Avec Frédéric Portoleau
La traversée des Pyrénées avait été marquée par des performances en baisse par rapport aux dernières années. On attendait une confirmation dans les Alpes, tant la course avait semblé tactique à Luz-Ardiden et au Plateau de Beille. Ce fut tout l’inverse dans les étapes du Galibier et de l’Alpe d’Huez, menées tambour battant, et où les favoris ne pouvaient pas, de toute évidence, aller plus vite.
Les calculs de l’ingénieur Frédéric Portoleau, dont il a déjà expliqué la méthode sur ce blog, montrent des performances légèrement supérieures dans l’ensemble. Frédéric Portoleau juge que la régularité d’Evans et ses performances passées en font le vainqueur du Tour le plus crédible depuis le début de l’ère Indurain, si l’on excepte Oscar Pereiro en 2006.
Les deux étapes des Alpes sont parties très vite avec les attaques d’Andy Schleck dans l’Izoard jeudi puis d’Alberto Contador dans le Télégraphe vendredi. Dans ces deux cols, des performances très élevées ont été réalisées, comparables avec celles des dernières années. Mais tout le peloton l’a payé par la suite, dans le Galibier jeudi et dans l’Alpe d’Huez vendredi.
La performance la plus notable est celle de Contador et Andy Schleck qui ont développé 443 watts en puissance étalon lors de leur montée du Télégraphe, au début de la courte étape de l’Alpe d’Huez. Derrière eux, dans ce col, Thomas Voeckler a dépassé son record historique et l’a payé dans la suite de l’étape.
Note: toutes les puissances évoquées ci-dessus sont des puissances théoriques, calculées pour un poids du coureur + équipement de 78 kilos. Il ne s’agit pas de la puissance réelle développée par les coureurs. Celle-ci dépend entre autre de la masse à élever pour vaincre la pente, or le poids des coureurs n’est pas toujours connu avec précision le jour de la mesure. Ils peuvent se déshydrater en cours d’étape et perdre quelques kilogrammes. Le nombre de bidons portés est variable. Cette valeur étalon est utilisée pour faire nos comparaisons. (1)
Le col d’Agnel a été gravi à une vitesse modérée. Peu après Brunissard dans la montée de l’Izoard, Andy Schleck se dresse sur les pédales et démarre. Il grimpe le col d’Izoard (14,7km) depuis le bas du col en 40min40s. Depuis l’église d’Arvieux, à 1543m, il a pédalé 31min02s et, depuis La Chalp, 25min20s.
Depuis Arvieux, Andy Schleck a été plus rapide que Lance Armstrong qui avait gravi l’Izoard en 32min17s depuis Arvieux en 2000. Mieux aussi que Di Luca au Giro 2007, en 32 minutes. Depuis La Chalp, il a aussi été plus rapide que Miguel Indurain (25min30s) lorsqu’il avait remporté l’étape de Briançon du Dauphiné en 1996.
Le Luxembourgeois développe 400 watts de moyenne en puissance étalon sur la dernière portion du col (6,95km à 7,2 % effectué en 19min10s). Au sommet du col, les autres favoris ont 2min15s de retard. Ils ont développé 50 watts de moins.
La performance est d’un haut calibre car, comme tout le monde, les athlètes de haut niveau souffrent d’hypoxie au dessus de 1600m en moyenne. Au dessus de 1600m, on perd 3% de consommation maximale d’oxygène tout les 300 mètres (cf ce livre de Véronique Billat, chercheuse spécialisée dans la physiologie de l’effort). Tous les coureurs ne réagissent pas de la même manière à l’altitude.
Avec toutes les précautions requises, on peut dire que l’équivalent de cette puissance pour un col en-dessous de 1600m serait de 420 watts sur moins de 20 minutes (on ajoute 5% à la puissance réelle, l’altitude moyenne de la fin de l’Izoard étant de 2100m).
Vient ensuite le col du Galibier, où Schleck va payer ses efforts. En raison du vent fort souvent défavorable, je ne peux que calculer une limite inférieure de puissance sur l’ensemble du col. La puissance étalon minimum d’Andy Schleck sur les 8,7 km a été de 360 watts durant 25min03s. Il faut ensuite tenir compte de l’altitude (2300m de moyenne depuis le Lautaret): pour l’équivalent d’un col en-dessous de 1600m, Andy Schleck aurait développé 387 watts. On constate donc qu’Andy Schleck a payé le prix de ses efforts de l’Izoard, de la vallée puis du Lautaret, et perdu une trentaine de watts dans le Galibier.
Derrière lui, les autres favoris du Tour, qui avaient fourni moins d’efforts, ont été quatre à dépasser les 410 watts (valeurs corrigées) : Frank Schleck, Evans, Basso et Voeckler.
Frank Schleck (387 watts, 416 watts corrigés) a établi à l’occasion un nouveau record d’ascension pour le versant sud du Galibier. Un record attendu puisqu’il y avait pour la première fois une arrivée au sommet. Il s’agit pour tous ces coureurs de performances comparables à celles observés à Luz-Ardiden et au Plateau de Beille, sur des durées qui étaient un peu plus longues. Mais rappelons qu’il s’agit de puissances minimales compte tenu du vent de face qui soufflait sur la montée.
Sur le haut du Galibier, à partir de 2346 mètres après un virage à gauche, la mesure est plus exacte car le vent souffle de côté. Sur cette portion de 4,4 km, Cadel Evans, qui a semblé être le coureur le plus à l’aise en altitude, a fait une grande performance en tirant des favoris, comme le lendemain sur l’autre versant du Galibier. Il a fini le Galibier sud en moins de 12 minutes, à 423 watts en puissance étalon corrigée de l’altitude – 2500m de moyenne – (387 watts sans tenir compte de l’altitude).
Sur une pente de 12 km à 7,09%, Contador attaque en bas du col et dynamite le peloton après sa défaillance de la veille, en haut du Galibier. Seul Andy Schleck peut le suivre jusqu’en haut du Télégraphe. Ensemble, ils vont établir un nouveau record en 30min26s. Ils développent 444 watts en puissance étalon. Cela constitue la plus grande performance de ce Tour en chiffres bruts. Les deux hommes ont ici approché leurs records sur le Tour de France pour une demie-heure d’ascension, mais notons qu’il s’agit du début d’une étape courte (109 km).
Le précédent record du Télégraphe avait été établi par Evans, Christophe Moreau et Leonardo Piepoli sur le Critérium du Dauphiné en 2007, en 31min13s. Thomas Voeckler fait mieux aussi en 31 minutes tout rond. Avec 433 watts en puissance étalon, il retrouve son meilleur niveau atteint lors du dernier Critérium du Dauphiné, dans le Collet d’Allevard.
Vient ensuite le Galibier, sur le versant nord. Depuis Plan Lachat (6,8lm à 8,37%), Evans est enregistré à 388 watts (417 watts corrigés) durant 21min32s, lorsqu’il tente de revenir sur le groupe Contador/Schleck. Evans développe 14 watts de moins qu’en 2007 sur le même col.
Contador et Schleck faiblissent après leur très rapide montée du Télégraphe. En 22min48s, ils réalisent 364 watts (391 watts corrigés) en puissance étalon. Pour l”Espagnol, c’est près de 50 watts de moins que sa montée de 2007, qui était réalisée en fin d’étape et dans laquelle il avait attaqué.
Sur l’enchaînement Télégraphe-Galibier, jusqu’au tunnel du Galibier, Andy Schleck et Contador ont grimpé en 1h22min08s. Il s’agit d’une performance légèrement supérieure à celle du Colombien Juan Mauricio Soler, en 2007, réalisée presque intégralement en solitaire.
Sur le seul Galibier, depuis Valloire (16,7 km), les deux hommes ont grimpé un peu moins vite que Marco Pantani en 1998 et Soler en 2007.
Après ce début d’étape très rapide, les meilleurs ont logiquement faibli en fin d’étape, sur l’Alpe d’Huez, où Pierre Rolland s’est imposé. Le meilleur temps a été réalisé par Samuel Sanchez en 41min27s. C’est quatre minutes et demie de plus que le record établi par Pantani en 1995 (36min50s), et près de deux minutes de plus que Gianni Bugno, Miguel Indurain et Luc Leblanc en 1991. Le groupe Schleck/Evans a escaladé l’Alpe d’Huez dans un temps similaire à celui du Suisse Beat Breu en…1982.
L’ascension a pourtant été menée tambour battant dès le pied, avec une attaque de Contador. Après le Télégraphe à 443 watts, Contador a développé 424 watts en puissance étalon durant 23 minutes, jusqu’au lacet baptisé « virage des Hollandais ». L’Espagnol a fléchi sur la fin.
Seul Sanchez et Contador ont dépassé les 400 watts sur l’Alpe d’Huez (respectivement 405 et 403 watts). Le vainqueur, Pierre Rolland, a réalisé 398 watts.
Pour des longs cols en fin d’étape, j’ai enregistré pour Evans les performances suivantes:
2005: moyenne 390 watts, maximum à Courchevel avec 407 watts
2006: moyenne 405 watts, maximum à l’Alpe d’Huez 420 watts
2007: moyenne 410 watts, maximum au col de Peyresourde avec 421 watts
2008: moyenne 407 watts, maximum au col d’Aspin 414 watts
2009: une seule performance à Verbier avec 452 watts (sur 22 minutes seulement)
2010: une seule performance à Avoriaz avec 415 watts
2011: moyenne 407 watts, maximum au Galibier 421 watts
Evans n’a jamais dépassé les 6 watts/kg pour des longues ascensions en fin d’étape. Au niveau des performances et de son parcours, il apparaît comme un vainqueur un peu plus crédible que ses prédécesseurs. (Contador, Sastre, Armstrong, Pantani, Ullrich, Riis et Indurain)
Cependant, la puissance moyenne sur les derniers cols des étapes est moins représentative du niveau cette année. En effet, dans les Alpes, la course a été très intense en début d’étape avec les attaques de Schleck à l’Izoard et de Contador au Télégraphe. Les coureurs ont dépensé de l’énergie avant le dernier col. Avec des débuts d’étape plus calmes, la moyenne de Cadel Evans aurait pu facilement dépasser les 410 watts sur le dernier col. Evans est donc sûrement un peu meilleur aujourd’hui qu’en 2007 ou 2008, quand il avait terminé 2ème du Tour.
(1) Comment faire pour développer 400 watts ?
Alignez des sacs de ciment de 40 kg au pied d’un mur de 1 m de haut.
Le but du jeu est de soulever un sac par seconde et de le poser sur le mur.
Si vous arrivez à enchaîner 10 sacs, vous aurez développé 400 watts pendant 10 secondes.
Petite explication:
Pour soulever le sac, vous devez exercer une force de 40X10 (9,81 exactement)=400 Newtons
La puissance est le produit de la force par la vitesse. La puissance sera égale à 400X1 (1m/s)= 400 watts.
Comparaison avec un cheval…
La puissance moyenne des chevaux de trait a été évaluée à 736 watts par James Watts. Ses chevaux étaient capables de soulever des charges de 75 kg à une vitesse de 1m/s. Mais je pense qu’ils étaient capables de le faire pendant plusieurs heures.
Je connais pas la puissance d’un cheval de course, mais elle doit être bien supérieure à celle des chevaux de trait mais pour une durée d’effort plus courte.
… et un scooter
Un scooter par exemple peut développer 3 ch soit environ 2200 watts.
La différence entre une machine et l’homme, c’est que l’être humain se fatigue beaucoup plus vite!
(2) : Validation de la méthode avec la puissance réelle de Jérémy Roy sur cette étape, grâce à son capteur de puissance SRM:
Télégraphe : 408 watts réels, 413 watts estimés
Haut du Galibier: 340 watts réels, 335 watts estimés
Alpe d’Huez: 350 watts réels, 349 estimés
Oscar Pereiro n’était pas plus crédible que ses 15 prédécesseurs, selon Landis il utilisait transfusions et sang de substitution…
@ Lucien : Personne ne dit que Pereiro était crédible, Portoleau juge simplement qu’il n’a pas réalisé de performances inhumaines, comme Evans. Pour ce qui est des témoignages de Landis…
Merci pour la nuance… bon, que conclure de tout ça… Evans est aux limites de l’humain, et a un indice de suspicion par l’UCI de 4/10, comme Lance Armstrong… ni tout blanc ni tout noir, on ne saura sans doute jamais…
Un grand merci en tous cas à F.Portoleau dont j’ai découvert les calculs en… 2000, dans Sport & Vie. A l’époque il était un de seuls à avancer que les performances d’Armstrong étaient loin du “renouveau”, depuis, sa méthode permet de se faire une opinion personnelle, à défaut de connaître la vérité.
Vous a-t-il échappé que pendant l’ascension de l’Alpe d’Huez, vous avez été ouvertement critiqué en direct par Jalabert de “pseudo scientifique” en tempérant son compère qui qualifiait l’ascension de Contador “d’incroyable”???
Avis?
@la chaudière : ça a été relevé dans le direct à 17h28… comme en 98 et toutes les années suivantes, Jalabert, Jaja, sélectionneur reçu à l’Elysée ce jour est un négationniste du problème du dopage. On peut comprendre : tout son palmarès ou presque serait remis en cause s’il admettait qu’il s’est dopé, y compris après 98, en évitant le suivi longitudinal de la fédé… Et sur son palmarès repose sa notoriété, son, ses emplois actuels…
Fidèle lecteur de Cyclismag (merci encore à eux pour leur regard sur le cyclisme) à l’époque, je suis content de retrouver les calculs de Frédéric Portoleau. Cela confirme les impressions que j’avais en suivant les étapes et en voyant le niveau des français par rapport aux autres…
Dommage pour moi de n’avoir découvert votre blog qu’à la fin du Tour, notamment vos commentaires d’étapes en direct.
Il serait sans doute bon de publier les intervalles de confiance associés a vos calculs. Il sont faciles à déterminer. Compte tenu des nombreuses incertitudes dont vous parlez (poids du coureur, nombre de bidons, etc…) je ne suis pas sûr que les différences que vous constatez soient significatives. Bien cordialement.
Je ne connaissais pas cette méthode de calcul basée sur les watts.
Vraiment intéressant, merci.
Pereiro a en 2006 surtout profité dune étape de transition pour prendre du temps aux autres favoris.
En ce qui concerne les intervalles de confiance, j’avais donné quelques explications ici: http://www.cyclismag.com/article.php?sid=6000
Effectivement, l’incertitude peut vite monter si on cherche à calculer la puissance réelle développer par les coureurs.
C’est pour cette raison que j’utilise ce coureur étalon 78 kg avec vélo comme indice de performance et de comparaison.
Bien sur, c’est moins pertinent que de calculer les puissances réelles mais je fais avec les moyens disponibles.
Je propose de temps en temps des estimations de puissance réelle mais uniquement quand je connais bien le poids du coureur et de son matériel. Dans le meilleurs des cas, c’est +/- 2%
Un ensemble de mesures est également plus significatif qu’une mesure ponctuelle.
Ce qui est rassurant aussi c’est le faible écart obtenu entre les valeurs estimées et celles provenant du SRM de Jérémy Roy. Donc si un coureur pèse 69 kg, il développera bien les puissances annoncées.
Je comprends pas trop ces analyses..Il semble que vous ne preniez pas en compte en élément capital, voire essentiel: le poids du coureur.
Si un Portoleau avait existé dans les années 30, au moment ou les routes commençaient à être carrossables, il aurait traité Vietto, Trueba, Ezquerra et Faure de tricheurs .
Ils montaient bien plus vite que les autres, mais ils avaient beaucoup moins de poids à faire monter. Le petit Trueba a monté le Galibier un utilisant un 44X21, quand les autres avaient 44X24, mais il pesait 55kg..
Vous dites que les performances d’Evans sont plus crédibles, je n’y crois pas une seconde. N’est-il pas simplement moins fort, moins bon grimpeur qu’un Contador ??
Même en 2007, il faisait quasi jeu égal avec Contador sur le Galibier ( 15″ d’écart au sommet ). Si Contador est un usurpateur et un tricheur, Evans en est donc un autre, et peut-être encore plus, vu qu’il est plus lourd de quelques kg ( il est annoncé à 68 kg sur le site de BMC ).
Et comment expliquer qu’Evans soit à une moyenne de 390 Watts en 2007, et soit passé à 410 Watts 2 ans plus tard ?? Est-il si facile de gagner 20 Watts ??
Avec ces mesures, si un coureur pesant 100 kg monte l’Alpe d’Huez en 40′, il sera plus crédible qu’un coureur de 58kg montant l’Alpe d’Huez en 39′..
C’est tout simplement ridicule. Si vous faites un peu de cyclisme, même à un petit niveau ou dans un club cyclosportif de costauds, vous comprendrez que la morphologie et le poids de l’homme est un élément trés important au moment d’escalader les grands cols.
D’ailleurs, les grimpeurs à mains nues ne sont pas lourds du tout..
@ faure: Sur la question du poids du coureur, Frédéric Portoleau a déjà répondu à de nombreuses reprises, ci-dessus ou lorsqu’il a expliqué sa méthode sur ce même blog. Quand il dit qu’Evans est crédible, il se réfère à son évolution et à l’absence de performances proprement extraordinaires. Il ne dit pas qu’il est propre, ni qu’il est dopé, il dit juste que ses performances ne permettent pas d’assurer qu’il est dopé.
Moi, je croirais réellement à un cyclisme un peu plus sain lorsque le plus fort aura retrouvé les valeurs et les mesures des années 80. Je sais bien que même à cette période, les coureurs ne marchaient pas à l’eau claire ( cortisone, anabolisants, amphétamines ), mais en étant “angélique”, on dira que l’évolution technique, celle du matériel, peut contribuer à rendre crédibles les mesures de l’époque ( 350-360 Watts de moyenne ).
A mon humble avis, si Evans ne parvient pas tout à fait, en montagne, à réaliser ces performances dites “extraordinaires” qui le ferait rentrer dans “l’axe du mal”, ce n’est absolument pas parce-qu’il est plus “clean” que les autres grimpeurs ( voir l’indice de suspicion UCI, réalisé par Michel Audran et les 8 autres experts…ou il est placé devant les frères Schleck ), mais surtout parce-qu’il n’a pas l’explosivité, la légèreté et l’aisance du grimpeur. Evans n’est pas un cabri à la Contador ou Schleck, voilà tout, et c’est bien logique, lorsqu’on regarde sa musculature . Raymond Mastrotto n’a jamais pu jouer les Julio Jimenez ou Imerio Massignan…
On place trés facilement les grimpeurs légers sous la guillotine médiatique parce-que sont eux, en général, qui grimpent le plus vite les cols, mais le peu crédible Federico Bahamontès ( démarrages foudroyants et incessants, ascensions étonnantes ) n’avait pas, loin s’en faut, une réputation de “pharmacie humaine”, alors que je n’en dirais pas de même d’ Anquetil, pourtant beaucoup plus régulier dans le domaine de l’escalade ( un peu à la Evans )…
Je pense que si le dopage disparaissait du cyclisme, on retrouverait probablement, aux 1ères loges de la montagne, les Benoit Faure, Vicente Trueba ou René Vietto de l’époque moderne. Je pense notamment à un certain Nairo Quintana, 21 ans, qui, lui, dispose assurément de l’aisance et de la légèreté du vrai grimpeur.
Sur l’enchaînement Télégraphe-Galibier, vous dites que Soler a été un peu plus rapide, mais en 2007 on passait par le col et il me semble que le temps réalisé par Soler était de 1h25’45”. Quel était son temps de passage au niveau du tunnel? Il me semble que le tunnel se trouve 1km plus bas (à 9%). Ca fait plus de 3’37” pour faire le dernier km si Soler était plus vite au niveau du tunnel, ça fait un peu beaucoup, non?
@ Galib: C’est effectivement ce que me disait Frédéric Portoleau mais j’ai épargné les détails aux lecteurs de Slate. Vous avez raison sur le temps de Soler et sur la différence d’un km, c’est pour cela qu’il écrit que la performance du duo est légèrement supérieure à celle de Soler (on peut l’évaluer à une trentaine de secondes sur près d’une heure et demie d’effort).
@la chaudière: j’ai bondi aussi en entendant cette réplique de Jalabert pendant le direct. C’était en réponse à Thierry Adam qui s’enflammait en parlant de montée “phénoménale”. Il a répondu en gros: “calmez vous, sinon certains pseudo scientifiques vont encore nous faire l’analyse de la montée de l’Alpe”. Effectivement si il pense que les puissances sont tirées des observations de Thierry Adam il a raison de parler de pseudo scientifiques…
Si il ne “croit” pas aux calculs de puissance il devrait tout de même comprendre qu’on peut comparer des temps d’ascension en se limitant à un parcours précisément délimité et abrité. Qu’est ce qui peut bien le gêner dans cette démarche ? Il suffit d’un simple chronomètre, “croit”-il au chronomètre ?
Par exemple en 1995, après la Madeleine et la Croix de Fer (où il était échappé avec Virenque, Gotti, Escartin entre autres donc sans s’économiser particulièrement) Jalabert a gravi l’Alpe d’Huez en 40’10”, plus vite que tous les grimpeurs de 2011 qui s’étripaient pour la victoire finale dans le tour. Au contraire, avec un tel niveau, si le dopage de masse sévissant dans les années 90 n’avait pas existé il aurait maintenant un palmarès largement supérieur à celui d’Eddy Merckx. Moi à sa place ça m’énerverait. Je trouve qu’il prend la chose avec beaucoup de philosophie, à moins que …
@faure: La puissance étalon n’est pas destinée à pointer du doigt tel ou tel coureur, mais à comparer des performances réalisées sur des parcours différents. Effectivement le poids du coureur joue énormément sur ses capacités en montagne. Par contre si pour un même coureur on trouve 380 watts un jour et 350 watts le lendemain ça permet de dire qu’il a régressé, et non que les autres ont progressé par rapport à lui.
Si ce calcul n’est effectué que dans des montées les plus raides possibles, c’est parce que la part la plus importante de la puissance est dûe à la gravité, et c’est celle qui pose le moins de problèmes liés à l’incertitude, ce n’est pas une volonté de cibler les grimpeurs.
Quand les meilleures perfs mondiales sont à 400 watts pendant quelques années puis que subitement on trouve 15 coureurs à 450 watts on peut se dire qu’il y a du nouveau dans les pharmacies.
Enfin, le rapport poids puissance d’un coureur par cette méthode serait plus adapté pour tenir compte de la corpulence du coureur mais nécessiterait la connaissance de trop de paramètres: poids du coureur, de son vélo, SCx de l’ensemble, rendement de la transmission …
L’avantage avec le coureur étalon, c’est que ces caractéristiques sont fixées pour lui, donc connues avec exactitude. Ce n’est pas l’idéal mais en l’absence de tous ces paramètres pour chaque coureur, ou de leurs données SRM, c’est un outil très intéressant.
Puisque Bahamontes et Anquetil ont été évoqués, quelqu’un aurait des temps d’ascension relevés lors des diverses époques, ainsi que les conditions ? (type de revêtement, matériel, points de départ et d’arrivée exacts)
Je suis curieux de voir ce que dépenserait le coureur étalon à travers les époques.
Bahamontès a escaladé les 12,5km du Puy de Dôme en 36’15”, en 1959. Et quand on sait que la montée du Puy fait 8°/° de moyenne, on mesure la qualité de sa performance.
Sur le site de l’INA, on peut obtenir la retransmission télévisée de cette étape. On voit assez peu l’Aigle de Tolède, mais son arrivée est trés impressionnante.
J’ai aussi lu quelque part que Vietto et Trueba, dans les années 30, avaient escaladé en 48′ les 12,5km séparant Gripp du sommet du Tourmalet. Pas mal non plus, quand on sait que le dérailleur n’existait pas encore…et que les routes étaient à peine carrossables.
Mon sentiment, c’est que les grimpeurs sont devenus les parias du cyclisme. Bientôt, on va leur interdire de courir.
Dans ce manichéisme ambiant, on siffle leurs démarrages et leurs accélérations ( forcément inhumaines ), et on applaudit les rouleurs puissants qui parviennent à les suivre. Pourtant, je me souviens d’un Dauphiné , il y a 2 ans, ou Evans multipliait les démarrages violents et jouait les Bahamontès face à Valverde.
Si le Giro a été si animé, c’est parce-que des grimpeurs dynamitaient la course en montagne, les Rujano, Rodriguez, Anton.
Si le Tour a été si beau, c’est parce-que des grimpeurs ont joué les animateurs, Sanchez, Andy Schleck, Contador ( même si Contador est surtout un coureur complet ).
Et si on s’intéresse à la dernière décennie de cyclisme à peu prés crédible ( les années 80 ), qui sont les coureurs qui ont escaladé le plus vite l’Alpe d’Huez ??
Winnen en 81, Breu en 82, Corredor en 83, Herrera en 84, Montoya en 86, Herrera en 87, Theunisse et Parra en 88, Delgado et Fignon en 89…Si l’on excepte le champion complet Fignon, ce sont tous des grimpeurs spécialistes.
Dans cette amnésie collective,tout le monde semble oublier que le cyclisme à commencer à se perdre totalement lorsque les sprinters ont commencé à passer la haute-montagne et lorsque les “gros culs” ont commencé à dominer les “cabris” ..
Merci clementguillou,
En fait je me suis emmêlé les pinceaux et j’ai compris l’inverse de ce que j’ai lu. Nous sommes donc d’accord. La perf Contador/Andy Schleck est légèrement supérieure à celle de Soler qui passait au Galibier cette année là avec 2′ d’avance sur Contador…
Par contre, y a une erreur dans l’article, la différence de Sanchez avec Pantani dans l’Alpe, c’est plutôt 4minutes et demi que 3 et demi (36’50” vs. 41’27”).
Exact, corrigé merci !
@faure: merci pour les temps. Pour Vietto au Tourmalet. On a une idée du poids de son vélo ?
A peine carrossable: à quel point ? chemin défoncé ou route en gravillons ?
Sinon, c’est vrai que les “gros culs” qui lâchent les grimpeurs laissent pantois. J’ai en mémoire l’image de Cancellara en 2008 dans le Tourmalet qui menait un groupe duquel Valverde a été décroché au train. C’était assez consternant.
@portoleau: dans un précédent post vous donnez des temps d’ascension pour le Tourmalet depuis Gripp. En ce qui concerne cette année, je n’ai pas vu de plan télévisé à Gripp. Avez vous d’autres sources que les plans TV pour les temps de montée ? Ou est ce un temps estimé à partir de la puissance déterminée sur un tronçon légèrement différent ?
Pour ma part j’ai effectué les calculs sur le Tourmalet en partant d’un peu plus haut sur des points d’altitude connue. Les résultats en terme de puissance sont sensiblement les mêmes.
Et pour revenir sur le cas de Vietto au Tourmalet, avez vous connaissance de mesures fiables du Cr pour les pneus et routes de l’époque ? Et des rendements de la chaîne de transmission ? Ceci dit il reste aussi à évaluer la perte de rendement humain dûe au braquet non adapté. C’est vrai que ça commence à faire beaucoup d’approximations.
pour connaître sa puissance il suffit de monter une forte pente à pied , sans difficulté d’équilibre, et d’appliquer la formule (masse en kg) fois 9,8 fois (hauteur accomplie en mètres)divisé par (temps en secondes). Votre résultat se trouve en watts!!
@Patrick: Concernant le Tourmalet 34, on était loin des chemins défoncés des temps héroiques. C’est dans les années 30 que les chemins ont commencé, doucement, à devenir des routes…et c’est à cette époque que le 1er Classement de la Montagne est arrivé, gagné par Vicente Trueba Perez en 1933.
Trueba a été surnommé par Desgrange “La Puce”, en raison de son gabarit miniature ( 1m59-55kg ), mais surtout parce-qu’il a inauguré une nouvelle façon de grimper les cols. Son compatriote Mariano Canardo affirme qu’il a été le 1er à multiplier les démarrages , avec relachement “relatif” dans les intervalles. C’est ainsi qu’il asphyxiait ses adversaires avant de les planter.. ( récemment, un super bouquin de 400 pages est sorti sur ce grimpeur légendaire, mais il faut comprendre un peu l’espagnol. Sur les photos, en position en danseuse, on croirait voir le vénézuelien Rujano. Exactement le même style, la même morphologie )
Désolé je n’ai pas de données précises sur les coefficients de frottement sur les routes des années 30 ni sur les rendements des vélos utilisés.
J’utilise maintenant le suivi GPS sur http://data.srmlive.de/TDF/
Le passage à Gripp, au pied du Tourmalet était également visible en direct à la télévision. Mais il faut bien connaitre le terrain et être très attentif.
Bonjour,
Ce que je ne comprends pas avec cette methode de calcul, c’est l’apport du groupe/peloton. On dit que lorsqu’un coureur en suit un autre, par exemple Voeckler et Rolland ou Voeckler derrière Evans, il “travaille” moins ou “reste au chaud”.
Par-contre, la méthode de calcul n’en tiens absolument pas compte…il me semble donc qu’on se prive d’une donnée importante.
qu’est ce que vous en pensez ?
@ Thomas : Frédéric vous l’expliquera mieux que moi mais dès lors que la pente est suffisamment forte (disons à partir de 6%) le phénomène d’aspiration ne joue plus, et quelqu’un dans les roues doit développer autant que puissance que celui en tête de peloton (pour autant que le vent soit faible). C’est pour cela que Frédéric ne fait pas d’évaluation de puissance sur les cols faiblement pentus, ou alors uniquement pour les coureurs en tête de groupe comme Contador sur le col de Manse.
Pour ESTIMER le frottement de l’air et des pneus j’ai utilisé une route horizontale pour me lancer à 40 km/h et mesurer ma vitesse en fonction du temps pendant la ‘roue libre’. J’ai utilisé le dictaphone de mon mp3 et mon cyclomaster pour relever la fonction vitesse – temps. En dérivant cette fonction j’obtiens l’accélération, négative, et grâce à Newton qui ne se mélangeait pas les pédales, j’ai multiplié par la masse totale pour obtenir la force de frottement totale, qui est celle que l’on doit fournir pour maintenir une vitesse. J’ai trouvé F = 5 + 0,17 VxV (V en m/s) pour mon vélo de course et F = 8 + 0,17 VxV pour mon VTT, en conformité avec les lois de la physique. Cette force doit toujours être fournie si l’on ne se cache pas derrière un adversaire! La puissance s’obtient simplement en multipliant F par V!
Je prends en compte partiellement cet aspect. Pour cela, je choisis ci-possible les endroits pour calculer la puissance uniquement là ou les coureurs roulent à moins de 25 km/h. En dessous de 20 km/h, l’aspiration est pratiquement nulle. Etre dans un groupe apporte simplement une aide psychologique. Par exemple un coureur qui est à la limite de la rupture dans une montée de col va s’accrocher plus longtemps au groupe pour suivre des coureurs plus forts que lui.
C’est la raison pour laquelle je calcule la puissance développée sur le Col du Tourmalet à partir de Gripp.
Pour l’Alpe d’Huez, j’enlève la fin de parcours (un peu moins de 2 km) qui se déroule à une vitesse plus élevée.
Sur la montée du Lautaret vent de face à presque 30 km/h, il est certain que Thomas Voeckler a économisé de l’énergie en laissant Evans en tête du groupe. Je n’ai pas estimé la puissance sur le col du Lautaret.
@portoleau: J’ai pas pensé à utilisé le live SRM, pourtant je l’ai regardé de temps en temps quand Roy était échappé. Bonne idée ! Pour le passage TV j’ai dû le louper, tant pis.
Il serait intéressant de savoir quelle portion de la puissance nécessaire à la pénétration dans l’air est économisée en étant dans la roue d’un coureur et au sein d’un peloton. En tout cas une estimation puisqu’on n’est pas toujours positionné de la même façon. Pour le coureur étalon, à 20 km/h la pénétration dans l’air représente quand même environ 35 watts (15 watts à 15 km/h et 70 watts à 25 km/h). Je suppose que plus la vitesse est élevée, plus le pourcentage d’économie est élevé.
Quelqu’un a des données là dessus ? Un modéle ? Des mesures sérieuses au SRM ?
@jhenri: Bien vu ! En tout cas il faut la trouver la route bien plate et sans vent, chapeau.
Patrick,
Il y a une erreur sur Cancellara au Tourmalet en 2008. Ce n’était pas lui qui tirait le groupe des favoris mais Voigt, comme cette année en somme. Cancellara était dans l’échappée et s’était relevé dans le Tourmalet pour attendre ses liders et faire la vallée avant d’attaquer Hautacam.
Il y a une grosse chose que vous n’intégrez pas ou que vous ne mettez pas en valeur : Le temps de maintien à certaines puissances.
En effet sur les festivals de puissances ça dur 30′. Hors la limite physio annoncé par Grape c’est 5.8W/kg sur 45′.
Donc sur sur 30′, on peut passer au dessus de 5,8W/kg mais ce sera ça de moins pour la suite. Ce qui explique sans aucun doute les temps dans la montée de l’Alpe.
De plus les temps dans l’Alpe sont Mauvais :
Sanchez 41’45
Contador 41’54
Rolland 42’22
Autre critique finalement, que voulez vous montrez avec ces chiffres. Voulez mettre quelques choses en valeur?
Enfin, il serait bon d’arrêter de prendre les gens de haut en mettant ce genre de formule “Les calculs de l’ingénieur Frédéric Portoleau” qui sont sensé donner de la crédibilité à l’article.
Car si je vais dans votre sens, je vais signer mes post Dr C. Lemaître et donc que j’ai la plus grosse et j’aurais raison…
Donc revoyer la forme
@galib: j’ai vérifié, effectivement j’ai mélangé des bouts d’étape. Il est passé avant le groupe au sommet.
@Lemaitre: tous les temps sont bons, ça dépend d’où on part. Pour le pied de la montée j’ai une vingtaine de secondes de moins que vous pour les trois. C’est pris au virage à gauche qui marque le début de l’ascension, la partie plate qui précède n’a pas vraiment d’intérêt.
@Patrick Alors dans ce cas, il faut aussi corriger la perf de Pantani en 1995.
Les chronos corrigés de la montée de l’Alpe sont là : http://www.velogessien.com/article-21115451.html
@C.Lemaitre : votre site est sympa, ne vous perdez pas à pinailler sur les calculs de Vayer/Portoleau… Je suis les calculs de Vayer depuis 99 dans le Monde, son logiciel “predivel” prévoyait à quelques secondes près les perfs de ses coureurs et déconnait lorsqu’on lui rentrait les valeurs d’Armstrong… Ceux de Portoleau, je les ai découvert dans Sport et Vie en 2000, personne ne parlait de lui à l’époque et il était le premier à montrer ce qu’on avait pourtant tous vu sur nos écrans, que la pantalonnade avait commencé avec les années Indurain, et pas seulement en 96 comme on le disait. Que ces deux là se soient rencontrés et aient mis en commun leurs connaissances est une bonne chose, ingénieur ou pas, on s’en fiche, ce qui compte c’est qu’ils nous mettent sous les yeux des chiffres qu’on ne peut plus ignorer, les contester au % près n’a pas beaucoup d’intérêt…
Bonjour
La comparaison avec les sacs de ciment est pour moi fallacieuse. Pour deux raisons :
1- Ce qu’il faut comparer c’est la puissance effective, c’est-à-dire la puissance réelle qu’a vu l’objet pour être déplacé d’un point d’altitude A à une altitude B . Soulever des sacs de 40 kg à 1 m/s donne effectivement une puissance effective de 400W. Un coureur cycliste comme Pierre Rolland qui monte l’Alpe d’huez en 42’22 a vu une puissance effective P=mg(zA-zB)/T
Pierre Rolland pèse 67 kg (http://www.letour.fr/2011/TDF/RIDERS/fr/coureurs/188.html), son vélo à peu près 8 kg. Le dénivelé de l’Alpe est de 1127 m (valeur prise sur le site du Tour)
Donc P = (67+8)*9.81*1127/(42*60+22) = 326 W soit une différence de 18.5%, ce qui n’est pas négligeable
2- Il y a fort à parier que vous arriviez à soulever des sacs de ciments avec un effort moindre en utilisant un système de cordages, poulie et manivelle. Comme les manivelles qui permettent de soulever des seaux d’eau de 40 kgs d’un puits, ce qui permet de transformer un effort axial en couple et de profiter ainsi de la démultiplication d’un bras de levier. Ce système se rapproche plus d’un pédalier de vélo que d’un bras qui tire directement la masse…
Cordialement,
Jules
@Cedric Lemaitre: Vous avez raison de souligner l’importance de la durée des ascensions. J’en ai souvent parler dans les articles de cyclismag.
Celle-ci est prise en compte dans la moyenne de Cadel Evans. Au Tour de France, la durée des ascensions est en moyenne de 35 minutes. J’aurais peu être du le préciser.
Si j’utilise la limite proposée par Frédéric Grappe (5,8 w/kg pendant 45 minutes), cela veut dire que le Belge Vanendert serait ne serait pas si clean que cela ! (il a fait légèrement plus que cette limite d’après mes estimations)
@David: En ce qui concerne les temps de l’Alpe d’Huez, c’est chaque année la grande confusion !
De nombreux suiveurs et journalistes du Tour de France font leur chronométrage et leur comparaison avec les temps du passé mais tous ne vérifient pas correctement le lieu de déclanchement du chronomètre.
Depuis 25 ans, je prends toujours le temps depuis le virage à gauche et le début des forts pourcentages. Donc Sanchez a fait 41min27s en 2011, Pantani 36min50s en 1995 et 36min55s en 1997. Le site de velogessien renvoi vers un autre site qui n’existe plus, lui même faisait référence à “pouvez-vous gagner le Tour ?” (petite erreur de 10s dans les chiffres annoncés sur le record de Pantani sur le site de velogessien)
@patrick
la route avait une pente de 2 pour mille mais j’ai pris mes mesures dans les deux sens pour éliminer l’effet qui était visible, merci pour le compliment.
Encore heureux que le petit et léger Pantani ( suroxygéné, oui, mais grimpeur naturel authentique ) ait escaladé l’Alpe d’huez en 37’…car sinon, c’était Indurain, Zulle, Riis et Ullrich qui détiendraient TOUS les meilleurs temps !!!
Une belle 3è ligne de rugby, ça.
Si Frédéric Portoleau passe encore par ici, pourra-il donner les calculs de puissance de 5 anciens grands champions .
Lors de la montée du Puy-de-Dôme clm, 12km500 ( 8°/° de moyenne ), Bahamontès a réalisé 36’15, Gaul 37’41, Rivière 39’52, Anquetil 39’56, et Bobet 41’18.
Et le km 8,3 et l’arrivée ( km 12,5), sur la partie à 13°/°:
Bahamontès 16’33
Gaul 17’32
Rivière 18’35
Anquetil 18’57
Je serai également curieux de savoir si Bahamontès dépasse la limite fixée par Grappe, en sachant qu’au niveau “doping”, c’était celui qui avait la meilleure réputation, et de loin.
@faure: ce calcul m’intéresse aussi. Pouvez vous préciser les lieux exacts de départ et d’arrivée ? Je ne connais pas le Puy de Dôme mais un coup d’oeil sur le geoportail me dit que seule la dernière partie peut être pertinente pour ce calcul. Et quand je regarde la carte je vois plutôt 11,5 à 12% pour cette partie selon les lieux de départ et d’arrivée plausibles.
Ça a l’air quand même très exposé au vent, vous connaissez les conditions de ce jour là ?
La route était asphaltée ?
Je vous lis les indication de “Le Miroir des Sports”:
“12km500 contre-la-montre”
” Les 4 derniers km, la route du col proprement dite , d’une pente régulière de 12°/°”
“Les concurrents, partis de 390mètres, arrivaient sur la plate-forme située au sommet du Puy-de-Dôme, à 1415 mètres.”
“Temps orageux et assez lourd. Forte chaleur”
Plusieurs coureurs sont arrivés hors-délais, dont Mastrotto et Hassenforder. Les commissaires ont du porter les délais de 33 à 38°/° pour éviter qu’il y en ait d’autres..
Deux vidéos de l’INA m’ont bien précisé les choses, les arbres, les banderolles de départ et d’arrivée sont immobiles donc le vent n’est pas très fort s’il existe. Départ de la section intéressante au Péage (929m), arrivée sur le parking à 4,2km de là (1415m).
Compte tenu de ces chiffres je trouve respectivement et en puissance du coureur étalon: 415 w, 390 w, 367 w, 359 w pour les 4 coureurs cités.
Pour Bahamontès (mais grosse imprécision sur les masses du coureur et du vélo que j’ai pris de 60 à 64kg+ vélo entre 8 et 10kg) ça donnerait une puissance comprise entre 5,95 et 6,20 w/kg.
Ceci dit l’effort est relativement court, et pas effectué en fin d’étape de montagne donc pas vraiment comparable avec les mesures de puissance observées habituellement.
Bahamontès mesurait 1m74 et pesait 62kg. Par contre, je crois que son vélo pesait plus de 10kg.
C’est sans doute le meilleur grimpeur de l’histoire, un génie. L’an dernier, à 82 ans, on l’avait vu sur le Tour, il se portait comme un charme, toujours aussi “sec” et nerveux.
Mais si un gars avec un tel talen arrivait aujourd’hui, il se ferait lyncher par les “flics de la performance”…
Je suis certain qu’il n’atteignait pas ce niveau de performance sur une ascension de 45 minutes en fin d’étape de montagne.
Par exemple sur l’Alpe d’Huez, Moncoutié (au hasard) a réalisé en puissance étalon entre 400 et 410 watts en CLM lors du tour 2004 (environ 40′ à quelques secondes près pour la montée seule). En 2006 et 2008 il a fait respectivement 43’56” et 44’26” en fin d’étapes de montagne soit environ 360 watts étalon.
Possible…mais c’était en 1959 !! Ce n’était pas le même cyclisme, la même diététique, les mêmes soins médicaux, la même science de l’entrainement, le même dopage, etc.
Aujourd’hui, un Bahamontès moderne débarquerait avec son talent, son moteur et son style de grimpeur, il ferait péter les Watts.
Il faut tenir compte du fait que les grands grimpeurs sont des gens naturellement doués pour l’escalade, des gens un peu hors-norme. Ils sont souvent aériens et dominateurs en montagne, et médiocres partout ailleurs.
Miguel Poblet racontait une anecdote sur l’Aigle de Tolède: ” En 48, je participe au Tour de Madrid dont je suis le grand favori. Au pied du dernier col, j’attaque…et je suis surpris de voir un freluquet inconnu à mes côtés, qui roulait avec des chaussures de ville et un vélo déglingué. Un peu plus haut, je n’ai pu que le regarder partir !!! C’est à l’arrivée que l’on ma donné son nom: Federico Martin Bahamontès.”
Et toujours concernant Bahamontès, Raoul Rémy disait qu’il l’avait pris en main trop tard, en 1962: ” C’était un surdoué, un pur-sang, mais il n’y connaissait rien à l’entrainement et à la diététique. Il se nourrissait de sandwiches à la catalane, et j’ai eu le plus grand mal à lui faire changer ses habitudes alimentaires.”
Les histoires de crédibilité ou pas suivant des données scientifiques, ça me laisse sceptique.
Pour moi, le grimpeur naturel, démarrage foudroyant, socquette légère et relance facile, ce gars est totalement crédible lorsqu’il gagne en montagne. Aprés, c’est le milieu dans lequel il évolue qui rend ses exploits plus ou moins “humains”.
Les exploits des grimpeurs des années 30 aux années 80 ( des Faure, Trueba, Vietto aux Herrera, Delgado ) étaient apparemment humains parce-que l’EPO et le dopage sanguin n’étaient pas rentrés dans le milieu.
Mais pour moi, sur le plan de la nature de grimpeur et de la valeur pure, les victoires montagnardes de Pantani dans les années 90 sont bien plus crédibles que ceux d’un Armstrong, d’un Indurain ou d’un Riis…Je me souviens de La Plagne 95, ou Indurain ( 82kg ) avait laissé Pantani à 2’30” !!
Malheureusement, il est arrivé à un moment ou on voyait des changement sportifs considérables ( les gros qui se baladaient en montagne ), et si un grimpeur voulait conserver son rôle de grimpeur, il devait en passer par l’EPO.
Même Antoine Vayer disait que le dopage sanguin menaçait le métier de grimpeur, en nivellant les valeurs en montagne et en effaçant les donnés physiologiques.
En allant faire un Tour sur l’excellent site “Mémoire du Cyclisme”, j’ai constaté une autre grande performance de l’Aigle de Tolède.
En 1962, il a escaladé les 18,5km séparant Luchon de Superbagnères en 47’23” !!
Le genre de performance de “mutant”, selon les mots trés fins du trés fin Antoine Vayer. Je souhaite à Vayer d’avoir la même santé et la même verve que Federico à 80 balais..