“Les Merveilles”: le miel de la vie

MERVEILLES

Les Merveilles d’Alice Rohrwacher, avec Maria Alexandra Lungu, Sam Louwyck, Alba Rohrwacher, Sabine Timoteo, Monica Bellucci. Durée: 1h51 | Sortie: 11 février 2015.

Elle est bizarre cette maison, immense bâtisse entre inachèvement et délabrement, avec quelque chose de majestueux et un côté minable. Elle est encore plus bizarre, cette famille qui habite la maison, et dont on mettra du temps à identifier les liens qui relient les personnages, la nature de leurs relations, sans que tout soit d’ailleurs éclairci –on est en Italie, mais tout le monde ici n’est pas italien, et alors?

Le père, despote écolo assez illuminé et pas uniquement antipathique, et une tribu féminine de divers âges, occupent des positions plus ou moins symétriques d’une batterie de ruches. Entre femmes et abeilles vient s’immiscer un garçon sorti un peu de nulle part, et pas mal d’un centre de jeunes délinquants.

Et voici que débarquent aussi les organisateurs d’un jeu télévisé, histoire d’entrainer tout ce beau monde sur davantage encore de trajectoires divergentes, avec boucles de rétroactions passionnelles, fascination malsaine, moments de pur comique, instants de grâce, télescopage d’hyperréalisme et de burlesque onirique, d’acuité imparable du regard sur les êtres et de poésie du quotidien prête à surgir, et se déployer à l’infini, au tournant d’un geste, d’une réplique, d’un regard, d’un objet qui n’importe où ailleurs serait trivial.

Les Merveilles est un film si singulier, si imprévisible, qu’il aura dérouté plus d’un spectateur lors de sa présentation à Cannes en mai dernier (dont l’auteur de ces lignes). Neuf mois plus tard, le film est devenu un des souvenirs les plus heureux, à la fois les plus intrigants et les plus prometteurs de cette sélection par ailleurs de très haute tenue. (…)

LIRE LA SUITE

Les commentaires sont fermés !

« »