Le moustique Anopheles (Cellia) stephensi a été génétiquement modifié pour tuer le parasite de la malaria
Les moustiques sont responsables de 300 à 400 millions de cas de malaria (ou paludisme) et de la mort d’un million de personnes par an dans le monde, principalement des nouveaux-nés, de jeunes enfants et des femmes enceintes. D’où l’intérêt des travaux menés par Anthony James et ses collègues de l’université de Californie et de l’institut Pasteur à Paris sur la création d’une version du moustique Anopheles (Cellia) stephensi, une espèce présente en Inde et au Moyen-Orient, capable de bloquer le développement du parasite de la malaria grâce à une modification génétique. L’espoir des chercheurs réside dans la transmission de cette caractéristique de générations en générations de moustiques. Ils ne précisent pas le délai nécessaire pour obtenir un début de réduction du nombre de cas d’infection chez l’homme.
L’équipe d’Anthony James a publié cette avancée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) du 11 juin 2012. Elle y explique que l’avantage de sa méthode est de pouvoir être appliquée à des dizaines d’espèces différentes de moustiques qui transportent et transmettent le parasite de la malaria, le Plasmodium falciparum. Dont ceux qui sévissent en Afrique.
La souris a servi de modèle
Les chercheurs ont travaillé à partir de la souris. Celle-ci, lorsqu’elle est infectée par la forme humaine de la malaria, produit des anticorps qui tuent le parasite. Anthony James a analysé les composantes moléculaires de cette réponse du système immunitaire de la souris. Et il a conçu des gènes capables de produire les mêmes molécules chez le moustique. Les anticorps libérés par les moustiques génétiquement modifiés tuent le parasite et évite toute propagation de la maladie lors de leurs piqures sur des êtres humains. “Nous constatons une complète disparition de la version infectieuse du parasite de la malaria”, note Anthony James. D’après lui, “le processus de blocage à l’intérieur de l’insecte qui transporte la malaria peut réduire significativement le nombre de cas de cette maladie et son taux de morbidité”. Son équipe n’en est pas à sa première modification génétique d’un moustique. Elle a également travaillé sur la réduction de la transmission de la dengue et d’autres maladies du même type.
Il reste donc à évaluer l’impact de tels moustiques OGM sur des populations de milliards d’insectes. Combien faut-il en produire pour accélérer la transmission héréditaire des gènes modifiés? Quelle est la vitesse de propagation du gène? A partir de quel moment les effets sur la transmission de la maladie se feront-ils sentir? Un bel espoir qui demande à être validé sur le terrain.
Michel Alberganti
En dehors de la question de la vitesse de transmission du caractère acquis par la modiication génétique, comment les moustiques OGM s’imposeront-ils en compétition avec l’espèce d’origine?
Ont-ils un avantage comme une fécondité plus grande ou une meilleur résistance?
je suis surprise de cette annonce faite en 2012 comme un gros progrès car j’ai déjà reçu la même info voici un an ou deux. Est-ce une façon indirectement de soutenir le travail sur les OGM?
@patricedusud : Au départ, j’ai également eu cette réflexion. Cependant, il ne s’agit pas de faire imposer le moustique OGM face aux autres populations. Mais plutot de faire transmettre le gène.
En ce sens, les croisements entre moustiques “sauvages” et moutisques OGM se feraient sur plusieurs générations. Statistiquement, les moutisques contenant le gène anti malaria, devraient peu à peu augmenter de manière logarithmique, pour quasiment atteindre une probalitité de 1.
A noter, que l’individu OGM devra être de la même origine que le moustique sauvage, afin que les croisements se fassent naturellement.
Problème, sur le long terme, la malaria ne vas t’elle pas muter et contourner le gène anti-malaria?
@ Xavier Herent
Je ne comprend pas votre explication 🙂
J’ai bien compris le croisement mais comment garantit-il que le descendant soit porteur du gène introduit et de plus comment les individus croisés prennent-ils le dessus sur les moustiques non-croisés qui continuent à se reproduire en plus grand nombre du moins au début de l’introduction?
Je ne comprend pas non plus votre notion de malaria mutante si aucun vecteur n’est présent pour la transmettre.