Danger danger avec Jeanpierre et Larqué

Bordeaux-Lyon, ce soir. Sauront-ils confirmer, après un match aller solide sur les fondamentaux, inventif quand il le fallait? “Ils”, ce ne sont pas les Rhodaniens, mais Christian Jeanpierre et Jean-Michel Larqué.

Le duo de commentateurs de la Une a réalisé mardi dernier une prestation saluée par l’ensemble de la critique (et par les lecteurs de tf1.fr, dans un autre genre). Le “Agnan” de Haute-Garonne et la “sulfateuse” du Pays Basque ne sont certes pas des perdreaux de l’année, eux qui commentent depuis de (trop) longues décennies. Mais il paraît que c’est toujours plus dur d’être présent dans les grands rendez-vous.

Ce soir-là, ils ne nous ont pas déçu avec un Jeanpierre manquant de défaillir à chaque fois qu’il susurrait le mot “Gourcuff” et un Larqué en choisissant sa cible du soir dès les premières minutes (Ciani), et le dézinguant consciencieusement durant le reste de la partie.

Ça c’est tellement vu que même l’Equipe, dans son édition de mardi, a refait le match Ciani-Larqué. Jean-Mimi, d’un langage quasi frêchien: “Ces gens-là font un métier public mais ne veulent pas être jugés par le public… Le problème c’est qu’on ne peut plus rien dire, ça devient formidable”. Et de se justifier : “l’automne dernier, j’ai été le premier à dire qu’il ne serait peut-être pas inopportun de tester la charnière Planus-Ciani en Equipe de France”. Il s’est au moins prouvé qu’il avait tort sur ce point.

C’est sa marque de fabrique, au Jean-Mimi. Orphelin de Thierry Roland (ah, cette algarade mythique en 2002: “Les consignes, je lui chie dessus moi.” “Non Thierry, t’as tort à 200%. S’il faut régler ce problème, on le règlera.”), il semble de plus en plus insupportable au fil des années.

Au point de faire naître des vocations, comme celle d'”exégète du Larqué”. Les excellents Cahiers du Foot se sont sérieusement penchés sur son cas, répondant à cette fondamentale question: Qu’est-ce qu’il y a dans le Larqué? Coup Franc, de son côté, a mis au point une grille de “Bingo Larqué”, avatar sportif du Bullshit Bingo de bienbienbien. Le principe est simple: cocher la case idoine quand Jean-Mimi sort une de ses spéciales (pulsion régionaliste basque, expression folklorique, répétition forcenée d’une expression, choix d’un bouc-émissaire).

Bonus: jouez avec le match aller Lyon-Bordeaux

envoyé par Les_Cahiers_du_Football.

Si les deux compères de la Une fascinent tant, c’est d’abord grâce à leur énorme exposition. Matchs de l’équipe de France, Ligue des Champions, Téléfoot, rien que pour la télé. Sans oublier la radio, la presse écrite, les stages d’été… De plus, ils profitent de l’absence de concurrence. Le paysage audiovisuel des commentateurs français fait peine à voir. Là où nos voisins sont tout en exubérance (italienne, espagnole) ou en ferveur quasi dévote (anglaise), le téléspectateur français se fait chier.

Sur France 2, les soirées Coupe de la Ligue “animées” par Fabien Lévêque et Xavier Gravelaine feraient passer une lecture publique de Michel Rocard pour une franche partie de déconnade. A Canal Plus, le temps béni des Mathoux-Sabattier & Tulett est bel est bien terminé. Place désormais à l’armée de Men in Black façonnée par Cyril Linette, le patron des sports de la chaîne cryptée. Les Philippe Bruet, Philippe Carayon, et autres Philippe Jeannol sont interchangeables: “Oui Messaoud, ici au Stade des Alpes on fait grise mine…” Cet hiver, c’était encore plus flagrant. Le Père Linette leur avait tous acheté la même doudoune au col soigneusement fourré.

Heureusement, M6 et la TNT sont arrivés sur le marché. Avec leurs films érotiques low-cost, et leurs commentateurs itou. En l’occurrence, Thierry Roland et Jean-Marc Ferreri, qui nous ravissent de leurs analyses sur la Six, et font du rab sur W9. Leurs points forts: Roland, qui manque de s’étouffer en moyenne deux fois par match, et Ferreri, qui doit veiller à un semblant de cohérence dans les commentaires de son voisin septuagénaire. Un comble! A la limite, c’est presque eux que je préfère. Des commentaires chauvins, souvent bêtes, mais ni aseptisés, ni répétitifs. Quand en plus, on a le droit à Alex Goude en homme de terrain, c’est la fête.