Michel Brault est mort

Le cinéaste québécois Michel Brault est mort samedi 21 septembre d’une crise cardiaque à Toronto. Il était âgé de 85 ans. Pas sûr que son nom dise grand chose en dehors des cercles passionnés de documentaire. Avec son compère Pierre Perreault, il fut pourtant à l’origine d’une des plus importants mouvements de transformation du cinéma, non seulement documentaire mais dans tout un questionnement sur le rapport à la réalité des choses et à la vérité des images. Dès Les Raquetteurs en 1958, mais surtout avec Pour la suite du monde (1963) cosigné avec Perreault et Marcel Carrière, il incarne un regard différent, une autre distance à la réalité et à la fiction, en parfaite synchronie avec les explorations de la Nouvelle Vague en France, ou du Direct Cinema des Leacock, Pennbaker, Maysle aux Etats-Unis. Jean Rouch, avec lequel il avait collaboré sur Chronique d’un été (1961), dira alors que « tout le monde à la brauchite » pour insister sur son influence, liée à des remises en causes esthétiques et politiques profitant d’innovations techniques (caméras, pellicules et prise de son). Lui-même aura énormément travaillé à ces évolutions, notamment des caméras de la société Eclair. Ses réflexions et ses modes de travail contribuent largement à la mise en place d’un style documentaire léger, notamment auprès d’une génération de jeunes chefs opérateurs.  Cinéaste engagé, Michel Brault signera en 1974 Les Ordres, inspiré par la répression brutale du mouvement nationaliste québécois. Le film lui a valu un prix de la mise en scène au Festival de Cannes. Evocation d’une révolte nationaliste québécoise au 19e siècle, son dernier film comme réalisateur, sortie en 1999, porte le beau titre de Quand je serai parti… vous vivrez encore.

Pour la suite du monde

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