«Inside Llewyn Davis», ballade pour une défaite

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Inside Llewyn Davis raconte l’histoire de Llewyn Davis, musicien folk à New York au tout début des années 60, mais n’est pas un biopic. Non seulement parce que Llewyn Davis est un personnage de fiction, ce qui ne serait pas forcément un problème, mais parce que ce personnage est moins le sujet que le moteur du film.

Un film qui se rattache à un schéma classique du cinéma américain (et de l’idéologie de l’american way of life), la success story. Mais pour en prendre l’exact contrepied: le nouveau film des frères Coen est, de manière rigoureuse, une failure story.

Accompagnant les tribulations peu glorieuses de ce musicien habité de rêves qui ne s’accompliront pas, les auteurs de Miller’s Crossing et de No Country for Old Men s’abstiennent délibérément de tous les numéros de bravoure dans lesquels on les sait exceller. Grâce aussi à l’admirable prestation de l’acteur principal, Oscar Isaac, ils accomplissent quelque chose d’autrement complexe, d’autrement touchant.

Touchant parce que les Coen n’ont aucun surplomb, aucun posture de jugement ou de domination. A ce qui arrivent, ils portent une qualité d’attention rare.

On le voit dès la séquence d’ouverture, où il se passe une chose toute simple et très forte. Dans un bar, un type qu’on ne connaît pas (c’est Llewyn Davis) chante une chanson. Et on l’écoute, on l’écoute en entier.

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Mon Festival de Cannes 2013

Pour mémoire, ci-dessous les liens vers les 15 articles publiés sur slate.fr pendant le Festival

Jour 1 Luhrmann

Jour 2 Ozon et Escalante

Jour 3 Jian Zhang-ke (et Farhadi)

Jour 4 Desplechin

Jour 5 Lanzmann

Jour 6 Le rapport Lescure

Jour 7/a Coen Brothers et Soderbergh

Jour 7/b Claire Denis

Jour 8 Refn et Miike, cinéma de genre

Jour 9 Kechiche

Jour 10 James Gray

Jour 11 Jarmusch et Rassoulof

Jour 12/a Pronostics

Jour 12/b Les sections parallèles

Jour 12+1 Palmarès

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Le cadeau des frères Coen

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Jeff Bridges et Hailee Steinfeld, dans True Grit (Paramount Pictures)

Il y a comme ça des films-cadeaux, des films-gâteaux. Des séances où on se retrouve à déguster chaque instant, en se rassasiant les yeux. Avec True Grit, les frères Coen offrent un tel festin, et on ne voit pas bien quelle raison il y aurait de s’en priver. La réussite du quinzième long métrage des Minnesota Brothers gagne son pari grâce à un coup double et un heureux changement de pied.

Le coup double se met en place dès le début. La voix off de l’héroïne qui cadre le contexte propice à l’action et à la vengeance, la découverte de la ville et de ses habitants hauts en couleurs affirment que les réalisateurs ont choisi de prendre le genre au sérieux. Ce «sérieux» s’établit en trouvant plan après plan, ambiance après ambiance, accessoire après accessoire, porte de saloon après crosse de revolver, le juste alliage de l’imagerie du western et de l’authenticité de reconstitution.

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