Coup de théâtre. Le gouvernement français a «résilié» les commandes de 50 millions de doses de vaccin contre la grippe H1N1. L’annonce en a été faire dans la soirée du 4 janvier sur TF1 par Roselyne Bachelot, ministre de la Santé. « Ces commandes n’avaient été ni livrées, ni payées, elles sont donc résiliées, a précisé la ministre. Compte tenu du montant total des doses commandées – 712 millions d’euros – cela fait une économie de plus de la moitié », a précisé la ministre de la Santé.
Quelques heures auparavant, plusieurs des multinationales concernées avaient commencé à infléchir leur position. C’était le cas de GlaxoSmithKine et de Sanofi Pasteur, la division vaccins du français Sanofi-Aventis, disposés à examiner une éventuelle demande de renégociation du contrat d’achat de doses de vaccins contre la grippe H1N1 avec la France. Selon un porte-parole de Sanofi Pasteur, la moitié des 28 millions de doses de vaccins commandées ont été déjà livrées, l’autre moitié devant l’être «dans le courant du premier trimestre 2010».
Dans la perspective d’une pandémie mondiale, la France avait commandé 94 millions de doses de vaccin auprès de GlaxoSmithKline (GSK, 50 millions de doses), Sanofi Pasteur (28 millions), Novartis (16 millions) et Baxter (50.000). La résiliation serait de l’ordre de 32 millions de doses pour GSK, de 11 millions pour Sanofi-Pasteur, et 7 millions pour Novartis.
L’annonce spectaculaire de Roselyne Bachelot renvoie aux conditions, encore pour partie secrètes, des contrats passés entre la France et les quatre multinationales pharmaceutiques concernées (dont Novartis et Baxter). « Les contrats d’achat des vaccins ont été rendus publics par L’Etablissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires (EPRUS) — sous la pression de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA) — mais ils ont été communiqués après avoir été expurgés (on dirait caviardés) des informations confidentielles relatives aux clauses commerciales, rappelle Marc Perez l’un des principaux contributeurs de ce blog. Ces contrats ne prévoyaient peut-être pas la possibilité de “renégociation”, c’est-à-dire de révision à la baisse des quantités commandées. Dans ce cas il s’agirait de commandes fermes et non révisables. »
Nous devrions bientôt en savoir plus.
Jean-Yves Nau
Bonjour Dr Nau
Voici l’interview pour ceux qui n’ont pas vu le journal :
http://lci.tf1.fr/science/sante/bachelot-sur-tf1-la-commande-de-50-millions-de-doses-resiliee-5623368.html
Voulez-vous sous entendre à la fin de votre post que la France payera, peut être, une indemnité sous une forme ou une autre, aux groupes Pharmaceutiques ?
Pour ma part, je pense que cela n’est pas nécessaire, n’est-ce pas une excellente publicité pour les groupes pharmaceutiques, ne pas faire valoir leur droit à l’exécution totale d’un contrat pourtant légitime, montrant en cela, qu’ils ne cherchent pas à faire de l’argent à tout prix, mais bien à fabriquer des produits pour servir l’humanité ?
Braquer les gouvernements, serait une mauvaise politique pour ces groupes, par contre, se montrer conciliant, ne peut que leur rapporter à terme.
Pour le coup, c’est la France, qui fut bon élève au mois d’Août et bon VRP du vaccin, qui se voit renvoyer l’ascenseur. Cadeau unique ?
Nous verrons si d’autres pays peuvent résilier leur contrat aussi « facilement »
Et puis si on veut être complètement amorale, il y a un potentiel, de seconde vague, avec peut être une modification nécessaire du vaccin, ils ont d’excellents virologues dans leurs labos… ok je vais un peu loin.
Je préfère remplacer les … sinon c’est un peu ambigu:
D’excellents virologues dans leurs labos qui ont pu estimer ce potentiel.
Bonjour,
L’explication est sans doute plus triviale : les laboratoires étaient en retard et l’épidémie est quasi terminée. Le deuxième pic n’existe que dans les rêves de la ministre et du directeur général de la santé. Nous en sommes déjà au deuxième ou troisième pic en Europe.
Les stocks d’antigène viral déjà produits mais non conditionnés peuvent être stockés plusieurs mois sans problème et seront intégrés dans le vaccin saisonnier de l’hémisphère sud, et dans celui de l’hémisphère nord dans 10 mois s’il y a des restes. Aucune perte donc pour les labos, qui pourront de plus étaler ces bénéfices sur 2010 et 2011 ce qui est intéressant pour eux.
Sauver la mise de leur ministre n’est pas non plus inutile, en échange de la garantie d’une intense campagne de promotion de la grippe saisonnière (contenant le nouveau virus) en octobre 2010. Ils auraient été en difficulté pour produire à la fois la fin de la commande 2009 et la saisonnière 2010.
Reste à distribuer les derniers lots aux médecins de ville pour les calmer et montrer qu’on les a finalement associés au barnum circus, ce qui permettra des noyer les résultats de la mission parlementaire. J’ai bien peut qu’ils tombent dans le piège.
Bonjour Dominique Dupagne
Votre analyse a le mérite de tenir la route.
Vous n’avez donc plus aucune illusion sur la condition humaine ? (snifs au pluriel et lol, ensemble)
Beaucoupde texte pour essayer de convaincre alors qu’il convient de retenir quelques éléments:
– les arguments proposés au public,y compris médical, concernant la prévision de virulence, étaient maigres: essentiellement des courbes mathématiques adossées à rien de solide
– la peur des Experts salariés des services publics, de n’être pas dans la ligne du Ministère avec les conséquences potentielles de ce non alignement d’ou cette valse hésitation des universitaires infectiologues ( encore la théorie du complot bien sur)
– les déclarations intéressantes du Pr GENTILINI ex chef du service de la Pitié Salpétrière démontant les arguments du Ministère
– il convient de relire le numéro récent de BOOKS.fr consacré aux liens entre le monde des experts médicaux et notamment des psychiatres pour relativiser les propos du Pr Flahaut et du docteur Nau. Service public ne signifie pas absence de connivence et déclaration d’absence de conflit d’intérêt n’est pas parole d’évangile
– en fion il faut se poser la question du coût réel de cette opération vaccination urgente en sachant comme l’a déclaré le Docteur Pechanski que l’absence de réalisation totale des contrats d’achat de vaccins, sera compensée par une autorisation plus précoce de mise sur le marché et donc du remboursement de médications lourdes. On serait presque des conditions de l’affaire des séro-diagnostics du sida!
Dans ces conditions on comprend que la confiance non seulement dans les politiques mais aussi dans les Experts soit mise à mal, et c’est celà qui commence à être sain.