10 films qui auraient pu être bien différents !

Par E.C

L’Odyssée de Pi, d’Ang Lee (sortie le 19 décembre) aurait pu être réalisé par M. Night Shyamalan. Avant d’atterrir chez Ang Lee, le projet était déjà passé entre les mains d’Alfonso Cuaron et de Jean-Pierre Jeunet. Inutile de dire que, signé par un autre réalisateur, cette adaptation du best-seller de Yann Martel aurait été toute différente. Or c’est un classique hollywoodien que ce jeu de chaises musicales. Retour sur ces films qui auraient pu être si différents…

1. À L’EST D’EDEN (East of Eden), Elia Kazan, 1955.

Marlon Brando

Montgomery Clift

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Difficile de dissocier le chef-d’œuvre de Kazan de James Dean, l’idole des jeunes que cette adaptation de Steinbeck a révélé. Mais au départ, Kazan réservait le rôle à son acteur fétiche, sa découverte d’ « Un Tramway nommé Désir », son interprète de « Viva Zapata ! » et de « Sur les quais »… Marlon Brando ! Brando – sans doute trop âgé pour le rôle (il avait 7 ans de plus que Dean) aurait donc joué Cal, l’adolescent écorché vif, face à Montgomery Clift, auquel Kazan voulait confier le rôle du « bon frère », celui que le père aime sans réserve, Aron (finalement joué par Richard Davalos). Etonnant, non ? Entre Brando et Clift, il aurait été bien difficile de prendre le parti de Cal au détriment d’Aron! Mais Kazan se rend compte que Brando et Clift, qui ont la trentaine, sont trop âgés pour les rôles. Il auditionne donc de plus jeunes acteurs pour son Eden et songe un temps à engager Paul Newman. Ironie du sort, c’est Newman qui héritera de la plupart des rôles destinés à James Dean, après sa mort soudaine.

à voir: le screentest de Newman et Dean

2. SUEURS FROIDES (Vertigo), Alfred Hitchcock, 1958.

Tout comme Kazan ne jure que par Brando, Hitchcock lui ne veut que Grace Kelly. Mais Rainier le monégasque, mari de la star, refuse qu’elle revienne au cinéma, même si sa princesse d’épouse en meurt d’envie… Le grand Hitch commence par proposer le rôle à Vera Miles, qui jouera la sœur de Janet Leigh dans  Psychose (1960). Mais l’actrice tombe enceinte. Entre en scène Kim Novak, sublime star sensuelle des fifties… Hitchcock ne cessera d’affirmer par la suite qu’il n’aime pas la performance de son actrice principale. Grosse erreur de jugement ! Car on a bien peine à imaginer quelqu’un d’autre que Novak dans le rôle double de Madeleine-Judy. Novak possède la grâce nécessaire au rôle de la blonde Madeleine et la vulgarité de la rousse Judy. Et puis quand on voit James Stewart choisir les vêtements, la teinte de cheveux, et le vernis à ongles de Judy pour la transformer en Madeleine, c’est Hitchcock que l’on voit en filigrane métamorphoser Kim Novak en Grace Kelly, son idéal absolu.

Grace Kelly

Kim Novak

 

 

 

 

 

 

 

 

3. DIAMANTS SUR CANAPÉ (Breakfast at Tiffany’s), Blake Edwards, 1961.

Ce classique très surestimé tire son prestige de la vision d’une Audrey Hepburn icône de mode,  au pic de sa classe. Or la nouvelle avait été écrite par Truman Capote pour Marilyn Monroe… De fait, on imagine bien plus la voluptueuse Monroe que l’aristocratique Hepburn dans l’univers de Capote avec ses sous-entendus (sur la bisexualité de l’héroïne) et son héroïne assoiffée d’argent ! Marilyn devait donc incarner la charmante Holly Golightly, avec pour réalisateur John Frankenheimer. Mais sur les conseils de Lee Strasberg, directeur de l’Actor’s Studio et maître à penser de la star, Marilyn finit par lâcher le projet. Hepburn entre alors en scène et n’ayant jamais entendu parlé de Frankenheimer, demande un réalisateur plus connu… Ce sera Blake Edwards.

Marilyn Monroe et Truman Capote

4. CLÉOPÂTRE (Cleopatra), Joseph L. Mankiewicz, 1963

Inutile de présenter ce chef d’œuvre incomparable sur le tournage duquel Elizabeth Taylor rencontra Richard Burton. Et pourtant, cet œuvre magistrale faillit bien ne jamais voir le jour! Le tournage de Cléopâtre commence en effet sous la direction de Rouben Mamoulian – metteur en scène de la vieille école MGM, spécialiste des films de Greta Garbo. Le casting ? Elizabeth Taylor en Cléopâtre, Peter Finch en Jules César et Stephen Boyd (le Messala de Ben Hur) en Marc Antoine. Peu de temps après le début du tournage, Taylor tombe gravement malade, ce qui interrompt la production. Mamoulian démissionne en 1961. C’est à la grande Liz qu’on doit l’idée géniale de confier le péplum à Joseph L. Mankiewicz, son réalisateur de Soudain l’été dernier. Le changement d’emploi du temps est tel que les deux acteurs masculins, sous contrat pour d’autres projets, doivent quitter le film. Rex Harrisson remplace Finch, et Richard Burton, Boyd. C’est ainsi donc que Cléopâtre devient Cléopâtre, que Liz et Rich commencent leur immortelle histoire d’amour, et que Mankiewicz, quoiqu’en disent les critiques de l’époque, signe l’un de ses plus grands films.

Peter Finch

Stephen Boyd

 

5. RAPHAËL, OU LE DÉBAUCHÉ, Michel Deville, 1971.

Ceux qui aiment ce film méconnu, un véritable bijou, identifient à jamais Maurice Ronet et Françoise Fabian à leurs personnages romantiques et désespérés, Raphaël de Loris et Aurore de Cherois. Pourtant, Michel Deville et sa co-scénariste Nina Companeez avaient écrit pour un couple tout différent : Alain Delon et Catherine Deneuve. Perspective alléchante mais qui aurait sans doute nui au film. Dans leur seule confrontation au cinéma – « Un flic » (1972) – les deux géants du cinéma français ne montrent pas une vraie alchimie. Et loin d’avoir le physique angélique d’un Delon, Ronet a une poésie grave et sombre, un visage hanté par une blessure intime, qui conviennent bien mieux au caractère autodestructeur de Raphaël. À la brutalité poétique de Ronet, Fabian répond avec une délicatesse et un art du sacrifice que l’on est loin d’oublier…

Alain Delon et Catherine Deneuve dans "Un flic"

Maurice Ronet et Françoise Fabian

 

6. INDIANA JONES, Les aventuriers de l’arche perdue (Raiders of the Lost Ark), Steven Spielberg, 1981.

Difficile d’imaginer un autre qu’Harrison Ford pour le légendaire Indiana, dites-vous ? On est bien d’accord… Et pourtant, si Ford était bien le premier choix de Spielberg, son producteur, George Lucas, n’en voulait pas. Et quel heureux élu aurait pris sa place ? Tom Selleck ! Indiana Jones aurait sans doute perdu toute crédibilité en gagnant une moustache… mais on aurait bien ri !

Tom Selleck

7. LE PARRAIN 3, (The Godfather : Part 3), Francis Ford Coppola, 1990.

Le rôle-clef du Parrain 3, l’histoire de la rédemption impossible de Michael Corleone (Al Pacino), c’est Mary, la fille du mafieux le plus célèbre de l’histoire du cinéma. Dès le départ, Coppola choisit la toute jeune Winona Ryder, alors star absolue des nouvelles actrices. Elle a tout : le physique d’une Italo-américaine, avec sa chevelure et ses yeux de jais, et une sensibilité frémissante qui devrait faire merveille. Sauf que l’actrice tombe gravement malade – une dépression dont elle parlera par la suite – dans l’avion qui l’amène à Rome où doit se tourner le film. Coppola décide alors d’engager sa fille Sofia, 19 ans, future réalisatrice à succès. Après tout, le bébé que l’on baptise à la fin du premier Parrain, c’est elle. A la sortie, c’est un déchaînement de haine tant Sofia – qui n’a pas le physique idéal de Winona – paraît malhabile. Pourtant, son malaise évident apporte une touche intéressante au personnage… Mais que ne donnerait-on pas pour voir une version alternative, avec  Winona la magnifique aux côtés de Pacino !

Winona Ryder

Sofia Coppola dans "Le Parrain 3"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

8. In Burtonland : BATMAN LE DÉFI (Batman Returns), Tim Burton, 1992 et MARY REILLY, Stephen Frears, 1996.

Annette Bening, actrice phare de la fin des années 1980, est le premier choix de Tim Burton pour le rôle crucial de Catwoman… Une grossesse l’oblige à renoncer. Tant mieux : personne n’aurait pu – ni ne pourra – être une meilleure Catwoman que la féline Michelle Pfeiffer.

Annette Bening

Michelle Pfeiffer en Catwoman

 

Mary Reilly, réécriture de Docteur Jekyll et Mr Hyde,  est au départ un projet Burton, avec Winona Ryder dans le rôle-titre, celui d’une servante embringuée dans la sombre métamorphose de son patron. On imagine déjà les rues glauques de Londres, le brouillard épais, et l’atmosphère sanguinolente. Malheureusement le studio veut imposer Julia Roberts au cinéaste. Il refuse, et c’est l’Anglais Stephen Frears qui s’y colle. Résultat : un film intéressant mais gâché par une fin vraiment ridicule.

Julia Roberts dans “Mary Reilly”

9. TITANIC, James Cameron, 1997.

Que serait-il advenu de ce film épique si James Cameron avait obtenu son premier choix, à savoir Gwyneth Paltrow ? Les noms masculins qui circulaient n’étaient guère plus satisfaisants, allant de Billy Crudup à Matthew McConaughey… No comment !

Gwyneth Paltrow

10. SHUTTER ISLAND, Martin Scorsese, 2010.

Du roman éponyme de Dennis Lehane, Martin Scorsese a tiré un chef-d’œuvre. Mais le projet a longtemps circulé entre les mains de divers réalisateurs avant d’arriver chez Scorsese. D’abord confié au pire, à savoir Wolfgang Petersen, pour aller vers le meilleur, Roman Polanski. Ce dernier en garde le souvenir jusqu’à son Ghostwriter qui s’ouvre sur un plan de ferry dans les brumes identique au premier plan de Shutter Island… Le grand cinéaste de la paranoïa justifiée aurait sans doute livré une interprétation différente de celle de Scorsese, centrée sur la folie. Mais on ne regrette rien tant le film de Scorsese est beau, et fidèle à l’œuvre de Lehane. D’autant que le plan final est d’une beauté bouleversante…

Roman Polanski

 

Leonardo DiCaprio dans "Shutter Island"

 

 

 

 

 

 

 

 

Viddy Well !

 

 

 

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