A Vienne, sur les traces de Sissi (Partie 2)

COSTUMES ET DECORS : du réel au conte de fées.

(par E.D.)

L’aventure Sissi continue… Retour sur les décors et costumes de la trilogie. Réalité ou fiction : « où s’arrêtent les cheveux de Romy Schneider et où commence la perruque ? Ce chapeau à poils verts que porte l’empereur est-il une fantaisie visuelle ou historiquement correct ? Mais où se passe cette scène ?» Voilà autant de questions auxquelles nous avons tenté de répondre lors de cette escapade à Vienne.

C’est sous une pluie battante que Viddy Well s’est rendu à la Hofburg au coeur de Vienne où se trouve le Musée de Sissi. Pour accéder aux appartements impériaux, il faut d’abord passer par une installation sombre et claustrophobique : le musée dédié à l’Impératrice d’Autriche. Bravant une horde de touristes, l’audio-guide collé à l’oreille (nous y compris) et agglutinés devant les objets ayant appartenu à la célèbre Sissi, nous tentons une percée vers les spacieux appartements où la famille impériale résidait l’hiver. Là encore sont exposés portraits de l’Impératrice et robes à lourdes traînes conservées comme des reliques sous des cloches de verre. Interdiction de prendre des photos à l’intérieur, même sans flash, sous peine d’entendre un «Verboten!» ; il faudra donc me croire sur parole. Des phrases écrites par l’Impératrice parcourent les murs du musées, évoquant son désir de liberté. Nous sommes loin de la jeune Sissi du film ; légèrement contrariée de passer si peu de temps avec son mari, la vraie Sissi semble bien plus mélancolique. La robe de celle que l’on appelait «La Dame en Noir» est d’ailleurs exposée dans la partie la plus sombre du musée – dans le film, cette robe noire apparait dans le deuxième volet, lorsqu’elle voyage ou lors des missions qui lui sont attitrées en tant que figure impériale. Elle survient pour la première fois lorsque les rapports entre l’Impératrice et sa belle-mère se compliquent et que son enfant lui est enlevé. L’authentique Sissi se révèle lorsqu’elle n’est pas sous les contraintes de la cour, ce qui est retranscrit par le choix des costumes : tenues traditionnelles pour des mouvements plus libres en Bavière, robes à carcan à la cour…

L'Impératrice Elizabeth dite Sissi

À Hofburg ou dans le palais de Schönbrunn, son apparât est tout autre. Vêtue de riches couleurs ou d’un blanc éclatant, Sissi dénote toujours par ce qu’elle porte et contraste avec son entourage. Elle occupe souvent une position centrale dans ces décors somptueux et les personnages de la cour qui l’encadrent constamment servent de faire-valoirs visuels avec des robes moins élaborées ou aux couleurs plus ternes. Seule la belle-mère, l’antagoniste impériale, arbore un bleu royal éclatant.

 


 

Si le film passe sous silence les drames de l’histoire, il expose visuellement certaines contraintes subies par l’Impératrice. Rarement seule à l’écran, Sissi est constamment accompagnée par des femmes de la cour et dans les pièces les plus spacieuses de Shönbrunn. Le décor, toujours mis en valeur, tente de rétablir la grandeur de l’Autriche… En réalité, Sissi aimait s’isoler principalement dans deux des plus petites pièces du palais, une pour la lecture, l’autre pour sa toilette où elle passait des heures à s’occuper de sa longue chevelure. Détail qui n’échappe pas dans le film ; qu’elle parte à la pêche, au galop à travers les vallées d’Autriche dans les scènes de chasse, ou quasi-mourante et clouée au lit pendant des mois, Sissi est un peu le James Bond de l’Autriche : elle n’est jamais décoiffée. Sa robe non plus, n’est jamais froissée. Une beauté naturelle, sans effort : son seul rituel de beauté dans le film est de se brosser les cheveux. Au musée de Sissi sont exposés les ornements de sa coiffure que l’on retrouve dans un portrait de l’Impératrice et dans le film :

 

 

 

 

 

Les nombreux portraits de la Hofburg et de Schönbrunn ont clairement servi d’inspiration pour les costumes du film ainsi que pour la place qu’occupent les acteurs dans le cadre.  Un grand nombre de plans ressemblent à de véritables tableaux. Les uniformes de la garde impériale sont les premiers exposés à Schönbrunn. De même, le casque de l’empereur à plumes vertes, son uniforme que l’on retrouve sur un grand nombre de représentations de l’héritier, tout semble repris de manière fidèle dans le film.

 

L'Empereur François-Joseph 1er

 

Le bureau de l’Empereur est ici d’un blanc et doré lumineux digne des pièces les plus spacieuses de Schönbrunn. L’Empereur est surcadré ; entre la verticalité des tableaux, des encadrements des fenêtres, des trois chaises au premier plan qui entourent l’acteur de velours rouge alors qu’il s’applique à accomplir ses tâches administratives, tout est fait pour louer l’empire.

La réalité, bien moins filmogénique, n’aurait pas eu le même impact : le bureau de l’Empereur était visuellement chargé de meubles et de boiseries sombres, placé sur le côté de la pièce, en retrait, à l’opposé de la position centrale qu’il occupe dans le film.

 

 

Quant aux plans d’extérieur du palais, on les retrouve essentiellement au début du deuxième volet, suite au mariage de Sissi. Une ouverture à la hauteur de la gloire du nouveau couple impérial, avec des plans fronteaux de Schönbrunn, faisant là encore office de tableaux. Le soucis de ressemblance avec les commandes de portraits que l’on trouve dans le palais est si frappant que les intentions du film deviennent évidentes… l’espace de quelques heures, la fiction souhaite réécrire l’histoire et la transformer en véritable conte de fées.

Malgré cette expédition à travers l’histoire et les nombreux décors, le mythe Sissi reste toujours intact : nous ne savons toujours pas si Romy Scheinder portait ou non une perruque, surtout dans le troisième film.

 

 

Viddy Well,

E.D.

 

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