La bombe atomique du climat : faisable et rentable…

Ce serait la solution du désespoir pour le cas où le réchauffement climatique atteindrait des niveaux insupportables, selon le conseiller scientifique du président Obama, John P. Holdren. Sorte de bombe atomique du climat, la géo-ingénierie consiste à expédier dans la stratosphère terrestre des particules à base de souffre pour réduire la quantité de lumière solaire parvenant sur la Terre. Une sorte de filtre anti-réchauffement qui s’inspire de la nature. En effet, les grandes irruptions volcaniques du passé ont provoqué des refroidissements planétaires engendrés par les particules rejetées. Si un volcan peut le faire, pourquoi pas l’homme ? Surtout s’il est Américain.

L’idée n’est pas nouvelle et l’on pouvait même la croire enterrée, tant elle suscite de critiques de la part des climatologues. La mise en pratique de la géo-ingénierie serait  la version climatique de l’apprenti-sorcier. Réduire la quantité de lumière solaire parvenant sur la Terre peut en effet avoir des effets totalement imprévisibles sur les équilibres climatiques terrestres et engendrer des catastrophes naturelles bien plus graves que celles du réchauffement lui-même. Le médicament pourrait tuer le malade…

5 milliards de dollars par an

Toutes ces considérations n’ont pas empêché Justin McCLellan (Aurora Flight Science Corporation), David Keith (université d’Harvard) et Jay Apt (université de Carnegie Mellon) d’évaluer la faisabilité et de chiffrer cette solution. Juste histoire de voir… Résultat: la géo-ingénierie est à la fois faisable et rentable. Leur étude, publiée dans la revue Environmental Research Letters de l’Institut de Physique (IOP) britannique du 31 août 2012, porte sur l’injection d’un million de tonnes d’aérosols par an à des altitudes comprises entre 18 et 25 km. Coût estimé: 5 milliards de dollars par an. Une bagatelle comparée au coût de la réduction des émissions de CO2 estimé, lui, entre 200 et 2000 milliards de dollars pour 2030.

Avion spécialisé

Forts de ce constat encourageant, les chercheurs ont analysé les technologies exploitables pour transporter et répandre ce million de tonnes de poussières. Comme par hasard, alors qu’un représentant d’un fabricant d’avions sans pilote, Aurora Flight Science, fait partie de l’équipe, c’est justement la solution aéronautique qui se révèle la plus économique. Moins coûteuse que l’adaptation d’un avion existant, la construction d’un aéronef dédié au vol à très haute altitude et capable de disperser les particules reviendrait entre 1 et 2 milliards de dollars par an. Les canons et les fusées seraient, eux, beaucoup trop onéreux car non réutilisables. En fait, ce qui serait encore plus économique que l’avion spécialisé, ce serait une sorte de pipeline aérien de 20 km de long maintenu en l’air par des ballons gonflés à l’hélium…

Les trois chercheurs prennent toutes les précautions nécessaires en précisant que leur étude est purement économique et qu’elle ne prend pas en compte les impacts climatiques de cette solution. Du coup, elle est incapable de déterminer si les dégâts causés par la “solution” ne reviendraient pas plus chers que ceux du réchauffement climatique lui-même. Ce qu’il faudrait démontrer…

Polluer en paix

Une telle étude est probablement révélatrice de l’état d’esprit général des Américains vis à vis de la question climatique. Avec une opinion publique peu convaincue de la responsabilité de l’homme dans le réchauffement, ils s’accommoderaient volontiers d’une solution leur permettant de poursuivre leurs émissions massives de CO2 dans l’atmosphère tout en évitant une augmentation de la température du globe. Continuer à polluer en paix, en somme.

Michel Alberganti

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Faudra-t-il considérer les robots comme des personnes ?

DOMIN : Sulla, laissez Mademoiselle Glory vous regarder un peu.
HELENA : (se lève et tend la main) Ravie de vous rencontrer. Ce doit être très dur pour vous, ici, coupée du reste du monde.
SULLA : Je ne connais pas le reste du monde, Mademoiselle Glory. Je vous en prie, asseyez-vous.
HELENA : (s’assoie) D’où venez-vous ?
SULLA : D’ici, l’usine.
HELENA: Oh, vous êtes née ici.
SULLA : Oui, j’ai été fabriquée ici.
HELENA (Surprise) Comment ?
DOMIN : (riant) Sulla n’est pas une personne, Mademoiselle Glory, elle est un robot.
HELENA : Oh, s’il vous plait, excusez-moi.

Cette scène du début de la célèbre pièce de théâtre R.U.R. de Karel Kapek, écrite en tchèque en 1920 et qui a utilisé pour la première fois le mot robot, illustre parfaitement le problème qui finira, tôt ou tard, par se poser vis à vis de ces machines dont l’aspect et les performances se rapprochent de plus en plus de celles de l’être humain. Il est remarquable que cette question soit apparue dès la première utilisation du mot robot, à une époque où ce qu’il désignait n’existait pas encore. Cela prouve à quel point la projection dans l’avenir des machines conduit tout droit à l’interrogation sur le type de relations qu’elles entretiendront avec l’homme le jour où…

Quand l’autre n’est pas humain

Pour David Gunkel, docteur en philosophie, professeur de communication à l’université d’Illinois du Nord, ce problème de science fiction est en train de devenir rapidement un “fait scientifique”. Sa réflexion sur ce sujet fait l’objet d’un livre intitulé The machine question, perspectives critiques sur l’intelligence artificielle, les robots et l’éthique, publié, en anglais pour l’instant, par The MIT Press le 13 juillet 2012. “Beaucoup d’innovations dans la manière de penser au sujet des machines et de leur considération morale ont été apportées par la science fiction et ce livre fait appel à la fiction pour nous montrer comment nous avons à faire face à ce problème”, explique l’auteur. La question de l’éthique se pose dès lors que l’on traite de responsabilité vis à vis d’autrui. Cet autrui est alors supposé être une personne. David Gunkel souligne que cette pierre angulaire de l’éthique moderne a été significativement contestée, en particulier par les militants de la cause des droits des animaux mais également par ceux qui travaillent à la pointe de la technologie.

“Si nous admettons que les animaux méritent une considération morale, nous devons sérieusement nous interroger sur les machines qui constituent la prochaine étape dans le regard porté sur un autre qui soit non-humain”, déclare David Gunkel. Bien entendu, ce questionnement constitue le fondement du film de Steven Spielberg A.I. Artificial Intelligence (2001) dans lequel un enfant robot est vendu à une famille qui veut remplacer un fils défunt. L’attachement de la mère envers cet enfant parfait révèle l’un des aspects les plus troublants des mécanismes de l’affection chez l’être humain. Son objet n’est pas obligatoirement humain. Les liens entretenus avec les animaux mais aussi les objets comme les automobile, par exemple, le montrent.

Qui est responsable des actions des machines ?

Que se passera-t-il lorsque les machines disposeront à la fois d’une apparence et d’une intelligence qui se rapprochera, voire dépassera, celles des hommes ? C’est la question que traite David Gunkel dans son livre. Elle devrait faire couler beaucoup d’encre avant que nous trouvions la clef de cette nouvelle relation. L’auteur souligne le cas des interactions en ligne avec des machines et celui, de plus en plus fréquent, des relations entre elles. “Les machines ont pris le contrôle. C’est arrivé”, estime-t-il.

Les problèmes posés par la place de plus en plus importante et stratégique des machines ne se résument pas aux questions psychologiques. Lorsqu’elles deviennent capables d’innover par elles-mêmes et de devenir plus intelligentes, qui est responsable de leurs actions ? Leur fabricant, leur concepteur ? Mais si des machines fabriquent d’autres machines ? “On pourrait considérer l’informaticien qui a écrit le programme initial comme un parent qui n’est plus responsable des décisions et des innovations de machines qu’il a conçues“, déclare David Gunkel.

Code de robot-éthique

Certains gouvernements commencent à statuer sur ces questions comme la Corée du Sud qui a créé un code éthique afin d’éviter que les humains n’abusent les robots et vice-versa. Le Japon travaille sur un code de comportement des robots destiné, en particulier, à ceux qui sont employés par des personnes âgées.

Pour David Gunkel, il est nécessaire de susciter le débat sur ces questions dans la communauté des ingénieurs qui fabriquent ces machines et qui ne sont pas préparés aux interrogations éthiques. Le but de son livre est de contribuer à l’émergence de telles discussions. “Il s’agit de relier les points des différentes disciplines et d’amener les scientifiques et les ingénieurs à parler aux philosophes qui peuvent apporter 2500 ans de réflexions éthiques pour les aider à traiter les problèmes posés par les nouvelles technologies”. Difficile de refuser cette main tendue…

Et vous ? Qu’en pensez-vous ? Faudra-t-il, un jour, considérer les robots comme une catégorie particulière de personnes ?

Michel Alberganti

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Deux planètes avec deux soleils, ça marche !

L’univers nous réserve des surprises qui, souvent, viennent confirmer ce que les auteurs de science-fiction ont imaginé. Le satellite Kepler de la Nasa vient d’en fournir un nouvel exemple avec la découverte d’un système planétaire comprenant deux planètes et deux étoiles, c’est à dire deux soleils. Jerome Orosz, professeur d’astronomie à l’université San Diego, révèle l’existence du système baptisé Kepler 47 dans un article publié par la revue Science du 28 août 2012.

Les deux étoiles tournent l’une autour de l’autre en 7,5 jours. La plus grosse est similaire à notre Soleil tandis que l’autre est trois fois plus petite et 175 fois moins massive. Avec un diamètre égal à trois fois celui de la Terre, la planète intérieure tourne autour de la paire de soleils en 49 jours. La planète extérieure du système, elle, a une taille similaire à celle d’Uranus et elle parcourt son orbite en 303 jours. Le plus intéressant pour Kepler, dont la mission est de débusquer des planètes habitables, est que cette orbite met justement cette planète dans une zone d’habitabilité. Cela signifie que sa distance aux soleils n’est ni trop faible ni trop grande, garantie de températures éventuellement compatibles avec la vie. Il sera néanmoins délicat d’aller vérifier. Le système Kepler 47 se situe dans la constellation du Cygne, à quelque 5000 années-lumière de la Terre…

Michel Alberganti

 

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Sous les glaces de l’Antarctique, d’énormes quantités de méthane…

Publiée dans la revue Nature du 30 août 2012, l’étude de Jemma Wadham, de l’école de géographie de l’université de Bristol et de Slawek Tulaczyk, professeur de sciences de la terre à l’université de Californie Santa Cruz, fait l’effet d’une bombe potentielle. Au sens propre. Le projet des deux chercheurs, lancé lors d’une discussion il y a 5 ans, les a conduit à simuler l’évolution des bassins sédimentaires qui se sont formés à la surface de l’Antarctique avant la période qui a couvert ce continent de glaces, il y a 35 millions d’années. Auparavant, la vie grouillait au pôle Sud. Les plantes et les animaux se sont accumulés au cours des millions d’années précédants. Sous la glace, les microbes ont transformé ce carbone organique en CO2 et en méthane. En quantités énormes.

Les chercheurs estiment que 50% de la partie Ouest (1 million de km2) et 25% de la partie Est (2,5 millions de km2) de la calotte polaire de l’Antarctique recouvrent des bassins de sédiments pré-glaciaires. Ces régions concentreraient ainsi pas moins de 21 000 milliards de tonnes de carbone organique. Jemma Wadham note que cela représente 10 fois le stock de carbone piégé dans le permafrost des régions nordiques. D’après ses expériences en laboratoire, ce carbone est probablement métabolisé par les microbes. Les chercheurs ont simulé numériquement cette accumulation de méthane. Ils ont ainsi découvert que les conditions sont favorables à la création d’hydrate de méthane, c’est à dire du méthane piégé dans la glace.

D’après les calculs basés sur ces simulations, la quantité de méthane sous forme d’hydrates ou de gaz pourrait atteindre 4 milliards de tonnes, soit un ordre de grandeur identique aux estimations du méthane piégé dans le permafrost des régions Arctiques. La relative faible profondeur des réservoirs de l’Antarctique les rend plus susceptibles de libérer leur méthane dans l’atmosphère que les autres (Arctique et fonds marins). Sandra Arndt, de l’université de Bristol, co-auteur de l’article, note qu’il “n’est pas surprenant que des quantités significatives de méthane soient piégées sous la calotte polaire de l’Antarctique. Comme pour les sédiments situés sous le fond des mers, il y fait froid et la pression est élevée. Des conditions nécessaires à la formation des hydrates de méthane.

L’inquiétude vient, comme pour l’Arctique, du réchauffement de la calotte polaire de l’Antarctique qui se traduit par des ruptures de la glace. Le risque est que ces rupture libèrent le méthane piégé. Ce qui aurait un fort effet d’accélération du réchauffement climatique. Le méthane est en effet un gaz à effet de serre environ 20 fois plus puissant que le CO2.

Ces prévisions sont issues de simulations. On sait que les modèles mathématiques ont une précision plutôt faible en ce qui concerne l’évolution du climat des pôles. Mais, jusqu’à présent, les erreurs ont toujours été dans le sens d’une sous-estimation de la vitesse de réchauffement de ces régions…

Michel Alberganti

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Neil Armstrong, un héros très discret, est mort

Avec Neil Armstrong, décédé le 25 août à l’âge de 82 ans des suites d’une opération des artères coronaires,disparaît l’emblème d’une Amérique qui, pendant qu’elle s’enfonçait dans le bourbier de la guerre du Vietnam, a su gagner la bataille sur un autre terrain, plus pacifique: celui de l’espace. Armstrong s’est éteint quelques jours après un nouveau succès américain: l’atterrissage du robot Curiosity sur Mars. Le contraire des missions spatiales habitées qu’il incarnait.

Neil Armstrong était le prototype des astronautes américains, à ceci près qu’il n’était pas militaire lorsqu’il a rejoint la Nasa. Diplômé en ingénierie aéronautique de l’université de Purdue puis de celle de Californie du Sud, il obtient plusieurs doctorats. De 1940 à 1952, il participe en tant qu’aviateur pour la Navy à 78 missions de combat pendant la guerre de Corée. Il quitte la Navy en 1960 et rejoint le National Advisory Committee for Aeronautics (Naca), l’ancêtre de la Nasa, comme concepteur d’avions et pilote d’essai.

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98% des Canadiens pensent qu’un changement climatique est en cours

L’étude publiée par l’ONG International Performance Assessment Centre for Geologic Storage of Carbon Dioxide (IPAC-CO2), le 15 août 2012, révèle que seulement 2% des Canadiens ne croient pas qu’un changement climatique est en train de se produire. Ce résultat confirme celui de 2011. “Les Canadiens sont concernés par les problèmes tels  que les événements météorologiques extrêmes, les sécheresses ou le changement climatique”, note Carmen Dybwad, PDG d’IPAC-CO2.

Ce résultat est nettement meilleur que celui qu’Ipsos a enregistré en France en janvier 2010,  un mois après le sommet de Copenhague. Le sondage réalisé alors montrait que 84% des Français croyaient à la réalité du réchauffement climatique. Ce chiffre reste sensiblement supérieur à celui qui a été mesuré en 2011 aux Etats-Unis par l’université de Yale qui s’était alors penchée sur les différences de perception en fonction des préférences politiques des personnes interrogées. Ainsi, 78% des Démocrates et 53% des Républicains estimaient qu’un réchauffement climatique se produit.

Cette adhésion relativement massive au changement climatique masque des différences importantes quant aux causes de ce phénomène. Même au Canada. Ainsi, 54% des Canadiens estiment que le changement climatique est partiellement dû aux activités humaines et partiellement à des variations climatiques naturelles et 32% qu’il est uniquement dû aux activités humaines. Seuls 9% jugent qu’il provient uniquement de variations climatiques naturelles.

La division des Canadiens est également importante en matière de solutions pour limiter le changement climatique. Pour 35% d’entre eux, les priorités concernent la promotion de voitures plus propres fonctionnant à l’électricité ou à des carburants à faible émission de carbone. Seulement 16% ont favorable à une taxation générale sur l’émission de CO2. Au sujet du stockage du CO2, 59% de Canadiens estiment qu’il devrait être obligatoirement prévu lors de la construction de nouvelles centrales au charbon ou au gaz naturel. Mais le pourcentage de ceux qui ne sont pas sûr qu’ils tireraient profit de la capture et du stockage du carbone est passé de 42% en 2011 à 48% en 2012. Ces résultats sont des moyennes qui masquent d’assez importantes différences suivant les régions où habitent les Canadiens.

On note donc que, malgré les sommets et autres conférences internationales, la prise de conscience du changement climatique et, surtout, de ses causes humaines, progresse lentement. Le Canada, qui devrait faire partie des pays pouvant tirer profit d’un réchauffement grâce à la fonte de la banquise ouvrant des voies de navigation au Nord et permettant d’exploiter le sous-sol, reste en tête des pays sensibilisés à la nécessité de réduire ce réchauffement en agissant sur les émissions humaines de CO2. De quoi confirmer la fibre écologique particulière des Canadiens.

Michel Alberganti

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Le cerveau en train de se régénérer pour la première fois en vidéo

Cela ressemble au routier d’une grande ville avec ses grands échangeurs. En fait, il s’agit de la circulation des protéines, rendues visibles grâce à des marqueurs luminescents issus de méduses, qui traversent les neurones pour les régénérer. C’est grâce à cette nouvelle méthode d’imagerie que les chercheurs de l’université de Californie du Sud (USC) ont pu réaliser cette vidéo inédite et trop courte qui dévoile l’intérieur des neurones.

Un nouveau cerveau toutes les semaines

“Notre cerveau est démonté et remonté chaque jour”, indique Don Arnold, professeur de biologie moléculaire et informatique au Dornsife College de l’USC et auteur d’un article sur ce sujet dans la revue Cell-Reports du 26 juillet 2012. “D’ici une semaine, votre cerveau sera constitué de protéines entièrement différentes de celles qui le compose aujourd’hui”, ajoute-t-il. “Cette vidéo montre cette régénération. Nous savions que cela se produisait mais, maintenant, nous pouvons voir le processus en train de se produire”.

La découverte du parcours réel des protéines

La nouvelle technique d’imagerie permet de suivre le parcours des protéines vers les deux zones qu’elles nourrissent dans les neurones : l’axone, le câble électrique qui transmet les signaux, et les dendrites, portes d’entrée des neurones pour les signaux provenant d’autre cellules. “Il est connu depuis plusieurs décennies que les protéines ont pour cible soit l’une soit l’autre de ces zones. Mais nous ne comprenions pas comment ce ciblage se produisait jusqu’à ce que nous puissions réellement voir les protéines se déplacer vers l’une ou l’autre”, note Sarmad Al-Bassam, doctorant et principal auteur de ‘l’article paru dans Cell Reports.

“Notre résultat est très surprenant”, précise Don Arnold. “Nous avons découvert qu’au lieu de viser spécifiquement les dendrites, les protéines pénètrent dans les deux zones et qu’elles sont ensuite stoppées pour leur éviter de se déplacer au delà de la portion initiale de l’axone”.

Michel Alberganti

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Curiosity réussit sa première analyse du sol de Mars avec son laser

Le 19 août 2012, le rover Curiosity a effectué sa première analyse du sol martien à l’aide de son instrument Chemical and Camera (ChemCam), construit en partie par la France à l’Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie (IRAP) sous la direction de Sylvestre Maurice, en lien avec le CNES.

Le ChemCam est digne des films de science fiction avec son rayon laser pouvant porter à près de 10 mètres. Pour le reste, il s’agit d’un instrument très scientifique puisque les tirs de son rayon n’ont d’autre but que de vaporiser un peu de roche martienne afin d’en analyser les constituants.

Treize jours après son atterrissage sur la planète rouge, Curiosity a donc commencé son travail essentiel d’exploration. L’échantillon de roche choisi, le premier d’une planète extraterrestre à être analysé avec cette méthode, a été baptisé Coronation par la Nasa. Le ChemCam l’a bombardé avec 30 pulsations de son laser. L’opération a duré 10 secondes. Chaque pulsation a frappé la surface avec une énergie d’un million de watts pendant 5 milliardièmes de seconde. Cette énergie a transformé les atomes de la surface de la roche en un plasma brillant dont la lumière est riche d’enseignements. En la captant avec ses trois spectromètres, le ChemCam a engrangé toutes les informations nécessaires pour analyser la composition de Coronation.

Ce premier tir avait essentiellement pour but d’étalonner le CheCam sur le sol martien. Mais il pourrait aussi apporter des informations intéressantes. Les chercheurs qui vont analyser les données vérifieront l’évolution de la composition après chaque pulsation. Les changements, s’ils existent, permettront de connaître la composition de la roche en profondeur, sous sa surface.

Curiosity est donc désormais à pied d’oeuvre. Tout semble fonctionner à merveille, en particulier ce ChemCam, composant essentiel pour sa mission. Sur ses 6 roues, le rover va devoir gravir la distance qui le sépare du Mont Aegis, considéré comme un grand livre de l’histoire de Mars que le robot va devoir déchiffrer au cours des prochains mois.

Michel Alberganti

 

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La “fumée solide”, le matériau le plus léger du monde devient flexible

Baptisé “fumée solide” tant il est léger et translucide, ce matériau possède des propriétés assez stupéfiantes. Extrêmement résistant à la compression, il offre également une isolation thermique exceptionnelle qui le destine aussi bien aux engins spatiaux et aux combinaisons des cosmonautes qu’aux réfrigérateurs de demain. Imaginez que l’épaisseur des parties isolantes de ces derniers soit réduite à quelques millimètres. La place gagnée à l’intérieur, à volume extérieur constant, sera très appréciable.

Après la résistance, la souplesse

Lors du 244ème congrès national de l’American Chemical Society qui se tient à Philadelphie du 19 au 23 août 2012, où ont été présentées hier les propriétés du resvératrol, Mary Ann B. Meador, du centre de recherche Glenn de la Nasa à Cleveland, Ohio, a exposé les derniers développements de cet aérogel qui a fait l’objet de la vidéo ci-dessus réalisée en 2008. A cette époque, il était présenté comme très fragile (faible résistance à la flexion), malgré sa résistance extrême à la compression. Aujourd’hui, les chercheurs montrent qu’ils ont réussi à le rendre flexible, ce qui lui ouvre de nouvelles applications, en particulier dans le domaine des vêtements.

Pores nanoscopiques

Cet aérogel tire ses propriétés étonnantes de sa structure. Constitué de dioxyde de silicium, il est constitué de pores nanoscopiques, le secret de ses facultés isolantes près de 40 fois supérieures à celle des meilleures fibres de verre. La meilleure résistance à la conduction de chaleur est apportée par les bulles d’air. Plus elles sont petites moins la chaleur se propage facilement. Dans la vidéo, la scène du chalumeau est particulièrement explicite à cet égard.

Des tentes aux boucliers des vaisseaux spatiaux

Mary Ann Meador indique que l’aérogel flexible possède un pouvoir isolant 5 à 10 fois supérieur aux meilleurs matériaux actuels dans ce domaine. Ainsi, avec un peu plus de 5 mm d’épaisseur, il offre la même isolation que 75 mm de fibre de verre. Une sorte d’amiante de demain, la toxicité en moins. On imagine son intérêt pour les tentes ou les sacs de couchage. Mais la Nasa envisage aussi de l’utiliser pour ses systèmes de rentrée des vaisseaux spatiaux dans l’atmosphère dont une version gonflable a été testée récemment.

Michel Alberganti

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Du vin pour marcher droit ?

On aura tout dit sur le vin. Qu’il est bon pour la santé lorsqu’il est consommé avec modération. Qu’un seul verre est un verre de trop en matière de cancer. Aujourd’hui, Jane E. Cavanaugh, de l’université Duquesne à Pittsburg, présente devant une assemblée de 1400 scientifiques rassemblés pour le 244ème congrès national de l’American Chemical Society qui se tient à Philadelphie du 19 au 23 août 2012, le résultat de son étude sur l’amélioration de l’équilibre lors de la marche chez les personnes âgées. Un problème qui affecte un Américain sur trois au delà de 65 ans et qui provoque des chutes aux conséquences parfois graves ou même mortelles.

Les souris âgées retrouvent l’équilibre

La découverte de l’équipe dirigée par Jane Cavanaug concerne un produit naturel, le resvératrol, un antioxydant que l’on trouve dans le raisin ou les mures. Et le vin. Il est déjà connu pour ses effets sur le cholestérol, les maladies cardiaques et même sur certains cancers. Certains pensent qu’il ralentirait également le vieillissement. C’est son action sur le cerveau qui pourrait être bénéfique en matière de maintien de l’équilibre lors de la marche.
Pour étudier son impact  sur la mobilité, les chercheurs ont soumis des souris jeunes et âgées à un régime riche en resvératrol pendant 8 semaines. Ils ont ensuite mesuré l’aptitude des rongeurs à se déplacer sur une poutre grillagée en acier en comptant le nombre de leurs faux pas. Au début, les souris les plus âgées avaient du mal à ne pas perdre l’équilibre. Mais à partir de la quatrième semaine, elle ont rattrapé les souris les plus jeunes en retrouvant toute  leur stabilité.

700 verres de vin par jour…

Malgré ce constat expérimental, l’action du resvératrol sur le cerveau reste mystérieuse. Les chercheurs observent que les neurones exposés à de fortes doses du neurotransmetteur qu’est la dopamine ont tendance à mourir. Néanmoins, lorsqu’ils ont été préalablement traités au resvératrol, ils survivent beaucoup mieux à cette exposition à la dopamine. En y regardant de plus près, les chercheurs ont constaté que le resvératrol atténue les dommages causés par les radicaux libres d’oxygène générés par la dopamine et qu’il active une protéine favorisant la survie des cellules neuronales.
Les effets positifs du resvératrol sont néanmoins limités par le fait qu’il est très difficilement assimilé par le corps humain. Ainsi, une personne de 75 kg devrait boire près de 700 verres de 12 cl de vin rouge par jour afin d’absorber assez de resvératrol pour profiter de ses effets bénéfiques… On imagine les effets dévastateurs d’un tel régime… sur l’équilibre, justement.

Équivalent synthétique

Afin de pallier ce problème, les chercheurs tentent de mettre au point un produit synthétique qui pourrait avoir les mêmes effets sur le resvératrol tout en étant plus facilement assimilé. Il cherchent également à mesurer le taux de resvératrol qui parvient réellement au cerveau. Ils considèrent que, même si les effets de ce produit sont minimes, cela pourrait être suffisant pour que les personnes âgées profitent d’un gain d’équilibre capable de leur éviter des chutes.
L’étude en question est donc encore loin de proposer une véritable solution, sauf à trouver un moyen pour injecter directement du resvératrol dans le cerveau… Le recours au vin comme média, une fois de plus, décevra les amateurs. Il continuera à avoir les effets inverses que l’on connaît bien et que les policiers mesurent, aux Etats-Unis, en faisant suivre une ligne droite sur le sol aux conducteurs suspects.

Michel Alberganti

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