Reprendre du plaisir

Thomas Voeckler à l'arrivée de la 18e étape. REUTERS/Stefano Rellandini

Je me suis longtemps creusé la tête pour savoir ce que je retiendrai de ce Tour 2011. Après 24 heures de réflexion, je crois que j’ai trouvé: ce Tour m’a plu, et cela suffit à le différencier des précédents. A vrai dire, depuis que j’ai appris comme tout le monde ce qui se passait dans le peloton, je regardais le Tour d’un oeil amusé. Enthousiaste pour les barouds victorieux, désabusé par les démonstrations de puissance en montagne.

Je n’ai jamais accroché aux années Armstrong. Pas de suspense, pas crédible. Vinrent les duettistes Landis et Pereiro en 2006, un grand cru pour moi, et peu importe que l’Américain ait été gaulé à la testostérone après le Tour: l’Espagnol qui se glisse dans l’échappée de Montélimar et refait sa demie-heure de retard, la défaillance de l’Américain dans la Toussuire et son épopée du lendemain vers Morzine… Seules les escapades surhumaines de Michael Rasmussen gâchaient un peu le plaisir.
Le Tour 2007 fut pollué par le dopage et les affaires de dopage – l’un peut aller sans l’autre -. Je garderai longtemps l’image de Contador et Rasmussen arrivant frais comme des gardons au sommet du Plateau de Beille. J’étais là-haut et beaucoup de suiveurs avaient la chair de poule. Ni l’un, ni l’autre n’auraient dû être au départ. Le Tour 2008 était celui des étoiles filantes laissant des traînées de Cera, les Ricco, Kohl ou Schumacher. J’ai suivi le Tour 2009 de loin. En 2010, ni Contador ni Andy Schleck n’ont vraiment emballé la course et les Français ont régalé en baroudeurs, faisant oublier leur faiblesse en montagne.

Général ouvert, sprints fermés

Cette année, le retard pris par Contador, les chutes de plusieurs favoris -pas les plus recommandables – et la prise de pouvoir de Voeckler à Saint-Flour ont posé les fondations d’un Tour ouvert. Ouvert pour la victoire, ouvert aussi à des coureurs inattendus, ce qui est toujours rafraîchissant quoi que l’on pense d’eux (Voeckler, Rolland, Cunego, Péraud, Danielson, Uran et Jeannesson dans les Pyrénées).

Moi qui ne regardait que d’un oeil la lutte pour le classement général depuis plusieurs années, elle m’a cette fois passionnée. A contrario, j’ai peu vibré pour les étapes dites “plates”. Cavendish a gagné cinq des sept sprints massifs. Ceci dit, on ne peut pas enlever au Britannique d’être le coureur le plus barré du peloton et d’en être le plus digne représentant sur Twitter. Quand on a un artiste du 54*11 (ou 53 ?) comme lui, on ne laisse aucun espoir aux échappés et c’est ce qui s’est passé: les baroudeurs se sont tous cassés les dents sur l’équipe HTC. Pas de sentiments sur le Tour de France.

Il a fallu attendre la montagne pour voir des échappés se jouer la victoire: Rui Costa et Luis Leon Sanchez dans le Massif Central, Thor Hushovd dans les Pyrénées, Hushovd encore et son compatriote Edvald Boasson Hagen dans les Alpes. Heureusement, le parcours de la première semaine a offert tous les types de terrain et donc une grande diversité de vainqueurs: une équipe (Garmin-Cervélo), des sprinteurs (Farrar et Cavendish), des puncheurs (Gilbert et Boasson Hagen) et un leader (Evans).

Comme toujours, on s’est parfois bien ennuyé jusqu’aux Pyrénées – cette étape entre Blaye-les-Mines et Lavaur, avec arrivée sous l’averse… – mais on a parfois eu droit à cinq dernières minutes de tension, à Mûr-de-Bretagne (Evans), Cap-Fréhel (Cavendish) ou Superbesse (Rui Costa).

Deux étapes se détachent dans cette première moitié de Tour, celles du Mont des Alouettes et de Saint-Flour. La première a lancé la course idéalement, en compliquant la tâche d’Alberto Contador – retardé par une chute – et en faisant connaître au public profane le meilleur coureur du moment, Philippe Gilbert. La seconde a offert deux images fortes de ce Tour, l’abandon et la retraite de Vinokourov remontant d’un fossé claudiquant et soutenu par deux équipiers, et des échappés projetés dans un champ par une voiture.

Voecklermania, bis

Saint-Flour a vu Thomas Voeckler se parer de jaune à nouveau, sept ans plus tard. Aussi énervants puissent être Voeckler et la mousse faite autour de sa bonne bouille, aussi étonnantes soient ses performances en haute montagne, c’est un coureur malin qui fait -jusqu’à preuve du contraire – du bien au cyclisme français. L’effet Voeckler a fait grimper les audiences de France Télévisions et fera bondir le nombre de licenciés. Pour certains observateurs qui vénéraient son art de l’attaque, il a peut-être perdu sa crédibilité. Probablement qu’il s’en fout, comme du regard du peloton, où il s’était déjà fait de solides inimitiés avant ses exploits juillettistes.

Sous le contrôle de l’équipe Europcar, le Tour a connu un gros temps mort entre les deux journées de repos, en deuxième semaine. On s’est endormi jusqu’au deuxième jour de repos. Dans les Pyrénées, il fallait être chauvin comme Thierry Adam un 14 juillet pour se régaler. Les deux Schleck obnubilés par Contador, Evans par la roue de devant, les autres n’ayant pour seul objectif de rester dans la course. De course il n’y a pas eu. Mais, déjà, tout le monde semblait à la rupture.

Sur la route de Gap, Alberto Contador a sorti le Tour d’une semaine de léthargie en attaquant contre toute attente. On a compris qu’on vivrait une troisième semaine exceptionnelle et on l’a eu. Le Tour 2012 est en grande partie déjà tracé mais si les organisateurs peuvent y glisser quelques arrivées en descente – comme à Gap et Pinerolo – et des étapes de montagne très courtes – comme à l’Alpe d’Huez -, le spectacle leur en sera reconnaissant.

Des Alpes à l’ancienne

Le Tour 2011 a culminé avec trois étapes formidables. On a vu les favoris proposer des barouds à l’ancienne et en payer le prix, Contador s’est comporté comme le champion qu’il est, un Français a gagné à l’Alpe d’Huez (!) et le maillot jaune a changé dans le dernier contre-la-montre, pour la première fois depuis 1990 (si l’on oublie Landis en 2006).

Si je me suis régalé devant ces étapes, c’est parce que je commence à croire un peu à ce qu’on me raconte. Je ne crois pas une seconde que le dopage sanguin ait disparu – et je ne parle même pas des corticoïdes ou hormones de croissance – mais j’ai vu des choses un peu plus logiques et des courses beaucoup moins mécaniques. La tactique a eu un rôle majeur dans ces trois semaines (d’où la défaite des Schleck) et les leaders ont dû prendre eux-mêmes leurs responsabilités (Evans notamment) sans s’appuyer sur des équipes surpuissantes.

Aucune équipe n’a pu lessiver le peloton en montagne comme jadis la Festina, l’US Postal ou la CSC et toutes les équipes étaient représentées dans le gruppetto. Certains gros gabarits se sont parfois improvisés grimpeurs, comme Jens Voigt ou Thor Hushovd. Mais Hincapie et Cancellara sont retournés à leur place en montagne et quand le peloton était réduit à 30 coureurs, il n’y avait plus de surprise. Dans les 20 premiers du classement final, Voeckler et Vanendert sont les seuls à détonner. Les autres ont déjà figuré à ce niveau ou étaient annoncés comme de bons grimpeurs depuis leurs débuts professionnels (Danielson, Taaramae, Velits, les Français). Les leaders se sont livrés une lutte féroce durant deux jours dans les Alpes et, selon les calculs de Frédéric Portoleau exposés sur le blog, les performances extraordinaires ont été très rares.

On se gardera bien de parler de Tour du renouveau. La dernière fois que la presse l’a fait, c’était en 1999 et en 2006. On sait ce qu’il est advenu de leurs deux vainqueurs, Lance Armstrong et Floyd Landis. Il n’y a pas de renouveau, peut-être une baisse ou une modification des pratiques dopantes. Le passeport biologique mis en place par l’UCI ne débusque pas beaucoup de tricheurs mais il les met sous surveillance et les contraint. Pour échapper aux contrôles, on est passé à l’EPO en microdoses, ce qui réduit son efficacité.

On dit aussi que les corticoïdes, dont l’usage a été libéralisé par le code mondial antidopage en 2009, ont fait leur retour en force. C’est aussi du dopage légal, dangereux pour les tendons mais qu’importe. Tous les sports les adorent. Ailleurs que dans le vélo, on appelle ça “jouer sous infiltration”.

On ne saura jamais précisément ce qui s’est passé dans le peloton dans les semaines précédant le Tour de France. Le résultat est là: en montagne, la course a changé, et pour la première fois depuis1998, je me dis qu’un coureur propre a pu finir dans les dix premiers du Tour sans bénéficier de circonstances de course.

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Dans les Alpes, Schleck et Contador ont touché leurs limites

Alberto Contador et Andy Schleck. REUTERS/Denis Balibouse

Avec Frédéric Portoleau

La traversée des Pyrénées avait été marquée par des performances en baisse par rapport aux dernières années. On attendait une confirmation dans les Alpes, tant la course avait semblé tactique à Luz-Ardiden et au Plateau de Beille. Ce fut tout l’inverse dans les étapes du Galibier et de l’Alpe d’Huez, menées tambour battant, et où les favoris ne pouvaient pas, de toute évidence, aller plus vite.

Les calculs de l’ingénieur Frédéric Portoleau, dont il a déjà expliqué la méthode sur ce blog, montrent des performances légèrement supérieures dans l’ensemble. Frédéric Portoleau juge que la régularité d’Evans et ses performances passées en font le vainqueur du Tour le plus crédible depuis le début de l’ère Indurain, si l’on excepte Oscar Pereiro en 2006.

Les deux étapes des Alpes sont parties très vite avec les attaques d’Andy Schleck dans l’Izoard jeudi puis d’Alberto Contador dans le Télégraphe vendredi. Dans ces deux cols, des performances très élevées ont été réalisées, comparables avec celles des dernières années. Mais tout le peloton l’a payé par la suite, dans le Galibier jeudi et dans l’Alpe d’Huez vendredi.

La performance la plus notable est celle de Contador et Andy Schleck qui ont développé 443 watts en puissance étalon lors de leur montée du Télégraphe, au début de la courte étape de l’Alpe d’Huez. Derrière eux, dans ce col, Thomas Voeckler a dépassé son record historique et l’a payé dans la suite de l’étape.

Note: toutes les puissances évoquées ci-dessus sont des puissances théoriques, calculées pour un poids du coureur + équipement de 78 kilos. Il ne s’agit pas de la puissance réelle développée par les coureurs. Celle-ci dépend entre autre de la masse à élever pour vaincre la pente, or le poids des coureurs n’est pas toujours connu avec précision le jour de la mesure. Ils peuvent se déshydrater en cours d’étape et perdre quelques kilogrammes. Le nombre de bidons portés est variable. Cette valeur étalon est utilisée pour faire nos comparaisons. (1)

  • L’échappée d’Andy Schleck

Le col d’Agnel a été gravi à une vitesse modérée. Peu après Brunissard dans la montée de l’Izoard, Andy Schleck se dresse sur les pédales et démarre. Il grimpe le col d’Izoard (14,7km) depuis le bas du col en 40min40s. Depuis l’église d’Arvieux, à 1543m, il a pédalé 31min02s et, depuis La Chalp, 25min20s.

Depuis Arvieux, Andy Schleck a été plus rapide que Lance Armstrong qui avait gravi l’Izoard en 32min17s depuis Arvieux en 2000. Mieux aussi que Di Luca au Giro 2007, en 32 minutes. Depuis La Chalp, il a aussi été plus rapide que Miguel Indurain (25min30s) lorsqu’il avait remporté l’étape de Briançon du Dauphiné en 1996.

Le Luxembourgeois développe 400 watts de moyenne en puissance étalon sur la dernière portion du col (6,95km à 7,2 % effectué en 19min10s). Au sommet du col, les autres favoris ont 2min15s de retard. Ils ont développé 50 watts de moins.
La performance est d’un haut calibre car, comme tout le monde, les athlètes de haut niveau souffrent d’hypoxie au dessus de 1600m en moyenne. Au dessus de 1600m, on perd 3% de consommation maximale d’oxygène tout les 300 mètres (cf ce livre de Véronique Billat, chercheuse spécialisée dans la physiologie de l’effort). Tous les coureurs ne réagissent pas de la même manière à l’altitude.
Avec toutes les précautions requises, on peut dire que l’équivalent de cette puissance pour un col en-dessous de 1600m serait de 420 watts sur moins de 20 minutes (on ajoute 5% à la puissance réelle, l’altitude moyenne de la fin de l’Izoard étant de 2100m).

Vient ensuite le col du Galibier, où Schleck va payer ses efforts. En raison du vent fort souvent défavorable, je ne peux que calculer une limite inférieure de puissance sur l’ensemble du col. La puissance étalon minimum d’Andy Schleck sur les 8,7 km a été de 360 watts durant 25min03s. Il faut ensuite tenir compte de l’altitude (2300m de moyenne depuis le Lautaret): pour l’équivalent d’un col en-dessous de 1600m, Andy Schleck aurait développé 387 watts. On constate donc qu’Andy Schleck a payé le prix de ses efforts de l’Izoard, de la vallée puis du Lautaret, et perdu une trentaine de watts dans le Galibier.

Derrière lui, les autres favoris du Tour, qui avaient fourni moins d’efforts, ont été quatre à dépasser les 410 watts (valeurs corrigées) : Frank Schleck, Evans, Basso et Voeckler.

Frank Schleck (387 watts, 416 watts corrigés) a établi à l’occasion un nouveau record d’ascension pour le versant sud du Galibier. Un record attendu puisqu’il y avait pour la première fois une arrivée au sommet. Il s’agit pour tous ces coureurs de performances comparables à celles observés à Luz-Ardiden et au Plateau de Beille, sur des durées qui étaient un peu plus longues. Mais rappelons qu’il s’agit de puissances minimales compte tenu du vent de face qui soufflait sur la montée.

Sur le haut du Galibier, à partir de 2346 mètres après un virage à gauche, la mesure est plus exacte car le vent souffle de côté. Sur cette portion de 4,4 km, Cadel Evans, qui a semblé être le coureur le plus à l’aise en altitude, a fait une grande performance en tirant des favoris, comme le lendemain sur l’autre versant du Galibier. Il a fini le Galibier sud en moins de 12 minutes, à 423 watts en puissance étalon corrigée de l’altitude – 2500m de moyenne – (387 watts sans tenir compte de l’altitude).

  • Festival Contador dans le Télégraphe (2)

Sur une pente de 12 km à 7,09%, Contador attaque en bas du col et dynamite le peloton après sa défaillance de la veille, en haut du Galibier. Seul Andy Schleck peut le suivre jusqu’en haut du Télégraphe. Ensemble, ils vont établir un nouveau record en 30min26s. Ils développent 444 watts en puissance étalon. Cela constitue la plus grande performance de ce Tour en chiffres bruts. Les deux hommes ont ici approché leurs records sur le Tour de France pour une demie-heure d’ascension, mais notons qu’il s’agit du début d’une étape courte (109 km).

Le précédent record du Télégraphe avait été établi par Evans, Christophe Moreau et Leonardo Piepoli sur le Critérium du Dauphiné en 2007, en 31min13s. Thomas Voeckler fait mieux aussi en 31 minutes tout rond. Avec 433 watts en puissance étalon, il retrouve son meilleur niveau atteint lors du dernier Critérium du Dauphiné, dans le Collet d’Allevard.

Vient ensuite le Galibier, sur le versant nord. Depuis Plan Lachat (6,8lm à 8,37%), Evans est enregistré à 388 watts (417 watts corrigés) durant 21min32s, lorsqu’il tente de revenir sur le groupe Contador/Schleck. Evans développe 14 watts de moins qu’en 2007 sur le même col.
Contador et Schleck faiblissent après leur très rapide montée du Télégraphe. En 22min48s, ils réalisent 364 watts (391 watts corrigés) en puissance étalon. Pour l”Espagnol, c’est près de 50 watts de moins que sa montée de 2007, qui était réalisée en fin d’étape et dans laquelle il avait attaqué.

Sur l’enchaînement Télégraphe-Galibier, jusqu’au tunnel du Galibier, Andy Schleck et Contador ont grimpé en 1h22min08s. Il s’agit d’une performance légèrement supérieure à celle du Colombien Juan Mauricio Soler, en 2007, réalisée presque intégralement en solitaire.

Sur le seul Galibier, depuis Valloire (16,7 km), les deux hommes ont grimpé un peu moins vite que Marco Pantani en 1998 et Soler en 2007.

  • Un peloton fatigué à l’Alpe d’Huez

Après ce début d’étape très rapide, les meilleurs ont logiquement faibli en fin d’étape, sur l’Alpe d’Huez, où Pierre Rolland s’est imposé. Le meilleur temps a été réalisé par Samuel Sanchez en 41min27s. C’est quatre minutes et demie de plus que le record établi par Pantani en 1995 (36min50s), et près de deux minutes de plus que Gianni Bugno, Miguel Indurain et Luc Leblanc en 1991. Le groupe Schleck/Evans a escaladé l’Alpe d’Huez dans un temps similaire à celui du Suisse Beat Breu en…1982.
L’ascension a pourtant été menée tambour battant dès le pied, avec une attaque de Contador. Après le Télégraphe à 443 watts, Contador a développé 424 watts en puissance étalon durant 23 minutes, jusqu’au lacet baptisé « virage des Hollandais ». L’Espagnol a fléchi sur la fin.

Seul Sanchez et Contador ont dépassé les 400 watts sur l’Alpe d’Huez (respectivement 405 et 403 watts). Le vainqueur, Pierre Rolland, a réalisé 398 watts.

  • Cadel Evans, un coureur constant depuis 2005

Pour des longs cols en fin d’étape, j’ai enregistré pour Evans les performances suivantes:

2005: moyenne 390 watts, maximum à Courchevel avec 407 watts
2006: moyenne 405 watts, maximum à l’Alpe d’Huez 420 watts
2007: moyenne 410 watts, maximum au col de Peyresourde avec 421 watts
2008: moyenne 407 watts, maximum au col d’Aspin 414 watts
2009: une seule performance à Verbier avec 452 watts (sur 22 minutes seulement)
2010: une seule performance à Avoriaz avec 415 watts
2011: moyenne 407 watts, maximum au Galibier 421 watts

Evans n’a jamais dépassé les 6 watts/kg pour des longues ascensions en fin d’étape. Au niveau des performances et de son parcours, il apparaît comme un vainqueur un peu plus crédible que ses prédécesseurs. (Contador, Sastre, Armstrong, Pantani, Ullrich, Riis et Indurain)

Cependant, la puissance moyenne sur les derniers cols des étapes est moins représentative du niveau cette année. En effet, dans les Alpes, la course a été très intense en début d’étape avec les attaques de Schleck à l’Izoard et de Contador au Télégraphe. Les coureurs ont dépensé de l’énergie avant le dernier col. Avec des débuts d’étape plus calmes, la moyenne de Cadel Evans aurait pu facilement dépasser les 410 watts sur le dernier col. Evans est donc sûrement un peu meilleur aujourd’hui qu’en 2007 ou 2008, quand il avait terminé 2ème du Tour.

(1) Comment faire pour développer 400 watts ?

Alignez des sacs de ciment de 40 kg au pied d’un mur de 1 m de haut.
Le but du jeu est de soulever un sac par seconde et de le poser sur le mur.
Si vous arrivez à enchaîner 10 sacs, vous aurez développé 400 watts pendant 10 secondes.

Petite explication:
Pour soulever le sac, vous devez exercer une force de 40X10 (9,81 exactement)=400 Newtons
La puissance est le produit de la force par la vitesse. La puissance sera égale à 400X1 (1m/s)= 400 watts.

Comparaison avec un cheval…
La puissance moyenne des chevaux de trait a été évaluée à 736 watts par James Watts. Ses chevaux étaient capables de soulever des charges de 75 kg à une vitesse de 1m/s. Mais je pense qu’ils étaient capables de le faire pendant plusieurs heures.
Je connais pas la puissance d’un cheval de course, mais elle doit être bien supérieure à celle des chevaux de trait mais pour une durée d’effort plus courte.

… et un scooter

Un scooter par exemple peut développer 3 ch soit environ 2200 watts.

La différence entre une machine et l’homme, c’est que l’être humain se fatigue beaucoup plus vite!

(2) : Validation de la méthode avec la puissance réelle de Jérémy Roy sur cette étape, grâce à son capteur de puissance SRM:

Télégraphe : 408 watts réels, 413 watts estimés

Haut du Galibier: 340 watts réels, 335 watts estimés

Alpe d’Huez: 350 watts réels, 349 estimés

 

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La dernière étape de montagne en direct

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18h43: On va se quitter là. Très difficile d’esquisser un pronostic sur la journée de demain. On peut penser que la troisième place reviendra à Frank Schleck et que Voeckler terminera dans les cinq premiers du Tour, une première pour un Français depuis Christophe Moreau en 2000.

Mais pour ce qui est des deux premiers ? Evans a déjà été dans une situation similaire en 2008. Il devait reprendre dans le dernier contre-la-montre 1’34” à Carlos Sastre, sur 53 km. Il n’en avait repris que 29 secondes, autant grâce à la performance de l’Espagnol qu’en raison de sa propre contre-performance (7e de l’étape).

Dans le dernier contre-la-montre, la fraîcheur joue beaucoup mais Andy Schleck portera le maillot jaune et bénéficiera des temps intermédiaires établis par Evans, ce qui constitue un avantage important. Le contre-la-montre de Grenoble (42 km) est également très vallonné, ce qui devrait niveler les différences entre Schleck et Evans. Pour finir, Andy Schleck s’en est toujours bien sorti dans les derniers contre-la-montre du Tour: 30e en 2008, 21e en 2009, 44e en 2010.

En ce qui me concerne, vu ma forme dans les pronostics depuis le début du Tour, vous comprendrez que je m’abstienne de tout commentaire ! Bonne soirée.

18h30: J’ai dit une bêtise: Millar est arrivé en dernière position du gruppetto mais dans le même temps, il est donc repêché comme tout le monde….sauf Leukemans (Vacansoleil), arrivé à 33 minutes et qui s’est payé une belle galère.

18h28: Comme le dit Daniel Friebe, journaliste du site Cyclingnews, ce sera demain Poulidor contre Poulidor, Andy vs Evans.

18h25: Evans passe à l’anglais mais il n’a parlé que de son problème mécanique dans le Télégraphe avant de filer. Bonne nuit à lui.

18h24: Nouvelle tentative d’interview de Cadel Evans en français. On tend l’oreille.

18h23: Selon les experts du site Science of Sport, Contador a grimpé l’Alpe d’Huez en 41 minutes et 33 secondes. Nous sommes loin des temps de Pantani et Armtrong, comme dans les Pyrénées.

18h17: Le gruppetto est hors-délais pour une quinzaine de secondes mais Cavendish ET Rojas étaient dedans. Le gruppetto sera repêché et il n’y aura pas de conséquences pour le maillot vert du Britannique.

18h15: Le gruppetto sera encore hors-délais. Mais on ne sait pas si Rojas est dedans.

18h08: Rappel du classement général: Andy Schleck a 53 secondes d’avance sur son frère et 57 secondes d’avance sur Evans. Voeckler est quatrième à 2’10”, suivent Cunego et Contador. Samuel Sanchez finira meilleur grimpeur du Tour s’il n’abandonne pas d’ici les Champs. Pierre Rolland, vainqueur de l’étape, est meilleur jeune avec environ 1’30” d’avance sur Taaramae. On attend encore Rojas et Cavendish pour le maillot vert.

18h07: Frank Schleck sur Eurosport: “C’est une journée réussie.”

18h005: Je viens de me faire corriger par Thierry Adam et le jury des commissaires: les délais seront de 25’09”. Plus qu’une dizaine de minutes.

18h04 : Jaja, sélectionneur de l’équipe de France, a une tête de Droopy. Alors qu’ils vient de se trouver des grimpeurs, il est conscient que les prochains championnats du monde sont promis à un sprinteur.

18h02: J’ai l’impression qu’on ne s’est pas vraiment ennuyé aujourd’hui. France TV a dû faire péter les audiences. Europcar est riche.

18h00: Les délais devraient être d’environ 27 minutes. On attend Cavendish qui doit morfler.

17h58: Voeckler confirme qu’il s’est fait siffler durant toute la montée par les Néerlandais, qui lui reprochent selon lui de n’avoir pas attendu Hoogerland lors de la fameuse partie de bowling de la voiture France Télévisions.

17h57: Voeckler au micro de Gégé Holtz. Il félicite Pierre Rolland, prend le soin de citer le sponsor Europcar, remercie son équipe, “merci à Jérôme Pineau et Arnold Jeannesson qui m’ont filé un coup de main ce qui n’a pas été le cas de tout le monde”.

17h56: Voeckler est en train d’engueuler un motard. Il se plaint d’avoir été gêné par une moto au moment où Contador a attaqué avec Schleck dans le Télégraphe, attaque qui a fait péter Voeckler et Evans. Rappelons que l’Alsacien a ensuite fait un contre-la-montre dans le Galibier.

17h55: Voeckler va être 4e du général, derrière les deux Schleck.

17h54: Arrivée de Voeckler à 3’21” de son coéquipier.

17h53: Voeckler est dans le dernier kilomètre. Taaramae va perdre deux minutes sur Pierre Rolland, qui aura du mal à conserver son maillot blanc demain dans le contre-la-montre.

17h52: Samuel Sanchez deuxième, vise le maillot à pois, Contador troisième. Velits 4, Evans 5, et Andy Schleck perd sans doute le maillot à pois mais prend le maillot jaune.

17h51: Pierre Rolland gagne à la pédale au sommet de l’Alpe d’Huez ! Après trois heures 13 minutes et 25 secondes de dingues. Moyenne: 34 km/h.

17h50: Flamme rouge pour le Français. Il a 12 secondes d’avance sur les deux Espagnols qui font cause commune.

17h49: Rolland va sans doute devenir le deuxième Français à gagner à l’Alpe après Bernard Hinault en 1986. Rien que ça.

17h47: Evans a attaqué Andy derrière mais le Luxembourgeois s’accroche, il pense fort à cette bonne partie de pêche qu’il fera mercredi prochain.

17h46: Rolland a lâché les deux Espagnols à deux kilomètres de l’arrivée !

17h45: Pierre Rolland essaye de lâcher Contador en haut de l’Alpe d’Huez. Je sais, quelque chose cloche dans cette phrase.

17h45: Sanchez et Rolland sont revenus ! Rolland attaque !

17h45: QUELLE ETAPE, BORDEL !

17h44: On est dans les trois derniers kilomètres. Contador est juste derrière les deux hommes. Cunego attaque dans le groupe Schleck.

17h43: Sanchez essaye de convaincre Rolland de rouler mais l’Orléanais ne doit pas comprendre l’espagnol.

17h41: Voeckler va très bien dans cette fin d’ascension, il a repris Jeannesson. Il a moins de trois minutes de retard sur Contador. Costaud.

17h41: Seulement 12 secondes de retard pour Sanchez et Rolland derrière Contador ! L’étape n’est pas jouée.

17h41: Andy Schleck et Evans discutent. Ca ne roule pas dans ce groupe. Evans prend le risque de devoir reprendre une minute à Andy dans le contre-la-montre demain.

17h40: Contador fend une foule d’une densité incroyable.

17h37: Cinq nigauds couraient à côté de Contador, Alberto a mis un poing à un type déguisé plus ou moins en géant vert. VAMOS.

17h36: Si vous n’avez pas les images, il y a un monde fou dans l’Alpe d’Huez. On a cru entendre Voeckler se faire siffler par des Néerlandais gavés de houblon.

17h35: Sans son aventure du Télégraphe et du Galibier, Voeckler aurait sûrement pu suivre le groupe de tête dans l’Alpe d’Huez. Apparemment, ça va mieux pour lui, il est avec Rémy Di Grégorio.

17h34: Tom Danielson, neuvième du général, est de retour dans le groupe Schleck.

17h33: Voeckler, Rolland et Péraud: il devrait y avoir trois Français dans les dix premiers au général ce soir. La dernière fois ? C’était il y a bien longtemps.

17h31: Voeckler est à 2’50” de Contador. Il est toujours dans les cinq premiers au classement virtuel.

17h30: Apparemment les écarts précédents étaient erronés et le groupe Schleck a moins d’une minute de retard sur Contador. “Ca ne va pas super vite”, dit Laurent Bellet sur la moto à côté de l’Espagnol.

17h28: Jalabert s’en prend aux “pseudo-scientifiques qui sont là avec leurs chronomètres et qui donneront leur avis sur la montée de Contador”. Jaja parle de l’ingénieur Frédéric Portoleau, un vrai scientifique qui donnera ici dimanche la puissance-étalon de Contador à l’Alpe d’Huez. Et à mon avis, elle ne sera pas du niveau de Verbier en 2009.

17h25: Attaque tranchante de Peter Velits, Sanchez essaye de suivre. Ca ne roule pas bien vite dans le groupe Schleck et Contador est en train de revenir dans le jeu pour la victoire dans le Tour.

17h23: C’est dur pour Voeckler, qui voit filer le podium. Il n’a aucun coéquipier. Toujours bien derrière Contador, Rolland va déposséder Taaramae du maillot blanc mais doit prendre suffisamment d’avance en vue du contre-la-montre de demain.

17h22: Dans le groupe des favoris : les deux Schleck, Evans, Hesjedal, Péraud, Sanchez, Cunego, Velits et… De Gendt. Ce groupe a 37 secondes de retard sur Contador, Voeckler est à 1’31” de l’Espagnol.

17h21: Insolite. Le grand espoir belge Thomas De Gendt (Vacansoleil) fait la montée de sa vie et s’accroche au groupe des favoris dans l’Alpe d’Huez.

17h20: On va surveiller le temps de la montée de Contador. Coup de feu dès le pied du col, étape courte…Contador pourrait se rapprocher du record de Pantani en 1997 (37’35”).

17h17: Contador a lâché Rolland sur sa deuxième accélération, mais le Français serre les dents. Pas mal ce qu’il fait…

17h16: Jaja à Thierry Adam : “N’oubliez pas de respirer Thierry, ça va être long.” Il reste 11,8km, soit une demie-heure de commentaires avant l’arrivée du premier.

17h15: Contador a repris Rolland et Hesjedal mais ne peut contrer. Rolland a l’air très bien. Evans s’accroche dans la roue d’Andy.

17h14: Le peloton est tout effiloché. Voeckler va devoir faire la montée à son rythme pour préserver ses chances de podium, qui sont minces. Andy Schleck et Evans sont derrière Contador mais Rolland et Hesjedal sont encore devant.

17h13: Le groupe Schleck reprend Evans. Voeckler est dans le dur en queue de groupe, il va perdre beaucoup de temps. Attaque de Contador pour l’étape.

17h13 : On va surveiller Voeckler, combien de temps pourra-t-il suivre les Schleck ? Taaramae est lâché.

17h11: Evans attaque dès le pied !

17h10 : C’est parti pour 13,8 km de souffrance. Le taux d’alcoolémie moyen des spectateurs sur l’Alpe d’Huez est de 1,6g/L.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

17h09 : On fait le point. Un peloton d’une quarantaine d’hommes est en poursuite derrière deux hommes : Pierre Rolland et Ryder Hesjedal. Ils n’ont que 45 secondes d’avance car derrière, la Cofidis roule pour défendre le maillot blanc de Taaramae. On est au pied de l’Alpe d’Huez.

17h08 : Voeckler est sûrement rincé mais ses équipiers l’ont ramené sur le groupe Evans !

17h07 : Frank Schleck a certes gagné à l’Alpe d’Huez en 2006 mais deux ans plus tard, elle lui a laissé un goût amer. Son coéquipier de l’époque chez la CSC de Bjarne Riis, Carlos Sastre, avait attaqué en bas de la montée pour aller conquérir le maillot jaune..que portait Frank Schleck. Sur ordre de Riis, les Schleck ont dû laisser filer le Tour de France. Trois jours plus tard, Cadel Evans n’avait pas réussi à reprendre le maillot à Sastre dans le contre-la-montre  et Riis avait eu raison. Les Schleck ne lui ont jamais vraiment pardonné.

16h58: Pierre Rolland attaque dans un faux plat. Bien joué. Il vise le maillot blanc et la victoire d’étape, et personne ne court derrière lui.

16h57 : Dans le top 10 du classement général, il manque Voeckler, Basso et Péraud à l’avant. Quatorze coureurs en tête. Paradoxalement, les Europcar, en ramenant Voeckler, sont aussi en train de ramener le maillot blanc Taaramae sur la tête de course…et sur Pierre Rolland.

16h56 : Jonction en tête de la course, ça se relève un peu. Tout bon pour Voeckler qui n’a plus qu’une minute et vingt secondes de retard.

16h55 : N’hésitez pas à lâcher vos revendications dans les commentaires, à l’instar de Acabanis et Peredur: “On ne peut pas mettre Thierry Adam sur la moto queue et le remplacer par Nicolas Geay ? ça nous fera des vacances” et “Une des plus belles étapes du Tour depuis 20 ans et pas moyen de la mater à la télé, ça ne profite pas à tout le monde les 35 heures.”

16h54 : Le groupe Evans va sûrement revenir sur Andy et Contador avant le bas de l’Alpe d’Huez. Voeckler peut s’en mordre les doigts.

16h52 : Info Jacky Durand sur Eurosport : la voiture-balai est passée avec 23 minutes de retard sur la tête de course au sommet du Galibier, mais il n’y avait que le Belge Leukemans devant lui. Il sera hors-course ce soir.

16h50 : Hejsedal, coéquipier de Danielson, roule aussi dans le groupe Evans. Le groupe Voeckler a repris Basso avec 1’45 de retard sur la tête de course et 1’15” environ sur le groupe Evans.

16h48 : Samuel Sanchez prend les relais dans le groupe Schleck/Contador. Il joue l’étape et peut encore espérer prendre le maillot à pois si Andy perd pied dans l’Alpe d’Huez.

16h45 : Le groupe Voeckler est devenu le peloton, avec une vingtaine de coureurs. Il y a quatre coureurs d’Europcar qui maintiennent l’écart à deux minutes. Le groupe Evans a plus de mal à s’organiser, seuls Casar et Evans roulent.

16h41 : Très drôle sur Eurosport, Virenque affirme qu’il a lâché Armstrong et Ullrich dans Joux-Plane en 1999, Alexandre Pasteur soutient à juste titre que Ullrich n’était pas sur le Tour cette année-là. Eh oui Richard, ta victoire à Morzine c’était en 2000. Richard vient de perdre une caisse de champagne.

16h37 : Ca descend encore, avec des faux plats, pendant 27 kilomètres. On se prépare pour l’Alpe mais y’a plus de bière dans le frigo.

16h35 : Le groupe Evans est à 27 secondes. Et qui va rafler la mise en haut de l’Alpe ? Franky bien sûr.

16h30 : Voeckler prend cher, il a deux minutes de retard sur la tête de course. C’est le moment de te refaire la cerise mon petit.

16h29 : Grosse étape d’Arnold Jeannesson et de Sandy Casar, qui va rouler pour faire la jonction avec le groupe Contador.

16h26 : Samuel Sanchez est l’un des trois meilleurs descendeurs du monde, il revient comme une balle sur le groupe Contador. Frottez-vous les yeux, cette étape et celle d’hier sont parmi les plus belles depuis 20 ans sur le Tour.

16h25 : Richard Virenque y croit encore : “Si ca revient dans la vallée sur le groupe Contador, ça pourrait se regarder et Voeckler peut revenir.” Surtout qu’il a trois équipiers.

16h22 : Si Andy Schleck ne paye pas ses efforts de la veille dans l’Alpe d’Huez, ça fera réfléchir. Thierry Adam est en train de perdre les pédales comme Voeckler, n’écoutez pas tout ce qu’il raconte.

16h20 : Basso à 1’05”, Voeckler à 1’30 avec trois équipiers. Le maillot jaune est fou de rage, la victoire dans le Tour lui échappe, le podium aussi, sûrement.

16h18 : Andy Schleck passe en tête au sommet du Galibier. Derrière lui, Contador, Rui Costa et Riblon. Samuel Sanchez passe à une quarantaine de secondes avec Evans, Frank Schleck et Pierre Rolland. Jean-Maurice Ooghe a préféré nous montrer un tunnel que le passage des favoris au sommet.

16h17 : Voeckler a joué son va-tout en voulant rattraper Contador tout seul. Pari perdu, il n’a plus de jambes. On va récapituler au sommet du Galibier.

16h16 : Les Europcar n’avaient pas vraiment l’oeil sur leur leader…Inexplicable. Rolland joue suit Evans, il joue le maillot blanc. Le maillot jaune est finalement attendu par Charteau et Vincent Jérôme, qui doit se demander ce qu’il fout là.

16h15: Voeckler lâché sur l’accélération d’Evans ! Ses équipiers l’ont oublié.

16h13 : Attaque de Sanchez qui, au pire, prendra des points au sommet du Galibier.

16h11 : Peredur : “C’est vrai ça, il est où notre Frank Schlek ? Au chaud dans le peloton ? Bon puis sinon vive la Bretagne !!” Vieuxdelam : “Ça vaut pas le paris roubaix ton truc”. Vieuxdelam est soit un Nordiste soit Tom Boonen. Dans les deux cas je suis très honoré.

16h10 : Qui va pouvoir rouler dans la descente pour le peloton ? Seuls Danielson, Jeannesson, Voeckler et Basso (qui s’accroche) ont des coéquipiers.

16h07 : Voeckler attend le peloton, peut-être un peu tard. Contador, Andy Schleck, Evans, Voeckler : il n’y a pas beaucoup de petits coureurs sur ce Tour de France. Basso est en difficulté.

16h05 : Il y a eu un sacré coup de vis dans le peloton. Evans a pris les choses en main, comme hier. Il reste une dizaine de coureurs dans le peloton mais je crois que Jean-Christophe Péraud (10e du général) est lâché. Reste cinq kilomètres avant le sommet du Galibier.

16h04 : Un nouveau comm régionaliste d’un certain Jeandec: “Bravo pour ton live de la course, qui met si bien en valeur cette belle région qui ressemble beaucoup à l’Auvergne en moins joli.” Pour l’instant je suis surtout lu par des gens du Grand Milieu de la France.

16h03 : Voeckler est planté, c’est très dur. Il y a des chances qu’il se fasse reprendre dans la descente. Jaja lui conseille d’attendre.

16h02 : Voeckler est en train de légèrement lâcher prise. 45 secondes de retard. Taaramae lâché du peloton, le maillot blanc se joue aussi.

16h00: France TV a encore essayé d’interviewer Cadel Evans en français ce matin. Nouveau #fail. On a compris qu’il aurait aimé avoir cinq minutes d’avance sur les Schleck avant le contre-la-montre mais je doute que ce soit le cas.

15h58: Un certain HP nous dit : “C’est trop guedin. Merci pour ton regard sur cette étape de pure folie dans la plus belle région du monde (après le Forez, bien sûr)” Vous aussi lâchez vos comms régionalistes !

15h57 : Le passage le plus dur du Galibier va commencer maintenant, à Plan Lachat. Ah oui, on vous avait pas dit mais c’était facile jusqu’ici. Izagirre a été lâché, plus que Riblon et Rui Costa avec les deux monstres devant.

15h52 : Contador ne laisse absolument aucun répit à Voeckler, qui peut voir le groupe. Dans les roues de Contador et Andy, il y a toujours Izagirre, Riblon et Rui Costa.

15h51 : Voeckler est grand plateau dans le Galibier. Par pitié pour vos jambes, n’essayez jamais de l’imiter.

15h47 : C’est maintenant la BMC qui a pris le contrôle du peloton. Evans a trois équipiers, dont l’inépuisable Hincapie, avec 1’40” de retard sur la tête de course. Ecart toujours stable entre le groupe Contador/Schleck et Thomas Voeckler, dont on ne sait pas dans quel état il arrivera au pied de l’Alpe d’Huez.

15h46 : Vanendert, maillot à pois, est lâché. Le maillot se jouera entre Andy Schleck et Samuel Sanchez.

15h44 : Question de France TV à Ismaël Mottier, directeur sportif d’Europcar : “Qu’est ce que vous lui avez conseillé ?” “De rentrer sur le groupe de tête.” Judicieux conseil.

15h42 : Drôle d’image, Flecha donne un coup de main à Voeckler. Après l’étape de Saint-Flour, quand ils étaient échappés ensemble, l’Espagnol avait dit : “En regardant l’accident, sa première réaction a été d’aller encore plus vite, il n’a même pas arrêter de pédaler une demi-seconde pour voir ce qui s’était passé. Le lendemain, tout le monde est venu me voir pour me demander si j’allais bien sauf lui. C’est bien dommage. Il ne se soucie que de lui-même. Si vous demandez aux autres coureurs dans le peloton, ils seront d’accord avec moi, il ne s’inquiète jamais des autres.”

15h40 : “Who said cycling is boring ?”, écrit Axel Merckx (fils de) sur Twitter.

15h38 : Plus d’une minute entre le peloton et Voeckler, la voiture Europcar peut le rejoindre. Ca ne lui fera pas de mal.

15h37 : Andy si tu veux perdre le Tour, continue à ne pas rouler.

15h36 : Voeckler, Hoogerland et Flecha sont ensemble. Les voitures France TV ne doivent pas être loin.

15h35 : Si Voeckler veut sauver quelque chose dans cette étape, c’est maintenant qu’il doit produire un gros effort. Plus que 24 secondes.

15h33 : On profite de la pub sur France TV pour aller écouter un peu les amis d’Eurosport. Christophe Moreau pronostique que ca va se jouer entre Contador et Andy et que le peloton ne reviendra plus.

15h30 : Contador obtient de l’aide de Gutierrez de la Movistar. Spanish connection devant, French connection derrière, Vert fluo connection en tête de peloton.

15h27 : Andy Schleck va s’assurer tranquillement le maillot à pois, il est passé deuxième au sommet du Télégraphe derrière Izagirre. S’il sait gérer son effort, il peut aussi gagner le Tour, mais l’avance au sommet n’est pas énorme par rapport au peloton : une minute et 35 secondes.

15h25 : Jérôme Pineau file un coup de main à Voeckler. Il est habitué : il était déjà son coéquipier lorsqu’il fallait défendre le maillot jaune de Voeckler en 2004. Il faudrait qu’il puisse limiter l’écart d’ici le sommet du Télégraphe, dans un kilomètre.

15h21 : Voeckler est dans la pire des positions, à deux kilomètres du sommet du Télégraphe. IL est à une trentaine de secondes de la tete et compte 40 secondes d’avance sur le peloton emmené par les Liquigas, qui ont repris Evans. Contador continue de rouler tout seul en tête, Andy fait de la patinette.

15h20 : Evans s’est arrêté deux fois pour vérifier son vélo et a fini par changer. Il est avec Burghardt, son coéquipier qui grimpe comme un fer à repasser (rapport à sa grande carcasse). Voeckler est à son rythme derrière mais nous n’avons pas d’écart, probablement une vingtaine de secondes.

15h18 : C’est n’importe quoi cette étape, pourquoi j’ai proposé de faire un live ?

15h17 : Sur une accélération de Contador, qui roule seul depuis son attaque, Evans est déposé. Voeckler aperçoit encore Contador et Andy, qui ont repris l’échappée.

15h16 : Tweet de @alexandrepedro, notre collègue de 20minutes.fr : “Je sais pas pourquoi, j’ai une pensée pour Floyd Landis.” Il y a cinq ans, l’Américain avait eu une défaillance dans l’étape de La Toussuire, avant-dernière étape de montagne, comme Contador hier dans une moindre mesure. Le lendemain, il avait attaqué dans le premier col de la journée et s’était imposé à Morzine avec six minutes d’avance sur Carlos Sastre, deuxième de l’étape. Il avait remporté le Tour, perdu sur tapis vert après un contrôle positif à la testostérone le soir de cette étape.
Nuance : L’étape était deux fois plus longues qu’aujourd’hui et comprenait quatre cols.

15h08 : La Liquigas roule derrière pour Ivan Basso. Il y aurait deux minutes d’écart entre le groupe Voeckler et le peloton. Frank Schleck et Cunego repris par un peloton qui a décroché Nicolas Roche…mais pas Cavendish.

15h07 : J’ai même pas eu le temps de vous montrer le profil de l’enchaînement Télégraphe-Galibier, le voici :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

15h06 : Ce serait pas un champion le mec en blanc devant ? Cavendish doit le maudire.

15h05 : Frank Schleck a coincé. Devant on retrouve Contador, Andy, Evans et Voeckler.

15h04 : Après la grande étape d’hier, l’étape du jour ne pouvait pas mieux commencer.

15h03 : Enorme accélération de Voeckler qui est revenu devant. Il a enrhumé Vanendert au passage.

15h02 : Evans est revenu sur ce petit groupe, Voeckler revient plus lentement amené par deux équipiers.

15h01 : Etonnant la bagarre commence très tôt. Voeckler n’est pas aux premières loges. Saxo Bank visse, les frangins sont juste derrière.

15h00 : Attaque d’Alberto suivi par Andy Schleck !

14h59 : J’écrivais que Contador n’avait aucun relais devant mais Chris Anker Sorensen, l’un des meilleurs grimpeurs de la Saxo Bank, vient d’attaquer dans les premières pentes du Télégraphe. Ce n’est évidemment pas anodin. Dans l’échappée, Iglinsky (dernier à accompagner Andy Schleck hier), Riblon (vainqueur l’an dernier à Ax-3 Domaines), Rui Costa (vainqueur à Superbesse) et Hoogerland (écrasé avant Saint-Flour) sont les meilleurs grimpeurs en théorie.

14h56 : Contrairement à hier, les Leopard n’ont placé aucun relais. Autant dire qu’ils n’attaqueront pas avant l’Alpe d’Huez. Contador n’a personne devant non plus, en revanche Samuel Sanchez, qui a coincé hier, a deux copains.

14h55 : Aucun danger pour le classement général. Pour le maillot à pois, Hoogerland est à 36 points de Vanendert, il faudrait donc qu’il finisse devant lui et dans les cinq premiers à l’Alpe d’Huez et qu’il passe en tête des deux premiers cols de la journée.

14h52: Le peloton s’est calmé, les 14 coureurs ont pris deux minutes d’avance. La composition : Greipel pour Omega Pharma-Lotto, Izagirre et Urtasun pour Euskaltel, Iglinsky pour Astana, Costa et Gutierrez pour Movistar, Koren pour Liquigas, Riblon pour AG2R, Flecha pour Sky, Pineau pour Quick-Step, Burghardt pour BMC, Buffaz et Duque pour Cofidis, Hoogerland pour Vacansoleil.

14h47 : La première échappée s’est formée, avec une douzaine de coureurs, mais n’a pas encore une avance suffisante. Ca roule à  bloc. Johnny Hoogerland et ses 33 points de suture made in France TV sont encore devant.

14h42 : Question de Peredur : “Question “Paulo la science” : Est-ce que c’est déjà arrivé 2 frangins sur le podium du TDF ?” Non, pas même les trois frères Pelissier avant-guerre. En 2009, les frères Schleck ont déjà établi une première: être tous les deux sur le podium provisoire du Tour de France (comme ce matin).

14h39 : Le maillot à pois est depuis les Pyrénées sur les épaules du Belge Jelle Vanendert, la vraie révélation de ce Tour. Il ne compte que deux points d’avance sur Samuel Sanchez et quatre sur Andy Schleck, qui a bien ramassé hier lors de son échappée victorieuse. Autant dire que tout est à faire. Même Frank Schleck et Cadel Evans peuvent encore y penser. L’avantage de Vanendert est qu’il aura plus facilement un bon de sortie que ses deux adversaires pour aller prendre des points au Télégraphe et au Galibier. On en reparle rapidement.

14h34 : Le maillot blanc tient sur les épaules de l’Estonien Rein Taaramae (Cofidis) pour 33 secondes devant Pierre Rolland, un peu bridé hier par son rôlé d’équipier de Voeckler. Taaramae est un très bon rouleur contre-la-montre, Rolland devra donc lui prendre au moins deux minutes aujourd’hui pour espérer être en blanc à Paris. Les deux coureurs sont annoncés depuis longtemps comme très talentueux mais l’Estonien l’avait davantage confirmé que le Français depuis deux ans. Heureusement qu’il était là pour sauver le Tour de la Cofidis. Aujourd’hui, dernière chance pour Moncoutié de se montrer sous son meilleur jour.

14h29 : Thomas Voeckler à Gégé Holtz : “C’est mon destin, deux fois 10” (jours en jaune). Tu vas finir par y croire un jour, à ce maillot jaune ou bien ?

14h27 : Le maillot vert peut changer d’épaules aujourd’hui. Rojas a 15 points de retard sur Cavendish, qui a perdu 20 points hier en arrivant hors-délais avec le gruppetto. Etant donné que plus de 20% du peloton était hors-délais (plus de la moitié même, en l’occurrence), le jury l’a logiquement repêché. Du côté des sprinteurs, on l’a mauvaise et on critique le mode de calcul des délais. Aujourd’hui, l’étape est particulièrement courte (109,5 km) donc le mode de calcul des délais sera particulier :
• 9% du temps du vainqueur si la moyenne du premier est inférieure à 30 km/h
• 10% entre 30 km/h & 31 km/h;
• 11% entre 31 km/h & 32 km/h;
• 12% entre 32 km/h & 33 km/h;
• 13% entre 33 km/h & 34 km/h;
• 14% entre 34 km/h & 35 km/h;
• 15% entre 35 km/h & 36 km/h;
• 16% entre 36 km/h & 37 km/h;
• 17% entre 37 km/h & 38 km/h;
• 18% entre 38 km/h & 39 km/h;
• 19% entre 39 km/h & 40 km/h;
• 20% si la moyenne est au-dessus 40 km/h

Rojas, qui grimpe bien pour un sprinteur, peut demander à son équipe de durcir la course pour faire sauter Cavendish dès les premières pentes du Télégraphe. Il peut aussi essayer de se glisser dans l’échappée pour prendre 20 points au sprint intermédiaire de Bourg d’Oisans, en bas de l’Alpe d’Huez, mais je doute que l’équipe HTC de Cavendish le laisse faire.

14h13 : Enjeux à tous les étages aujourd’hui, hormis au classement par équipes où les joyeux lurons de Garmin-Cervélo vont l’emporte à l’issue d’un Tour successful (quatre victoires d’étape et un quatrième coureur différent dans le top 10 depuis 2008, avec Danielson).D’abord, il y a une étape à gagner à l’Alpe d’Huez, ça se refuse pas. Frank Schleck l’a déjà fait en 2006 à l’issue d’une longue échappée. Il s’était imposé devant Damiano Cunego, qui n’a jamais été aussi bon sur le Tour que cette année. (voir ci-dessous. Attention cette vidéo contient des images de Christophe Moreau)

Peredur en veut encore dans les commentaires : “On veut une attaque de Frank Schleck aujourd’hui, histoire de fatiguer le père Evans avant le CLM de demain !!”

14h03 : Je croyais que l’étape commençait sur France 2 mais là y’a Toute une histoire avec pour thème : “Qui sont ces pères qui partent sans se retourner ?” Sûrement pas Johnny Schleck, l’ancien coéquipier de Luis Ocana, qui colle au cul de ses fils tout le mois de juillet. Il répète depuis trois semaines qu’ils sont du même niveau, et c’est là tout leur problème. On va en reparler. Tout de suite, le point sur les enjeux de l’étape.

14h00 : Aujourd’hui, nouvelle régalade pour les coureurs: le Galibier et l’Alpe d’Huez. Montée, descente, montée, sur 109 kilomètres, dernière occasion pour les frères Schleck de distancer Cadel Evans. On va le suivre en direct pour tous ceux qui sont coincés au bureau sans télévision. Condoléances. N’hésitez pas à laisser vos commentaires, que je ferai remonter dans le direct.

L’étape en vidéo. Très franchement, on préfère être dans son canapé :

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Et maintenant, 300 bornes dans les Alpes

REUTERS/Denis Balibouse

On est bientôt sur les Champs. Samedi soir, Qatar Airways ramène tout ce beau monde à Paris, nuit en boîte et avion le lundi pour de nouvelles courses, avec forcément moins de pression.

D’ici là, il y a une course à gagner. Et si les Pyrénées nous avaient donnés l’impression qu’elle n’intéressait pas grand monde, la petite montée du col de Manse mardi, sur une pente de moins de 6% peu propices aux attaques, a subitement éclairé la course d’attente de Luz Ardiden et du plateau de Beille : les frères Schleck étaient conscients de leurs limites, Evans n’avait aucun intérêt à bouger et Contador se remettait d’une blessure au genou droit.

Il n’y avait donc que l’Espagnol pour tirer le Tour de ce mauvais pas de sénateur et visiblement, ça lui chatouille les jambes, puisqu’il a attaqué sur des pentes faiblardes, dont il dit souvent, à juste titre, qu’elles ne lui permettent pas de faire parler son explosivité. On ne dira jamais assez que Contador est un vrai coursier, comme on dit, et ce indépendament de ses problèmes de carnivore. Contador est présent toute l’année, n’a pas de point faible, et a la réputation d’être un grand professionnel.

Avec Contador de retour à son niveau – reste à voir si c’est le très bon Contador du Tour 2010 ou Giro 2011 ou le Contador exceptionnel du Tour 2009 -, la course a commencé. Contador étant triple vainqueur – en sursis -, invaincu sur ses six derniers Grands Tours, elle est forcément calquée sur lui. Et si Cadel Evans a toujours été le mieux placé pour remporter le Tour, depuis la toute première étape, c’est bien Contador que les Schleck ont toujours observé durant les ascensions.

Trois questions se posent avant la traversée des Alpes :

  • Voeckler peut-il tenir au même rythme ?

Thomas Voeckler a développé dans les Pyrénées une puissance étalon autour de 400 watts, ce qui semble dans ses possibilités depuis l’an dernier. Mais il n’a jamais eu à répéter ce genre de performances durant plusieurs jours d’affilée. De plus, les cols des Alpes, plus pentus que dans les Pyrénées, correspondent moins en théorie à son style de grimpette.

Il porte le maillot jaune depuis dix jours, ce qui implique qu’il a forcément moins bien récupéré que les autres premiers du classement général. Après chaque étape, le maillot jaune passe au contrôle antidopage et enchaîne mondanités, interviews et conférence de presse obligatoires. Il arrive forcément plus tard au massage, et le retard de récupération s’accumule. Son erreur dans la descente vers Pinerolo, lui qui est un bon descendeur, est un premier signe de sa fatigue.

Enfin, Voeckler semble vouloir se convaincre qu’il ne peut pas gagner le Tour, là où son attitude en course semble le situer au niveau des autres dans les cols. Mardi à Gap, c’est presque soulagé qu’il expliquait avoir « affiché ses limites ». On ne gagne pas une course en étant persuadé qu’on a rien à faire là. Mais le garçon est malin et connaît parfaitement son corps. Un podium reste largement posssible, la victoire à Paris ne peut être exclue.

  • Quelle tactique pour Contador ?

Contador a deux minutes de retard sur Cadel Evans. Il doit reprendre au moins une minute d’ici le contre-la-montre. Vu le profil de l’étape de l’Alpe d’Huez, il est probable qu’elle s’apparente à une course de côte sur 14 km, en bas de l’Alpe. Contador doit donc passer à l’attaque dès jeudi, sur un terrain qui lui convient bien.

Il doit faire douter Evans, lui montrer qu’il est à nouveau Contador et qu’il n’y aura rien à faire contre lui. Ca tombe bien, Evans est un coureur réputé fragile. Il sait grimper au train et revenir sur l’Espagnol après une accélération franche, mais combien de fois ?

Si Contador commence à creuser un écart, Evans va gamberger. Il est déjà tellement passé à côté ! Une défaillance en 2002 alors qu’il était leader du Tour d’Italie, deux fois deuxième du Tour (2007-2008) alors que la victoire était accessible, une blessure l’an dernier alors qu’il portait le maillot jaune : Evans n’a jamais répondu présent quand il le devait et c’est là où personne ne l’attendait, lors du championnat du monde 2009, qu’il a obtenu sa plus belle victoire.

La meilleure manière de faire douter Evans sera de le priver d’équipier dès le col d’Agnel, peut-être le plus dur de ce Tour, placé au milieu de l’étape de jeudi. Tout est plus facile quand on a un équipier avec soi. Il permet de se focaliser uniquement sur la course et sa présence rassure. Dans le col d’Izoard, Contador aura plusieurs kilomètres à 10% de pente moyenne ou presque sur lesquels son démarrage peut faire des ravages. Restera ensuite le Galibier, un col long qui convient mieux à Evans.

  • Quel rôle pour les Schleck ?

Le moins possible, non ? Andy et Frank Schleck, comme Ivan Basso, se distinguent de Contador, Sanchez et Evans en ce qu’on les voit trop rarement le reste de la saison. Six ans après ses débuts professionnels, le palmarès du cadet, hors championnat du Luxembourg, tient sur un timbre-poste: six victoires individuelles, dont Liège-Bastogne-Liège et deux étapes du Tour.

Le cyclisme des Schleck est tout ce qui fait le malheur du cyclisme moderne: froid, stéréotypé et monomaniaque. Avant le Tour, Andy, sûr de lui, dessine son plan sur la carte du Tour et s’y conforme vaille que vaille. L’an dernier, il n’a pas écouté l’an dernier les conseils de Bjarne Riis, un des plus grands stratèges du peloton.

Tant pis pour lui, il a perdu le Tour. Mardi à Gap, c’est Frank qui confessait ne pas s’attendre à une attaque de Contador: mal placé, il a perdu du temps. La descente a été fatale à Andy, qui a déboursé une minute. C’est pô juste, a-t-il dit, jugeant en substance que le Tour ne devrait pas se jouer dans les descentes. Le problème, c’est que les Schleck voudraient que le Tour ne se joue pas non plus dans les contre-la-montre, les chutes ou les bordures. En résumé: une course de côtes et on règle ça entre nous. Contador n’est pas de cet avis et leur a fait savoir une fois de plus à Pinerolo.

Une fois écrites ces quelques remarques qui me brûlaient les doigts, il faut admettre que les Schleck auront probablement un grand rôle dans les Alpes, où Andy attaquera sans aucun doute. Mais ils se retrouveront probablement dans la position de faiseurs de roi. A eux de voir s’ils préfèrent voir Contador ou Evans en jaune à Paris. Ils peuvent aussi décider de favoriser Contador et faire craquer Evans pour briguer la deuxième place, qui pourrait valoir une victoire une semaine plus tard.

Il est aussi très possible qu’on ne voit aucun Schleck sur le podium à Paris. Lundi, journée de repos, Andy a eu cette lapalissade: “On ne peut pas gagner tous les deux.” Et perdre ensemble, c’est possible ?

 

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Puissances en berne

Détail du vélo de Samuel Sanchez, le 17 juillet 2011. REUTERS/Stefano Rellandini avec Frédéric Portoleau

Les deux grandes étapes des Pyrénées ont fait parler. Les fesses sur le canapé ou sur une chaise de salle de presse, on fronce les sourcils. Comment Thomas Voeckler, tout maillot jaune qu’il est, peut-il donner le change à Andy Schleck à l’issue d’une grande étape de montagne? Pourquoi Contador grimace-t-il dans un col? Pourquoi le carré Schleck(s)-Evans-Contador n’arrive-t-il pas à distancer des coureurs comme Pierre Rolland, Jean-Christophe Péraud ou Jelle Vanendert? Pour résumer: beaucoup se demandent ce qui se passe cette année dans le peloton du Tour de France.

Les travaux de Frédéric Portoleau, dont il a déjà expliqué la méthode sur ce blog, donnent de premiers éléments d’explication. Ils ne suffisent pas à tirer des conclusions sur la santé du peloton. Les ascensions finales ont été moins rapides, soit. Mais on s’est beaucoup observé entre leaders, à Luz-Ardiden comme au plateau de Beille. Parce que personne ne s’en sent capable ou parce que ce n’était pas le moment?

Les Schleck, Evans, Basso et Contador ont-ils grimpé à leur seuil, c’est-à-dire à la limite acceptable par leurs jambes, ou en ont-ils gardé sous la pédale par peur d’un contre adverse? La baisse de puissance étalon des meilleurs est en tout cas éloquente, et aucun des premiers du classement général n’a approché sur ce Tour ses records de puissance. Aucun, sauf le maillot jaune Thomas Voeckler.

Note: toutes les puissances évoquées ci-dessus sont des puissances théoriques, calculées pour un poids du coureur + équipement de 78 kilos. Il ne s’agit pas de la puissance réelle développée par les coureurs. Celle-ci dépend entre autre de la masse à élever pour vaincre la pente, or le poids des coureurs n’est pas toujours connu avec précision le jour de la mesure. Ils peuvent se déshydrater en cours d’étape et perdre quelques kilogrammes. Le nombre de bidons portés est variable. Cette valeur étalon est utilisée pour faire nos comparaisons. (1)

Le Tourmalet grimpé comme en 2008

Dans le Tourmalet , la mesure est faite à partir de Gripp, après les premiers contreforts du col et dans les premiers pourcentages supérieurs à 6%. Cette partie du col fait 12,6 km à 8,75% de pente moyenne. Le Tourmalet intervenait après l’ascension de la Hourquette d’Ancizan, col de première catégorie, et avant l’ascension de Luz Ardiden.
Laurens Ten Dam (Rabobank) a été le plus rapide sur cette partie, en
40min34s soit 400 watts en puissance étalon. Le Néerlandais a gravi le Tourmalet 44 secondes moins vite que Marco Pantani en 1994, alors lancé à la poursuite de Richard Virenque.
Le col du Tourmalet a été gravi sur un rythme soutenu par les leaders (40min45s) qui sont passés au sommet quelques secondes après Ten Dam.
Le record est toujours détenu par Jan Ullrich et Lance Armstrong en 38min43s, lors du Tour 2003. Ullrich avait alors attaqué dans cette montée, lors d’une étape également conclue à Luz-Ardiden.

Plus près de nous, en 2008, le peloton avait grimpé le Tourmalet dans le temps de Ten Dam, à une seconde près. Emmenés la plupart du temps par Jens Voigt, ils étaient encore 14 dans le peloton au sommet.

Cette année, ils étaient une petite trentaine, encore emmenés par Voigt. Philippe Gilbert, qui avait annoncé qu’il voulait lors de cette première étape voir jusqu’où sa forme pouvait l’emmener en montagne, s’est découvert bon grimpeur puisqu’il a gravi le Tourmalet en 41min06s (393 watts).

Frank Schleck, plus rapide à Luz Ardiden, moins fort qu’avant

C’est lors des dernières ascensions d’une étape que les leaders donnent, en théorie, la pleine mesure de leur force.

Frank Schleck a réalisé la meilleure montée de Luz Ardiden, puisque Samuel Sanchez et Jelle Vanendert, respectivement premier et deuxième au sommet, étaient sortis dans la descente du Tourmalet.

Schleck a gravi cette montée hors-catégorie en 37min26s, soit 417 watts en puissance étalon. C’est deux minutes de plus que le record de Lance Armstrong, qui date de 2003 (35min33s). Par comparaison, Greg Lemond avait escaladé Luz Ardiden en 1990 en 39min50s, Miguel Indurain en 37min40s en 1994, à chaque fois à l’issue de longues étapes de haute montagne comme jeudi dernier.

Les autres favoris ne sont pas loin: 413 watts pour le groupe Evans, 410 pour Contador, 408 pour Voeckler et 402 pour Arnold Jeannesson, grimpeur de la FDJ qui prend le maillot blanc de meilleur jeune ce jour-là.

La quasi-intégralité de l’ascension a été très tactique. Frank Schleck a attaqué à un peu moins de trois kilomètres de l’arrivée et produit un effort intense. Il a réalisé la meilleure performance de la traversée des Pyrénées durant cette attaque avec dix minutes à 433 watts en puissance étalon.
Comparons cette performance avec ses références dans le Tour, en puissance étalon:

  • En 2006, Frank Schleck remporte l’étape Gap-Alpe d’Huez après avoir passé la journée en tête, dans une échappée, par delà l’Izoard et le Lautaret. Dans l’Alpe, il part seul avec Cunego et s’impose après 40 minutes d’effort à 415 watts.
  • En 2008, il franchit la ligne en troisième position à Hautacam derrière deux fusées de l’équipe Saunier Duval (Leonardo Piepoli, vainqueur, sera disqualifié après un contrôle positif à l’EPO-Cera). Il produit alors 432 watts durant 38 minutes environ.
  • En 2009, il remporte l’étape du Grand-Bornand après s’être envolé avec son frère, Contador et Klöden dans l’avant-dernière ascension, le col de Romme. Dans Romme puis le col de la Colombière, il développe respectivement 440 watts sur 27 minutes puis 430 watts sur 23 minutes.

Ces trois performances clés de Frank Schleck sont supérieures à celles qu’il a accomplies dans Luz-Ardiden. Nul ne sait s’il aurait pas pu poursuivre son effort plus longtemps mais il a semblé coincer au moment de rejoindre Sanchez et Vanendert dans le dernier kilomètre. Notons également que Frank Schleck a réalisé sur le Critérium international, fin mars, une montée impressionnante avec 445 watts pendant 33min30s.

Vanendert à trois minutes de Pantani

Samedi, les favoris étaient attendus pour une première grande explication au plateau de Beille, dont le vainqueur a toujours fini en jaune à Paris. Cet affrontement entre leaders n’a pas eu lieu et la montée a été la plus lente de la jeune histoire de ce col ariégeois, escaladé depuis 1998.

Le Belge Vanendert a été le plus rapide en 46min26s. Les leaders ont grimpé en 47min15s. Le record de Pantani est de 43min30s, établi en 1998 sur un parcours moins long de 50 mètres. Contador est lui grimpé trois minutes moins vite que lors de sa victoire en 2007.
La puissance a été évaluée dans la zone abritée du vent (forêt et route en lacets) entre le pied de la montée et l’altitude de 1420m, soit sur 10,6 km à 8,4% de pente moyenne.

En effet, sur le haut du col, la route devient rectiligne et plus exposée au vent en raison de l’absence de végétation. La mesure risque alors d’être plus imprécise.

Sur ces deux premiers tiers du col, les leaders ont grimpé à 405 watts durant 32min45s. Il y a à ce niveau 12 coureurs: Vanendert (qui venait d’attaquer), les frères Schleck, Sanchez, Contador, Evans, Basso, Cunego, Rolland, Voeckler, Péraud et Uran. Le rythme a baissé sur la fin du col.

Contador au niveau de son Tour d’Italie 2008

Certes Luz Ardiden et le Plateau de Beille ont été gravis à des vitesses éloignées des records des ascensions. Cependant, il faut attendre les Alpes pour se prononcer sur une baisse éventuelle des performances, tant les deux montées ont eu des allures de rounds d’observation.

Les meilleurs de ce Tour de France à Luz Ardiden et au plateau de Beille sont les frères Schleck, Basso, Evans, Vanendert et Sanchez. Il atteignent environ 410 watts de moyenne.
Contador et Cunego arrivent juste derrière. Contador, qui se remet d’une blessure à un genou et a disputé un Tour d’Italie très difficile, apparaît environ 5% moins fort qu’en 2010 et qu’au Giro de cette année. Il semble à peu près au même niveau que lors de sa première victoire au Tour d’Italie 2008.

La surprise du lot, jamais vu à ce niveau de puissance en haute montagne, est le Belge Vanendert.

Les performances de Pierre Rolland et Jean-Christophe Péraud les placent à un niveau jamais vu dans le Tour mais ne sont pas inédites pour eux.

A 22 ans, sur Paris-Nice 2008, course sur laquelle il s’est révélée, Rolland grimpait déjà le Mont Serein à 405 watts de moyenne.  Sur le Tour de France, sa meilleure référence est l’ascension de Verbier en 2009. Pour terminer 29e de l’étape, il avait dû développer une puissance similaire sur une vingtaine de minutes. A chaque fois, il s’agissait cependant d’étapes moins difficiles.

Péraud, vice-champion olympique de VTT en 2008, ne pratique le cyclisme sur route professionnel que depuis un an et demi. Il figure sur les deux premières étapes de montagne à 390 watts de moyenne. Dans l’étape du Collet d’Allevard sur le Dauphiné Libéré, il avait atteint 439 watts durant une grosse demie-heure, après ses 423 watts du Critérium international (montée de l’Ospedale) et 405 watts de Paris-Nice (col de la Mure), là encore à l’issue d’étapes moins difficiles.

Voeckler, trois minutes de mieux qu’en 2004

En revanche, avant cette année, Thomas Voeckler n’avait jamais dépassé les 400 watts sur un long col. Sur les derniers Tour de France, sa seule performance notable fut sa montée du Port de Balès en 2010, qui lui a permis de remporter l’étape à Bagnères-de-Luchon avec 37 minutes à 390 watts après une longue échappée. Il s’agissait déjà d’une performance élevée.

Plus tôt dans la saison, la meilleure de sa carrière, il a déjà laissé entrevoir ses progrès en montagne au Dauphiné en ayant développé 426 watts au cours de la montée du Collet d’Allevard. Hormis dans les échappées, Voeckler n’a jamais été en position de donner sa pleine mesure dans les cols du Tour. A la seule exception de ses journées en jaune en 2004, alors qu’il n’avait que 25 ans.

Voeckler avait justement sauvé son maillot jaune au plateau de Beille, escaladé en 50min22s, soit 3minutes07s de plus que cette année. Il a progressé de 30 watts en puissance étalon (7,5%) pour accomplir son ascension 2011. Thomas Voeckler indiquait au printemps dans Vélo magazine qu’il faisait six kilos de plus que sur le Tour 2004, avec un taux de masse grasse passé de 10% à 6%.

Sa façon de courir a également été différente : il a répondu à de nombreuses accélérations de ses adversaires, alors qu’il avait escaladé le plateau de Beille à un rythme beaucoup plus régulier en 2004, bien que Voeckler aime grimper par à-coups.

Les calculs comparés au capteur de Jérémy Roy

Pour valider les calculs, j’ai comparé les courbes du capteur de puissance de Jérémy Roy avec mes calculs indirects.
Cela permet de calibrer au mieux les calculs avec la puissance étalon 78 kg avec vélo.

69 kg plus 9 kg (vélo plus équipement), scx (coefficient de pénétration dans l’air) 0.36,
Hourquette d’Ancizan: 365 watts estimés, 369 watts srm
Tourmalet: 364 watts estimés, 366 watts srm
Luz Ardiden: 304 watts estimés, 306 watts srm

Aubisque depuis les Eaux Bonnes: 381 watts estimés, 374 watts srm
Plateau de Beille: 296 watts estimés, 298 watts srm

Ces écarts inférieurs à 1% montrent que les conditions de course étaient bonnes pour évaluer les puissances dans les Pyrénées.
Jérémy Roy a escaladé les cols sur un rythme assez régulier au contraire des coureurs luttant pour le classement général. Cet aspect ne peux pas être pris en compte dans le calcul indirect.

Au passage, relevons que Roy a accompli sur le col d’Aubisque sa meilleure performance personnelle sur ce Tour de France avec sur l’ensemble du col 5,5 watts/kg pendant 47min45s. Cela ne lui a pas suffi pour remporter l’étape arrivant à Lourdes (3e).

(1) Comment faire pour développer 400 watts ?

Alignez des sacs de ciment de 40 kg au pied d’un mur de 1 m de haut.
Le but du jeu est de soulever un sac par seconde et de le poser sur le mur.
Si vous arrivez à enchaîner 10 sacs, vous aurez développé 400 watts pendant 10 secondes.

Petite explication:
Pour soulever le sac, vous devez exercer une force de 40X10 (9,81 exactement)=400 Newtons
La puissance est le produit de la force par la vitesse. La puissance sera égale à 400X1 (1m/s)= 400 watts.

Comparaison avec un cheval…
La puissance moyenne des chevaux de trait a été évaluée à 736 watts par James Watts. Ses chevaux étaient capables de soulever des charges de 75 kg à une vitesse de 1m/s. Mais je pense qu’ils étaient capables de le faire pendant plusieurs heures.
Je connais pas la puissance d’un cheval de course, mais elle doit être bien supérieure à celle des chevaux de trait mais pour une durée d’effort plus courte.

… et un scooter

Un scooter par exemple peut développer 3 ch soit environ 2200 watts.

La différence entre une machine et l’homme, c’est que l’être humain se fatigue beaucoup plus vite!

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Dopage : à la recherche de la nouvelle star

Test tubes and other recipients in chemistry lab / Horia Varlan via FlickrCC License by

Le pot belge est démodé. Le Cera est détectable. L‘EPO a toujours du succès, mais par microdoses, et là où il y a de la gène… Les hormones de croissance, corticoïdes et autotransfusions sont éternelles, mais nous sommes là dans la banalité la plus totale. Ce qu’on aime, ce sont les termes barbares, ces molécules qui feront un jour leur entrée dans le Larousse, celles qui font fantasmer certains champions mais qui ne sont pas encore mises sur le marché.

Le professeur Michel Rieu, conseiller scientifique auprès de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), connaît ces nouvelles molécules. Il s’agit d’un dopage d’élite, qui ne peut être utilisé, compte tenu de son prix, que par les très gros poissons. On soupçonne l’utilisation de ces molécules depuis au moins trois ans. Avec elles, on se rapproche du dopage génétique, qui demeure un fantasme. On est là, explique le professeur Rieu, dans le détournement de la pharmacologie intelligente. Il s’agit de de modifier l’expression de gènes par l’injection de molécules. Revue de détail.

“Le GW1516 a d’ores et déjà été utilisé ou essayé”, dit Michel Rieu.

“Il est utilisé dans le traitement du diabète. Ce produit était très cher mais il est en train de se démocratiser.

Cette molécule va activer indirectement les PPAR-s, une famille de gênes qui vont modifier le métabolisme de la cellule musculaire en l’orientant vers l’oxydation des lipides, de la matière grasse. C’est bon pour les sports d’endurance parce que ça utilise les graisses et ça économise d’autant les glucides.

Il y a deux fournisseurs d’énergie au niveau de la cellule musculaire, les lipides et les glucides. Un peu de glucides stockés sous forme de glycogène, et une grosse quantité de lipides. Le GW1516 permet d’utiliser les lipides et d’économiser le glycogène. Quand on fait son marathon, on va plus facilement métaboliser les lipides qu’on ne le fait d’ordinaire.”

Le professeur Rieu embraye sur l’Aicar, indissociable de son copain GW1516.

“C’est un simulateur de la protéine kinase qui va mettre en jeu les PPAR-s, surtout si ceux là sont activés en même temps par le GW1516. Là, ça va quasiment vous permettre d’orienter le métabolisme de la cellule de la même manière, mais sans exercice. C’est pour cela qu’on dit de ce produit qu’il permet de s’entraîner dans son lit.”

Depuis 2009 circule également l’Hématide, une molécule intelligente qui n’est autre qu’une nouvelle forme d’EPO. Sa structure est différente des autres formes d’EPO, mais l’objectif est le même: stimuler la production de globules rouges

“Elle va agir comme l’EPO, sur le même récepteur, pour permettre la production d’érythropoïétine.”

Le S107 est un redoutable antifatigue. Les souris sur lesquelles il a été testé n’en finissaient plus de courir, sans jamais avoir mal aux pattes. Le professeur Rieu explique pourquoi.

“A l’intérieur de la fibre musculaire, il y a un réservoir à calcium et un mécanisme d’engrenage qui permet à la fibre de se contracter. L’activation de la fibre musculaire est liée au va et vient du calcium. Quand la fibre musculaire est excitée, cela déclenche ce va et vient mais avec la fatigue, le récepteur qui permet la sortie du calcium se déstabilise. Le S107 permet de stabiliser ce récepteur. C’est donc un antifatigue, extrêmement puissant semble-t-il.

On sait que ce produit est déjà utilisé depuis environ deux ans. Certains laboratoires le commercialisent sur internet alors qu’il n’y a même pas d’Autorisation de mise sur le marché.”

Ces quatre produits miracles sont autant de mauvaises nouvelles pour le sport. Mais la bonne nouvelle, c’est que les autorités antidopage pensent pouvoir les détecter facilement.

“La recherche de la détection de l’hématide a commencé il y a seulement quelques mois. Elle n’est pas encore opérationnelle. En ce qui concerne le GW1516 et le S107, le laboratoire de Cologne a déjà mis au point les méthodes mais elles ne sont pas encore validées.

L’hématide peut à la limite être détectée par le passeport biologique si elle provoque une forte variation des paramètres sanguins.

Heureusement ce sont des molécules exogènes, c’est leur faiblesse. La difficulté de l’EPO, qui ne sera pas celle de l’hématide, c’est qu’il y a de l’EPO naturelle, comme l’hormone de croissance, et que donc il faut distinguer ce qui est naturel et ce qui vient de l’extérieur. Par contre une molécule qui n’existe pas dans le corps humain, quand on la trouve, pas de problème, c’est forcément qu’elle a été volontairement mise là.”

Pour affirmer qu’un sportif a triché, il faut en être sûr à 100%. C’est là que le décalage se crée entre les tricheurs et les chercheurs, explique Michel Rieu.

“Il y a toute une série de processus qui doivent être menés avant la validation d’un test. On est toujours piégé dans la mesure où on est face à des gens qui n’obéissent à aucune règle. Le décalage est là, pas dans le domaine de la connaissance. Ils sont toujours en arrière de la connaissance, puisqu’ils ils utilisent des systèmes que les chercheurs ont déjà mis en évidence, destinés à la recherche thérapeutique.

Eux détournent. Nous, on doit déjà savoir ce qui a été détourné et après on est empêtré dans des règles, et c’est normal, qui font qu’on met plus de temps pour pouvoir avec certitude démontrer leur utilisation.

C’est le problème du passeport biologique. C’est pour ça qu’il y a et qu’il y aura si peu de condamnations sur la base du passeport, parce qu’on est obligé de prendre de telles précautions qu’il faut vraiment que ce soit caricatural pour qu’on puisse prouver les manipulations. C’est pour cela qu’à mon avis il y en aura de moins en moins, car maintenant ils lissent leur manipulations avec toute une série de méthodologie, notamment les microdoses.”

Sans surprise, Michel Rieu affirme qu’il a connaissance de l’utilisation de ces produits dans deux sports, l’athlétisme et le cyclisme. Mais pour une raison bien précise.

“Ce sont les sports dans lesquels on a le plus d’informateurs. Mais il y a des fédérations sur lesquelles nous n’avons jamais aucune information. Le foot par exemple, là, c’est l’omerta totale, absolue et complète. Je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas de dopage dans ce sport. La technique, et c’est vrai pour tous les sports techniques, ne vaut qu’en fonction de la condition physique.”

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Voeckler est candidat

Lance Armstrong et Thomas Voeckler, en jaune, 13e étape du Tour 2004. REUTERS/Eric GaillardC’est étrange à écrire, pour quelqu’un qui n’était pas né la dernière fois qu’un Français a gagné le Tour de France. Mais on peut dire, après la traversée des Pyrénées, qu’il est possible que Thomas Voeckler remporte le Tour de France. Ce n’est pas moi qui le dit, mais un spécialiste.

Lance Armstrong, dans l’un de ses rares commentaires sur ce Tour de France, a écrit sur Twitter à cinq kilomètres de l’arrivée au sommet du Plateau de Beille:

“Si Voeckler arrive au sommet avec les leaders aujourd’hui, alors il faut bien dire qu’il peut gagner le Tour de France. Il a deux minutes d’avance et ils n’arrivent pas à s’en dépêtrer.”

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Le cauchemar de Bruyneel

Le Tour de France a décidé qu’il en avait assez de Johan Bruyneel. Son équipe Radioshack est décimée et jeudi, première étape des Pyrénées, le coup de grâce: un contrôle d’alcoolémie en pleine course. Sûrement la gendarmerie s’est-elle dite que Bruyneel avait de bonnes raisons de boire en ce mois de juillet pourri.

Bruyneel: un Belge qui courait dans les années 1990 chez la Once de Manolo Saiz, Espagnol magicien pour les uns, alchimiste pour les autres. Un jour, Bruyneel a rencontré Lance Armstrong et ils ont décidé de faire leur vie ensemble. Avec l’US Postal puis la Discovery Channel, ils ont gagné sept Tours de France.

Quand Lance a pris sa retraite une première fois, en 2005, Bruyneel a sorti un joker de sa manche. Alberto Contador lui a fait gagner deux Tours de plus. C’est l’an dernier que la machine s’est grippée, lorsque le Texan et le Flamand ont voulu refaire un casse tous les deux, sous la bannière Radioshack, avec leurs vieux complices Klöden, Popovych et Leipheimer. Sur le Tour 2010, Armstrong, dans les tourments d’une enquête américaine le visant après des accusations de dopage, ne tenait plus sur son vélo. Râpé de partout, il a laissé filer son rêve dès la première étape de montagne. Le Portugais Sergio Paulinho a bien gagné une étape mais pour Bruyneel, c’était presque accessoire.

Cette année, c’est pire. Bruyneel disait tenir un carré prometteur: le Slovène Janez Brajkovic, un aspirant champion de 27 ans, et trois vétérans de presque 40 ans, Horner, Klöden et Leipheimer. Quatre leaders, donc. Trois de trop, se disait-on. En réalité, il en aurait fallu huit ou dix car tous sont tombés en une semaine. A l’arrivée à Lourdes, vendredi soir, Leipheimer était le dernier encore debout, 17e du classement général. Cinq coureurs de la Radioshack –sur neuf – restaient en course.

« UN TRUC QUI NOUS TOMBE DU CIEL »

Quand l’équipe de Bruyneel était soudée autour d’Armstrong ou Contador, elle n’avait jamais un souci, pas une chute. Alors on s’interroge: de la malchance, seulement, où une équipe mal conçue?

Bruyneel garde un sourire figé et refuse de faire dans l’autocritique :

«On ne pouvait pas s’y attendre. Ca ne nous est jamais arrivé à ce point-là. Il est sûr que quand on a un leader unique, on roule plus en système, avec une équipe autour d’un leader et là c’est un peu plus difficile. Mais bon, là ça fait beaucoup. Quand on en a quatre et qu’on en perd deux, il en reste deux. Mais perdre les quatre, c’est beaucoup quand même. Je pense qu’on ne peut pas miser tout sur un coureur quand on en a trois autres qui ont des possibilités. »

Alain Gallopin, le directeur sportif français, blâme aussi la malchance :

«Au début, on a joué un peu en venant avec plus de grimpeurs que de rouleurs. Mais la malchance de Klöden, c’est inexplicable. C’est un truc qui nous tombe du ciel, on sait pas pourquoi. Il a toujours couru devant, il a toujours été protégé. C’est comme ça.»

Bruyneel traînant sa misère sur le Tour, ça ne tire pas de larmes à grand monde. Pendant dix ans, il a tenu le peloton. Rien ne se faisait sans l’accord de son équipe. Qu’est-ce que cela fait de ne plus pouvoir peser sur la course, de ne plus être au centre de l’attention médiatique?

«Non mais ça c’est bien ! Après tant d’années de stress et de chaos autour de l’autobus, c’est bienvenu d’être un peu tranquille. Depuis que Lance est parti, on est à nouveau une équipe normale.»

Armstrong revient lundi soir en France, pour des actions de promotion. Il va grimper le mont Ventoux, un bon souvenir, et s’il met un pied sur la course, ce sera uniquement pour consoler Bruyneel. Parce que tout sourire qu’il est, le Belge ne respire pas le bonheur.

«Sauvons ce que nous pouvons sauver. Il ne reste plus que la possibilité d’une éventuelle victoire d’étape, tout le reste c’est fini. A partir d’aujourd’hui on va penser à ça, espérons qu’on ait moins de malchance.»

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Vive le gruppetto

Les masques qui tombent, la salle de presse en ébullition et la fraîcheur des sommets: tout le monde aime la première étape de montagne. Tout le monde, sauf la moitié du peloton qui s’en passerait bien. Les bataillons de grosses cuisses ou de petits moteurs, conscients qu’ils ne verront plus la tête de course avant la sortie du premier massif, y vont comme à l’abattoir. Parmi eux, des vedettes : les sprinteurs – Mark Cavendish et tous ses petits copains -, des  rois des classiques ou des grimpeurs hors de forme. A Luz-Ardiden, ils sont 80 à être arrivés à 33 minutes de l’Espagnol Samuel Sanchez, après six heures et demie de souffrance.

S’ils ne sont pas arrivés après les délais, calculés en fonction du temps du vainqueur, ils le doivent au gruppetto. Le gruppetto n’est pas une danse sicilienne ou une charcuterie du Trentin mais un peloton qui se forme dans les étapes de montagne, selon le principe suivant: soit on s’aide, soit on coule. Jeudi, le sprinteur russe Denis Galimzyanov n’a pas pu s’y accrocher. Si grand soit son mérite d’avoir conclu l’étape en sept heures pile, il a été éliminé pour être arrivé 16 minutes après les délais.

Pourquoi «gruppetto»? Gianni Mura – mis à l’honneur par Jean-Louis Le Touzet dans Libération jeudi – quitte son antique machine à écrire, fouille dans ses souvenirs et explique le temps d’une pause clope:

«Le terme gruppetto remonte aux années 1960, lorsque les Italiens étaient nombreux sur le Tour, c’est comme ça que le terme s’est imposé. Avant, les Français utilisaient le mot ‘autobus’. A l’époque, la langue du peloton était le franco-italien. C’est comme dans la musique avec adagio ou presto. D’ailleurs, le mot gruppetto évoque un rythme modéré.»

Grande gueule, expérience et calcul mental

L’Autrichien Bernhard Eisel (HTC) est aujourd’hui considéré par ses pairs comme le guide du gruppetto, même s’il refuse le titre et ne revendique aucune forme d’altruisme.

«Mon objectif, c’est de ramener Cavendish à Paris. Je reste avec lui toute la journée. S’il marche bien on reste dans le gruppetto, s’il va pas bien on reste derrière le gruppetto. Moi je reste avec lui. Cavendish, (Mark) Renshaw et moi on reste ensemble et après, ceux qui veulent rester avec nous sont les bienvenus!»

Pour le poste de patron du gruppetto, les pré-requis sont: une grande gueule, de l’expérience et des aptitudes au calcul mental.

«En bas du premier col, un mec comme Eisel, une grande gueule qui parle toutes les langues, va crier ‘gruppetto’ bien fort et ça va soulager tout le monde», explique Carlos Da Cruz, baroudeur récemment retraité et ex-habitué du gruppetto. A son époque, le Tour parlait encore latin puisque les patrons du gruppetto s’appelaient Mario Cipollini et Eros Poli.

Le record de Jacky Durand

Certains sont impatients de se retrouver dans ce grand peloton de l’arrière. Ce sont les coureurs trop justes pour passer le premier col avec le premier groupe.

Ainsi de l’Ecossais David Millar, qui disait mercredi à Lavaur:

«Il est possible que demain ce soit plus facile parce que le gruppetto va se former. Il y aura deux courses demain, une pour le général et une pour récupérer le mieux possible.»

D’autres en revanche n’y prennent aucun plaisir, parce que même le gruppetto va trop vite pour eux.

«Celui qui est mal et ne peut pas tenir le gruppetto, il galère tout seul», témoigne Da Cruz. «Dans les premiers lacets on peut essayer de ralentir un peu mais quand on voit qu’il y a danger pour les délais, malheureusement…»

Evidemment, il y a des exceptions: «Jacky Durand, comme il était connu, il se laissait décrocher du gruppetto en bas du dernier col pour pouvoir se faire pousser par les gens sans être gêné. Apparemment il aurait battu une année un record sur l’Alpe d’Huez», balance Da Cruz.

«Si quelqu’un roule pas, je l’engueule»

Le gruppetto voit la montagne en sens inverse. C’est quand ça ne monte pas qu’il fait la course.  Carlos Da Cruz poursuit:

«C’est quand les leaders récupèrent un peu que le gruppetto roule à bloc pour récupérer un peu de temps. On monte au train dans les cols et dans les vallées on fait un contre-la-montre, on roule plus vite que ceux de devant. Pareil en descente, ça y va à fond de cale.»

Eisel confirme:

«La chose la plus importante dans le gruppetto, c’est de rouler, rouler en permanence, ne jamais s’arrêter de relayer. Si tu fais ça, tu arrives dans les délais. Moi je roule, si tout le monde roule je suis content, si quelqu’un roule pas je l’engueule.»

Un chef, je vous dis.

Puis les méninges d’Eisel entrent en action.

«Il faut faire les calculs des délais et c’est moi qui les fais, pas le directeur sportif. J’ai toujours le temps maximum dans la tête. Je sais combien on peut perdre dans le col et je sais combien on peut gagner dans la descente. On n’est jamais d’accord sur le temps, parce que ceux qui sont fatigués disent qu’on a le temps. Dans l’étape de Saint-Flour (dimanche), des coureurs disaient qu’on pouvait arriver à 43 minutes, que c’est ce que leur avaient dit leur directeur sportif. Je ne sais pas ce qu’il fabriquaient dans les voitures, mais en fait, c’était 29 minutes. Moi, j’avais calculé 25.»

Un chef de gare, même.

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En montagne, chaque watt compte

9e étape du Tour 2011. Stefano Rellandini / Reuters

9e étape du Tour 2011. Stefano Rellandini / Reuters

Le dopage avance, recule ou fait-il du surplace? Les contrôles positifs, comme celui (pas le plus inattendu) du Russe Alexandre Kolobnev, ne permettent pas de le dire. Ils sont trop isolés, les contempteurs du cyclisme y voient le signe que ce sport n’est qu’une farce et ses défenseurs le signe que les tricheurs finiront tous par tomber.

Il y a les observations que font les autorités sportives ou de la lutte antidopage sur la base des prélèvements sanguins effectués toute l’année, et qui montrent une nette tendance à la baisse des paramètres anormaux chez les coureurs.

Une autre méthode, du domaine des sciences physiques, consiste à calculer les puissances développées aux différents échelons du peloton, et à les comparer d’une année sur l’autre. C’est ce que fait l’ingénieur Frédéric Portoleau. Ses calculs, qu’il explique ci-dessous, ne permettent pas de pointer du doigt des coureurs dont les performances seraient hors-normes, d’autant plus qu’ils n’expriment pas la puissance réelle mais la puissance théorique. Ils offrent toutefois une vue d’ensemble de la force des leaders.

Ses chiffres sont critiqués parce qu’ils sont faits devant la télévision mais lorsqu’il les compare avec ceux des capteurs de puissance mis en ligne par le fabricant SRM, la marge d’erreur n’est pas supérieure à celle des instituts de sondage.

Frédéric Portoleau a écrit avec Antoine Vayer, l’ancien entraîneur de l’équipe Festina, le livre «Pouvez-vous gagner le Tour?». Sur la base de ses calculs, Antoine Vayer tient une chronique dans Le Monde durant ce Tour de France. Frédéric Portoleau publiera sur ce blog ses calculs après les Pyrénées et les Alpes, comme il le faisait ces dernières années sur le site Cyclismag. Je lui laisse la parole.

«La notion de puissance est assez simple à comprendre. Pour un système mécanique en rotation comme un pédalier, la puissance est égale au produit du couple moteur, lié à la force appliquée sur les pédales, par la fréquence de rotation (vitesse). Un coureur en très grande forme qui dispose d’un fort potentiel physique va mettre un grand braquet et tourner vite les jambes: sa puissance sera élevée. A l’opposé, un coureur fatigué ou relativement limité physiquement va, sur le même terrain, diminuer sa fréquence de pédalage ou mettre le petit plateau, sa puissance sera plus basse.

On peut évaluer la puissance de deux façons: soit en mesurant avec des capteurs au niveau du pédalier ou de la roue arrière le couple et la fréquence de pédalage, soit en la calculant de manière indirecte par simulation. La mesure directe par capteur est disponible sous des conditions météo variées (avec ou sans vent) et pour toutes les durées d’effort, instantanée sur quelques secondes à plusieurs heures.

Limites et zones de précision

Le calcul indirect par simulation présente plus de limites que la mesure directe par capteur.

La principale difficulté provient de l’estimation des frottements aérodynamiques et de l’absence de donnée précise sur la vitesse du vent. Il faut donc des conditions de course où les frottements de l’air apparaissent relativement faible par rapport aux autres forces que doit vaincre le cycliste, en particulier la pesanteur. Par conséquent, seule la puissance sur des efforts relativement longs en montagne, sur des pentes fortes et à l’abri du vent, peut être estimée avec assez de précision. L’idéal est une pente supérieure à 6%, une vitesse inférieure à 25 km/h, une force de vent sur l’échelle de Beaufort terrestre de 1 ou 2, un cycliste qui roule seul et ne profite pas de l’aspiration, une route forestière et en lacets (nombreux changements de direction) pour diminuer l’impact du vent.

L’image ci-dessous présente un exemple du choix de la bonne zone de mesure pour la puissance sur le col d’Izoard. Cette zone se situe entre les points 3 et 4 de Brunissard à la Casse déserte, surligné en vert.

Dans le cyclisme d’aujourd’hui, les équipes des leaders contrôlent la course en cours d’étape et ce n’est que dans la dernière ascension que les meilleurs donnent leur pleine mesure. Sur ce Tour de France, c’est donc dans les montées de Luz Ardiden, du plateau de Beille et de l’Alpe d’Huez que nous aurons les calculs les plus précis de la puissance développée par les premiers du classement général.

Le principe du «coureur étalon»

En plus de l’erreur de mesure due à l’évaluation des forces de frottement, la masse des coureurs n’est pas connue avec assez de précision. Ils peuvent se déshydrater en cours d’étape et perdre quelques kilogrammes. Le nombre de bidons portés est variable.

Pour toutes ces raisons, nous préférons calculer la puissance d’un «coureur étalon» de 70 kg avec un équipement de 8 kg. Cette valeur est utilisée pour faire nos comparaisons.

Le «coureur étalon», de 78 kg avec son vélo, est le témoin de l’évolution des performances. C’est comme si on plaçait un coureur fictif dans le peloton en regardant la puissance qu’il doit développer pour suivre les meilleurs coureurs du Tour de France. Cela donne une échelle de performance en watts. Si un coureur pèse en réalité moins lourd (comme les plus grands favoris du Tour), sa puissance réelle développée pour grimper sera inférieure. S’il est plus lourd (comme l’Allemand Tony Martin), elle sera supérieure.

Un bon coureur de 70kg peut développer 1.200 watts pendant 15 secondes, 450 watts pendant 6 minutes, 400 watts pendant 30 minutes. Sur le triathlon d’Hawaii, la puissance sur la portion de vélo a déjà été évaluée pour le vainqueur à 300 watts pendant cinq heures. Plus la durée d’effort est longue, moins la puissance moyenne est élevée.

Cette grandeur permet de mettre en évidence les grands exploits ou les défaillances des coureurs du tour de France. En 1996, le quintuple vainqueur Miguel Indurain ne développa que 325 watts sur les derniers kilomètres de la montée des Arcs au moment d’une défaillance mémorable alors qu’un an plus tôt, lors de sa cinquième victoire, il se situait à plus de 500 watts au cours de la montée de La Plagne.

Contador, Frank Schleck et Rodriguez, les rapides du printemps

Le suivi des performances du vainqueur du Tour (puissance théorique avec un coureur étalon) montre que les niveaux les plus élevés ont été atteints au milieu des années 1990, lorsque l’usage de l’EPO était répandu dans le peloton. Après 1998, le niveau a subitement baissé, avant de remonter et de se stabiliser depuis l’an 2000 à un niveau légèrement inférieur aux années EPO.

Mes calculs sur la première partie de la saison 2011 montrent des chiffres de puissance élevés avant même le Tour de France, en vue duquel les coureurs sont censés progresser. Tous les chiffres suivants sont donnés pour un coureur étalon, 78 kg avec vélo, témoin des performances.

Lors du Critérium International, une course par étapes sur un week-end disputée fin mars en Corse, Frank Schleck a développé une puissance théorique de 445 watts pendant une grosse demie heure sur une seule ascension. S’il parvient à ce niveau dans les Pyrénées, il ne devrait pas être loin des meilleurs.

Sur le Tour d’Italie, au printemps, Alberto Contador s’est baladé face à une concurrence qui n’a pas développé des puissances extraordinaires. L’Espagnol, qui a devancé de plus de six minutes les Italiens Vincenzo Nibali et Michele Scarponi (absents sur le Tour), a réalisé ses meilleures performances athlétiques en montagne sur la montée vers le Grossglockner (429 watts) et lors du contre-la-montre en côte de Nevagal (433 watts). Lors de sa montée victorieuse de l’Etna, la force du vent ne nous permet pas de fournir une puissance assez précise. Lors de la montée de la Gardeccia, à l’issue d’une des étapes de montagne les plus longues et difficiles de ces dernières années, il a logiquement baissé de niveau mais développé malgré tout 404 watts en moyenne, ce qui lui a suffi à lâcher tous ses adversaires.

Sur l’ensemble du Tour d’Italie, Contador est apparu au même niveau qu’au Tour de France 2010 et à un niveau moindre que sur le Tour 2009. Avec des adversaires plus coriaces, il aurait certainement amélioré sa moyenne.

Les concurrents de Contador, souvent des poids plumes, n’ont pas dépassé les 410 watts de moyenne en puissance étalon sur les quatre cols étudiés. Rujano et Scarponi ont développé 408 watts tandis que Gadret et Nibali se sont contentés de 400 watts.

Dans le Critérium du Dauphiné, en juin, la meilleure performance en montagne a été réalisée par l’Espagnol Joaquim Rodriguez (Katusha), qui ne dispute pas le Tour et avait donc atteint son pic de forme. Dans le collet d’Allevard, avec ses 11,7 km à 8.22% de pente moyenne, ce pur grimpeur a développé 457 watts de moyenne pendant 32min05s, en puissance étalon. Pour une course en ligne, je n’ai jamais mesuré un tel niveau de performance sur un Dauphiné, même à l’époque de Lance Armstrong.

Kern et Voeckler à leur plus haut niveau

Vainqueur du Dauphiné, Wiggins avait retrouvé son niveau de 2009 qui lui avait permis de finir quatrième du Tour. Mais il a abandonné le Tour de France sur chute lors de l’étape s’achevant à Chateauroux.

Wiggins a développé 442 watts sur le collet d’Allevard. Avec respectivement 445 watts et 426 watts, les coureurs d’Europcar Christophe Kern et Thomas Voeckler, l’actuel maillot jaune, n’ont jamais été aussi forts en montagne.

Avec 439 watts, Jean-Christophe Péraud, co-leader d’AG2R sur ce Tour, continue de progresser par rapport au Critérium International (423 watts sur la montée de l’Ospédale) et à Paris-Nice (405 watts au col de la Mure). David Moncoutié et Jérome Coppel ont aussi fait de belles ascensions mais sont plus proches de leurs potentiel habituel.

Ces performances dans le collet d’Allevard ont aussi été permises par la vitesse modérée de l’ascension précédente, le col du Grand Cucheron, à 350 watts de moyenne seulement. Les coureurs ont abordé le dernier col avec une certaine fraîcheur. De plus, l’ascension a été lancée sur une allure très soutenue avec un relais d’Edvald Boasson Hagen, le puncheur norvégien vainqueur à Lisieux: l’équipier de Wiggins a lessivé le peloton avec une puissance étalon de 490 watts pendant 10 minutes.

Le lendemain, l’ultime ascension du Dauphiné, vers la Toussuire a été gravie moins vite. Sur la portion basse du col, le Néerlandais Robert Gesink, maillot blanc du Tour, a développé 420 watts avant de se faire reprendre par le groupe des favoris.

Le Tour de Suisse était la dernière course par étapes de préparation au Tour de France et a marqué le retour en forme de Damiano Cunego, le grimpeur italien vainqueur du Giro en 2004. L’Italien a développé lors de l’ascension de la Grosse Scheidegg 390 watts de moyenne pendant 48 minutes et 33 secondes sur l’ensemble du col. Ce n’est pas extraordinaire mais son accélération sur le haut du col (5,5 km à 9,2% de pente moyenne) l’est davantage: 421 watts pendant 17min33s. Il a ainsi pris du temps à tous ses adversaires mais a fini par perdre le Tour de Suisse face à Levi Leipheimer, dans le dernier contre-la-montre.

Pour ce qui est des autres favoris, nous manquons de repères. Andy Schleck n’était pas à son meilleur niveau lors du Tour de Suisse et n’a jamais semblé donner sa pleine puissance. Ivan Basso a dit sur le site Cyclingnews avoir développé 440 watts au seuil (puissance réelle) lors d’un test physique avant le départ du Tour. La puissance au seuil est celle que peut développer un coureur sur un effort prolongé car il est juste en-dessous de la zone rouge, celle qui va faire exploser ses jambes et son cœur.

Les chiffres de la première partie de l’année montrent que le niveau athlétique devrait être plus élevé cette année qu’en 2010. Il pourrait y avoir des coureurs à 450 watts en puissance étalon sur les ascensions clés du Tour de France : Luz-Ardiden, plateau de Beille et l’Alpe d’Huez. »

Frédéric Portoleau

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