A quoi pensent les poissons zèbres ?

Le poisson zèbre, c’est le rêve. Aussi bien pour les amateurs d’aquarium que pour les chercheurs. En effet, outre ses couleurs naturelles et ses capacités à régénérer ses blessures, de la colonne vertébrale par exemple, il possède la caractéristique remarquable d’avoir un corps transparent à l’état d’embryon et de larve. L’idéal pour observer à loisir le fonctionnement son organisme bien vivant. D’où l’idée de révéler à la planète ce qui se passe dans le cerveau d’une larve de poisson-zèbre… Nous rêvions tous de le découvrir sans oser le demander : à quoi pensent les poissons ? La réponse d’une équipe japonaise dirigée par Akira Muto, de l’Institut National de Génétique à Shizuoka, ne nous surprend qu’à moitié : à manger. Encore fallait-il le montrer. Et c’est ce que les chercheurs ont réussi à faire.

Une larve de poisson zèbre peut se nourrir  de paramécies dans la mesure où elle est capable d’attraper ce minuscule protozoaire unicellulaire qui se déplace dans l’eau grâce à ses cils. Que se passe-t-il dans le cerveau du poisson qui guette sa proie ? Pour la première fois, les chercheurs sont parvenus à montrer, avec une grande précision et en temps réel, quelles parties du cerveau de la larve s’activent en fonction de la position de la larve autour d’elle.


Pour y parvenir, les chercheurs ont reproduit l’organisation visuotopique du cortex visuel. Il s’agit de la façon dont l’image parvenant sur la rétine s’imprime dans le cerveau. Grâce à un type de marqueur particulier, le GCaMP qui permet de rendre fluorescent les ions calcium à l’oeuvre dans les neurones, les Japonais ont rendu visibles les zones du cerveau qui s’activent lorsque la larve de poisson zèbre suit sa proie des yeux. Sans surprise, c’est dans le lobe situé à l’opposé de l’oeil qui a capté l’image que les neurones s’allument.

L’étude de l’équipe d’Akira Muto a été publiée dans la revue Current Biology du 31 janvier 2013. L’un de ses collaborateurs, Koichi Kawakami, précise : “Notre travail est le premier à montrer l’activité du cerveau en temps réel chez un animal intact pendant son activité naturelle. Nous avons rendu visible l’invisible et c’est ce qui est le plus important”. La technique utilisée devrait rendre possible la visualisation des circuits neuronaux impliqués dans des comportements complexes, depuis la perception jusqu’à la prise de décision. Une possibilité d’autant plus intéressante que, dans sa conception générale et son fonctionnement, le cerveau d’un poisson zèbre ressemble assez à celui d’un être humain.

“A l’avenir, nous pourrons interpréter le comportement d’un animal, y compris l’apprentissage, la mémorisation, la peur, la joie ou la colère, à partir de l’activité de combinaisons particulières de neurones”, s’enflamme Koichi Kawakami. Autre objectif : analyser l’activité chimique du cerveau avec, à la clé, la possibilité d’accélérer le développement de nouveaux médicaments psychiatriques. Pas de quoi rassurer ceux qui craignent que les avancées de la recherche sur le cerveau ne conduisent à une intrusion dans nos pensées les plus intimes. Au risque de découvrir… qu’elles ne sont pas beaucoup plus sophistiquées que celles d’un poisson zèbre. Ce qui serait, convenons-en, une bien mauvaise nouvelle pour notre ego…

Michel Alberganti

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Human Brain Project : La Suisse prend la tête de l’Europe

100 milliards de neurones. 1 milliard d’euros… L’un des deux programmes de recherche “vaisseau amiral” (flagship) de la Commission Européenne (Future Emerging Technology (FET) Flagship) est le projet Human Brain Project (HBP) avec, pour leader, l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL). L’annonce a été faite le 28 janvier 2013 par Neelie Kroes, vice-présidente de la Commission européenne (CE) en charge du programme numérique, lors d’une conférence de presse organisée à Bruxelles. Le second projet vainqueur, le graphène, sera piloté par l’université de Chalmers de Göteborg, en Suède.

Ces annonces ne constituent pas vraiment des surprises car elles avaient été dévoilées par la revue Nature, pourtant très stricte sur ses propres embargos, dès le 23 janvier 2013. Néanmoins, le fait que la Suisse, pays qui ne fait pas partie de l’Union Européenne (UE) et qui, en matière de recherche, a le statut de “membre associé” comme la Turquie, la Norvège ou Israël, soit promue à la tête d’un tel projet va faire grincer pas mal de dents en Allemagne, en France ou en Angleterre. Pas de quoi contribuer, par exemple, à resserrer les liens distendus des Anglais avec l’UE.

“La Suisse est un pays européen”

En Suisse, en revanche, la décision de la CE est fêtée comme un triomphe de la recherche helvétique. La qualité de cette dernière n’est pas contestée grâce à des établissements réputés comme, justement, l’EPFL, mais aussi l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) et, bien entendu, le CERN de Genève. De là à lui confier le pilotage d’un tel projet, il y a un pas. Justement, lors de la conférence de presse, la première question posée par une journaliste de la télévision suisse a porté sur ce choix de la Suisse. Neelie Kroes a simplement répondu : “La Suisse est un pays européen !” Elle a ajouté que l’Europe avait besoin d’unir toutes ses forces… La vice-présidente de la CE a poursuivi les réponses aux questions posées, en particulier sur le financement, sur le même mode. C’est-à-dire en évitant soigneusement… les réponses précises.

Je reviendrai très vite sur le graphène, projet moins controversé. Le débat du jour concerne plus le Human Brain Project à la fois sur la forme et sur le fond.

1°/ Pourquoi la Suisse ?

Malgré l’absence de précisions données par Neelie Kroes, les raisons du choix de la Suisse sont claires. Le Human Brain Project était proposé par l’EPFL qui a recruté, en 2002, un homme, Henry Markram, qui a fait de ce programme celui de sa vie.  De nationalité israélienne, il a fait ses études en Afrique du sud (université de Cape Town) et à l’Institut Weizmann, en  Israël, avant de passer par les National Health Institutes (NIH) américains et le Max Planck Institute  de Heidelberg en Allemagne. A l’EPFL, il a lancé en 2005 le Blue Brain Project que le HBP va prolonger. Pour cela, il a convaincu Patrick Aebischer, le neurologue qui dirige l’EPFL, d’acquérir un supercalculateur Blue Gene d’IBM. Il a ainsi construit les bases du HBP et permis à la Suisse d’être candidate dans la course aux programmes FET Flagship. C’est donc grâce à l’israélien Henry Markram qu’un pays non membre de l’UE a remporté ce concours.

2°/ Pourquoi le Human Brain Project ?

“Un ordinateur qui pense comme nous”. C’est ainsi que Neelie Kroes a décrit l’objectif du HBP et justifié la victoire de ce projet. Pas sûr qu’Henry Markram se retrouve vraiment dans cette formulation, à moins qu’il en soit l’auteur… Pour convaincre les décideurs politiques, il faut savoir leur “vendre” des sujets de recherche souvent complexes. C’est bien le cas du HBP. Son réel objectif est d’intégrer l’ensemble des travaux des chercheurs du monde entier sur le fonctionnement du cerveau dans un seul supercalculateur. A terme, ce dernier pourrait simuler le fonctionnement complet du cerveau humain. Il permettrait alors de mieux comprendre les mécanismes de maladies neurodégénératives et même de tester des médicaments pour les soigner.

Cette approche suscite de nombreuses critiques et pas mal de doutes sur ses chances d’aboutir. La recherche sur le cerveau génère environ 60 000 publications scientifiques par an. La plupart portent sur des mécanismes très précis des neurones, des synapses ou des canaux ioniques. Ces recherches ne permettent pas d’aboutir à une vue d’ensemble du fonctionnement du cerveau. C’est justement l’objectif du HBP. Pour autant, rien n’assure qu’un modèle synthétique émergera de ce rassemblement de travaux épars. Certains pensent qu’une telle démarche risque d’induire une modélisation unique, conçue par…  Henry Markram lui-même.

“Nous avons besoin de diversité en neuroscience”, a déclaré à Nature Rodney Douglas, co-directeur de l’Institut pour la neuroinformatique (INI) qui regroupe l’université de  Zurich et l’Institut fédéral de technologie (ETH) de Zurich. Certains mauvais esprit pourrait expliquer une telle remarque par la concurrence entre Lausanne et Zurich. Gageons que l’intérêt supérieur de l’Europe permettra de surmonter pareilles réactions… Il n’en reste pas moins que les chances de succès du HBP sont très loin d’être garanties.

“Le risque fait partie de la recherche”, comme le rappelle Neelie Kroes. Dans le cas de ce projet, le risque est justifié par l’ambition du projet. Mais cela ne diminue en rien les possibilités d’échec. D’autant que le succès, lui, dépend de la qualité de la collaboration de l’ensemble des 70 institutions provenant de 22 pays européens participant au HBP. Et de la bonne volonté des chercheurs des autres pays. Seront-ils motivés par le succès de la Suisse ? Le cerveau de l’Europe pourra-t-il devenir celui du monde ?

3°/ Comment trouver 1 milliard d’euros ?

La question a été posée plusieurs fois à Neelie Kroes: “Le financement du HBP est-il assuré?” Les journalistes présents ont fait remarquer que seuls 53 M€ étaient alloués pour l’année 2013. La vice-président s’est déclarée confiante dans la participation des Etats membres à ce financement. Pour atteindre 1 milliard d’euros sur 10 ans, il faut trouver 100 M€ par an, en moyenne. La moitié proviendra des fonds de l’UE, l’autre moitié devra être apportée par les Etats membres. Et la Suisse ? Il sera intéressant de mesurer la participation du leader qui, lui, n’est pas contraint par la mécanique économique de Bruxelles. Le choix d’un pays réputé “riche” n’est peut-être pas un hasard. La CE pourrait espérer que les Suisses, motivés par la désignation de leur projet, mettront la main à la poche pour compléter le financement de pays européens encore rongés par la crise.

Michel Alberganti

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Une chatte perdue parcourt 300 km pour rentrer chez elle

Tandis que les néo zélandais tentent de s’en débarasser,  les Américains célèbrent l’exploit d’Holly. Cette chatte de 4 ans perdue par ses maîtres,  Jacob et Bonnie Richter, au cours de leur séjour à Daytona Beach en Floride, début novembre 2012, vient rentrer chez elle, à West Palm Beach… Un trajet de quelque 300 km en deux mois… Pour une chatte réputée plutôt sédentaire, avoir parcouru une telle distance pose la question des moyens d’orientation utilisés par les félins. Nous avons parlé de ceux des scarabées bousiers, qui utilisent la Lune et la Voie Lactée pour pousser droit, à reculons, leur boulette d’excrément en pleine nuit la nuit. Mais comment font les chats ?

Certains projets scientifiques tentent de répondre en partie à cette intrigante question. Ainsi, Kitty Cams, lancé par le National Geographic et l’université de Georgie, a consisté à équiper 60 chats de la ville d’Athens , en Géorgie, de mini-caméra attachées à leur collier et munies d’un système de traçage par radio ainsi que de LED pour les prises de vues de nuit. L’objectif était d’explorer la vie nocturne de ces chats déambulant librement pendant une dizaine de jours. Avec la volonté de déterminer à la fois les dégâts qu’ils occasionnent sur la faune locale et les dangers qui les guettent (voitures, infections…). Résultat : 37 heures de vidéos subjectives assez pénible à visionner, pour chacun des 55 chats dont la caméra a bien fonctionné. Il en ressort que seulement 44% des chats pratiquent la chasse nocturne et que leurs proies sont constituée majoritairement de reptiles (lézards), de mammifères (souris) et d’invertébrés. Les principaux risques auxquels les chats sont exposés sont la traversée de routes, la rencontre de chats errants, la consommation de substances douteuses, l’exploration des systèmes de drainage des eaux de pluie et de lieux étroits dans lesquels ils peuvent se retrouver piégés.

Holly a dû se nourrir et éviter ces dangers pendant son long périple. En revanche, cette étude ne donne aucune information sur le système de guidage des chats en territoire inconnu. Sur Internet, circule l’histoire de Howie, un chat persan laissé par ses maîtres à des amis pendant un long voyage à l’étranger. A leur retour, plusieurs mois plus tard, Howie avait disparu. De retour chez eux, à 1500 km de là, ils n’avaient pas le moindre espoir de revoir Howie, d’autant que, comme Holy, il s’agissait d’un chat sédentaire, genre chat d’appartement. Pourtant, 12 mois plus tard Howie était de retour à la maison après avoir parcouru les 1500 km…

Pour expliquer les périples des chats, on pense bien sûr aux oiseaux migrateurs et autres pigeons voyageurs ou saumons. On sait qu’ils exploitent le champ magnétique terrestre, la lumière polarisée et des capacités olfactives extrêmement développées pour retrouver leur chemin. Dans le cas des chats, outre la distance, c’est l’extraordinaire précision de leur parcours qui laisse pantois. Retrouver une maison dans une ville n’est pas toujours aisé pour un être humain muni d’une carte et d’une adresse.  Il a fallu inventer le système GPS avec une constellation de satellites, des stations au sol, des calculs intégrant las équations de la relativité générale d’Einstein, des appareils individuels et une cartographie très précise de la Terre entière pour nous permettre de faire aussi bien que… la chatte Holly.

Michel Alberganti

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Arrête avec ce jouet ! Tu nous casses les oreilles !

Ah ! les jouets pour les tout petits ! Les sapins de Noël en ont mis bas des flopées, comme chaque année. Tant qu’ils sont restés dans leur emballage cadeau multicolore, tout allait bien. Mais à peine déballés et les piles insérées, le vacarme a commencé. Soudain, la fête a changé de centre de gravité sonore. Les conversations se sont arrêtées. Les sifflements de sirène, la musique beuglante, les voix éraillées, les pianos métalliques désaccordés, les porte-clés hurleurs ont pris le relais. Et une prière particulière, en contradiction avec celle qui prévaut le reste de l’année, est née dans tous les esprits : pourvu que les piles ne durent pas trop longtemps…


Le bruit des jouets – Science Publique du 28… par franceculture

Si vous avez vécu cette scène, ou une variante, et si vous souffrez aussi, au cours de l’année, du bruit émis par les jouets de vos bambins, écoutez l’émission Science Publique que l’ai animée le 28 décembre 2012 sur France Culture. A partir d’un dossier réalisé par le magazine 60 millions de consommateurs, nous avons rassemblé des passionnés de l’éducation au son des jeunes oreilles. Ainsi qu’un représentant de l’industrie du jouet. Et nous avons écouté la musique de Tycho Brahé, compositeur qui, lui comme d’autres musiciens, intègre les sons émis par les jouets à ses morceaux. Car, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, le bruit des jouets attire aussi certains adultes. Qu’ils soient compositeurs, collectionneurs ou bidouilleur du son, ils restent fascinés par ces sons qui, sans doute, éveillent des souvenirs enfouis de l’enfance. Et témoignent d’une époque.

Du nasillard, du saturé, du compressé…

A chaque génération, en effet, des sonorités particulières. Longtemps, les jouets ont produit des sons naturels. Depuis les années 1970, environ, le développement des circuits électroniques a bouleversé le marché. Les fabricants ont bien compris que l’attention des enfants est fortement attirée par le son. Et ils en abusent parfois. Ils négligent la qualité, faible coût oblige, au profit de l’intensité. Résultat : du nasillard, du saturé, du compressé. Le tout avec un volume dépassant souvent les 100 dB, voire les 115 dB. De quoi abimer les jeunes oreilles et, dans tous les cas, les priver d’une bonne éducation à la mélodie et à l’harmonie de la musique tout comme à la pureté de certains sons naturels.

D’autant que l’usage d’un jouet par un tout petit n’a rien à voir avec celui qu’en ferait un adulte. Un enfant peut coller une poupée ou une voiture  contre son oreille. Excellente préparation aux baladeurs hurlants… Pendant cette émission, nous avons débattu de ces thèmes et écouté à la fois les sons insupportables de certains jouets mais aussi ceux qu’un collectionneur conserve précieusement pour, parfois, les détourner et les triturer. Un psychiatre travaillant pour l’éditeur Fuzeau est également venu exécuter le bruitage avec des pots de yaourts de l’histoire racontée par un livre pour enfants.
Avis aux parents : eux “aussi” peuvent éduquer les oreilles de leurs bambins.

(Ré)écoutez l’émission Science Publique :

28.12.2012 – Science publique
Pourquoi le bruit des jouets nous casse-t-il souvent les oreilles ? 57 minutes Écouter l'émissionAjouter à ma liste de lectureRecevoir l'émission sur mon mobilevideo

Le super trotteur parlant, le Mickey chantant, l’ourson Culbuto, le singe Noé, la poupée mauve Willa, la Princesse royale Zhu Zhu Pet… Autant de jouets… sonores qui ont peut-être déjà, à l’occasion de Noël, envahit votre univers familial. Peut-être faites-vous ainsi partie des parents qui attendent avec impatience l’usure des piles des jouets de leurs enfants pour retrouver la quiétude du …

Michel Alberganti

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Y a-t-il un Google dans notre cerveau ?

Les résultats publiés par Alexander Huth, chercheur à l’Institut de neurosciences Helen Wills de l’université de Californie à Berkeley, et ses collègues dans la revue Neuron du 20 décembre 2012 conduisent à se poser la question: “Y a-t-il un Google dans notre cerveau ?” Un sous Google ? Un super Google ? Comment sommes-nous capables de retrouver ou de reconnaître, souvent instantanément, un mot, une image, une notion, une action?  Difficile de ne pas penser à Internet et à la difficulté, pour un moteur de recherche, de faire de même avec le contenu de la Toile.

Une autre étude devra le déterminer, mais celle-ci montre déjà comment nous rangeons la multitude d’objets et d’actions que nous voyons dans notre matière grise. La principale découverte des chercheurs, c’est qu’il n’existe pas de zones isolées pour chaque catégorie d’images mais un “espace sémantique continu”. Pas de tiroirs donc mais un tissu, un maillage imbriqué…

1.705 catégories d’objets et d’actions

“Si l’être humain peut voir et nommer des milliers de catégories d’objets et d’actions, il est peu probable qu’une zone distincte du cerveau soit affectée à chacune de ces catégories”, précisent les chercheurs. “Un système plus efficace consiste à représenter les catégories comme des emplacements dans un espace sémantique continu, sur une cartographie couvrant toute la surface corticale.”

Pour explorer un tel espace, Alexander Huth a fait appel à l’IRM fonctionnelle afin de mesurer l’activité du cerveau pendant le visionnage des images d’un film. Il est ensuite passé au traitement informatique des données en utilisant un modèle de voxels, c’est-à-dire des volumes élémentaires (pixels en 3D).

De quoi construire une représentation de la répartition corticale de 1.705 catégories d’objets et d’actions.

Les catégories sémantiques apparaissent alors clairement. Notre cerveau associe les objets similaires par leur composition (des roues pour un vélo et une voiture) ou leur fonction (une voiture et un avion servent à se déplacer). En revanche, une porte et un oiseau ne partagent pas grand-chose et se retrouveront éloignés dans l’espace sémantique.

30.000 voxels

Alexander Huth a soumis les personnes analysées à un film de deux heures dans lequel chaque image et chaque action avaient été repérées par des étiquettes (pour un plongeon, par exemple, une étiquette pour le plongeur, une pour la piscine, une troisième pour les remous de l’eau).

L’IRMf a permis de mesurer l’activité du cerveau dans 30.000 voxels de 2x2x4 mm couvrant l’ensemble du cortex. Il “suffisait” ensuite de corréler les images du film et leurs étiquettes avec les  différents voxels activés lorsqu’elles avaient été visualisées. Le résultat est une cartographie des 30.000 voxels mis en relation avec les 1.705 catégories d’objets et d’actions.

Les techniques de représentations dans l’espace, à gauche, permettent de faire apparaître les distances entre les différentes catégories. Les différentes couleurs et leurs nuances représentent des groupes de catégories similaires: êtres humains en bleu, parties du corps en vert, animaux en jaune, véhicules en mauve…

Cartographie 3D interactive

Plus fort encore que la représentation dans l’espace qui ressemble aux cartographies en 3D des sites Internet, les chercheurs ont achevé leur travail par une projection des voxels et de leurs catégories… sur la surface corticale elle-même.

Le résultat est spectaculaire, en relief et… interactif. Grâce à une technologie de navigation encore expérimentale, WebGL, l’utilisateur peut soit cliquer sur un voxel de la surface du cortex et voir quelles sont les catégories correspondantes, soit faire l’inverse: le choix d’une catégorie montre dans quelles zones du cerveau elle est stockée.

Cette cartographie interactive est disponible ici mais tous les navigateurs ne sont pas capables de la prendre en charge. Les chercheurs conseillent Google Chrome qui, effectivement, fonctionne (version 23).

Ces travaux fondamentaux pourraient avoir des applications dans le diagnostic et le traitement de pathologies cérébrales. Mais il permettront peut-être aussi de créer des interfaces cerveau-machine plus efficaces et d’améliorer les systèmes de reconnaissance d’images encore peu développés, même sur Google…

Michel Alberganti

Photo: «Planting Brain», oeuvre d’art dans un champ indonésien, le 27 décembre 2012 près de Yogyakarta. REUTERS/Dwi Oblo

Une autre étude devra le déterminer, mais celle-ci montre déjà comment nous rangeons la multitude d’objets et d’actions que nous voyons dans notre matière grise. La principale découverte des chercheurs, c’est qu’il n’existe pas de zones isolées pour chaque catégorie d’images mais un “espace sémantique continu”. Pas de tiroirs donc mais un tissu, un maillage imbriqué…
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Découverte de neurones qui régulent les fonctions cardiovasculaires

Personne ne doute des limites des connaissances actuelles des scientifiques en matière de fonctionnement du cerveau, malgré l’accélération des découvertes engendrées par l’imagerie médicale, telle que l’IRM fonctionnelle. Mais, de là à imaginer qu’un type de cellules nerveuses, de neurones, leur ait échappé… C’est pourtant ce que semble révéler la publication d’un article rédigé par Jens Mittag, responsable d’équipe au département de biologie cellulaire et moléculaire du célèbre Institut Karolinska en Suède, et publié dans le Journal of Clinical Investigation du 21 décembre 2012. Avec des collègues en Allemagne et en Hollande, Jens Mittag a découvert que les hormones thyroïdiennes, bien connues pour agir directement sur les fonctions cardiovasculaires, peuvent également passer par le cerveau pour réguler indirectement ces fonctions, vitales pour l’organisme puisqu’elles comprennent le rythme cardiaque et la pression sanguine.

Régulation de la tension et du rythme cardiaque

Ces travaux ont mis en évidence une population, inconnue jusqu’à présent, de neurones dits “parvalbuminergique” (pv) situés dans la parti antérieure de l’hypothalamus. En réalisant une ablation de ces neurones dans le cerveau de souris, les chercheurs ont constaté une hypertension et une tachycardie dépendante de la température. Ils ont ainsi vérifié le rôle essentiel des nouveaux neurones dans la régulation des fonctions cardiovasculaires. De plus, ce sont les hormones thyroïdiennes qui sont à l’origine du développement de ces neurones dans le cerveau.

Les dangers de l’hypothyroïdie pendant la grossese

Cette découverte démontre, une fois de plus, la complexité du fonctionnement de notre organisme. Ainsi, les hormones produites par la thyroïde n’agissent pas uniquement sur les fonctions cardiaques de manière directe. Pour ce faire, elles passent également par le cerveau grâce à ces nouveaux neurones situés dans l’hypothalamus. De quoi donner de nouvelles pistes de recherche pour le traitement de l’hyper et de l’hypothyroïdie. Pour Jans Mittag, cette découverte est majeure :

“Cela ouvre des voie entièrement nouvelles pour la lutte contre les maladies cardiovasculaires”. Si nous apprenons à contrôler ces neurones, nous serons capables de traiter à travers le cerveau certains problèmes cardiovasculaires comme l’hypertension. Ce n’est pas, néanmoins, pour demain. Dans l’immédiat, cette découverte nous conduit à la certitude qu’il faut traiter l’hypothyroïdie des femmes enceintes. Un faible niveau d’hormones thyroïdiennes peut endommager la production de ces neurones dans le cerveau du fœtus. Ce qui, par la suite, pourrait être à l’origine de problèmes cardiovasculaires”.

Michel Alberganti

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Le jour d’après : la vidéo du lendemain de la fin du monde

La Nasa vient de publier une vidéo datée… du lendemain de la fin du monde qui, comme tout le monde le sait désormais est programmée pour le 21 décembre 2012. Avec 10 jours d’avance, la NASA tente de désamorcer la panique. “La preuve que le monde ne s’est pas terminé hier”,selon l’agence spatiale américaine.

L’intérêt de cette vidéo réside dans ses motivations et dans la méthode narrative utilisée. Pour en comprendre l’objectif, il faut suivre les informations qui proviennent des Etats-Unis et d’autres pays au sujet des croyances de fin du monde liées aux interprétations apocalyptiques du calendrier maya. Les Américains, en particulier, craignent des réactions incontrôlables de leurs concitoyens, comme des suicides, des vagues de panique, la construction d’abris antiatomiques et autres actes désespérés. C’est pour tenter de désamorcer de tels mouvements que la Nasa a réalisé cette vidéo et mis en place un groupe de chercheurs chargé de répondre aux questions des Américains angoissés. L’exercice de la vidéo se révèle ainsi plein de leçons :

1°/ Le procédé du “jour d’après”

L’idée de proposer, dix jours avant, une vidéo censée se passer le lendemain de la fin du monde semble relever d’une manœuvre désespérée ou insultante. Désespérée parce que cela révèle que les responsables de la Nasa, à cours d’arguments rationnels, acceptent de jouer le jeu des croyances qu’ils dénoncent. Les voilà en train de faire un exercice d’anticipation pour contrecarrer une croyance… anticipatrice. Le mal par le mal, en somme. Légèrement insultante, ou méprisante, vis à vis du public aussi. Si l’on décrypte le message, cela donne : Vous croyez n’importe quoi. Eh bien pourquoi ne croiriez-vous pas aussi à ceci !”

La Nasa, très sérieuse agence spatiale, verse ainsi dans la technique de la projection futuriste à vocation pédagogique inaugurée explicitement par le film : “Le jour d’après”, réalisée par Roland Emmerich en 2004. Il s’agissait alors d’alerter la population mondiale sur les effets du dérèglement climatique. Un autre catastrophe. La pédagogie réside dans le fait de montrer ce qui va se produire grâce à la science fiction. La Nasa, elle, fait de la fiction grâce à la science.

2°/ La pédagogie de l’anticipation

Sur un ton extrêmement sérieux, la voix off souligne le titre du clip: “Le monde ne s’est pas terminé hier”, sur le mode du message à la postérité : “22 décembre 2012. Si vous regardez cette vidéo, cela signifie une chose : le monde ne s’est pas terminé hier”. Vient ensuite la mention de la croyance en la prédiction du calendrier Maya. Et, bien entendu, le démontage scientifique des fondements même de cette croyance. Entrée en scène d’un spécialiste, le docteur John Carlson, directeur du centre pour l’archéoastronomie, qui explique que le calendrier Maya ne prédit pas la fin du monde le 21 décembre 2012 mais seulement la fin d’un cycle. Ainsi, au lieu d’un lendemain de cataclysme, le 22 décembre sera le premier jour d’une nouvelle période de 5125 ans, soit 13 baktunob ou 1 872 000 jours, suivant celle que les mayas ont connu pendant plus de 2500 ans.

3°/ Le rationnel contre la croyance

Après avoir démonté la croyance en une fin du monde fondée sur le calendrier maya, la Nasa semble considérer que cela ne suffit pas. Revenant dans son domaine de prédilection, elle s’attaque à deux des principales causes de fin du monde réellement possibles : la collision avec un astéroïde et l’activité du soleil. Dans le premier cas, la Terre exploserait sous l’impact, dans le second elle se consumerait. Pour démontrer qu’aucune rencontre avec un objet céleste n’est programmée pour le 21 décembre, la Nasa déclare d’abord que les observations des scientifiques ne montrent aucun danger. Et puis, et c’est sans doute le meilleur moment du clip, la voix off, sans changer de ton, indique qu’il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’appeler le gouvernement pour s’en convaincre. Il suffit de sortir de chez soi et de regarder le ciel. Si un astéroïde géant devait heurter la Terre le 21 décembre, il serait déjà l’objet le plus gros et brillant visible dans le ciel… Petit demi-tour temporel. Le spectateur auquel s’adresse alors la Nasa n’est plus celui du 22 décembre mais bien celui du 12 décembre…

Michel Alberganti

A retrouver sur Slate.fr: notre dossier «Fin du monde»

» C’est à quelle heure, la fin du monde?

» Ce qui se passera vraiment le 21 décembre selon le calendrier maya

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L’Inria (ré)invente le troisième oeil [Vidéo]

Alfred Faucher n’aurait sans pas manqué de sourire s’il avait assisté, ce matin, à la présentation de la dernière innovation de l’Inria,les inventeurs du monde numérique” (sic). Mardi 4 décembre 2012, en effet, l’Institut de recherche en informatique dévoilait “FlyViz, des yeux derrière la tête”. En 1906, il y a donc plus de 100 ans, Alfred Faucher déposait, lui, le brevet N°369 252 relatif au… rétroviseur. Un objet si utile qu’il est devenu obligatoire sur toutes les automobiles dès 1921. Pas sûr que le FlyViz trouve autant d’applications.

Pourtant le dossier de presse n’hésite pas à imaginer jusqu’à l’improbable: “permettre à des soldats, des policiers ou des pompiers d’éviter des dangers potentiels (…). La technologie peut être envisagée dans de nombreuses situations du quotidien pour voir ce dont nous avons toujours rêvé: ce qu’il se passe “dans notre dos”! Surveiller une classe alors que le professeur écrit au tableau ou encore bébé confortablement installé dans son parc de jeu tout en cuisinant sont autant d’exemples d’applications qui pourraient vite rendre FlyViz indispensable !”.

Le visiocasque FlyViz pourrait peut-être servir dès à présent aux chercheurs de l’Inria pour la surveillance de ceux qui écrivent leur dossier de presse… dans leur dos, probablement.

Michel Alberganti

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L’Ircam nous invite à découvrir une véritable Matrice sonore (Vidéo)

Aimer la musique, c’est, d’abord, être sensible au son. A tous les sons. Au bruit même. Mais dans la vie, l’essentiel du sonore est nuisance. On se protège plus du son qu’on ne l’écoute. Sauf lors d’un concert. Là, soudain, le silence d’abord, ce grand absent de la ville, s’installe. Rupture. Et puis, le son naît. D’une pureté douloureuse, presque, au début, tant il faut convaincre notre cerveau de l’accepter, de le laisser nous pénétrer.

L’expérience sonore peut transporter dans un autre monde plus surement que toute autre. Il suffit de fermer les yeux pour entrer dans l’univers parallèle créé par le compositeur. A quelques imperfections près. Ce monde parallèle n’en est est pas vraiment un. Les limites de la technologie brident le son et, de l’univers rêvé, ne nous parvient que des pans, des bribes, des traversées, parfois, au mieux.

Mais que se passerait-il si ces imperfections disparaissaient ? Si l’autre monde était aussi parfait que celui de la Matrice ? Avec tous ses volumes, ses angles, ses raclements, ses brisures, ses échos et ses étouffements, ses émergences et ses effondrements, ses voix d’un au-delà qui serait bien là ? A portée de la main, au sens propre. Un son qui peut naître au milieu des spectateurs avant de s’évanouir pour ressurgir là-bas, tout près ou au loin. Un son libre dans l’espace tout entier d’une salle. Le compositeur devient alors l’architecte de sa musique.  Il rejoint le sculpteur, autre maître de l’espace. Alors, sans doute, serions-nous vraiment transportés ailleurs, aussi surement qu’avec ce que promet la téléportation.

Bien sûr, il faudra laisser le temps à nos neurones ancestraux d’apprendre à voyager, les oreilles grandes ouvertes, dans ce nouvel espace. “A l’origine, l’audition spatiale servait essentiellement à nous prévenir d’un danger pouvant surgir derrière nous ou hors de notre vue”, rappelle Huges Vinet, directeur de la recherche et développement de l’Ircam. Depuis, les choses ont empiré. Si les risques de danger sont plus faibles, c’est du son lui-même, du bruit, que nous avons appris à nous protéger. Tout un nouveau parcours est donc nécessaire.

Eh bien, un tel voyage initiatique dans une Matrice sonore est désormais possible. Le 29 novembre 2012, le grand public pourra le découvrir dans les entrailles de l’Ircam, à Paris lors de l’inauguration du nouveau système de spatialisation, l’aboutissement d’une dizaine d’années de travail. L’installation est sans doute unique au monde en raison de l’association, dans le même espace, de deux systèmes : le Wave Field Synthesis et l’Ambisonique.

Pour Globule et Télescope, Hugues Vinet présente la nouvelle installation de l’Ircam. Le fondateur des lieux, Pierre Boulez, peut être fier de cette réalisation qui permet de nous projeter dans ce que sera l’univers sonore des salles de concert bientôt, des salles de cinéma demain et de nos voitures et salons, après-demain.

Pour assister à la soirée d’inauguration, le 29 novembre 2012, à 19 heures :
www.ircam.fr/eac.html
Accès gratuit sur réservation au : 01 44 78 12 40
Lieu : Ircam, 1 place Igor-Stravinsky, 75004 Paris – Métro Hôtel de ville, Rambuteau, Les Halles ou Châtelet

Michel Alberganti

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Un aveugle lit des mots en braille… grâce à des électrodes sur sa rétine

Peu à peu, la rétine électronique sort des laboratoires. Le système Argus II fabriqué par l’entreprise américaine Second Sight est déjà implanté sur 50 patients. Il fonctionne avec un réseau de 10×6 électrodes, soit 60 électrodes de 200 microns de diamètre, implantées sur la rétine, une mini-caméra intégrée à une paire de lunettes et un ordinateur portable qui traite les images vidéo et génère le courant électrique qui stimule, en temps réel, le nerf optique via les électrodes. Argus II permet aux personnes aveugles de discerner des couleurs, des mouvements et des objets.

Des chercheurs appartenant à Second Sight, à l’université Brigham Young, à l’Institut de la vision et au Centre Hospitalier National d’Ophtalmologie des Quinze-Vingts de Paris, ont publié le 22 novembre 2012 dans la revue Frontiers in neuroprosthetics une étude concernant l’utilisation de ce système pour la lecture directe du braille sans passer par la caméra.

6 électrodes sur 60

Dans ce cas, un réseau de 6 électrodes, sur les 60 de l’Argus II, est utilisé. En court-circuitant la caméra, ces électrodes ont été directement stimulée pour créer une “perception visuelle des lettres en braille”, indiquent les chercheurs. L’expérience a été réalisée avec un seul patient, né en France. Ce dernier a réussi à identifier 80% des mots de deux lettres, 60% des mots de trois lettres et 70% des mots de quatre lettres. Un résultat qui confirme, pour les chercheurs, la possibilité de la lecture du braille par des patients équipés d’une prothèse rétinienne.

0,5 seconde par lettre

Grâce à la stimulation directe des électrodes, la vitesse de lecture est considérablement augmentée. Elle a été réalisée avec une stimulation de 0,5 seconde par lettre à 20 Hz et 1 seconde d’interruption entre chaque stimulation. Si l’on reste loin de la vitesse de lecture tactile du braille, le système accélère nettement la cadence de détection obtenue à l’aide de la vision par caméra utilisée dans la vidéo suivante :

89% de réussite

Les chercheurs ont enregistré un taux de reconnaissance de chacune des lettres de 89%. La perception d’une électrode supplémentaire a été la cause d’une erreur dans 64% des cas de lecture erronée. L’électrode en bas à gauche (F5) a été impliquée également dans 64% des erreurs, dont 6 des 11 perceptions d’une électrode supplémentaire. D’où le constat qu’une amélioration de cette électrode devrait avoir un impact significatif sur l’ensemble de résultats. Sur 10 mots de chaque catégorie, le patient en a identifié 8 de deux lettres, 6 de 3 lettres et 7 de 4 lettres. Les scientifiques estiment que ce résultat pourrait être amélioré grâce à l’entrainement. Le patient est un lecteur expérimenté du braille, c’est à dire qu’il identifie 100% des lettres par le toucher.

Pour les chercheurs, cette expérience établit l’efficacité d’une stimulation directe de la prothèse rétinienne. Bien entendu, on peut se demander quel est l’intérêt d’une telle lecture, plus délicate qu’avec les doigts. Pour certains patients paralysés, elle peut être la seule possibilité de lecture autonome. Cette solution impose néanmoins un système supplémentaire de traduction des lettres en stimulations électriques et elle ne peut concerner que les aveugles connaissant préalablement le braille.

Néanmoins, un tel test montre que l’implant rétinien peut fonctionner par stimulation directe et non uniquement par traitement des images provenant d’une caméra. Ce qui peut se révéler précieux pour le développement de futures prothèses rétiniennes.

Michel Alberganti

 

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