On aura tout dit sur le vin. Qu’il est bon pour la santé lorsqu’il est consommé avec modération. Qu’un seul verre est un verre de trop en matière de cancer. Aujourd’hui, Jane E. Cavanaugh, de l’université Duquesne à Pittsburg, présente devant une assemblée de 1400 scientifiques rassemblés pour le 244ème congrès national de l’American Chemical Society qui se tient à Philadelphie du 19 au 23 août 2012, le résultat de son étude sur l’amélioration de l’équilibre lors de la marche chez les personnes âgées. Un problème qui affecte un Américain sur trois au delà de 65 ans et qui provoque des chutes aux conséquences parfois graves ou même mortelles.
La découverte de l’équipe dirigée par Jane Cavanaug concerne un produit naturel, le resvératrol, un antioxydant que l’on trouve dans le raisin ou les mures. Et le vin. Il est déjà connu pour ses effets sur le cholestérol, les maladies cardiaques et même sur certains cancers. Certains pensent qu’il ralentirait également le vieillissement. C’est son action sur le cerveau qui pourrait être bénéfique en matière de maintien de l’équilibre lors de la marche.
Pour étudier son impact sur la mobilité, les chercheurs ont soumis des souris jeunes et âgées à un régime riche en resvératrol pendant 8 semaines. Ils ont ensuite mesuré l’aptitude des rongeurs à se déplacer sur une poutre grillagée en acier en comptant le nombre de leurs faux pas. Au début, les souris les plus âgées avaient du mal à ne pas perdre l’équilibre. Mais à partir de la quatrième semaine, elle ont rattrapé les souris les plus jeunes en retrouvant toute leur stabilité.
Malgré ce constat expérimental, l’action du resvératrol sur le cerveau reste mystérieuse. Les chercheurs observent que les neurones exposés à de fortes doses du neurotransmetteur qu’est la dopamine ont tendance à mourir. Néanmoins, lorsqu’ils ont été préalablement traités au resvératrol, ils survivent beaucoup mieux à cette exposition à la dopamine. En y regardant de plus près, les chercheurs ont constaté que le resvératrol atténue les dommages causés par les radicaux libres d’oxygène générés par la dopamine et qu’il active une protéine favorisant la survie des cellules neuronales.
Les effets positifs du resvératrol sont néanmoins limités par le fait qu’il est très difficilement assimilé par le corps humain. Ainsi, une personne de 75 kg devrait boire près de 700 verres de 12 cl de vin rouge par jour afin d’absorber assez de resvératrol pour profiter de ses effets bénéfiques… On imagine les effets dévastateurs d’un tel régime… sur l’équilibre, justement.
Afin de pallier ce problème, les chercheurs tentent de mettre au point un produit synthétique qui pourrait avoir les mêmes effets sur le resvératrol tout en étant plus facilement assimilé. Il cherchent également à mesurer le taux de resvératrol qui parvient réellement au cerveau. Ils considèrent que, même si les effets de ce produit sont minimes, cela pourrait être suffisant pour que les personnes âgées profitent d’un gain d’équilibre capable de leur éviter des chutes.
L’étude en question est donc encore loin de proposer une véritable solution, sauf à trouver un moyen pour injecter directement du resvératrol dans le cerveau… Le recours au vin comme média, une fois de plus, décevra les amateurs. Il continuera à avoir les effets inverses que l’on connaît bien et que les policiers mesurent, aux Etats-Unis, en faisant suivre une ligne droite sur le sol aux conducteurs suspects.
Michel Alberganti
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