Je sais ce que vous allez me dire: tout ça n’est qu’une question de pilule bleue ou rouge et à la fin la réponse est 42. Nonosbtant, deux faits d’actualité m’ont récemment frappée. Au Japon, dans la vraie vie, les tests de robots androïdes sont de plus en plus avancés. Une sympathique personne, Geminoid F vient ainsi de débuter sa carrière d’actrice dans une pièce de théâtre.
Et sa petite sœur, Android F, a été conçue pour divertir les patients dans les hôpitaux. Ça y est, moi aussi je suis atteinte, je me rends compte que j’ai écrit “personne”. J’ai humanisé ces deux androïdes femmes, mais le méritent-t-elles vraiment? “Les robots sont-ils des humains comme les autres?” sera sans doute un des sujets du bac philo en 2050. En attendant, on peut toujours se pencher sur la bande-dessinée pour un embryon de réponse. Deux albums parus récemment interrogent d’ailleurs, chacun à leur manière, la frontière entre l’humain et le robot.
Sommes nous gouvernés par un robot androïde?
Les Fenêtres d’Eristom, une BD scénarisée, dessinée et mise en couleurs par Raphaël Drommelschlager, présente un univers futuriste ultra-technologisé : la ville d’Eristom qui donne son titre à l’album. C’est une véritable société optimisée, où on attribue une place à chaque citoyen avant sa naissance et où personne ne manque de rien. Sauf peut-être d’émotions, de sentiments autre que le bonheur béat dans leur travail. La ville est dirigée par Vance, qui en est également le génial concepteur. Sauf que Vance, en dépit de son apparence humaine, est un robot. Bien-sûr, dans cet univers lisse, particulièrement servi d’ailleurs par le dessin sans accrocs de l’auteur, un humain va sortir du rang. Et va se rendre compte, peu à peu, que derrière la façade sans failles d’Eristom se cachent d’autres réalités.
Au-delà de ce scénario un peu attendu, qui rappelle évidemment Matrix, mais aussi Le Meilleur des mondes ou 1984, la BD interroge le rapport entre l’homme et la machine en inversant les rôles. Les humains d’Eristom sont complètement robotisés dans leur vie quotidienne (et ne le sommes nous pas tous un peu aussi?) alors que leur dirigeant, robot de son état, tente le plus possible de masquer sa condition, au point de se croire vraiment humain. Comme ce n’est pour l’instant que le premier tome de la série, on n’entrevoit seulement cette thématique du rapport inversé homme/machine, mais j’imagine qu’elle sera développée plus en avant par la suite.
Dans le manga Ultimo, récemment paru en France, qui a pour particularité d’avoir été dessiné par un Japonais, Hiroyuki Takei, mais scénarisé par l’Américain Stan Lee (X-Men, Spiderman, Iron Man…), les robots ne sont pas encore au pouvoir mais ils s’en approchent. Des Karakuridoji, créés de toute pièces au temps des Samouraï, ressurgissent à l’âge moderne. Ce sont des sortes de marionnettes mécaniques qui ont pour particularité de ressembler en tout point à des enfants. Sauf qu’ils ont des pouvoirs extraordinaires. Bien sûr, ils sont censés avoir besoin d’être associés à un humain, le protéger et le mener à la victoire. L’une marionnettes robots incarne le mal absolu, l’autre le bien absolu, et ils doivent trouver des humains leur ressemblant. La question au final se pose: qui contrôle-qui, entre l’homme imparfait et le robot qui tend vers l’absolu ?
L’androïde, figure classique de la science fiction
Ces deux exemples récents sont à ajouter à la longue liste des androïdes en bande-dessinée. Comment en serait-il autrement puisque le robot à apparence humaine, tout comme son cousin le cyborg (un humain qui a vu certaines parties de son corps mécanisées) sont des lieux communs de la science fiction en général? Bien-sûr, je ne vais pas m’amuser à énumérer tous les exemples (de toutes façons vous allez vous en donner à cœur joie dans les commentaires), mais quelques uns méritent qu’on s’y arrête.
Pour rester dans le manga, impossible de ne pas évoquer Ghost in the Shell, le manga de Masamune Shirow adapté en anime en 1995. En lui-même, le titre de la BD pose la problématique. Littéralement, il signifie “l’esprit dans la coquille”. On retrouve ici l’opposition classique entre l’âme d’un côté et l’enveloppe corporelle de l’autre. Ce qui est drôle, c’est que “shell” est aussi un terme informatique pour désigner l’interface d’un système d’exploitation. Le visage de la machine en quelque sorte… Dans un Tokyo futuriste où la frontière entre l’homme et le robot est pour le moins floue, ce thriller (qui rappelle un peu Blade Runner au cinéma) narre la traque d’un cyber-criminel qui s’avère être… une intelligence artificielle. Incarnée dans un robot androïde, elle cherche à se reproduire, non par duplication mais par accouplement. Un désir purement humain, non?
Tiens, puisque je parlais de Blade Runner, signalons que la nouvelle de Philip K. Dick qui a inspiré le film, Est-ce que les androïdes rêvent de moutons électriques, a été adaptée en bande-dessinée. Prévue en 24 épisodes, cette série au dessin est élégant a la chance d’avoir sa première édition postfacée par Warren Ellis, l’auteur (entre autres) de l’excellent Transmetropolitan. La problématique est toujours la même : qu’est-ce qui se passe quand un androïde échappe au contrôle humain. S’il ne se transformait pas tout le temps en tueur psychopathe, les choses seraient plus simples.
Et puis, bien-sûr, on retrouve des androïdes dans la BD franco-belge. Citons simplement Yoko Tsuno, un classique de la science fiction, où l’héroïne se retrouve confrontée à des robots à apparence humaine dans les Archanges de Vinéa, le treizième album de la série. Dans une cité engloutie de la planète Vinéa règne une reine despotique, Hégora. Il s’agit en fait d’une androïde, qui a volontairement stoppé la croissance des enfants humains de la ville pour les conditionner à devenir des machines à tuer, et conquérir ainsi toute la planète. Encore une fois, les frontières sont brouillées et la présence de robots à l’apparence humaine va de pair avec une certaine robotisation des humains. Pareil dans le dernier album de la série, récemment paru, La Servante de Lucifer où elle doit affronter des androïdes venant… des enfers!
Dans la fantasy aussi
La science fiction n’a pas le monopole du cœur androïde, même la fantasy en profite. Dans la série Donjon (qu’on ne présente plus), Vaucanson, ville d’origine d’Herbert, un des héros principaux, est protégée un temps par des automates animés par une flamme de vie. Si on les croise de temps en temps dans la série, ils surtout l’objet de deux albums de l’arc Donjon Monster, Le Grand Animateur et Le Grimoire de l’inventeur. Dans le premier, l’histoire raconte la destruction de Canard-Ville et sa reconstruction qui lui vaut d’être rebaptisée Vaucanson. Les automates tentent de faire partie de la vie de la cité, ils la défendent et participent aux débats publics, étant capables de se faire passer en tout point pour des hommes. Ils n’ont qu’une différence avec eux : ils ne savent pas mentir. Dans le second album, qui se passe bien des années plus tard, les automates ont disparu, à part quelques uns qui font semblant d’être des humains. C’est sans doute l’un des meilleurs Donjons. Sans résumer toute l’histoire, les automates s’avèrent bien moins cupides que les humains. L’un deux, pour sauver le monde, va même choisir un acte à ma connaissance unique: se suicider et tuer ses amis par la même occasion. A noter que les auteurs ont choisi le nom de la ville, Vaucanson, en hommage à Jacques de Vaucanson, inventeur et mécanicien du 18ème siècle. En collaboration avec des chirurgiens, il tenta de reproduire les principales fonctions de l’organisme humain et anamal et construisit des automates. Son premier est le flûteur automate et, surtout, son plus célèbre est un canard, le canard digérateur ! La boucle est bouclée.
On remarque que la plupart des androïdes de nos androïdes de BD ne respectent pas les trois règles de la Robotique normalement édictées par Isaac Asimov:
Est-ce si surprenant que ça? Pourquoi les robots respecteraient-ils des règles que la société et les hommes ne respectent déjà plus entre eux? N’oubliez-pas, ils ne sont que notre miroir.
Laureline Karaboudjan
Illustration : Extrait de l’adaptation en anime de Ghost in the Shell, DR.
Vous avez tout à fait raison : “N’oubliez-pas, ils (les robots) ne sont que notre miroir.” Même bien plus puisque les robots sont des humains “parfait” c’est à dire plus inteligent, n’ayant pas besoin de manger ou boire, plus rapide etc.
C’est pour cela qu’Asimov détermine les 3 lois…afin de pouvoir les controler (et les étudier ou plutot nous etudier grace à Sus sinon ils ne peuvent que prendre le pouvoir. Ca fait donc des histoires peut intérréssante…
1. Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger.
2. Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi.
3. Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.
Voir aussi I Robot avec Will Smith. Un robot peut toujours nuire à l’homme d’après le film.
Le problème c’est que ces histoires de robots, androides et Cie, ça pose le problème que l’on ne fait plus confiance en l’être humain et que les être humains naturellement ne veulent plus faire les métiers ou tâches ingrates.
ça me semble raisonnable pour les métiers à hauts risque de faire appelle à un robot mais pour ce qui nécessite de la psychologie, un robot ne pourra jamais remplacer un humain.
Voir aussi l’ère des biocybs de Jimmy Gieu FN
Voila, j’en ai marre.
Merci d’arréter de parler d’Asimov et de I Robot si vous ne l’avez pas lu. Ca evitera le grand nimporte quoi.
D’autant plus que pour comprendre ce qu’il dit il suffit de lire la préface de 10 pages… Je regrette d’ailleurs que l’auteur de cet article ne l’ai pas lu.
Je m’arréte là parce que je vais devenir très désagréable.
Non tiens j’vais aussi parler de K dick et de “Est-ce que les androïdes rêvent de moutons électriques”. C’est pareil, le film est “inspiré” du livre. Mais alors ça n’a strictement rien à voir. Vous constaterez si vous lisez le livre qu’il est intransposable en l’etat à d’autre support. Vous auriez pu par contre parler de la nouvelle “Nounou” que l’on peut trouver dans “Paychek et autres récits”.
Bonne lecture.
Vos articles sont toujours aussi delectables
j’aurais cependant aimé y voir ici quelques lignes sur “pluto” de urasawa et tezuka…
😉