Le Pr Marc Gentilini accuse publiquement ceux qui ont conseillé le gouvernement dans la lutte contre la pandémie
A quand l’orage ? Nous sommes bientôt à la mi-octobre 2009 et force est bien de constater que la vague pandémique annoncée n’a toujours pas véritablement touché l’Hexagone comme viennent de le confirmer les experts de l’Institut de veille sanitaire (InVS). Selon les médecins du réseau Sentinelles de l’Inserm, on estime à 217 pour 100000 habitants, le nombre des consultations pour grippe dans la semaine du 28 septembre au 4 octobre. L’excès hebdomadaire des consultations pour grippe est estimé à 126 000. C’est dire que l’on est certes toujours au-dessus du seuil épidémique (102 cas pour 100 000) mais très loin d’une situation pandémique.
Pour autant la lourde machine préventive française continue à se mettre en marche. Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux vient ainsi de faire savoir, par que 1.080 centres de vaccination contre la nouvelle grippe sont d’ores et déjà «recensés sur l’ensemble du territoire». « L’ouverture des centres s’adaptera à la livraison des vaccins, qui montera en puissance d’ici la fin de l’année, a-t-il précisé. En gros, le premier million de doses devrait nous être livré aux alentours du 15 octobre. » Le gouvernement envisage désormais le lancement de la campagne vaccinale dans les centres à compter de la fin du mois d’octobre.
On pourrait se réjouir d’observer que la campagne vaccinale pourra, si la situation épidémiologique n’évolue pas rapidement, commencer avant que la pandémie ne soit là. D’autres, au contraire, profite de cette situation pour dénoncer la mise en œuvre de mesures sanitaires qu’ils jugent disproportionnées par rapport aux risques annoncés. On se souvient sur ce thème des propos tenus cet été sur ce thème par Pr Bernard Debré, spécialise d’urologie et député (UMP, Paris) qualifiant de « grippette » l’infection par le A(H1N1).
Pour sa part le Pr Marc Gentilini ancien chef du service des maladies infectieuses et tropicales du groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière (et ancien président de la Croix Rouge) avait déjà évoqué une « pandémie de l’indécence » pour dénoncer l’excès des moyens déployés face à une menace somme toute mineure dès lors que l’on veut bien la comparer aux autres fléaux infectieux que sont le sida, le paludisme et la tuberculose.
S’exprimant mercredi 7 octobre sur les ondes d’Europa 1 le Pr Gentilini a précisé ses critiques. Il dénonce désormais avec vigueur non pas les responsables gouvernementaux mais bien les « épidémiologistes en chambre » et tous les « experts » qui, sur ce thème, ont conseillé les autorités sanitaires. Interrogé sur le fait de savoir si (comme venait de le laisser entendre sur les mêmes ondes le Pr Bruno Lina, spécialiste de virologie) le « pire était devant nous » le Pr Gentilini répond :
« C’est ce qu’on dit, de mois en mois depuis avril. Je suis inquiet du coût global de l’opération et je ne souhaite pas qu’il y ait des morts. Je ne les attends pas, moi. Si elle s’aggrave la situation sera profondément regrettable. Mais les moyens qui ont été mis en place ne justifiaient pas cette démarche sans objectifs très précis. »
Gommant d’emblée les possibles responsabilités à venir de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé le Pr Gentilini accuse donc les « experts » qui l’ont conseillée. « Qui est en cause ? Pas les médias, pas les gouvernants, mais les experts, dit-il. J’en veux aux experts sanitaires. L’ Académie de médecine, que je représente modestement, n’a pas été consultée dans cette opération là.»
Interrogé sur le fait de savoir s’il fallait conseiller aux Français d’aller prochainement se faire vacciner le Pr Gentilini répond :
« C’est très difficile de donner un conseil aussi grave, aussi lourd, à une antenne. Et puis le vaccin n’est pas là. Il n’y a pas de vaccins disponibles. On annonce qu’il arrive mais il n’arrivera probablement pas avant la fin du mois d’octobre et les sites qui ont été retenus ne seront probablement pas opérationnels avant le mois de novembre. Reste à savoir si la grippe sera encore présente quand le vaccin sera là. Je suis très sceptique. »
Ironique, il poursuit : « Il faut absolument utiliser le vaccin contre la grippe pandémique. On a acheté 94 millions de doses de vaccin pour la somme modique de 1,5 milliard d’euros, soit l’équivalent de six ans de participation au fond mondial de lutte contre le sida le paludisme et la tuberculose. Cet argent aurait pu être utilisé ailleurs, là où il faudrait. L’Etat est victime des experts. Et je leur demande de faire leur examen de conscience. »
Jean-Yves Nau
Et la réponse d’Antoine est ici.
NON, NON et NON !
On ne peut pas sous le vocable « d’expert » faire un tel amalgame et jeter le bébé avec l’eau du bain.
J’ai la chance de ne pas être médecin, donc pas un « épidémiologiste en chambre ». Je suis juste docteur en mathématiques Si le Pr Marc Gentilini enseigne la médecine à l’Université j’y ai enseigné, pendant 37 ans, le Calcul des Probabilités et la Statistique, et donc entre autre, certains des modèles qu’utilisent les épidémiologistes C’est vrai que les mathématiques sont pour certains une discipline « anodine » voire « dérisoire » (ils sont trop verts dit-il…), mais il n’empêche que plus de 40 ans de pratique m’ont conféré une expertise suffisante pour prendre la défense, sur le plan scientifique, des épidémiologistes
Avec cette grippe, les épidémiologistes se sont trouvés face à un phénomène mal connu. Logiquement ils ont pensé qu’il était rationnel de le traiter avec des modèles probabilistes, le plus souvent basé sur des fonctions aléatoires, ce qui permet disons, pour faire simple, « d’évaluer le comportement de la variable aléatoire (par exemple le nombre de malades) dans le temps ».
Ils trouvent dans la littérature mathématique, divers modèles et choisissent celui qui est le plus en adéquation avec le problème concret. Ces modèles nécessitent que l’on décide de la valeur numérique à donner à quelques paramètres (plus ou moins nombreux selon le modèle). En fonction des valeurs données, l’ordinateur qui effectue les calculs propose plusieurs scénarios. Il est donc clair que c’est le choix des paramètres qui est important. Pour le faire correctement il faut deux choses :
a) Connaître le rôle du paramètre dans le modèle, donc avoir une formation mathématique,
b) connaître le problème concret , donc avoir une formation médicale.
Par exemple quelqu’un qui, comme Antoine Flahaut, est docteur en médecine et docteur en biomathématique a la compétence nécessaire pour faire cela. Il l’a fait (publication en août). Je l’ai lu, rien à redire.
Les épidièmologistes fournissent une information : des scénarios et les explications pour les comprendre. Les décideurs choisissent parmi ces scénarios.
Le vrai problème est ailleurs. Il se situe, presque toujours, au niveau de l’interface entre ceux qui ont mis en œuvre le modèle, ici les épidémiologistes et les décideurs, ici les ministres. Difficile souvent de faire comprendre à quelqu’un qui ne s’est jamais ou presque senti à l’aise en mathématique, ce que signifie la réponse du modèle. Les ministres sont trop occupés pour se replonger dans cette discipline, si tant est qu’ils en soient capables. Alors ils désignent ce qu’ils nomment des « experts » pour servir d’interface. Au cours de ma carrière, j’ai souvent été confronté, dans d’autres disciplines, à ce type de problème. J’ai pu constater que, hélas, trop souvent, les experts ne sont pas très compétents, et qu’ils ont une forte propension à traduire nos explications à leur manière…et les décisions qui en résultent ne sont pas toujours les bonnes.
Alors se permettre de critiquer les épidémiologistes c’est peut être, quelque part, le signe qu’on n’est pas si compétent que cela …Les gens intelligents se reconnaissent, en général, à ce qu’ils ne parlent « ex cathedra » que de ce qu’ils connaissent bien.
Quant aux ministres, ils portent l’entière responsabilité ! Quand on est le patron on sait s’entourer d’experts compétents…et il y en a…mais encore faut-il être capable d’évaluer les mérites. Il faudrait appliquer, aussi aux ministres, le principe de Peter !
Pour le moment, la grippe est bien présente sur le territoire malgré des températures assez élevées. Qu’en sera-t-il lorsque celles-ci baisseront sérieusement ? Que se passera-t-il dans les foyers lorsqu’un nourrisson souffrira de bronchiolite en décembre et que l’on craindra le pire pour lui ? Je sens qu’à ce moment là beaucoup de médecins retourneront leur veste et conseilleront la vaccination…
Juste pour faire une « banale » parodie…
Pour le moment la publicité pour le vaccin est en bonne voie malgré les cris alarmistes de certains. Qu’en sera-t-il lorsque des millions de personnes auront été vaccinées? Que se passera-t-il dans les foyers lorsque l’on apprendra qu’un nourrisson est mort des suites de la vaccination ? Je sens qu’à ce moment là les médecins retourneront leurs veste et déconseilleront la vaccination.
Il n’y a qu’une chose qui est sûre hélas : le N1H1 fera des « dégâts » et le vaccin aussi. Peu importe qui gagnera le match…l’important c’est qu’il y ait le moins de « dégâts » possibles. En 1976, aux USA le vaccin a perdu. Va-t-il gagner le match retour? Malheureusement c’est pas sûr que tout soit fait pour cela. De toute façon on distribuera des cartons rouges…
Bien sûr quand je parle de «dégâts » je ne pense pas au PIB !
[…] A(H1N1): Haro sur les « experts» ! le journal de la pandémie 2.0 – PeopleRank: 1 – 9 oct. 2009 …Bruno Lina, spécialiste de virologie) le « pire était devant nous » le Pr Gentilini répond : « C’est ce qu’on dit, de mois en mois depuis avril. Je suis inquiet du coût global de l’opération et je ne souhaite pas qu’il y ait des… Personnes citées : Marc Gentilini Bernard Debré Brice Hortefeux Jean-Yves Nau + votez […]
Je demande sérieusement que l’on fasse un suivi de pharmacovigilance après vaccination mais que l’on note spécifiquement quelques évènements:
– entorse de cheville droite
– mal aux pieds,
– fracture de l’épaule,
– cystite,
– crise de colique néphrétique,
– pneumothorax,
– épistaxis (saignements de nez)
– appendicite
– abcès dentaire.
– pannes de téléviseur
Il ne manquera pas de s’en produire après vaccination mais en l’absence de logique apparente, on n’en tiendra pas compte par le biais de la mémorisation sélective.
Je ne suis pas épidémiologiste ni santépublicologue, mais je pense qu’il faut des diagnostics témoins pour arriver à persuader le public et les médecins que la survenue d’évènements après un vaccin fait à des milliers de gens est imparable même en l’absence de causalité.
On pourra ensuite comparer cela à la survenue des imparables catastrophes attendues (Guillain Barré, sclérose en plaque, etc….).
Et je suis sérieux.