“Restons amis Link”

L’illustrateur Zac Gorman rend hommage en BD sur son Tumblr I Draw Nintendo aux personnages de la célèbre maison japonaise de jeux vidéo.  Link, le héros de la série Zelda, y est particulièrement mis à l’honneur.  Je dois avouer que j’ai toujours eu un faible pour lui – à une époque je me suis achetée un ocarina – et le voir de temps en temps devenir personnage de BD me réjouit.

Alors, la nostalgie  me prend, et, au loin, j’entends Epona qui hennit.

« Herbes de l’été.
Des valeureux guerriers
La trace d’un songe. »

Basho.


Laureline Karaboudjan

Illustration: Zac Gorman

 

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La musique fête la BD

Symboles de l’influence culturelle du neuvième art, les héros de BD sont souvent mis en chansons.

Quels sont les deux points communs entre Bob Morane, Bécassine, Superman, Spiderman ou les Dalton? Le premier est évident: ce sont tous des héros de bandes dessinées. L’autre est un poil plus inattendu: ils ont tous été un jour mis en scène dans des chansons. De la variété de Joe Dassin au rap d’Eminem, pas un style musical n’a rendu, à sa manière, hommage au neuvième art. En ce jour de fête de la musique, voici ma playlist bédéphile (que vous pouvez aussi écouter sur Spotify).

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Grand Fossé chez les Uderzo

Le déchirement familial chez les Uderzo a fait deux victimes: Astérix et les lecteurs.

L’album d’Astérix Le Grand Fossé met en scène un petit village gaulois coupé en deux, avec de chaque côté un chef intransigeant qui réclame la souveraineté sur l’autre moitié du village. Évidemment, cet affrontement est ridicule: dans le fond les deux partis sont bonnet blanc et blanc bonnet et il faudra l’ingéniosité d’Astérix, Obelix et Panoramix ainsi qu’un amour fou entre deux jeunes tourtereaux, pour résoudre la situation.

Si dans la BD, cela finit bien, dans la vraie vie, c’est souvent un plus compliqué. La famille Uderzo aurait ainsi bien besoin d’un peu d’amour et de nos compères gaulois pour ramener la paix dans la chaumière. Dans une enquête très intéressante parue cette semaine, Le Nouvel Obs décrit la manière dont Uderzo se déchire avec sa fille depuis de nombreuses années. L’affaire était connue. Avec l’article de l’hebdomadaire, on comprend à quel point la situation est « pathétix ».

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La revanche des roux

Sur-représentés en BD, les roux y sont également plus valorisés que dans la vraie vie.

Le saviez-vous? Paul Scholes, le joueur de Manchester United, a décidé de prendre sa retraite. Bon, moi je ne le savais pas, mais je l’ai appris grâce à un article de Plat du Pied Sécurité , le blog de foot de Slate. Et, voyez-vous, bien que je ne suive pas spécialement le foot, ça m’a touchée. Car tout l’article se concentre moins sur les crampons de l’anglais que… sur la couleur de ses cheveux. Avec cette assertion pour le moins rapide : “les roux ne sont pas sexys“. Le hasard de la vie faisant que je suis moi-même rousse, cette phrase m’a fait rire tellement elle est fausse. Mais dans les commentaires, des gens bien plus furieux que moi ont animé le débat. Je vous passe tous les développements mais à un moment, l’auteur de l’article finit par en appeler à mes lumières (?) concernant les roux en bande-dessinée. Dont acte.

Si dans la vraie vie, nous ne sommes pas très bien servis en tant que roux, il en va tout autrement en BD. A commencer par les effectifs. Alors que les roux et rousses ne représenteraient qu’entre 1 et 2% de la population mondiale, on en trouve une tripotée dans les aventures dessinées. Une rafale d’exemples ? Obélix, Spirou, Boule (le copain de Bill), le sergent Chesterfield (des Tuniques Bleues), Jérôme K Bloche, Shanks le Roux (du manga One Piece), Lanfeust, Soda, Mortimer… Et chez les filles, citons par exemple Mélusine, Nadia (la copine de Titeuf) et, bien sûr, Laureline (la compagne de Valérian). Il est évidemment impossible de faire un décompte précis de la proportion de roux comparés aux blonds et aux bruns (sans parler des héros aux cheveux bleux ou verts) dans l’univers de la bande dessinée, mais ils semble bien qu’ils soient bien plus visibles que dans le monde réel.

La fascination du orange

Il ne faut pas chercher bien loin pour comprendre cette invasion de cheveux de feu en BD. La teinte rousse des cheveux, couleur chaude par excellence, est très graphique. Couché sur le papier, un héros roux aura une présence souvent plus forte qu’un équivalent blond ou brun, parce que le orange de ses cheveux attirera plus le regard. Un roux en BD, ça pète, tout simplement. Il est par ailleurs intéressant de noter la largeur de la palette chromatique à disposition des dessinateurs de BD pour représenter la rousseur. Comme le roux est la couleur de transition entre les deux pôles que sont le brun et le blond, de nombreuses déclinaisons sont possibles : depuis les cheveux cuivrés, limite violets, d’un Soda jusqu’au quasi-blond vénitien de Nadia, en passant par le orange carotte de Chesterfield ou de Spirou. Le blond et le brun offrent une gamme de possibilités nettement moins étendue.

Notons pour l’anecdote que cette fascination du roux dépasse les frontières de la BD et peut s’appliquer aux arts graphiques en général. Est-ce pour cela que la photo la plus chère du monde, un cliché de Cindy Sherman vendu aux enchères le 11 mai dernier à New York pour la bagatelle de 2,76 millions d’euros, est un hommage à la rousseur, avec son orange omniprésent ?

Sexy-rouquins

Non seulement les roux sont sur-représentés en bande-dessinée, mais ils ont également très souvent un rôle valorisant. Quand très peu de méchants de BD sont roux (peut-être que j’occulte inconsciemment, auquel cas vous me rafraîchirez la mémoire dans les commentaires), on ne compte plus ceux qui tiennent la tête d’affiche des séries dans des rôles positifs et variés. Mortimer est un scientifique de génie, Matt Murdoch (alias Daredevil) un avocat de talent doublé d’un super-héros redoutable en dépit de sa cécité.

Et, contrairement aux clichés qui collent aux roux, certains sont plus que craquants en BD. Prenons Spirou, Shanks le Roux, Lanfeust ou Soda par exemple, soit, dans l’ordre d’apparition, un aventurier, un pirate, un héro, et un flic qui fait croire à sa mère que c’est un gentil prêtre. Difficile de faire plus sexy pour gagner sa croûte non? De tous, c’est sans doute Spirou qui est le plus célèbre. Il a en quelque sorte légitimé l’idée qu’un héros puisse être roux. Après lui, le boulevard était ouvert. Shanks est une réincarnation de Barbe Rousse dans One Piece. Beau gosse, toutes les filles (dont moi) ont un peu le béguin pour lui. Lanfeust est un peu niais, mais il sauve le monde, puis la galaxie. C’est important, il ne faut pas l’oublier. Quant à Soda, il aime sa maman et porte les Ray-Ban comme personne. Chez les filles, je pourrais déblatérer longtemps sur Laureline, mon homonyme qui parcourt l’espace-temps avec Valérian. Mais une recherche Google images sera bien plus éloquente qu’un inutile paragraphe.

Tout ceci ne doit pas faire oublier que dans la vraie vie, être roux peut tout de même être mal vécu. C’est ce que veut nous raconter Fabrice Erre dans Le Roux, une des seules BD à ma connaissance à aborder cette question frontalement. A travers le personnage de Pierre Leroux, qui comme son nom l’indique a les cheveux oranges, c’est tout le sujet du droit à la différence qui est évoqué. Le héros rouquin, lassé des moqueries, décide de se faire le porte-parole des roux et de revendiquer fièrement sa couleur de cheveux. Quitte à blâmer ses semblables qui s’éloignent du droit chemin. Ou comment on peut devenir intolérant à vouloir trop combattre l’intolérance au point de tomber dans l’affirmation identitaire.

Laureline Karaboudjan

PS: Tintin est-il roux?

Tout tintinophile s’est déjà posé la question: le reporter belge est-il blond ou roux? Selon le site Rousseur.org, notre journaliste préféré est roux. «Des doutes ? Dans plusieurs BD, il apparaît clairement roux même si ce n’est pas flagrant», y explique-t-on de façon un peu nébuleuse. En tous cas, la question est sujette à de grands débats sur YahooAnswer.

Effectivement, selon les albums il est plutôt roux ou blond, question de rendus d’impression sans doute. Mais pour les adaptations en dessin animé, les auteurs avaient plutôt choisi le roux. Ce qui semble d’ailleurs être le cas également pour le film de Jackson et Spielberg (dont la bande-annonce est sortie récemment et m’inquiète grandement). Du coup, je suis perturbée. Je l’avoue, pour moi, il avait toujours été blond. Cela correspondait plus à son profil idéologique et les conséquences néfastes que cela a pu impliquer aux époques les plus sombres de notre histoire. Je termine ma chronique sur les roux avec un point Godwin. Et oui.

Illustration : DR.

Bonus track (trouvée ici) :

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