Sur Saturne, on tue des innocents

SaturneFoisonnante production que celle du polar et difficile de suivre le rythme, de faire des choix de lectures pertinents et de vous les soumettre ici même, d’autant que les semaines filent et que je me rends compte que je n’ai rien posté depuis deux semaines… Des dizaines de romans ont été publiés depuis le mois de septembre, alors que faire ? Vous parler de l’un de ceux qui m’a le plus marqué ces derniers temps, tout simplement. Direction l’Italie donc, avec Saturne de Serge Quadruppani.

Quadruppani ? Le nom vous dit sûrement quelque chose tant le bonhomme a oeuvré et oeuvre encore pour faire connaître le polar italien en France. Traducteur (il est la voix française de l’immense Camilleri notamment), responsable de la Bibliothèque italienne des éditions Métailié, on oublie que il signore Quadruppani est aussi un écrivain de talent. La preuve avec ce roman qui nous mène de Rome à Paris en passant par le plateau de Millevaches. Un polar, un thriller, un roman géopolitique, d’anticipation, qui traite de manipulation, de terrorisme, de vengeance, de crise des subprimes. Difficile de le classer dans une catégorie précise. Mais une chose est sûre, il s’agit là de l’un des meilleurs livres noirs de la rentrée.

L’intrigue démarre par le rêve d’un flic à la retraite puis bascule dans la dure réalité quand un tueur abat froidement trois personnes aux thermes de Saturne, lieu de détente favori des Romains quelque peu friqués. Une action dont les autorités veulent voir la marque d’Al-Qaeda à la veille du G8 qui doit avoir lieu à l’Aquila. Mais la commissaire Simona Tavianello, chargée de l’enquête, découvre une autre piste, et un mobile bien différent. Mafias, sociétés écrans, blanchiment d’argent, services secrets, tout y passe. D’autant que le détective privé Cédric Rottheimer, en filature au moment du drame, a filmé toute la scène. J’arrête là pour ne rien dévoiler qui pourrait nuire à la lecture et à la découverte de ce texte formidablement écrit. Le style Quadruppani est fait de phrases courtes, simples, de personnages forts et attachants (mention spéciale au petit frère d’une victime qui, du haut de sa dizaine d’années assène un superbe : “La justice ? On peut se brosser. Moi je veux me venger”), d’érudition et d’humour.

Bref, un livre à lire de toute urgence, ancré dans la réalité, dans la mondialisation et qui se dévore d’une traite. Attention, nuit blanche en perspective.

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Saturne, de Serge Quadruppani, éditions du Masque, 263 pages, 17 €

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