Le Festival de Shanghai qui s’est tenu en juin a été l’occasion d’une étrange levée de boucliers. Etrange parce qu’elle a réuni des gens qui d’ordinaire s’ignorent, quand ils ne se méprisent pas ouvertement. On a en effet entendu s’exprimer d’une même voix les ténors du cinéma commercial chinois et les principaux représentants du cinéma d’auteur.
Dans un pays où, alors que la production et la diffusion des films connaît une explosion foudroyante, la séparation est radicale entre une approche commerciale et une approche artistique, il était singulier de retrouver à la même table Jia Zhang-ke, Lou Ye et Wang Xiaoshuai, figures de proue de la création et de la recherche célébrés par tous les festivals du monde, et Feng Xiaogang, signataire de blockbusters officiels, Guan Hu, représentant d’une génération venue du clip, de la pub et de l’esthétique du jeu vidéo, ou Lu Chuan, en train de conquérir sa place parmi les jeunes loups de l’industrie. Un seul mot d’ordre, qui semblait venu d’une époque révolue: halte à l’invasion américaine.
Le soft power, méthode douce des relations internationales, c’est la capacité d’un pays à élargir son pouvoir d’attraction, et à dominer les échanges mondiaux en employant des outils non-coercitifs, dont l’action culturelle fait partie. «L’action culturelle a une véritable fonction politique et il est crucial que notre pays maîtrise son image externe.»
Diplomate et géographe, Michel Fouchet a bien voulu confier à Slate.fr ces cartes de l’action culturelle extérieure de la France, prise en charge depuis décembre 2011 par l’Institut français. Pour lui, il ne peut y avoir «d’influence projetée vers le dehors sans une disposition d’ouverture au-dedans». Ces cartes permettent donc de dresser un état des lieux de la présence culturelle française à l’étranger, comme de la présence étrangère en France (cliquez sur les cartes pour les voir en grand).
Michel Foucher: «Le fond de carte est celui des alliances françaises, créées en 1883 et qui sont si nombreuses que leur représentation est peu lisible. Environ 968 alliances dans 136 pays (hors France) touchent près de 500.000 élèves selon les derniers chiffres de la Fondation Alliance Française. Un maillage serré, avec 80% des établissements hors des capitales. Un blanc majeur: l’Allemagne.»
Autre absence marquante, celle des Etats-Unis, qui s’explique par le fait que la plupart des nombreuses Alliances françaises qui s’y trouvent relèvent d’un statut particulier et ne sont pas rattachées au centre parisien.
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