Mistress America de Noah Baumbach, avec Lola Kirke, Greta Gerwig, Matthew Shear, Jasmine Cephas-Jones, Heather Lind. Durée 1h24. Sortie le 6 janvier.
Il y a trois ans, la rencontre entre le réalisateur indépendant Noah Baumbach et l’actrice magnétique Greta Gerwig dans les jardins et sur les trottoirs de Paris donnaient lieu à un phénomène baptisé Frances Ha. Ce sympathique rappel d’un style de cinéma US urbain décontracté narcisso-blagueur pas trop gnagnan, espèce en voie de disparition entre radicalité ultra et mièvrerie racoleuse genre Little Miss Sunshine, lui valut un engouement probablement disproportionné de la galaxie cinéphile, de Telluride et les Independent Spirit Awards à la plupart des critiques français.
Et voici que, cette fois entre New York et la cambrousse East Coast, Noah Baumbach remet ça, mais double la mise : il retrouve Greta Gerwig, mais la place aux côtés – et légèrement en retrait – d’une nouvelle actrice à qui il confie le premier rôle, Lola Kirke, guère repérée jusqu’à présent. Et le résultat est… tout simplement épatant.
Mistress America est sans hésiter le film le plus drôle qu’on a pu voir au cinéma depuis bien longtemps. A la fois léger et attentif aux êtres et aux situations, capables de jouer sur plusieurs tableaux et de rebondissements bienvenus, il fait figure d’improbable mais réjouissant héritier du Woddy Allen des 80’s.
Difficile d’expliciter comment et pourquoi ça fonctionne si bien, tant le scénario repose sur des astuces qui pourraient tourner à la ruse ou au cynisme tandis que l’étudiante coincée en littérature croise la route chaotique et spectaculaire d’une potentielle future demi-sœur.
Des familles dysfonctionnelles, des complexes d’intellectuel(le)s mal dans leur peau, des fantasme de gloire littéraire, des histoires d’amour calamiteuses, des retournements de préférence sentimentale et sexuelle : on a déjà vu tout ça, plutôt cent fois qu’une, et à New York davantage que n’importe où ailleurs. Et là, sans crier gare, quelque chose d’à la fois tout à fait juste dans les rythmes et l’orchestration des différentes lignes de sentiment et une sorte de douceur générale malgré les situations parfois dramatiques ou grotesques emportent la mise.
Seul élément d’explication assuré : les deux actrices principales sont, chacune dans son physique et dans son registre, deux véritables bonheur. Vivantes, belles sans clichés ni racolage, différentes et capables d’entrer en connivence ou en conflit avec la même évidence joueuse, les deux anti-bimbos Lola Kirke et Greta Gerwig sont le trésor et l’énergie évidente de Mistress America.
Bien sûr, leur réussite est impossible sans l’ensemble du film, scénario et réalisation. Il faut saluer la capacité à faire notamment d’une jeune fille qui se veut écrivain et d’une femme plus dans la prime jeunesse qui s’acharne à rester à la pointe du chic des êtres attachants, à les filmer avec un humour qui ne stigmatise pas ni ne se repose sur les conventions si fréquentes en pareil cas. Pour une fois, le trafic entre fiction du film (le scénario cosigné par Baumbach et Gerwig) et fiction dans le film (les nouvelles qu’écrit le personnage de Lola Kirke) fluidifie l’action et la relance. La construction fragmentée des personnages, le regard amusé sur différents milieux à la mode, la capacité à recomposer l’environnement, avec en particulier un intéressant travail sur les décors d’intérieur et la musique, participe de l’accomplissement de Mistress America.
Vous vouliez dire : “Les jardins”, et “Little Miss Sunshine” (à mon sens loin d’être la mièvrerie racoleuse décrite) ?
Cela étant, merci pour cet article qui donne envie de découvrir ce film 🙂
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merci de vos corrections. Bien amicalement. JMF