Les Top 10, c’est un peu trop mécanique, réducteur. Mais ne pas revenir sur ce qu’on a aimé, et aimé aimer au cours d’une année, c’est se priver de remettre en perspective ce qui arrive dans le cinéma, au-delà des enthousiasmes au coup par coup. En toute subjectivité, voici donc un survol des films de l’année –c’est-à-dire des films sortis en salles, en France en 2015 (The Assassin de Hou Hsiao-hsien, annoncé pour mars 2016, n’y figure donc pas, sauf que bien sûr je viens de le mentionner ;).
Outre, donc, le cas HHH, c’est à nouveau d’Extrême-Orient que serons venues les propositions les plus riches et les plus stimulantes: de Chine avec Au-delà des montagnes de Jia Zhang-ke, du Japon avec Vers l’autre rive de Kiyoshi Kurosawa, de Corée avec Hill of Freedom de Hong Sang-soo, de Thaïlande avec Cemetery of Splendour d’Apichatpong Weerasethakul. En Orient toujours, mais moins extrême, il faut y ajouter Taxi Téhéran de l’Iranien Jafar Panahi. Encore ne mentionne-t-on ici que le meilleur du meilleur, signé de grands noms du cinéma contemporain.
À leurs côtés, beaucoup d’autres, de moindre magnitude, dont de nombreux jeunes, participent à la vitalité de ces cinémas à la fois fort différents et traversés de multiples échos qui renvoient les uns aux autres. S’il fallait leur trouver un point commun, ce serait leur capacité à prendre en charge le monde réel, et ses mutations les plus actuelles, par des moyens ouverts à toutes les aventures de la fiction, et souvent du fantastique.
Si les productions hollywoodiennes dominent plus que jamais le marché mondial, et ne cessent de battre des nouveaux records grâce aux progrès… du marketing, exemplairement avec le septième épisode de Star Wars, il faut admettre que l’offre cinématographique en provenance des États-Unis aura été, sur le plan artistique, singulièrement pauvre cette année. Un seul film issu de la grande industrie s’impose par son invention plastique et narrative, Mad Max: Fury Road, qui témoigne à lui seul qu’à partir de recettes convenues il est possible d’inventer.
Tout à fait à l’autre bout de l’arc économique, on doit signaler deux très «petits films d’auteur», de jeunes auteurs qui, curieusement, ont tous deux des patronymes d’origine asiatique, Chloé Zhao avec Les Chansons que mes frères m’ont apprises et Patrick Wang avec Les Secrets des autres. Ne pas oublier le remarquable documentaire Citizenfour de Laura Poitras consacré à l’affaire Snowden. Allez, ajoutons le très fréquentable Le Pont des espions de Steven Spielberg, et le plaisant Au cœur de l’océan de Ron Howard.
Cannes/0: Il y a trop de films français à Cannes
Les enjeux de la sélection officielle.
Cannes/1 «La Tête haute», une juge et une cinéaste aux côtés de la vie
La Tête hauted’Emmanuelle Bercot, ouverture du Festival
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L’Ombre des femmes de Philippe Garrel, la Quinzaine des réalisateurs
Cannes/3: “Mad Max”+Kawase+Kore-Eda=Cannes, terre de contrastes
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Cannes/4: “Trois souvenirs de ma jeunesse”, un être vivant
Trois souvenirs de ma jeunesse d’Arnaud Desplechin
Cannes/5: «Le Fils de Saul», «Ni le ciel, ni la terre»: le bouclier d’Athéna
Le Fils de Saul de Laszlo Nemes, Ni le ciel ni la terrede Clément Cogitore
Cannes/7: Puissances de la parole
En marge du festival, discours, négociations, débats, masterclasses: le présent et le futur du cinéma se joue aussi là.
Cannes/8: Mondes hybrides et voyages vers le centre des êtres humains
Plus fort que les bombes de Joachim Trier, De l’ombre il y a de Nathan Nicholovitch, Cemetery of Splendour d’Apichatpong Werasethakul
Cannes/9 Cinéma français: les enfants gâtés
La Loi du marché de Stéphane Brizé, Mon roi de Maïwenn, Marguerite et Julien de Valérie Donzelli et Les Deux Amis de Louis Garrel.
Cannes/10: «Mountains May Depart»: la montagne cannoise a bougé
Mountains May Depart de Jia Zhang-ke
Cannes/11: “The Assassin”, le chiffre secret de la mise en scène
The Assassun de Hou Hsiao-hsien
Cannes/12: Films français, rendez-vous dans un désert très habité
Love de Gaspard Noé, Dheepan de Jacques Audiard, Valley of Love de Guillaume Nicloux.
Cannes 13: Dernier survol avant atterrissage dans les palmes
Sharunas Bartas, Sicario, Rams, Lamb, The Other Side, Le Trésor, Hitchcock-Truffaut, les fantômes de Cannes.
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