçue de cette fin si rapide (25h après la clôture des bureaux de vote, tout de même) car l’affrontement pour la tête de l’UMP était véritablement délicieux. C’était un concentré de gauloiseries et les bisbilles entre les deux camps rappelaient plusieurs albums d’Astérix, une série experte dans le genre de la farce politique.

Un combat interminable
Un peu comme lors de l’affrontement entre Aplusbégalix et Abraracourcix dans le Combat des chefs, on a eu l’impression que la bataille Fillon-Copé aurait pu durer éternellement. Si Fillon avait pu faire voter les sympathisants de droite et Abraracourcix avait pu prendre de la potion magique, cela aurait été plus simple. Là, une nuit a passé, et il n’y a toujours pas eu de vainqueur.

Peut-on faire des parallèles entre l’album et l’UMP? Peut-être… Le fait qu’Aplusbégalix soit prêt à vendre son âme aux Romains pour gagner rappelle les effets de manche de Jean-François Copé pour reprendre les thèmes du FN. En revanche, à part le côté notable de province, je ne vois pas trop ce qui rapproche Abraracourcix de François Fillon… Mais j’ai trouvé qui fait la Cocoe, cette instance qui a mis si longtemps à délibérer… C’est Panoramix, le druide qui est complètement dans les choux tout au long de l’album.

Des serviteurs plus ou moins fiables
L’album Le Grand fossé, vient ajouter à cette division entre des chefs, des serviteurs plus ou moins fiables. Qui est l’incarnation d’Acidenitrix, conspirateur à la tête de hareng? Nadine Morano, Valérie Pécresse? Je ne sais pas. Et pour les deux amoureux, Fanzine et Comix, je ne vois pas trop qui pourrait les incarner. Une histoire d’amour entre Rachida Dati et Eric Woerth? Peut-être…

C’est en tous cas l’album le plus politique de toute la série. L’histoire bien connue se déroule dans village séparé en deux par un fossé, dont chaque partie est dirigée par un chef, qui évidemment se détestent. S’il peut être vu comme une évocation du mur de Berlin (l’album est sorti en 1980), je crois qu’il s’agit surtout d’une métaphore des divisions droite-gauche. En effet, le chef de la partie droite, Ségrégationnix, qui partage les traits de De Gaulle et les postures de Louis XIV, se plaint que ses adversaires veulent mettre en place le SMIG (Sesterce Minimum d’Intérêt Gaulois), référence évidemment au SMIC. Et le chef de la partie gauche, Tournedix, propose lui le “pain, la paix et les congés payés”. Dans la guerre Fillon-Copé, je vois plutôt le premier en Ségrégationnix, dans une évocation de la droite classique, tandis que Copé serait plus proche du populaire/populiste Tournedix.

La bonne vielle méthode corse
Évoquons enfin Astérix en Corse… Puisqu’on est sur l’île de Beauté, les villages sont divisés. Pourquoi? On ne sait pas mais “c’est très grave”. On retiendra plutôt ici l’analogie avec le vote UMP pour leur conception très particulière de la démocratie. “Les urnes sont pleines avant les élections?”, demande ainsi Astérix. “Oui, mais on les jette à la mer sans les ouvrir, et après, c’est le plus fort qui gagne. Une coutume de chez nous”, répond Ocatarinetabellatchitchix. Une réponse qui rappelle la tentative de coup de force de Copé, annonçant prématurément sa victoire le dimanche soir. Pas étonnant non plus que les principaux soupçons de fraude viennent de Nice. Après tout, ce n’est pas si loin de la Corse…

Nous ne devons pas oublier que nous n’avons qu’un seul adversaire, la gauche”, répètent en boucle les partisans des deux camps pour diminuer les tensions. S’ils le pensent vraiment, ils devraient s’inspirer des Gaulois qui finissent toujours par s’allier à la fin des albums pour foutre une bonne dérouillée aux Romains.

Laureline Karaboudjan

Un commentaire pour “Copé et Fillon, la fin du combat des chefs”

  1. Superbe analyse vraiment…C’est ainsi que nous voit nos voisins européens et d’outre atlantique une bande de gaulois dans leur petit village….la fin est encore plus révélatrice : on va foutre à la mer le vote pourtant bien utile de nos compatriotes d’outremer ! Symboliquement nous ne pouvons aller plus loin dans l’irrespect de la différence.

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