Mes enfants sont en grand danger de grippe médiatique

Ma fille a huit ans, mon fils presque six, et ils sont scolarisés tous deux à Paris dans une école tout ce qu’il y a de plus tranquille. La délinquance s’y fait rare, et la plus grande menace jusqu’à présent (hors le menu de la cantine) est la présence des carrières sous leurs pieds : leur école est juchée sur la butte Montmartre, près du Sacré-Cœur, et il n’est pas exclu qu’un jour nous devions descendre à l’école, au lieu d’y monter.

La semaine dernière, une classe de CM2 a été fermée : la grippe A(H1N1) avait frappé. Des caméras de télévision sont venues filmer les parents hystériques, témoigner de la panique, montrer au monde une directrice en pleurs et des enfants hagards. Déception : malgré les nombreux efforts du ministère de la Santé, pas moyen de faire paniquer les parents d’élèves ! Pas le moindre évanouissement ! Pas une maman n’a eu l’à propos de fondre en larmes en serrant sur son cœur le fruit de ses entrailles ; ni de dévaler la butte en courant, son mioche sous le bras.

Si les parents n’y mettent pas du leur, on ne va pas y arriver. Car le but de la manœuvre n’est-il pas de créer un mouvement de panique collectif ? Lavez-vous les mains ! Achetez des mouchoirs ! Éternuez dans votre manche ou dans votre coude (mais beurk !) ! Ma fille ne se lave plus les mains qu’en comptant jusqu’à 30 – et dire que ça fait huit ans que j’essaie de la faire tenir trois minutes pour le brossage des dents ! Au moins, les mesures claironnées par les médias auront sans doute l’avantage de diminuer les effets de la gastro saisonnière qui ne manquera pas d’emboîter le pas à la grippe (à quand les mesures radiophoniques de prévention de la « gastro A » ? J’imagine déjà les spots…)

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos cochons , bref, à mes enfants. À la sortie de l’école, quelques têtes blondes portaient des masques – stigmate d’une toux probable dans la journée, et assurance de partir direct faire le planton dans la salle d’attente du pédiatre. Quelle bonne idée ! Mais un masque, ça s’enlève. Pourquoi ne pas plutôt leur tatouer un gros A sur le front ? Cela permettra aux autres enfants de les repérer plus vite à la récré et de les mettre plus facilement à l’écart.

Ce que nous autres, adultes, semblons oublier, dans cette fièvre collective de recherche du microbe, c’est que les enfants ont de tout temps eu tendance à imiter les comportements des grands. Et qu’un enfant soupçonné d’avoir la grippe à l’école, c’est un petit paria qui s’ignore mais qui ne va pas tarder à le découvrir. La grippe est devenue l’objet des discussions de tous, grands et petits, et si les adultes ne parviennent pas à relativiser l’importance de ce qui n’est encore qu’une petite épidémie (comparée à d’autres maladies fort connues et très graves, comme le sida, l’hépatite, la tuberculose, la syphilis, et qui contrairement à la grippe ne passent pas toutes seules en une semaine mais sont loin de bénéficier d’une couverture médiatique comparable), comment attendre des enfants qu’ils le fassent ?

Ma fille m’a interviewée en sortant de l’école hier. Feignant d’avoir un micro à la main (d’où sort-elle ça ? On n’a pas la télé !), elle me demande : « Madame, que pensez-vous de la grippe A ? » « Je suis contre ! » lui ai-je répondu en rigolant. Ça ne l’a pas fait rire du tout, la grippe est une chose sérieuse : « Non mais maman !! Sérieusement ! » Désolée, ma princesse, mais je n’ai pas compté jusqu’à 30 en me lavant le cerveau, et j’ai sur la grippe A le même avis que sur la varicelle ou sur certains ministres : quand on les attrape on est bien contrariés, et on ne peut qu’espérer que ça passera vite.

Si cette grippe devient aussi virulente, violente, dangereuse, mutante qu’on veut nous le faire croire, s’il devient légitime de la comparer à la grippe espagnole (qui rappelons-le, a frappé une Europe exsangue, sous-alimentée, dont les citoyens n’avaient pas les moyens de se soigner), alors se laver les mains et éternuer dans sa manche paraîtront des mesures bien dérisoires face à la contagion. La vraie maladie, aujourd’hui, c’est cette grippe médiatique, ce concert de mises en garde, comme si l’ennemi était à nos portes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le ministère de la Santé, lui, ne se mouche pas du coude.

Bérengère Viennot

(envoyez-vos questions et témoignages à infos[at]slate.fr)

6 commentaires pour “Mes enfants sont en grand danger de grippe médiatique”

  1. C’EST PRESQUE VRAI !

    Les médias…ont bien appris la leçon.
    Oublions les (si possible) et cherchons à identifier le vrai problème.
    Eviter une montée rapide du nombre de malades est indispensable, entre autre pour éviter l’engorgement des hôpitaux et partant sauver la vie d’êtres humains…et aussi et surtout pour sauver du H1N un PIB à risque ! Imaginez : 30% d’absentéisme dans les entreprises…
    Alors, on met des masques, on se lave les mains (super contre la gastro)…mais on ne prévoit pas d’éviter une « catastrophe » sur les plus de 65 ans (notamment ceux à risque).
    Toute cette campagne, via des médias complaisants, n’a qu’un but : faire passer un plan inique de vaccination de masse, dont le but principal est de sauver le PIB et d’utiliser les 96 millions de doses.
    Alors kit de ce que vont « subir » les enfants, les plus de 65 ans…il faut que, tels les moutons de Panurge, le plus de citoyens possible (de moins de 65 ans) aillent se faire injecter un vaccin, dont personne ne peut affirmer qu’il n’est pas à risque, dans l’ordre concocté par de grands cerveaux (pas forcement bien faits) qui doit assurer la sauvegarde du PIB !
    Heureusement tous les membres du corps médical ne sont pas prêts à cautionner cela !

  2. Se laver les mains ! OK, Se moucher dans des mouchoirs jetables ! OK, de toutes façons ce sont des règles dhygiènes les plus élémentaires, MAIS ! éternuer dans sa manche ??? Voyons le cas : C’est l’automne, au matin, parfois il fait frais donc on supporte une petite “doudoune”, nous sommes un dimanche et j’accompagne mon épouse sur le marché, jusque là tout va bien, et voilà où cela change, la veille j’ai pris un petit coup de froid et j’éternue, donc, en suivant les conseils vus à la TV je prends soins d’éternuer dans ma manche et j’en profite pour y déposer des millions de microbes …..
    Passons à autre chose, comme je suis un homme galant je laisse ma femme s’accrocher à mon bras et comme elle est polie elle dit bonjour en serrant la main au boucher, au charcutier, au crèmier, bref àtous les commerçants que nous connaissons, qui eux mêmes serrent la main des autres clients …..
    Lions les deux maintenant, j’ai chopé la grippe A, et ayant éternué dans ma manche l’ai transmis à mon épouse qui là son tour ………… Horreur nous avons contaminé toute la région !!!!!
    Faribolles ! Faut pas éternuer dans sa manche mais dans un mouchoir jetable et le mettre dans un sac plastique hermétique que l’on aura auparavant netoyé avec une solution hydroalcoolique à l’intérieure et à l’extèrieur, tous sur le marché avec des masques, des gants de plastique, pfffffffffffff ! voilà que je m’égare …..
    C’est drôle mais à chaque fois que j’entend parler de la grippe A ou H1N1, cela me rappelle le film : “V pour Vendetta ” …..
    Très cordialement
    V

  3. De deux choses l’une

    Elégant message venu en droite ligne du Sacré-Cœur de Paris ; message douloureux aussi qui ne peut pas ne pas fendre le cœur (souvent sensible) de ceux (journalistes, médecins ou scientifiques) qui tentent (coûte que coûte) de rapporter, décrypter, analyser les phénomènes qui traversent, émeuvent, bouleversent nos contemporains.

    Que nous dit, sur le fond celle qui en l’est l’auteur et qui, notons-le, n’a pas la chance (ou la malchance) de disposer d’un récepteur de télévision à son domicile, sur la butte Montmartre ? Que trop de mise en scène télévisuelle est rapidement de nature à contaminer les esprits (notamment ceux des plus jeunes) à effrayer indûment les foules voire à discréditer l’action publique organisée à des fins préventives. L’excès (pour ne pas écrire le mieux) serait une fois encore l’ennemi du bien.

    Comment ne pas l’entendre ? Et comment ne pas confier que nous nous sommes, comme beaucoup, régulièrement interrogés ces dernières semaines devant le traitement médiatique de l’émergence pandémique dans l’Hexagone, et tout particulièrement dans les écoles. Comme tous nous nous sommes aussi interrogés sur l’efficacité réelle des appels itératifs à mettre en œuvre une multitude de ” gestes barrières ” (lavage des mains, usage des mouchoirs, arrêt des embrassades et des accolades).

    Et au final ? De deux choses l’une. Soit, comme tout ou presque le laisse entendre l’actuel A(H1N1) va rester celui que nous connaissons aujourd’hui et on aura tout (trop ?) fait pour tenter de prévenir les conséquences de l’équivalent d’une grippe saisonnière (5 000 à 6000 morts prématurées) multipliées ici sans doute par un facteur 3, 4 ou 5. Soit ce virus va devenir nettement plus dangereux et loin d’être inutile ce ”  trop d’incitation à la prévention individuelle ” pourrait très vite se révéler fort utile voire, ne manqueraient pas alors de dire les immanquables ”  rétro-prophètes “, insuffisant.

    Et puis, en marge ce cette alternative il faut bien évidemment compter avec les pousses sans cesse remontantes nourries par la sombre théorie du complot. En deux mots : on (le complexe politico-médiatique) nous instrumentalise au service des multinationales pharmaceutiques et des entreprises fabriquant des mouchoirs, des masques et des solutions hydro-alcooliques ; au service aussi des médias et des politiques. Comme souvent dans de telles matières tout est possible. Et comme toujours le mieux est de passer de l’insinuation à la démonstration.
    Jean-Yves Nau

  4. Ainsi donc, on en rit déjà !

    Ah la grippe ” espagnole ” de 1918-1919 ! On a longtemps pensé qu’elle avait fait tant et tant de victimes à cause du terrain fragilisé d’Européens exsangues, dénutris, meurtris par la sale guerre. Des travaux assez récents laissent penser qu’il s’agit probablement d’une erreur d’appréciation historique ; une erreur qui a d’ailleurs conduit à revoir à la hausse les estimations du nombre de victimes de cette première pandémie du vingtième siècle. On ignore encore trop souvent que les pays qui ont payé le plus lourd tribut à cette pandémie n’étaient pas les pays occidentaux. Ni les pays européens ni les Etats-Unis qui étaient déjà au début du XXème siècle les pays les plus riches de la planète et ce en dépit des années de guerre.

    Le plus lourd tribut a été payé par les pays les plus pauvres. On ne sait pas véritablement l’impact que le virus grippal d’alors a eu en Afrique, mais on a pu évaluer celui qu’il a eu en Inde ; et il a été considérable. Nous le rappelons dans ” A(H1N1) Journal de la Pandémie ” (éditions Plon)” que dans le Pacifique Sud la petite île de Samoa (à l’époque colonie néo-zélandaise) a perdu 22% de sa population –vous avez bien lu : 22% de sa population- entre 1918 et 1919 à cause de la grippe et ses complications. Toutes les autres îles éloignées et peu développées du Pacifique qui ont été atteintes par la pandémie ont perdu alors entre 2% (Nouvelle Zélande) et 16% de leur population totale.

    Ces rappels ne signifient en rien que je veuille laisser entendre qu’un scénario du type de 1918 soit à redouter aujourd’hui ; bien au contraire. la plupart des pays de la planète ont en près d’un siècle connu d’importants développements socio-économiques et il n’y a plus dans le monde d’îles totalement isolées dont les populations ” naïves ” (n’ayant jamais été exposées au risque) risqueraient d’être décimées par un nouvel agent pathogène. Il n’empêche. Rappelons-nous, que les maladies transmissibles ne frappent pas les populations au hasard. Ce sont toujours chez les plus vulnérables, les plus déshérités, ceux dont l’accès aux soins est le plus difficile que l’on recense les taux les plus élevés de complications, d’hospitalisations, et de décès

    Je me souviens qu’en février 2006, un député de La Réunion déclarait : ” le moustique tigre – vecteur du chikungunya – frappe tout le monde, il ne fait pas de distinction entre les riches et les pauvres “. Faux ! Pour le chikungunya à l’île de La Réunion comme à Mayotte, les ”  taux d’attaque ” ont varié de plus du simple au double entre les professeurs des collèges (moins de 20% ont été infectés par le virus) et leurs élèves (infectés à plus de 50%). Les personnes qui vivaient dans des habitations précaires étaient les plus exposées au risque de contamination de ce virus véhiculé par des moustiques. Moins les niveaux socio-culturels étaient élevés, moins les personnes se protégeaient, et plus elles avaient recours à des médecines traditionnelles dont ni l’efficacité ni la qualité des produits utilisés n’avaient été évaluées.

    Alors, aujourd’hui et le A(H1N1) ? Il est important et très certainement utile de délivrer des messages généraux de prévention comme les pouvoirs publics le font sur les ondes (radiophoniques et téléphoniques) sur les quais de gare, dans les journaux et, peut-être un jour prochain sur les nouveaux sites d’information. Et à la lecture du texte de cette jeune mère j’observe qu’il est tout aussi rassurant de voir que l’on en rit déjà. Mais ne perdons pas de l’esprit que parmi nous un bon nombre ne sera pas touchés par les campagnes de prévention sanitaire ; ou n’en comprendront pas le sens ; voire, pire, feront des contre-sens inattendus. Un chiffre : 20% des Réunionnais pensaient encore à la fin de l’épidémie de 2006 que le chikungunya n’était pas transmis par des moustiques. C’était les mêmes qui n’utilisaient pas de répulsifs, ne nettoyaient pas les gîtes larvaires qui pullulaient dans leur environnement domestique, et… qui furent les plus contaminés.
    Antoine Flahault

  5. Avis à tous !!! Svp répondez-moi.
    Bonjour, je suis étudiante en MASTER Infocom à l université de Rennes 2 et je prépare un mémoire de semestre sur le thème : Information/Mésinformation/Désinformation dans les blogs media sur le sujet de la pandémie actuelle. Est-ce que vous pourriez, svp, répondre à quelques questions, ce qui m’aiderait fortement à avancer sur mon sujet ?
    Questionnaire :
    1. Comment recevez-vous l’information médiatique ?
    2. En faites-vous une lecture éclairée ?
    3. Que pensez-vous de l’information donnée dans ces blogs médiatiques ?
    4. Que vous inspirent les notions de mésinformation et de désinformation ?
    5. Comment analysez-vous l’information qui vous est offerte dans ces blogs ?
    6. Quelles sont vos méthodes pour trier cette information ?
    7. Quelles sont, selon vous, les données qui se rapprochent le plus de la « vérité » ? (blogs-journalistiques ?, blogs-scientifiques ?, blogs-personnels ?)
    8. En allant sur ces blogs, avez-vous l’impression de mieux comprendre l’actualité ?
    9. Suivez-vous régulièrement l’actualité sur ce sujet qu’est la pandémie grippale ?
    10. Qu’espérez-vous des medias ?, et plus précisément, qu’attendez-vous de l’information médiatique ?

  6. je tiens à remercier infiniement le gouvernement, et surtout Madame bachelot, pour cette incitation à la vaccination.
    ma fille a tenu a se faire vacciner, car elle redoutait cette fameuse grippe.( je tiens à préciser, que je ne me suis pas faite vacciner, j’ai expliqué mes raisons à ma fille, mais celle-ci ayant entendu par les médias, les morts survenus suite à la grippe, a souhaité le faire).
    elle s’est donc faite vacciner le 10 décembre et la première réaction, une forte fièvre ne se fit pas attendre, suivi d’un oedème.ce fut le début, des ennuis. une toux incessante qui perdure toujours ( nous avons eu droit a une acalmie de 4 jours, surtout pour ma fille). et nous sommes retombés dans le cylce de la toux sans interruption. nous avons consulté tellement de médecins, que cela en est indecent.mais, nous ne constatons aucun résultat positif.
    le lycée ou est ma fille, me téléphone très gentiment pour venir la récupérer, car cette toux pertube la classe et certains éléves la craignent.Merci beaucoup, madame Bachelot, pour votre campagne de vaccination.
    nous, qui n’allions jamais consulté les médecins, la secu en prend un sacré coup avec nous..
    aujourd’hui, les vaccins sont peut-etre soldés

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