Ce n’est pas bien de copier. Et c’est encore plus mal de coller… Voilà ces principes sacrés de l’enseignement scolaire allègrement bafoués par les élèves et les étudiants qui piochent à qui mieux mieux sur la Toile d’Internet pour faire leurs devoirs plus rapidement. Incroyable ! Inadmissible ! Après le journal télévisé de TF1 le 2 janvier 2012, c’est celui du 30 janvier de France 2 qui reprend le terrible constat: le plagiat mine l’école. Ainsi, ces jeunes qui piratent la musique et la vidéo sans vergogne, Megaupload ou pas, font de même pour leur travail scolaire. Heureusement, la technologie vient réparer les dégâts de la technologie. Les deux chaines de télévision familiale ont, étrangement, toutes les deux non seulement couvert le même sujet de façon très similaire mais aussi découvert le même logiciel miracle : Compilatio. Présenté comme la dernière nouveauté, il semble exister au moins depuis 2007…
Le virage d’Internet
Cette émotion, qui n’est pas sans rappeler les cris d’orfraie des maisons de disques devant la baisse de leurs ventes de CD, révèle à quel point l’enseignement se montre incapable de prendre le virage d’Internet. L’éducation nationale devrait sans doute plutôt se pencher sur le cas des élèves qui ne pratiquent pas le copier-coller pour faire leurs devoirs. Ceux là sont certainement plus en danger que leurs camarades pirates de tous poils. Il se trouve en effet que cette pratique est à la base de l’utilisation du web. Et elle ne fait d’ailleurs que transposer la méthode reine de l’université qui consiste, pour écrire une thèse, à s’appuyer, souvent à 99%, sur ce qui a déjà été écrit. D’où l’infime progrès souvent apporté à la connaissance humaine par chacune de ces œuvres. Mais à l’université, le pillage du passé est institutionnalisé. Références à répétition, notes en bas de page, bibliographie… Le piratage des idées, si ce n’est des textes eux-mêmes, sert de fondation à l’exercice de la thèse. Privilège des études supérieures. Auparavant, il faut en baver… Pas question de copier, pas plus sur le voisin que sur Wikipédia.
Apprendre à apprendre
Seulement voilà… Cela ne marche plus. Les élèves trouvent sur Internet les réponses aux questions que leur pose leur professeur. Et cela ne fera qu’empirer à la vitesse de l’enrichissement du web. Alors, après les caméras de surveillance, les badges et autres systèmes d’identification, il suffit de traquer les copier/coller à l’aide de Compilatio. Ainsi, l’on pourra continuer à enseigner au 21ème siècle comme au 20ème, voire au 19ème…
Dommage. L’aisance des élèves à la navigation sur le web et à la recherche d’information pourrait, au contraire, servir de socle à une nouvelle approche de l’enseignement. On pourrait enfin rêver de mettre en œuvre une vieille utopie : apprendre à apprendre au lieu de bourrer les cranes de notions mal comprises et tout juste exploitées le temps d’un bachotage. On pourrait tenter de remplacer cette illusion de savoir par le développement d’une véritable aptitude à l’acquérir.
Avec Internet, cela semble possible. Le copier-coller n’est problématique que lorsque le travail demandé ne dépasse pas ce que l’on peut trouver directement sur le web. N’est-il pas possible d’imaginer des devoirs impossibles à exécuter par copier-coller ? Ou bien des travaux fondés sur une pratique honnête du copier/coller grâce à l’apprentissage de la citation ? Quelle voie sera la plus utile à des élèves dont on sait bien qu’il devront probablement changer plusieurs fois de métier au cours de leur vie professionnelle ? Avoir appris à apprendre n’est-il pas le meilleur garant du développement de leurs facultés d’adaptation ?
Mais, bien sûr, on peut aussi continuer à enseigner sans rien changer. Surtout lorsqu’on obtient d’aussi bons résultats que la France dans les comparaisons internationales de niveaux des élèves.
Michel Alberganti
Photo: Copy-Paste / avatar-1 via Flickr CC License by
JT de TF1 du 2 janvier 2012
lire le billet“Pas besoin de paniquer au sujet du réchauffement planétaire”. Un titre éloquent qui semble tout droit tiré d’un blog de climato-sceptiques. En fait, il s’agit de celui d’un point de vue publié dans la rubrique “Opinion” du Wall Street Journal, dans son édition du 27 janvier 2012. Le texte est signé par pas moins de 16 scientifiques au pedigree respectable, bien que souvent à la retraite, dont l’un au moins n’est pas inconnu des Français… Claude Allègre, ordre alphabétique oblige, se retrouve même en tête de la liste…
Comme son titre l’indique clairement, il s’agit d’un plaidoyer climato-sceptique destiné aux candidats aux élections américaines. Le message est simple et bien connu: pas la peine de dépenser beaucoup d’argent pour lutter contre le réchauffement climatique en réduisant les émissions de CO2 par l’industrie et le transport. Pourquoi ? D’abord parce que l’augmentation de température s’est ralentie au cours des 10 dernières années, dixit les signataires. Et surtout parce que le lien entre ce réchauffement et l’accroissement du taux de CO2 dans l’atmosphère serait loin d’être établi, toujours selon les climato-sceptiques. Rien de nouveau sous le soleil, donc… Ou plutôt si: son absence dans le raisonnement des anti-consensus. Alors que le réchauffement est présenté, par les contestataires comme le géophysicien Vincent Courtillot en France, comme dû à l’augmentation de l’activité solaire au cours des dernières décennies, cet argument n’est plus repris par le texte publié dans le Wall Street Journal. Il faut dire que, toujours selon cette thèse, le soleil entrant dans une phase de moindre activité, le réchauffement doit se ralentir, comme le montrerait le plateau du réchauffement observé au cours des 10 dernières années.
Impact du CO2
Evolution de la concentration en CO2 dans l'atmosphère mesurée au Mauna Loa Observatory, Hawaii. Courbe en rouge: valeurs mensuelles moyennes. Courbe en noir: valeurs corrigées par les variations saisonnières. Source: NOAA
Le point de vue des climato-sceptiques américains se focalise sur le rôle du CO2 dont l’impact sur l’économie est direct. Les signataires le martèlent: pour eux, l’impact de l’accroissement de la concentration en gaz carbonique dans l’atmosphère sur le réchauffement de la planète n’est pas démontré. Mais le débat sur ce point serait tabou, interdit par la majorité des scientifiques défendant la thèse inverse et réclamant des mesures drastiques pour limiter les rejets de gaz à effet de serre, dont le CO2, dans l’atmosphère. Ce diktat du consensus aurait conduit, selon le texte, Ivar Giaever, prix Nobel de physique en 1973 pour ses découvertes sur l’effet tunnel dans les semi-conducteurs, supporter du président Obama et climato-sceptique connu, à ne pas renouveler son adhésion à l’American Physical Society. Cette dernière a en effet affirmé que ” la preuve du réchauffement climatique est irréfutable” [incontrovertible]. Un mot qui n’est pas passé et sur lequel les signataires du texte du Wall Street Journal s’appuient pour dénoncer une chasse aux sorciers du climat, tels Chris de Freitas, éditeur du journal Climate Research. Ils vont jusqu’à invoquer, à nouveau, l’affaire Lysenko en se comparant aux scientifiques dissidents russes envoyés au goulag parce qu’ils croyaient à la génétique. Voici donc les climato-sceptiques auto-érigés en hérétiques pourchassés par l’inquisition du réchauffement…
Manque de réchauffement
Le plus étonnant, dans l’argumentaire des signataires, concerne leur affirmation que l’on observerait un “manque de réchauffement depuis plus de 10 ans” et que l’augmentation de la température du globe sur les 22 dernières années serait inférieure aux prévisions du GIEC. L’argumentaire se radicalise ainsi en s’attaquant désormais, non seulement au rôle du CO2, mais également à la réalité de la poursuite du réchauffement.
Sur ce dernier point au moins, il semble bien difficile de les suivre, tant ils s’opposent à de nombreux signes de l’augmentation de la température du globe depuis le début du 21ème siècle.
La courbe ci-dessus montre à la fois l’évolution des anomalies de température (plus faciles à mesurer que les température moyennes absolues sur la planète) entre 1880 et 2010. La courbe en bleu compare ces anomalies annuelles avec la moyenne du 20ème siècle (1901-2000). On constate que cette dernière atteint une sorte de plateau à partir de 2005. En effet, les années comprises entre 2006, 2007, 2008 et 2009 ont connu des anomalies de température plus faibles. Cela n’a pas été le cas de 2010 qui se situe à un niveau record, égalant le pic de 2005 et dépassant celui de 1998.
Records de chaleur en 2005 et 2010
En 2010, selon l’agence fédérale américaine National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), tous les records de température ont été battus avec une augmentation de 0,62°C par rapport à la moyenne du 20ème siècle (13,9°C). En 2011, rebelote. L’année égale le niveau de 1997 et se classe en 11ème position dans les années records depuis 1880. La température moyenne du globe se situe 0,51°C au dessus de la moyenne du 20ème siècle. La NOOA note que 2011 est la 35ème année consécutive avec une température supérieure à la moyenne du 21ème siècle. Certes, avec un résultat similaire à 2004, 2011 va conduire à un prolongement du plateau de la courbe bleue du schéma ci-dessus. Une représentation quelque peu trompeuse car elle lisse le phénomène. Néanmoins, il est clair qu’elle affiche une croissance depuis l’an 2000, contrairement à la position des climato-sceptiques qui déclarent, dans le texte du Wall Street Journal, que ” le fait le plus gênant est le manque de réchauffement global pendant bien plus de 10 ans maintenant”.
Affirmation sans source
Une affirmation qui contredit donc la NOAA. Il eut été indispensable de citer une source pour étayer la crédibilité d’une telle assertion. De la même façon, le texte conteste les modèles informatiques qui servent aux climatologues à établir le lien entre réchauffement et concentration en CO2 dans l’atmosphère. Pour les signataires “le manque de réchauffement au cours de la dernière décennie – en fait le réchauffement le plus inférieur aux prévisions sur les 22 dernières années pendant lesquelles le GIEC a publié des prévisions – suggère que les modèles informatiques ont grandement exagéré le réchauffement que peut engendrer une augmentation du CO2”. Fondée sur une affirmation non démontrée, la contestation se révèle un peu courte.
Perception délicate
La perception du changement climatique à travers la météo est délicate et les climato-sceptiques exploitent largement cette difficulté. Ainsi, alors que l’année 2010 a battu tous les records au niveau mondial, elle est révélée particulrement “fraiche” en France. En revanche, 2011, année tiède dans le classement planétaire, a été la plus chaude en France depuis 1900, selon le bilan de Météo France. Elle surpasse même 2003, année de la fameuse canicule meurtrière.
La délicate relation entre météorologie et climatologie devrait conduire le GIEC à un effort pédagogique. Or, ce dernier se contente de publier ses rapports tous les… 7 ans. Après celui de 2007, il faudra attendre 2014 pour un nouvel état des lieux du réchauffement climatique. Les rares documents intermédiaires manquent souvent de conclusions claires. Ainsi, le dernier en date concernant la relation entre les événements climatiques extrêmes et l’augmentation de la température de la Terre liée aux activité humaine brille surtout par son luxe de précautions.
Manque de pédagogie
Lorsque l’on cherche des données sur les mesures annuelles montrant l’évolution de la température su globe, M. Google ne nous aide guère. Il faut fouiller pour dénicher les valeurs publiées par la NOAA… Et le site du GIEC n’est guère utile dans ce domaine. Or, face à des climato-sceptiques qui n’hésitent pas à lancer des affirmations sans sources, il serait hautement souhaitable de disposer d’informations faciles d’accès et présentées de façon pédagogique. Quel site va enfin se décider à publier l’évolution de la température de la planète ? Au risque d’afficher des baisses de cette température pour certaines années. Si les climatologues veulent combattre le climato-scepticisme, ils ne peuvent que gagner à fournir de telles données aux citoyens qui cherchent à étayer leur opinion. D’ailleurs le temps presse. En particuliers aux Etats-Unis où la vogue du scepticisme est telle que la question de la climatologie a rejoint celle du néo-créationnisme (l’intelligent design) en matière d’enseignement dans les écoles.
Dans ce contexte, on ne peut que saluer l’effort de la NASA pour illustrer le réchauffement climatique au cours du temps :
Michel Alberganti
lire le billetLa NASA vient de publier une nouvelle image de la Terre en haute définition. La vue a été prise le 4 janvier 2012 depuis le tout nouveau satellite d’observation de la Terre, Suomi NPP, lancé en octobre 2011. L’image est constituée de bandes assemblées. La définition n’a rien de comparable avec celle de la célèbre image dite Blue Marble [Marbre Bleu ou Bille Bleue comme le suggère ianux ci-dessous] prise pendant la mission Appolo 17 en 1972. On note que sur la nouvelle image, ce sont les Etats-Unis qui apparaissent en majesté… Mais ce qui est toujours aussi surprenant sur ces images de la Terre, c’est l’extrême finesse de la couche d’atmosphère. Un bien petit bouclier pour nous protéger et nous permettre de respirer…
Quant à la définition, elle est assez stupéfiante (Cliquez sur les images pour les agrandir). Vous pouvez télécharger une version à la définition maximale.
Michel Alberganti
lire le billetLe cœur des Britanniques va de mieux en mieux : une nouvelle étude a constaté une division par deux des décès par crise cardiaque entre 2002 et 2010, pour arriver à 4 morts pour 10 000 hommes et moins de 2 pour 10 000 femmes.
L’amélioration particulièrement marquante pour les personnes entre 65 et 74 ans (les chercheurs soupçonnent d’ailleurs l’obésité de freiner l’amélioration pour les tranches d’âge plus jeunes). Les crises cardiaques elles-mêmes n’ont diminué que d’un cinquième mais elles sont moins mortelles, parce que moins graves et mieux prises en charge en moyenne.
Pour bienvenus qu’ils soient, ces résultats sont peu surprenants et s’inscrivent dans une dynamique commune à tous les pays occidentaux : en France, la mortalité d’origine coronaire a par exemple baissé de moitié entre 1995 et 2005 et le nombre d’infarctus a diminué de 20 % entre 2000 et 2007.
Il est cependant moins facile de déterminer les causes précises de cette amélioration. D’après les chercheurs, la diminution du tabagisme joue un rôle clef, de même que l’amélioration de la prise en charge quotidienne de l’hypertension et des excès de cholestérol dans le sang. Les médecins espèrent que ces résultats encourageront la formation aux premiers soins, de façon à augmenter la probabilité de survie des patients qui subissent une crise cardiaque (environ une chance sur deux).
Fabienne Gallaire
Sources :
lire le billet
Tout le monde connaît les extravagances du monde animal en matière de couleurs, de l’éclat des papillons Morpho à la roue du paon, en passant par les coloris éblouissants d’insectes-bijoux comme les cantharides ou les cétoines. Mais il faut bien admettre que dans ce défilé de mode la pilosité des Mammifères fait figure de parent pauvre, avec une palette assez limitée et une notable absence de quoi que ce soit d’étincelant.
À ce triste constat, une seule exception : les Chrysochlores, dont les poils présentent une délicate iridescence allant du violet au vert, à laquelle les photos peinent à faire justice. Peut-être à la lecture de cette description, imaginez-vous une importance capitale à cette livrée mordorée : briller de mille feux pour aider à la parade nuptiale, pour effrayer les prédateurs ou encore pour attirer les proies ?
Hé bien pas vraiment.
Les Chrysochlorides, dans leur ensemble, font penser à une espèce de quenelle poilue dotée d’une truffe rose et, point important, sont complètement aveugles, leurs yeux étant recouverts de peau. Ces taupes dorées, comme leurs cousines plus communes, vivent sous terre : elles n’ont que peu l’occasion de faire la démonstration de leur iridescence, et encore moins de la voir.
Mais alors, comment expliquer cette propriété ? Très probablement par l’adaptation des poils de ces taupes à leur mode de vie.
Les poils de ces taupes viennent en effet d’être étudiés à l’échelle microscopique. Les chercheurs ont pu constater qu’ils sont aplatis et extrêmement lisses (contrairement à nos cheveux cylindriques et pleins d’écailles). Ils forment donc des couches très fines et empilées, comme les épaisseurs de chitine des élytres des scarabées ou les couches des écailles de poissons. La lumière qui passe à travers — une fois la bestiole extraite de son terrier — est donc à la fois réfléchie et réfractée, et c’est cette interférence qui cause l’aspect brillant du pelage.
Quant à la variété des couleurs visibles sur le même animal, elle proviendrait des différences d’épaisseurs entre les poils.
Mais quel est l’intérêt adaptatif d’avoir des poils si lisses, me direz-vous ? C’est que lorsqu’on vit sous terre, un manteau de poils qui n’accroche ni le sable ni la crasse constitue simplement un avantage indubitable, tant pour faciliter le nettoyage que pour limiter les forces de frottement lors des déplacements. Utile : assurément, mais ornemental, guère…
Fabienne Gallaire
Source : Iridescent colour production in hairs of blind golden moles (Chrysochloridae), Holly K. Snyder et al., Biology Letters, 2012.
lire le billetLa mode des bons sentiments ne semble guère avoir survécu au changement de siècle. Désormais, on parle plus que d’incivilité et d’égoïsme, voire d’indifférence. Et pourtant ! Une étude publiée dans la revue Social Psychological and Personality Science par Kurt Gray, directeur du laboratoire Mind Perception and Morality de l’université du Maryland, rend à la bienveillance la place qu’elle ne devrait pas perdre.
“Nos résultats montrent que les bonnes intentions, même peu judicieuses, augmentent le plaisir et donne un meilleur goût à la nourriture”, note le chercheur. Pour arriver à cette conclusion, Kurt Gray a réalisé trois expériences.
Décharges électriques
La première concerne la douleur. Répartis en trois groupes, les participants envoient des décharges électriques dans la main de leur partenaire. Aux victimes du premier groupe, il est indiqué que cet acte est réalisé sans que leur partenaire ne soit au courant (si l’on peut dire…). Ceux du second groupe savent que leur partenaire est parfaitement conscient de leur infliger cette douleur et qu’il n’a aucune bonne raison pour le faire. Enfin, les personnes du troisième savent que leur partenaire envoie volontairement les décharges mais qu’il agit ainsi pour leur faire gagner de l’argent. Résultat, les participants du dernier groupe ressentent une douleur inférieure à celle que subissent des membres des deux premiers groupes. Preuve qu’une douleur diminue lorsque celui qui la ressent sait qu’elle n’est ni accidentelle ni agressive mais qu’elle résulte d’une intention bienveillante à leur égard. Kurt Gray conclut que cette expérience “devrait soulager les médecins et des aidants qui sont amenés à infliger une douleur pour le bien d’un malade”.
Machine à plaisir
Deuxième expérience. Les participants sont assis dans un fauteuil de massage. Ce dernier est alternativement mis en marche par une personne qui leur veut du bien et par un ordinateur. Alors que le massage est strictement identique, les participants disent ressentir plus de plaisir lorsqu’il provient de la personne. “Bien que les ordinateurs puissent être plus efficaces que les humains dans maintes circonstances, le plaisir reste supérieur lorsqu’il provient d’une autre personne”, en déduit le chercheur.
Troisième expérience: Les participants reçoivent une sucrerie associée à une note. Pour le premier groupe, la note dit: “J’ai pris cela pour toi. J’espère que cela te fera plaisir”. Pour le second groupe: “Quoique ce soit, je m’en moque. J’ai pris cela au hasard”. Résultat: Non seulement le goût du bonbon a paru meilleur aux membres du premier groupe mais ils l’ont aussi jugé plus sucré. La conclusion de l’étude fleure bon une certaine évidence et fait, logiquement, la part belle aux bons sentiments: “La perception de la bienveillance améliore non seulement l’expérience de la douleur et du plaisir mais elle influence aussi le gout des choses”.
Effet placebo
Pas de quoi grimper au rideau ni entrer dans les ordres. Il semble néanmoins que plusieurs leçons instructives puissent être tirées de ces expériences. Globalement, elles soulignent l’impact des bonnes intentions sur nos sensations. Un constat dont pourrait tenir compte le personnel médical lorsqu’il visite un patient alité. Combien d’entre eux se plaignent de la froideur de certains médecins? Un mot gentil coûte toujours moins qu’un médicament… Les expériences de Kurt Gray ne peuvent également manquer de faire penser au placebo. Là encore, tout réside dans l’intention de celui qui le prescrit. Cet effet psychologique puissant explique, pour certains, l’efficacité de l’homéopathie observée même chez les enfants. Des études récentes montrent que, contrairement à ce que l’on pensait auparavant, l’effet placebo persiste lorsque le médecin, et même le patient, savent que le médicament ne contient rien! Il ne reste alors bien que l’intention. Attention, l’effet nocebo existe aussi…
Dieu bienveillant
Cette étude, apparemment anodine, explique pourquoi les publicités associent certains produits avec des symboles de la bienveillance comme les grand-parents ou les mamans souriantes. En matière de relations humaines, elle oblitère les comportements distants comme un câlin prodigué de façon distraite. Et que dire de la nourriture ? Un vin présenté comme un grand cru très coûteux ne sera pas dégusté comme celui qui n’affiche pas d’étiquette connue. Le service dans les restaurants influence aussi directement la plaisir du repas. Dans les deux sens… L’étude va même jusqu’à mentionner la croyance en Dieu. “Des événements pénibles attribués à un Dieu bienveillant blessent moins que ceux provenant d’un Dieu vengeur”, note Kurt Gray. Le chercheur omet toutefois de faire état du risque d’exploitation de cette réaction à la bienveillance. Lorsque cette dernière est feinte mais bien jouée, peut-elle servir à faire passer d’amères pilules sans trop d’opposition? Si c’était le cas, nous aurions détecté depuis longtemps cette stratégie perverse chez certains hommes politiques ou chefs d’entreprise…
Michel Alberganti
lire le billetL’histoire ne manque pas d’exemples de personnages de petite taille (au sens propre) ayant exercé de grands pouvoirs. Lénine mesurait 1m65 comme Charlot, Louis XIV 1m62 (*) comme Beethoven, Mozart et Benoit XVI, Voltaire 1m60, Balzac 1m57, Jean-Paul Sartre 1m52, Jeanne d’Arc 1m50, Edith Piaf 1m42… Ces tailles, listées sur des sites comme Astrotheme, sont très souvent contestées. C’est le cas de celle de Nicolas Sarkozy. Donnée à 1m62 sur certains sites, elle est estimée à 1m68 par Astrotheme et à 1m65 dans un article du magazine Science du 12 janvier 2012 qui fait référence à une étude parue par la revue Psychological Science.
Métaphore du pouvoir
Michelle M. Duguid (Université de Washington) et Jack A. Goncalo (Université de Cornell) ont réalisé des expériences à partir de la phrase prononcée par Carl-Henric Svanberg, président de BP, après l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon en 2010. Ce dernier a plusieurs fois fait référence aux “petites gens” (“We care about the small people”) après le drame. Les chercheurs ont donc enquêté pour déterminer si “la taille est une métaphore du pouvoir”. Ils ont mené trois expériences avec des groupes de quelques dizaines de personnes afin de vérifier s’il existe une corrélation entre la relation au pouvoir de chaque participant et la perception de sa propre taille. Ainsi, dans la troisième expérience avec 98 participants (43 femmes), les volontaires ont été séparés en deux groupes constitués au hasard. Au premier, il a été demandé de se souvenir d’un moment de leur vie dans lequel ils ont exercé un pouvoir sur un autre individu. Les membres du second groupe ont dû, eux, se souvenir d’un moment au cours duquel ils ont été soumis au pouvoir d’un autre individu. Tous les participants ont décrit en détails ces situations vécues par écrit. Ensuite, ils ont été conviés à un jeu sur second-life dans lequel ils devaient créer un avatar d’eux-mêmes les représentant au mieux et dont la taille était graduée de 1 à 7. Résultat: les membres du groupe s’étant rappelé une situation d’exercice du pouvoir ont choisi des avatars significativement plus grands que ceux du groupe s’étant souvenu d’une situation de soumission au pouvoir.
Complexe de petite taille
Les chercheurs concluent que le sentiment du pouvoir chez un individu influence sa perception de sa taille par rapport à celle des autres. Autrement dit, plus on se sent puissant, plus on a l’impression d’être grand. De là à penser que l’un des objectifs de la recherche du pouvoir est de compenser un complexe de petite taille… C’est justement ce que les chercheurs veulent étudier dans de prochaines expériences. “En somme, nos résultats suggèrent que le président de BP pourrait avoir involontairement fourni une piste en matière d’expérience physique du pouvoir”, concluent Michelle Duguid et Jack Goncalo.
La langue semble les avoir devancés depuis longtemps. Ne parle-t-on pas de “grands hommes” pour désigner ceux qui ont réalisé de grandes choses ? Même si l’expression se féminise mal… Et puis l’histoire fournit quelques contre-exemples: Hitler et Staline mesuraient tous les deux 1m72, Napoléon 1m69, ce qui n’était pas particulièrement petit à leurs époques. François Mitterrand (1m72) ne rend qu’un cm à François Hollande (1m73).
Michel Alberganti
(*) Comme le fait remarquer Ben, la taille de Louis XIV fait débat. Même sur Wikipedia. L’erreur semble bien provenir d’une armure offerte par Venise et dont la taille ne correspondait pas à celle du roi. D’après le Quid, Louis XIV mesurait 1m80. D’autres tailles sont avancées: 5 pieds 8 pouces, ce qui ferait 1m84 avec la valeur de ces unités après la réforme de Colbert. Avec les valeurs précédant cette réforme, on trouve 1m70. Les talonnettes (11 cm) et la perruque viennent compliquer encore l’estimation visuelle de la taille du roi… Il semble toutefois que les révolutionnaires qui ont profané la sépulture de Louis XIV le 12 octobre 1793 aient témoigné de sa “grande taille”.
A lire aussi sur Slate.fr: Nous pensons que les plus grands sont de meilleurs leaders
lire le billetLes dernières analyses statistiques réalisées par les astronomes de l’Institut d’Astrophysique de Paris (IAP) révèlent que le nombre de planètes présentes dans notre galaxie, la Voie Lactée, serait au moins égal au nombre d’étoiles qu’elle contient. Soit entre 200 et 400 milliards… Ce résultat, publié dans la revue Nature du 12 janvier 2012 relance le fol espoir de découvrir une autre Terre en dehors du système solaire. La chasse à ces exoplanètes dure depuis 16 ans et elle a permis de détecter 720 de ces astres candidats au titre envié de “soeur de la Terre”. S’il existe quelque 300 milliards de planètes dans la Voie Lactée, leur découverte au rythme actuel devrait prendre plus de 6 milliards d’années… Cela devrait donc tout juste permettre aux astronomes de les identifier toutes avant que notre soleil n’explose et ne grille la Terre en se transformant en géante rouge.
Bien sûr, on peut espérer que le rythme des découvertes s’accélère considérablement. Ce sera fortement nécessaire car, si nous découvrons une planète-soeur, il nous faudra un certain temps pour y déménager. Pour l’instant, parmi les plus sérieuses candidates, c’est à dire celles qui présentent les caractéristiques les plus proches de celles qui pourraient héberger la vie, on trouve Gliese 581 g, découverte le 29 septembre 2010. Elle se situe à environ 20 années lumière de la Terre, ce qui signifie que le voyage vers elle durerait 20 ans si l’on pouvait se déplacer à la vitesse de la lumière. A titre de comparaison, le voyage vers Mars dure environ 180 jours, soit 6 mois, lorsque la planète rouge se trouve à une distance minimale de 56 millions de km. Etant donné qu’une année lumière représente une distance de 9400 milliards de km, notre exoplanète Gliese 581 g se trouve donc, elle, à 188 000 milliards de km, soit une distance 3,3 millions de fois supérieure à celle qui nous sépare de Mars. A la vitesse à laquelle on pense voyager vers la planète rouge, il ne faudrait donc pas moins de 1,6 million d’années pour l’atteindre. Ce qui, sauf grossière erreur de calcul que vous ne manquerez pas de me signaler, rend assez délicate la perspective d’un exode massif de l’humanité vers une telle destination salvatrice…
Il reste deux solutions: trouver une exoplanète habitable beaucoup plus proche de la Terre ou augmenter considérablement notre vitesse de déplacement dans le cosmos, un peu dans le genre de l’hyperespace des films de science-fiction.
Ou alors, faute de déménagement, nous pouvons rêver de communiquer avec les extraterrestres ayant pu se développer sur une exoplanète. Là encore, la distance rendra le dialogue difficile. Un message envoyé vers Gliese 581 g mettra environ 20 ans pour lui parvenir et la réponse tout autant. A raison d’un aller-retour de sms tous les 40 ans, faire plus ample connaissance prendra un certain nombre de générations humaines…
Michel Alberganti
lire le billetCe n’est pas tous les jours que les sites d’actualités techniques mentionnent des principes de géologie ou se soucient de la date de naissance d’un naturaliste du dix-septième siècle ! Il aura pourtant suffi pour y arriver que Google décide de consacrer le doodle (versions redessinées du logo) de sa page d’accueil à Nicolas Sténon (de son vrai nom Niels Stensen), éminent anatomiste et géologue danois, à l’occasion du 374e anniversaire de sa naissance.
lire le billetLa référence d’un centre de recherche japonais, sigle à l’appui, une mise en scène soignée montrant des chercheurs gantés manipulant des modèles réduit de voiture de course. le remplissage des réservoirs avec de l’azote liquide, la démonstration spectaculaire d’une course de bolide fumants en sustentation au dessus de la piste d’un circuit de course automobile… A première vue, la vidéo semble préfigurer un jeu de l’avenir exploitant les développements d’une technologie dont le centenaire a été fêté en 2011: la supraconductivité et l’une de ses applications, la lévitation d’objets. Voici le résultat:
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