Slow Web: On se calme et on boit frais…

Crédit: Flickr/CC/photosteve101

Et si, en 2013, on se sortait la tête du guidon? C’est la tendance prônée par un mouvement américain intitulé “Slow Web”. Son ambition? Etre l’antithèse du temps réel en ligne, des moteurs de recherche et autres services Web qui répondent aux requêtes de façon instantanée. “En fin de compte, la philosophie derrière ce mouvement, c’est que chaque personne devrait avoir une vie” et “ne pas être esclave” du temps réel, résume le manifeste du Slow Web.

Jusqu’à présent, il n’y avait que deux possibilités:

1. je suis déconnecté, et donc en dehors du réseau.

2. je suis connecté et mon attention est mobilisée par le flux d’informations en temps réel.

La troisième voie serait donc:

3. je ne suis pas connecté tout le temps mais suis quand même au courant de ce qu’il se passe sur le réseau.

En ligne, quelques initiatives éditoriales surfent sur cette troisième option et montrent que le “live” n’est pas la seule Bible du journalisme numérique. Se développent ainsi des services qui donnent à voir le meilleur de l’actu, la “curation de la curation”, se développent, et ne référencent que les contenus les plus cités sur les réseaux sociaux. C’est le cas de News.me et de l’application Undrip, qui calme avec humour les ardeurs de ses utilisateurs (“bridez vos élans”, “gardez votre pull”) le temps que la sélection s’opère. Quant à The Atlantic, il a regroupé ses meilleurs articles de l’année 2012 dans un ebook, à lire au calme. Plus radicale, cette application gratuite pour Mac, Self Control, bloque l’accès à une liste de sites Web de son choix (mails, Facebook, Dailymotion, etc.), pendant une période limitée, de 15 minutes à 24h.

Calmez le jeu

En France, Slate (sur lequel ce blog est hébergé) veut réfléchir avant de faire de l’actualité chaude mais à J+1 ou plus. Le Huffington Post a lancé une newsletter appelée “on refait l’actu du week-end” pour ceux qui se seraient déconnecté en fin de semaine et auraient besoin d’un rattrapage. Rue89 proposait la même chose, jusqu’en juillet 2012: il s’agissait d’un long papier publié le samedi qui récapitulait les temps forts de l’actualité survenus dans la semaine, entre le lundi et vendredi. Etait-ce le jour de publication? Le format? Toujours est-il que cela ne marchait pas tant que cela, regrette Pascal Riché, rédacteur en chef de Rue89, qui pointe les chiffres: un peu plus de 6.000 clics par “rattrapage de l’actu” quand les autres contenus du site peuvent obtenir 50.000 clics.

Pourtant, la lecture en différé est une réalité pour les consommateurs d’informations, qui mettent de côté des contenus pour les lire plus tard grâce à des outils comme Pocket. “Il n’y a pas de problème à lire demain les informations d’hier”, tranche le journaliste américain Peter Laufer, cité sur Slow News Movement, un site lancé par la journaliste française Marie-Catherine Beuth, qui réfléchit à l’Université de Stanford sur la question suivante: comment “adapter les informations au temps que l’utilisateur a, ou n’a pas”?

Lecteurs et journalistes branchés sur du 5.000 volts

Mais pour la plupart des sites d’informations généralistes, retirer les doigts de la prise s’avère compliqué. Le tempo de l’information n’a jamais cessé de accélérer, et cela s’est encore amplifié à la naissance des réseaux sociaux, réduisant à un clignement d’oeil le laps de temps entre l’arrivée d’un événement et son écho en ligne. Or ce règne de l’information en temps réel n’est pas une création ex-nihilo des journalistes, c’est une demande de l’audience, habituée à prendre son téléphone en main, en moyenne, entre quarante et quatre vingt fois par jour, pour savoir ce qu’il y a de nouveau.

“Donner l’info quand elle arrive, cela fait partie de notre ADN”, rappelle Aurélien Viers, directeur ajoint de la rédaction du Nouvel Obs. Ce mardi 15 janvier, “les 7.500 postes supprimés de Renault, on ne peut pas en faire l’impasse. La mort du cinéaste Nagisa Oshima non plus.” C’est même un contrat tacite entre l’éditeur et l’audience: offrir les dernières informations disponibles au lecteur, au moment où celui-ci se connecte.

Mosaïque de temporalités

Or s’il y a une prime au premier sur l’info, il y a aussi une prime à l’originalité en ligne. En témoigne le salut unanime du projet du New York Times, Snow Fall, qui raconte l’aventure de seize skieurs pris dans une avalanche. Un contenu à la narration efficace, qui a obtenu en quelques jours 3.5 millions de pages vues, avec des lecteurs scotchés sur cette histoire pendant 12 minutes en moyenne. Une durée considérable.

De plus en plus, les rédactions s’organisent pour que le temps de la réactivité cohabite avec d’autres temps, plus lents. “On a deux jambes, une jambe droite, l’actualité chaude, et une jambe gauche, qui concerne des sujets plus magazines”, reprend Aurélien Viers. “On doit être suffisamment forts pour trouver l’équilibre entre couvrir une information urgente, rebondir sur l’information et l’expliquer. Bref, il y a en fait trois temps: le temps de la réactivité, le temps de l’explication de l’information qui vient de tomber, et enfin, le décalé”.

Piquer un sprint et courir un marathon à la fois

Il ne s’agit donc pas d’arrêter le temps réel mais de naviguer entre l’un et l’autre, et produire des types de contenus adaptés à des habitudes variées – et des connaissances de l’actualité différentes selon qu’on est très connecté, moyennement connecté, ou pas du tout.

En termes d’organisation rédactionnelle, cela signifie bénéficier d’une équipe assez grande pour qu’elle comporte à la fois des sprinteurs, des marathoniens, et des coureurs de relais. “Quand on essaie de décélérer, d’enquêter pendant une semaine sur les pilules de troisième ou quatrième génération, il ne faut pas se laisser déborder par les urgents”, dit encore Aurélien Viers. Or les urgents, et l’actualité en général, on ne la contrôle pas.

Autre problème, paradoxal: les journalistes, habitués à faire de la veille en ligne et à réagir au quart de tour, se sentent parfois démunis lorsqu’ils ont soudain la possibilité de passer deux jours sur un format plus long. “Au final, on reçoit assez peu de propositions de sujets qui nécessiteraient une semaine de travail en dehors du flux alors qu’on essaie d’encourager nos journalistes à le faire”, soupire un responsable.

Avez-vous pris la résolution de tempérer votre addiction au temps réel? Dites-le dans les commentaires ci-dessous, sur Facebook et sur Twitter, merci!

Alice Antheaume

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Journalistes, arrêtez d’innover

W.I.P. demande à des invités de donner leur point de vue. Ici, Julien Pain, responsable du site et de l’émission Les Observateurs, à France 24.

Crédit: Flickr/CC/Boetter

Le journalisme est en mutation, on ne cesse de le répéter. Les usages de nos audiences évoluent au rythme, effréné, des progrès technologiques. Dans un monde où plusieurs milliards de photos sont postées sur Facebook chaque mois, où YouTube ouvre ses propres chaînes de télévision, les médias traditionnels ont en effet fort à faire s’ils veulent garder un rôle dans cet univers de l’information en constante expansion.

Pourtant, contrairement au cliché rebattu à longueur de conférences sur la crise du journalisme, les médias innovent à l’heure actuelle comme jamais auparavant. Chaque jour apparaissent de nouvelles versions de sites Web, de nouvelles applis pour mobiles et tablettes, pour s’adapter toujours mieux aux usages des consommateurs d’information. Les journalistes ne sont plus, contrairement aux idées reçues, enfermés dans une tour d’ivoire d’où ils ne veulent pas bouger. Ils sont ô combien conscients que le monde bouge, que leur métier est en péril et qu’ils doivent évoluer ou disparaître – eux aussi lisent la presse. Le constat est mille fois vrai et mille fois ressassé. Mais cette course à l’innovation est-elle la seule façon de donner du sens au journalisme? Confrontés au déluge de contenus amateurs, d’images, de témoignages, voire d’analyses d’internautes, l’unique salut des journalistes se trouve-t-il dans la “nouveauté”, dans l’absolue nécessité de réinventer son métier au quotidien?

Appuyer sur stop

Arrêtons un instant la course perdue d’avance dans laquelle nous sommes engagés, cessons de courir comme des canards sans tête à la poursuite du Grand Google et posons nous cette question toute simple: à quoi sert, encore, le journaliste? À inventer des applis Androïd, Iphone et Windows 8 capables de lire des dépêches en 76 langues? Ou à faire sens de cette surabondance de contenus, à vérifier ces images que tout le monde se transmet sans en connaître la source, à enquêter pour faire émerger des informations neuves?

Le journalisme professionnel est nécessaire non pas parce qu’il est capable de s’adapter aux usages de ses clients – il s’agit là d’une obligation économique, mais parce qu’il est intrinsèquement lié au bon fonctionnement de la démocratie. Car sans vérification de l’information, il n’y a pas d’information. Et sans information fiable, l’internaute reste un client, mais il ne peut pas être un citoyen et électeur responsable, c’est à dire capable d’appréhender le monde qui l’entoure.

Crédit: Flickr/CC/Dell

Cela ne veut pas dire que les journalistes peuvent continuer à travailler comme ils le faisaient il y a encore 5 ans. Il est inconcevable notamment de négliger les contenus produits par les internautes. Pour ne prendre que les exemples les plus récents, comment traiter du conflit en Syrie ou de manifestations au Tibet sans les informations et les images sorties sous le manteau par des activistes? Les télévisions, en particulier, savent désormais que les images amateur leur apportent deux types de témoignages dont elle ne peuvent plus se passer. Ce sont aujourd’hui des téléphones portables qui filment souvent le très chaud, l’événement imprévisible, comme par exemple un tsunami ou un attentat. Le journaliste n’arrive dans ces cas là qu’après l’incident. Ses images sont certes plus nettes, mais elles ne montrent pas l’instant où la vague a frappé la côte. Ensuite, les amateurs nous donnent à voir ce qu’un État, ou même parfois les entreprises, voudraient cacher. Pour reprendre le cas de la Syrie, c’est parce que les journalistes y sont non grata que des activistes locaux se sont organisés pour raconter la guerre.

Etre considérés comme les Cro-Magnons de l’Internet…

Mais le cas syrien est également un exemple criant de la nécessité d’un travail journalistique sur les contenus produits par des amateurs. Non pas parce que les vidéos des activistes de Homs ou de Damas sont de piètre qualité. La télévision s’accommode tout à fait de ce genre d’images lorsqu’elles sont fortes. En revanche, les médias traditionnels ont le devoir de vérifier les informations qui leurs sont envoyées avant de les transmettre à leurs audiences. Donner une information juste n’est pas seulement un problème de crédibilité de nos médias. C’est l’ADN même de notre profession et la justification de son existence au sein de notre société.

Or les activistes syriens, comme la plupart des amateurs qui filment des événements d’actualité, ont un agenda politique. Leur objectif premier n’est pas de fournir une information vraie, mais de faire avancer une cause. Il ne s’agit pas de dénigrer le travail et le courage de ces vidéastes amateur qui risquent parfois leur vie pour tourner quelques minutes d’images. Et il est par ailleurs certain que, du côté de la propagande et du mensonge, leur ennemi, le régime syrien, n’a rien à leur envier. Les journalistes ont toutefois l’obligation de faire passer les informations fournies par les rebelles, comme celles de Bachar al-Assad, par un filtre critique.

Vérifier l’authenticité des images et des allégations circulant sur la Toile est en travail ardu, qui prend du temps et qui nécessite parfois des compétences journalistiques spécifiques. Retrouver la première personne qui a posté une vidéo, identifier le lieu et la date de la séquence, repérer les altérations ou les incohérences d’une image nécessite une expérience et parfois même des technologies particulières. Ce travail a d’ailleurs un coût pour les médias. Monter la cellule spécialisée des Observateurs a par exemple été un investissement pour France 24. Un investissement qui peut sembler à première vue moins directement rémunérateur qu’une appli Iphone. Et pourtant gageons qu’à plus long terme le fait d’investir sur la fiabilité de son antenne est un pari au moins aussi gagnant que celui de l’innovation technologique. Donner une information équilibrée et vérifiée n’empêchera pas les dirigeants de Google de nous considérer comme les Cro-Magnons d’Internet, mais rappelons-nous toujours que c’est le credo qui justifie notre profession.

Julien Pain

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Le futur du journalisme passe par la compréhension du code

Crédit photo: Flickr/CC/dmitry-baranovskiy

Le code, considéré comme la nouvelle langue vivante à afficher dans les CV, fait son apparition dans nombre de programmes scolaires. Aux Etats-Unis comme en France.

Dans l’hexagone, la programmation algorithmique est désormais enseignée dans les classes de Terminales S – il y a même eu une question au BAC 2012 sur le sujet. A l’Ecole de journalisme de Sciences Po, l’apprentissage des grands principes du code devient aussi un pilier de la formation des futurs journalistes.

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Les Terminales S et les étudiants en journalisme…

Via un enseignement intitulé «Langage et développement numérique», qui s’échelonne sur 12 semaines de cours, les étudiants vont s’attacher à comprendre – de l’intérieur – la structure des sites d’infos et des applications des éditeurs.

Car le journaliste de demain, sans lui-même créer des interfaces, doit connaître quelques rudiments de code (HTML, PHP, CSS, Javascript). Objectif: se familiariser avec le monde du développement pour imaginer des formats éditoriaux innovants. Ceci passe par un pré-requis: il doit savoir dialoguer avec les développeurs.

«”Naturellement”, les journalistes et les développeurs ne parlent pas le même langage», observe Damien Van Achter, journaliste, qui enseigne avec Pierre Romera le cours «Langage et développement numérique». «Cette distance se traduit même généralement par un éloignement physique entre la rédaction et les équipes techniques. Il y a une sorte de désamour historique entre ces deux professions, nourri par des relations hiérarchiques parfois complexes, des intérêts à court terme et des préoccupations immédiates diamétralement opposées. Or, c’est précisément par leur capacité d’itération répétée sur le code de leurs différentes plateformes, guidées par des intentions éditoriales innovantes, que des rédactions comme celle du Guardian ou du Huffington Post, par exemple, ont fait la différence ces dernières années.»

Si les étudiants en journalisme parviennent à comprendre le travail des développeurs, sinon plus, ils seront davantage à même, estime Damien Van Achter, de «transformer leurs intentions journalistiques en véritable produit à haute valeur ajoutée pour les utilisateurs». Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, au Guardian, la refonte des équipes vise plus de développeurs et moins de journalistes. Pour Alan Rusbridger, le patron du  le patron du Guardian, invité à donner la leçon inaugurale de la rentrée, le futur du journalisme passe par la compréhension du code. Et il n’est pas le seul à penser cela.

Un cours pas si imaginaire

De l’autre côté de l’Atlantique, Brian Boyer, le directeur des applications de NPR, a imaginé le cours qu’il souhaiterait donner à des étudiants en journalisme, un cours qu’il juge essentiel en 2012. C’est fictif – quoique assez réaliste, mais ça vaut le coup de l’oeil. «Le but de ce cours ne serait pas de vous enseigner toutes les compétences nécessaires pour programmer dans une rédaction, mais de vous donner de solides bases pour comprendre cette culture», écrit-il en guise d’introduction, avant de rappeler quels sont les trois ressorts des développeurs:

  1. La paresse (que pourrais-je créer pour réussir à moins travailler?)
  2. L’impatience (attendre, cela me rend fou)
  3. L’hybris (je programme mon ordinateur pour qu’il fasse ce que je veux)

Preuve s’il y en avait besoin que les motivations des développeurs n’ont rien à voir avec celles des journalistes. Ni paresse, ni impatience, ni hybris ne sauraient motiver une bonne enquête. Et c’est même tout l’inverse.

Alice Antheaume

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Cahier de vacances 2012 pour étudiants en journalisme

Crédit: Flickr/CC/Mel B.

Les étudiants de la promotion 2012 de l’Ecole de journalisme de Sciences Po viennent d’être diplômés – et ils l’ont bien mérité. Ceux de la promotion 2014 viennent d’être recrutés.

Que faire de l’été en attendant la rentrée? Alors que, sur subtainablejournalism.org, une cellule de réflexion sur le journalisme de l’Université de Kennesaw, près d’Atlanta, il est conseillé aux étudiants de travailler dur, de suivre des tutoriaux (pour apprendre à coder, par exemple?) et de ne surtout pas s’attendre à gagner des fortunes, voici, pour ceux qui s’impatientent, huit exercices en guise de cahier de vacances… sans obligation de rendu, bien sûr!

1. Se lancer

Pourquoi attendre de travailler dans une rédaction pour commencer à prendre des photos, filmer des manifestations, publier des liens vers les informations du jour? Souvent, les étudiants craignent de ne pas se sentir “légitimes” pour ce faire. S’il s’agit d’écrire un article sur la la crise de la dette, c’est très compréhensible. Mais il est possible de s’exercer avec des sujets plus accessibles: portraits des habitants de son immeuble, blog sur une série télévisée, live-tweets de matchs de foot, carnet de voyage sur une page Facebook, comparaison du prix d’une baguette de pain dans différents endroits géolocalisés sur une Google Map, photos de tous ses déjeuners, etc.

Exercice

Ouvrir un Tumblr, monter un blog, une chaîne sur YouTube ou Dailymotion, un compte Instagram, bref, un endroit où publier. Avant d’y déposer le premier contenu, déterminer la ligne éditoriale de cette publication: de quel sujet parler? Sur quel ton? A quelle fréquence? Et avec quel format (vidéo, photo, article, brève, citation, tweet)?

Résultat attendu

Trouver un “créneau” éditorial, s’y tenir, comprendre les impératifs d’une publication régulière et la responsabilité que cela suppose.

2. Questionner

Un bon journaliste n’a pas peur de poser des questions, y compris celles que personne n’ose formuler par peur du ridicule. Pour s’entraîner, n’importe qui peut servir de cobaye: les proches, un voisin dans le train, le marchand de légumes… L’idée n’est pas de tenir une conversation, mais de réussir à s’effacer derrière ses questions pour laisser l’interlocuteur raconter un élément susceptible d’intéresser le plus grand nombre.

Exercice

En regardant/écoutant une émission télé/radio avec un invité, se demander quelle serait la première question qu’on poserait à cet invité si on était à la place du journaliste qui l’interviewe. Si l’interlocuteur répond à côté, ou ne répond pas, ou pratique la langue de bois, réfléchir à comment la question pourrait être reformulée pour obtenir une meilleure réponse.

Résultat attendu

Comprendre quelle interrogation – et quelle formulation d’interrogation – mène à des réponses bateaux ou des réponses telles que Oui/Non, sans plus de discussion.

3. Aiguiser son regard

Il est indispensable de lire/écouter/regarder tous les jours les productions journalistiques des professionnels, sur quelque média que ce soit. Connaître l’actualité, c’est nécessaire, mais il convient de, peu à peu, développer un oeil professionnel sur la production de ses futurs collègues.

Exercice

Lire un article dans un journal ou un site d’infos et essayer de répondre aux questions suivantes: quelle est l’information principale de l’article? Combien de sources sont citées? Certaines d’entre elles sont-elles anonymes? Pourquoi? Est-ce qu’il y a, sur le même sujet, un traitement différent dans un autre journal paru le même jour?

Idem pour le reportage d’un journal télévisé: quelle est l’information? Combien de séquences contient le reportage? Combien de personnes ont été interrogées? Où se trouve la caméra?

Résultat attendu

Savoir pourquoi le sujet que l’on vient de voir/lire est bon ou mauvais en étant capable d’argumenter à partir d’une grille de critères crédible.

4. Tester des services en ligne

La technique doit aider les étudiants en journalisme, et non les paralyser. Applications, logiciels, services en ligne sont amenés à devenir des quasi collègues. Autant se constituer dès à présent une besace remplie d’outils simples pour faciliter la recherche, la consommation et la production d’informations.

Exercice

Tester différents outils pour “gérer” le flux de l’actualité en temps réel: Tweetdeck , Google Reader, Netvibes, Flux d’actu, News.me, Flipboard, etc. Et essayer de personnaliser les paramètres de chacun de ces outils pour l’adapter à sa consommation d’actualité personnelle.

Résultat attendu

Se familiariser avec l’interface de ces outils et rendre plus rapide la lecture des informations provenant de multiples sources en temps réel. Bref, devenir un “early adopter”, détaille le Nieman Lab.

5. Titrer

Un bon titre, c’est donner toutes les chances à une information d’exister et d’être lue. De phrases de type sujet/verbe/complément aux jeux de mots en passant par des citations, les possibilités de titres sont presque infinies. S’exercer à en imaginer des percutants est un exercice intellectuel qui mérite d’y passer quelque temps.

Exercice

Faire sa revue de presse en postant sur Twitter ou sur Facebook une sélection des meilleures informations du jour, en rédigeant, avant chaque lien, un autre titre que celui qui est affiché, si possible encore mieux…

Résultat attendu

S’initier aux rudiments de l’édition en ligne et à l’art de la titraille.

6.  Pitcher

Non seulement il faut apprendre à regarder autour de soi, dans la rue et sur le réseau, pour y déceler d’éventuels sujets à traiter, mais il faut aussi réfléchir à comment “pitcher” le sujet devant d’autres, exercice obligé des conférences de rédaction. Objectif: obtenir que le ou les rédacteurs en chef d’une future publication valide le sujet et ait envie de le lire tout de suite.

Exercice

Trouver tous les jours un sujet potentiel et être capable de formuler en une phrase claire et concise, à l’oral ou l’écrit, quel serait ce sujet. Celui-ci doit être faisable dans des conditions normales – en vue d’un sujet sur la présidentielle américaine, pitcher “ce que Barack Obama pense vraiment de Mitt Romney” est certes vendeur mais nécessiterait une interview de l’actuel président des Etats-Unis… Peu probable. Une bonne phrase de pitch peut aussi être le titre de l’article à venir.

Résultat attendu

Eclaircir ses idées et savoir les “vendre” en vue d’une publication ultérieure.

7. Faire attention…

A ce que l’on veut dire AVANT de le publier. La faute de carre – diffamation, insulte, publication d’une fausse information – est très vite arrivée en ligne et est considérée comme une faute professionnelle grave, même pour un étudiant. En outre, elle reste gravée dans les méandres du Web, dont la mémoire est infinie, et souille l’empreinte numérique de son auteur et de celui qui le relaie.

Exercice

Lire la charte d’une rédaction comme Reuters, celle de l’Ecole de journalisme de Sciences Po, en vigueur depuis la rentrée 2010, et prendre conscience des risques soulevés par l’usage des réseaux sociaux dans les médias.

Résultat attendu

Réfléchir avant de tweeter.

8. Se déconnecter

Au moins un peu, et c’était une tendance très présente lors de la conférence DLD Women, à Munich, en juillet. Face à l’hyper connectivité, au flux incessant d’infos, le nouveau pouvoir pourrait être à ceux qui défendent le droit de se mettre “hors du réseau” le temps d’une pause. 

Pas d’exercice

Résultat attendu

Recharger les batteries.

Très bon été à tous! Et n’hésitez pas à partager ce WIP sur Facebook et Twitter.

Alice Antheaume

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Faites le plein sur Facebook

Crédit: Flickr/CC/Goiaba

Quels contenus obtiennent, sur Facebook, le plus de likes, de commentaires, et le plus fort taux de partage?

Alors que le trafic sur les sites d’informations en provenance des réseaux sociaux augmente, la question de la visibilité des productions journalistiques sur Facebook reste prégnante.

Entre ceux qui, comme Canal+, ont créé un pôle d’éditeurs afin d’asseoir une stratégie éditoriale sur les réseaux sociaux, et ceux qui, comme Lefigaro.fr, L’Express.fr et l’Equipe.fr, ont développé des «social readers» dans l’environnement facebookien, les éditeurs s’interrogent encore: quand et comment publier sur Facebook pour obtenir le plus fort retour sur investissement?

Grâce à une nouvelle étude réalisée sur 1,3 million de posts publiés sur Facebook et signée Dan Zarrella, un expert des médias américains, c’est l’occasion de mettre à jour les critères d’un contenu facebookable, écrit en avril 2011. Edition, timing de publication, format… Rien ne doit être laissé au hasard pour que les contenus «tournent» au mieux sur Facebook, un bassin d’audience, en France, de près de 25 millions d’inscrits.

  • Le format

Les photos sont très plébiscitées sur Facebook: c’est format qui récolte à la fois le plus de likes et de partages. Mais… concernant le nombre de commentaires, le format texte fonctionne mieux.

Contre toute attente, la vidéo ne récolte pas autant de commentaires ni de likes que la photo même si elle bénéficie d’un meilleur potentiel de partage (deuxième format le plus partagé après la photo, et avant le texte et le lien). Une résultante de l’interface de Facebook qui prévoit que les photos s’affichent plein pot dans le newsfeed (flux d’actualités de Facebook) tandis que les vidéos n’apparaissent que sous la forme de vignette, comme me l’a rappelé Vy Doan, social media editor à Arte.

Le format non facebookable par excellence? Le lien. Mauvaise nouvelle pour les éditeurs.

Crédit : Dan Zarrella

Crédit : Dan Zarrella

Crédit : Dan Zarrella

  • La longueur

Les deux extrémités de l’échelle semblent profitables: un post très court (moins de 30 caractères) ou très long (800 caractères) obtiendra un bon pourcentage de likes. Pour le taux de partage le plus important, visez un post de 450 caractères.

  • Le ton

J’avais déjà écrit que, sur Facebook, les contenus contenant des verbes d’action conjugués à l’impératif sont très prisés. Dans la nouvelle étude de Dan Zarrella, on observe que l’utilisation de la première personne du singulier constitue un ressort insoupçonné. Plus le post comprend des «je», mieux c’est! Un élément facile à utiliser pour diffuser des opinions et des éditoriaux.

Mais que faire, dans ce cas, des «news», ces articles relatant des faits et écrits sur un ton qui n’engage pas son auteur?

Les «posts ayant un ton neutre ont tendance à obtenir moins de likes», confirme cette étude. A croire que l’information écrite façon agence n’est vraiment pas adaptée à Facebook.

En 2011, les contenus les plus partagés étaient ceux qui sont «positifs», rigolos et pédagogiques, tandis que les moins partagés étaient ceux qui provoquent la colère, l’anxiété ou la tristesse.

En 2012, les commentaires sur Facebook sont générés avant tout par des posts dits «très négatifs» plutôt que par des posts empreints de bons sentiments. Cela vous rappelle quelque chose? Les trolls l’ont déjà montré: indépendamment de la qualité des contributions, le volume des commentaires est moindre pour s’émerveiller que pour râler.

  • Le jour de publication

Préférez le week-end pour poster des contenus: les samedi et les dimanche offrent davantage de retours de la communauté, sans doute parce qu’il y a moins de concurrence pendant les week-end que pendant la semaine. Les contenus sont donc plus visibles à ce moment-là.

Le pire jour pour publier sur Facebook? Le jeudi.

  • L’heure de publication

Rien de nouveau depuis l’année dernière: soirées et aurores restent les meilleurs moments de la journée pour publier sur Facebook. La fenêtre du matin peut en outre être subdivisée en deux temps, selon l’effet souhaité: avant 6 heures du matin, le contenu sera mieux partagé ; avant 8 heures, il sera plus «liké».

Merci de partager/liker/commenter ce post sur Facebook.
PS: j’ajoute un «je» pour la forme…

Alice Antheaume

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La pop-up, le retour…

On croyait la pop-up condamnée à rester un format publicitaire de la fin des années 90 sur le Web. Voici qu’elle revient, en 2012, sur des sites d’informations tels que Rue89, lemonde.fr, Business Insider ou le New York Times. Et, cette fois, elle a des ambitions journalistiques.

«La pop-up, c’est le sparadrap du capitaine Haddock. On croit qu’elle a disparu, mais non!», s’amuse Julien Laroche-Joubert, rédacteur en chef adjoint au Monde.fr, qui a oeuvré à la refonte de la maquette du site, sortie en mars 2012, où figure désormais, en bas à droite de l’écran, une pop-up à contenus éditoriaux appelée en interne le «toaster».

De la pub à l’info

Si la pop-up s’offre une autre vie dans l’univers de l’information en ligne, c’est parce qu’elle a gagné ses galons dans l’univers de la messagerie instantanée. Sur Gtalk et sur Facebook, lorsque des utilisateurs conversent en temps réel, leurs échanges s’affichent par défaut dans… une fenêtre en bas et à droite de l’écran. Un usage installé par des années de pratiques et devenu un code de lecture, et même d’interaction.

«Personne n’aime les modes d’emploi», estime Julien Laroche-Joubert. L’intérêt de reprendre un code existant, c’est que «les gens comprennent tout de suite que la pop-up en question sera un lieu de dialogue avec la rédaction.»

De fait, en se connectant sur la page d’accueil du Monde.fr, ce dimanche 10 juin 2012, jour de premier tour des élections législatives, apparaît dans la pop-up la question d’un lecteur à la rédaction – question sélectionnée par celle-ci avant publication: «Avez-vous les résultats pour Mme Rosso Debord (membre de la cellule riposte pendant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy et candidate UMP dans la 2e circonspection de Nancy, ndlr)?». La réponse tombe aussitôt, visible également dans la pop-up: «@Reno : Avec 33,57 % des voix, Valérie Rosso-Debord (UMP) arrive en seconde position derrière le socialiste Hervé Feron (39,51 %)».

La vitrine du «live»

En réalité, plus qu’un espace d’interaction, cette pop-up sert un autre objectif pour lemonde.fr: montrer les «lives», ces formats qui permettent de raconter en direct un événement via mots, photos, vidéos et interactions avec l’audience, que les éditeurs français ont multiplié depuis les révolutions arabes, puis Fukushima, et a fortiori pendant la campagne présidentielle.

Or la réalisation d’un live nécessite des ressources journalistiques lourdes, comme expliqué dans un précédent WIP, «tous scotchés au live». Dans ces conditions, mieux vaut le mettre en majesté. Ce qui passe, sur lemonde.fr, par l’affichage dès la page d’accueil d’un aperçu du live dans une fenêtre ad hoc. Y remonte – c’est programmé par défaut – le message le plus récent posté dans le live qui se déroule au moment où l’utilisateur se connecte. «S’il n’y a pas de live en cours, il n’y a pas de pop-up. Et s’il y a deux lives en même temps, cela devient compliqué», reprend Julien Laroche-Joubert.

Clics et allergies

Un choix qui ne fait pas que des heureux. Certains utilisateurs râlent, estimant que les lives «ne sont que du bruit, et qu’ils n’ont rien à faire sur la page d’accueil du Monde.fr», une page qui, aujourd’hui encore sur ce site, concentre l’essentiel du trafic. D’autres s’énervent contre cette fenêtre jugée intrusive: «Moi qui suis vos lives avec grand intérêt, cette petite fenêtre persistante m’agace au plus haut point pendant la lecture et le choix des articles», peste une lectrice. En effet, cette pop-up, en bonne héritière de son ancêtre publicitaire, peut au mieux se réduire, mais pas se fermer, même lorsque l’on clique sur la croix.

Malgré les doléances, 70% des lecteurs qui rentrent sur un live le font par la pop-up de la page d’accueil, annoncent les équipes du Monde.fr. Le chiffre est d’autant plus signifiant que cette «pop-up éditoriale» n’est visible que depuis un ordinateur. Elle n’apparaît ni sur mobile ni sur les réseaux sociaux, lesquels devraient bientôt être les meilleurs pourvoyeurs d’affluence sur les sites d’informations.

Questions d’ergonomie

Entre tentative d’innovation et résistance au changement, le curseur est difficile à placer pour les éditeurs. Surtout quand il s’agit de s’attaquer à l’ergonomie des sacro-saintes pages d’accueil, symboles de la hiérarchie journalistique choisie par une rédaction.

Au festival South by South West 2012, à Austin, les professionnels ont rendu un diagnostic pessimiste: selon eux, non seulement l’interface de la majorité des sites d’informations n’a pas évolué depuis presque vingt ans, mais en plus les conventions journalistiques (titre, chapeau, etc.) freinent la création de nouvelles expériences.

Quant à la pop-up journalistique, elle a le mérite de bousculer un peu la façon de «rentrer» dans des contenus, mais cela reste une surcouche, posée par dessus le «rubriquage» traditionnel des informations.

Et… autres lectures recommandées

D’autres éditeurs ont aussi recyclé, dans un but éditorial, le format de la pop-up. Sur les sites du New York Times et Rue89, celle-ci vise à recommander des compléments de lectures, et ce, uniquement dans les pages articles – pas sur les pages d’accueil. Lorsque le lecteur arrive à la fin d’un contenu, surgit ainsi une fenêtre, toujours en bas à droite de l’écran, pour «rebondir» sur d’autres contenus de la même thématique que celle qui vient d’être consultée.

Si par exemple je parviens à la chute de l’article «Comment les députés gèrent leurs frais de représentation» sur Rue89, la pop-up me préconise ceci:

 

Si je lis un article sur le New York Times concernant Mitt Romney, ou Barack Obama, on me suggère de poursuivre en cliquant sur un autre article de la rubrique politique:

Les éditeurs en conviennent volontiers: copier le voisin pour récupérer ce qui marche constitue une recette éprouvée. Et reprendre, dans un but journalistique, un format installé par les géants de la technologie encore plus…

Alice Antheaume

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Mobile World Congress: les liaisons mobiles de 2012

Crédit: DR/Mobile World Congress 2012

Si la technologie avait été au point lorsque Facebook est né, «Facebook aurait été une application mobile», et non un site pensé pour l’ordinateur, lâche Bret Taylor, directeur de la technologie de Facebook, lors du Mobile World Congress, l’immense raout annuel de la téléphonie organisé à Barcelone. Pendant quatre jours, plus de 60.000 personnes venues du monde entier se réunissent pour parler téléphones, tablettes, processeurs, écrans, applications, Web et usages.

De Facebook à Google, en passant par les opérateurs de télécoms et les producteurs d’informations, les avis sont unanimes: le mobile, considéré comme le nouvel eldorado de la consommation de contenus, serait sur le point de reléguer l’ordinateur au rang de brontosaure.

Revue des signaux, entendus pendant le Mobile World Congress, qui veulent faire du mobile (smartphone ou tablette) une extension du futur.

  • Révolution par le mobile

«La révolution du smartphone va être universelle», prédit Eric Schmidt, de Google, lors de son discours le mardi 28 février. Et elle ne ferait que commencer. Seul 1 milliard d’happy few possède un téléphone. Sur les 7,3 milliards d’habitants que compte le monde, cela fait beaucoup qui n’ont en pas. «Des milliards de gens n’ont jamais téléchargé d’application, jamais joué à Angry Birds, jamais utilisé le GPS depuis leur mobile pour rentrer chez eux», énumère Eric Schmidt.

Pourtant, «si Google voit juste, il y a aura bientôt un téléphone Android dans toutes les poches», poursuit-il, citant 300 millions d’Android déjà en circulation, dont 850.000 téléphones seraient activés chaque jour. D’après une étude Cisco, le nombre de terminaux mobiles devrait atteindre 10 milliards en 2012, dépassant ainsi le nombre d’habitants de la planète (1). A ce rythme, Google va bientôt «fabriquer des gens» pour faire face à la croissance des mobiles, blague le dirigeant de Google.

Dans le futur, «la technologie doit disparaître», théorise Eric Schmidt. C’est-à-dire ne pas se voir, se fondre dans des outils de plus en plus petits, de plus en plus intégrés à nos vies. «Fini le temps où l’on devait chercher quel câble va avec quel ordinateur, le temps où l’on devait trouver pourquoi votre PC bugue. Désormais, la technologie doit juste être là. Le Web sera à la fois tout, et rien. Comme l’électricité. Toujours là.»

  • Jardinage téléphonique

Crédit: AA

J’ai déjà parlé ici du volume de données auquel on est soumis, en ligne. J’ai moins parlé du déluge d’applications mobiles. Sur ce plan, il y a de quoi dresser un tableau vertigineux: 500.000 applications disponibles sur l’App Store, 400.000 sur l’Android Market. Plus de 19.000 nouvelles applications viennent s’y ajouter chaque semaine, d’après les chiffres de la société d’analyse Distimo.

Ingérable!, fustige Scott Jenson, directeur artistique de Frog, lors d’une conférence au Mobile World Forum sur l’évolution des applications mobile. Celui-ci note que, à cause de ce débordement d’applications, nous «jardinons dans nos téléphones». Métaphore pour montrer que nous y plantons des graines (télécharger des applications), nous arrosons (mettre à jour ces applications), faisons pousser des plantes (lancer ces applications), et désherbons (supprimer celles qui ne conviennent plus).

Pour Scott Jenson, si Google a su installer la recherche sur des pages Web, à l’aide d’un «page rank», le futur sera au classement des applications sur le même principe.

En attendant, et d’après Médiamétrie, les applications mobiles les plus consultées en France sont Google (10,4 millions de visiteurs uniques au cours du mois de janvier 2012), YouTube (8 millions de VU), iTunes (7 millions de VU), Google Center (3,8 millions de VU) et… Facebook (3,2 millions de VU).

  • La vidéo, nouvelle reine des contenus mobiles

Quelles informations sont calibrées pour le mobile? Celles qui sont faites pour être lues à l’instant T, en situation de mobilité, celles qui sont urgentes, celles qui sont produites tôt le matin et tard le soir, celles qui sont visibles sur de petits écrans, celles qui pensent social et référencement. Telle était la liste des critères définis dans un précédent WIP.

En 2012, il faut ajouter à cette liste un nouveau format: la vidéo. C’est ce qui a été répété, à maintes reprises, lors de cette édition 2012 du Mobile World Congress.

Et les chiffres l’attestent: en 2011, le trafic lié à la vidéo a représenté 52% du trafic Internet sur mobile, constate Cisco. «La vidéo, c’est la nouvelle façon des utilisateurs de communiquer», pense John Chambers, le président de Cisco. Et de rassurer ses homologues: à l’avenir, «nos revenus proviendront de ces vidéos».

Côté médias, même tendance à considérer la vidéo comme le nouveau parangon du contenu mobile. Safdar Mustafa, le directeur des activités mobiles d’Al-Jazeera, atteste que la vidéo, oui, ça marche, mais surtout la vidéo en live. «Le live stream de vidéos est un format primordial pour Al-Jazeera, sur mobile et sur d’autres plates-formes».

Les spécificités de ce live stream en vidéo? Image de haute qualité et flux disponible gratuitement, détaille-t-il. Et si, pour Al-Jazeera, le mobile compte tant, c’est que cette plate-forme correspond aux usages de tous ces particuliers qui ont, pendant les révolutions arabes, envoyé des informations, notamment vidéos, par ce biais. «Dans un contexte où il est très difficile, en ce moment, d’obtenir des informations, notamment en Egypte et en Syrie, les contenus que l’on reçoit d’amateurs sont envoyés par mobile. A nous d’intégrer ces usages dans nos applications mobiles».

  • Un téléphone, oui, mais avec connexion permanente, s’il vous plaît  

Crédit: AA

Au Mobile World Congress, le mot «cloud» est sur toutes les lèvres. Le «cloud», ce nuage qui flotterait en permanence au-dessus des têtes et garderait à disposition toutes les données dont on pourrait avoir besoin, est «le nouveau paradigme», estime René Obermann, le président de Deutsche Telekom. Un état de fait, et non un privilège. «C’est perçu comme une commodité, qui doit être accessible tout le temps, sans faille», reprend René Obermann.

«On a vendu de la voix (au sens d’appels téléphoniques, pas au sens de contrôle vocal, ndlr) pendant des années, et maintenant, on vend de l’accès à Internet, en mobilité», résume Jo Lunder, de VimpelCom. Le smartphone, cordon ombilical, relie son propriétaire au Web et donc au monde. Tel est l’axiome sur lequel capitalise déjà toute une industrie. Un axiome qui offre aux producteurs d’informations une nouvelle lucarne.

Toujours selon Cisco, le volume de données échangées sur les réseaux mobiles mondiaux devrait être multiplié par 18 d’ici 2016. Difficile de renoncer, une fois que l’on y a goûté, à cette connexion permanente. Même l’eau n’est plus supposée être un obstacle à l’utilisation du mobile, à en voir ces tablettes et téléphones étanches, plongés dans un aquarium, sur le stand de Fujitsu. Le démonstrateur fait voir aux curieux que, même dans l’eau, le téléphone reçoit des appels – il n’a pas montré comment on pouvait parler à son interlocuteur, dans cette configuration.

Attention à ne pas transformer le téléphone en Frankenstein de nous-mêmes, éclate Andrew Keen, l’auteur du «Culte de l’Amateur», qui s’apprête à sortir «Vertige numérique». «Avec notre addiction croissante à nos téléphones portables, nous risquons de créer un monstre que nous serons de moins en moins capables de contrôler», écrit-il. «J’exagère? A quel point vous sentez-vous nu sans votre téléphone?».

Cette angoisse a désormais un nom: la «nomophobie», qui désigne la peur de perdre son téléphone ou d’être sans téléphone. Selon une étude réalisée au Royaume Uni, 66% des personnes interrogées souffriraient de ce nouveau mal.

(1) En France, selon le rapport Comscore intitulé Mobile Future in Focus, le taux de pénétration des smartphones, ces téléphones dotés de connexions à Internet, serait de 40% en décembre 2011 – moins que pour l’Angleterre (51,3%) et l’Espagne (51%).

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Alice Antheaume

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«Old», le nouveau tacle des journalistes en temps réel

Crédit: Flickr/CC/chrisinplymouth

Un jour comme un autre dans une rédaction en ligne. Un journaliste envoie à ses collègues, par messagerie instantanée, le lien vers une information qu’il juge intéressante. A la réception de son lien, ses collègues lui assènent: «old!». Old comme… vieux.

Façon de disqualifier cette information qui «tourne depuis au moins 2 heures sur les réseaux sociaux», justifient les intéressés. Et qui, en somme, serait donc (déjà) trop datée pour être publiée sur un site d’infos en temps réel.

Sous ses airs de jeu potache, l’emploi du véto «old» dans les rédactions dénote une exigence de tempo et de vérification qui s’exacerbe.

Question de tempo

«C’est pénible de voir sur Twitter des informations qui ont plus de 48h, lues déjà des dizaines de fois», lâchent ces producteurs de contenus numériques. Inutile, selon eux, de publier des redites de l’actualité sans plus value.

Avec l’accélération du temps réel de l’information, accru par les «lives», ils prônent le «tempo» de l’information. Le tempo, c’est publier LA bonne information au bon moment. Le cœur de la guerre sur le terrain du journalisme numérique.

«Il y a une question d’adéquation entre le moment où tu donnes l’information et la qualité de l’information», explique Emmanuelle Defaud, chef des informations à France TV Info. «Dans le temps T, tu peux donner une information qui vient de sortir, en restant sur des faits bruts. 24h ou 48h plus tard, il te faut un angle sur cette même information: tu ne peux pas donner juste le fait, tu dois le décrypter.»

Le temps du factuel précède le temps des explications, du décryptage, de l’analyse. Ce n’est pas spécifique au numérique mais, à l’ère du temps réel sur le Web, tout retard à l’allumage sur le premier temps, celui de l’information factuelle, risque de paraître anachronique.

Pardon si c’est «old»

Désormais, des utilisateurs de Twitter en viennent à (presque) s’excuser de mentionner une information dont ils pressentent qu’elle a déjà été relayée, en ajoutant le terme «old» à leurs tweets, ou en précisant «j’avais raté cela»… Tant et si bien que le mot «old», qui devrait figurer dans la novlangue des journalistes en ligne, est devenu un hashtag sur Twitter et n’est pas utilisé que par des journalistes.

«Old» est donc le nouveau tacle entre journalistes et utilisateurs connectés. L’apparition du mot «old» dans les rédactions montre que le  journalisme, tel qu’il se pratique en ligne, s’inscrit dans une culture du partage. Les journalistes partagent des informations, s’envoient des photos, des liens vers vidéos, des gifs animés, commentent des messages repérés sur les réseaux sociaux, publient des liens, en guise de statut, depuis leur messagerie instantanée. Bref, ils vivent, comme leurs lecteurs, dans une omniprésence de liens.

Premier

Dans cette culture du partage, un bon journaliste est le premier à donner un lien. Sa mission consiste à découvrir la «bonne histoire» avant les autres, qu’il s’agisse d’une histoire produite ailleurs (sur un site concurrent ou sur les réseaux sociaux) et dont le journaliste se ferait le «détecteur», ou d’une histoire dont il serait témoin sur le terrain – un usage que veut maintenant récompenser le prix Pulitzer avec sa catégorie breaking news, dont les critères ont été modifiés afin de rendre compte «aussi vite que possible, des événements qui se passent en temps réel et au fur et à mesure».

L’enjeu, c’est donc d’être à l’origine de la chaîne.

MISE A JOUR (15h25): Signalé par des commentateurs de WIP (merci à eux), l’existence d’un outil intitulé Is it old? (est-ce que c’est vieux?) qui permet de savoir si le lien que l’on s’apprête à envoyer à ses collègues a déjà été twitté ou pas.

Remonter l’histoire d’un lien

Pas de miracle, mieux vaut être accro au réseau. Outre la connaissance des faits, la capacité à enquêter et à raconter une histoire, le journaliste en ligne doit savoir établir l’historique d’un lien. Où a-t-il été publié pour la première fois? Par qui? Quand? Qui est la première source? La réponse à ces questions suppose de savoir remonter le temps, à la minute près, sur le Web et les réseaux sociaux, à la recherche de la première source.

Une compétence fondamentale dans l’univers numérique, et dont s’enorgueillissent volontiers les journalistes en ligne, habitués à traquer les dates, les heures, les minutes, de publication et/ou de mise à jour et à retrouver la trace de personnes réelles derrière des pseudonymes.

Journalistes fact-checkés

Vigilance obligatoire. Car il n’y a pas que les politiques qui soient soumis au fact checking. Les journalistes en ligne aussi, et ce, le plus souvent par leurs pairs. Ces «old» qui ponctuent la vie des rédactions, c’est une forme de vérification de la pertinence du sujet. Et voir son sujet taxé de «old» n’arrive pas qu’aux autres.

«On peut se faire happer par quelque chose qui est viral, mais vieux, donc il faut faire attention à bien connaître l’histoire dont on parle», reprend Emmanuelle Defaud, en citant l’exemple d’une photo ayant beaucoup circulé sur Facebook au mois d’octobre 2011. Celle-ci, signée Reuters, montrait des araignées, chassées par les eaux, venues tisser leurs toiles sur un arbre. «Vue et partagée au moment des inondations en Inde, on a d’abord cru qu’il s’agissait d’une très forte photo de cette actualité avant de…. comprendre que cette photo datait en fait de 2010 lors des inondations au Pakistan».

S’écrier «old», c’est donc faire rempart (collectif) contre la tentation de la viralité. Histoire de ne pas «être suiviste, mais informé».

Si vous aimez cet article (et que vous ne le trouvez pas déjà «old»), merci de le partager sur Twitter et Facebook.

Alice Antheaume

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La formule de l’info “twittable”

Crédit: Flickr/CC/Pete Prodoehl

“Lady Gaga estomaquée par la biographie sur Steve Jobs, à lire sur Mashable”. Ce (faux) message ferait sans doute un carton sur Twitter. C’est ce que j’ai appris en lisant une étude menée par Bernardo Huberman, du laboratoire Hewlett Packard de Palo Alto, en Californie. Une étude sur… la possibilité de prédire la popularité des informations publiées sur Twitter.

Après avoir analysé l’actualité et la façon dont elle s’est répandue sur Twitter, pendant une semaine au mois d’août dernier, Huberman et deux autres chercheurs ont trouvé la formule pour prévoir – à 84% – si une information sera très diffusée (ou pas) sur le réseau social avant même qu’elle ne soit tweetée. La formule tiendrait à quatre facteurs:

1. Le sujet

Comme ailleurs, les informations concernant les scandales, le sexe, les réseaux sociaux ou la technologie, bénéficient d’une plus forte viralité sur Twitter.

2. Les personnes dont il est question dans le sujet

Sans surprise, les sujets les plus “twittables” sont ceux qui mentionnent des personnalités connues.

3. La source du sujet

Parce que les utilisateurs de Twitter sont plutôt connectés, un média de référence sur les nouvelles technologies a plus de poids qu’une autre source.

4. La subjectivité du sujet

Que le sujet soit écrit de façon “neutre” ou “engagée” n’aurait pas d’influence sur sa “tweetabilité”.

Algorithme

Il y aurait là de quoi créer un programme à installer sur les ordinateurs des journalistes, avance Huberman, interrogé sur MSNBC. Ce programme, basé sur la formule des quatre facteurs, permettrait de “scanner chacun des articles écrits par les journalistes afin de leur dire, à l’avance, comment leur article va prendre sur Twitter”, et comment, donc, ils peuvent le changer pour améliorer sa popularité sur le réseau social.

Inquiétant? Oui, répond Huberman. Plus que la liste des facteurs pour rendre un contenu journalistique “facebookable” ou visible sur Google, la formule de l’information “twittable” est catégorique. Si tout le monde utilise cette formule, “toutes les informations se ressembleront” afin d’être compatibles avec Twitter, craint le chercheur, toujours sur MSNBC. En outre, cela laissera sur le carreau d’autres informations. “Celles qui ne contiennent pas les caractéristiques (décrites ci-dessus, ndlr) seront noyées. Personne ne les remarquera. C’est triste.”

A la main

Pas si vite. Il semble, d’après les tests menés de façon empirique sur Twitter – certes non homologués par une étude, que le journaliste a aussi d’autres cordes à son arc pour améliorer la diffusion des informations sur ce réseau social:

  • le “timing” de publication (jour et heure) du tweet renvoyant vers une information, sachant que certaines plages sont déjà sur-saturées, rendant plus difficile sa visibilité
  • l’art de “titrer” le tweet pour attirer l’attention sur le contenu

Qu’est-ce qui, selon vous, constitue une information “twittable” ou pas? Merci pour vos commentaires et vos partages sur Facebook et Twitter!

AA

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Trop de liens tuent-ils le lien?

Crédit: Flickr/CC/chrisdlugosz

«Où est passé le bon vieux temps où la substance de vos tweets était ce que vous disiez, et non ce sur quoi vous pointiez?», interpelle un étudiant américain qui a fondé FastBlink, une société de marketing sur les réseaux sociaux. Pour lui, trop de liens saturent l’espace en ligne, et ce, au détriment des «messages». Un phénomène qu’il qualifie, en anglais, d’«overlinkification».

Et si cette «overlinkification» ne concernait pas que les messages sur Twitter mais aussi les contenus journalistiques? Y a-t-il trop de liens sur les sites d’informations?

Regardons la colonne centrale de Le Huffington Post, lancé lundi 23 janvier en France. Elle comporte des liens, dès la page d’accueil, vers des actualités issues d’autres médias (voir ci-dessous). Comme ce contenu sur Jean-Claude Trichet remplaçant d’Arnaud Lagardère chez EADS, pointant sur lesechos.fr. Ou ce zoom sur trois projets de François Hollande, à lire sur lemonde.fr (le groupe Le Monde est actionnaire à 34% du projet Huffington Post en France).

Sur l’agrégation de contenus extérieurs directement sur la page d’accueil, il faut le voir comme un service rendu au lecteur – et un geste envers les médias cités. Ensuite, il y a l’enrichissement de liens à l’intérieur-même d’un papier. Oui, les contenus publiés en ligne gagnent à être enrichis de liens si 1. ceux-ci ne sont pas commerciaux et si 2. ils font l’objet d’un travail de sélection journalistique. A quoi bon diffuser un contenu sur le Net si celui-ci ne pointe pas vers les ressources, triées sur le volet, disponibles en ligne?

La recherche de liens pertinents fait partie intrinsèque du journalisme en ligne

Trouver un «bon lien», c’est-à-dire un contenu apportant un vrai complément d’informations, repéré à force de naviguer (Pierre Haski de Rue89 le fait à ciel ouvert sur Twitter cette semaine, en signalant un article du New York Times annonçant la victoire de Nicolas Sarkozy «à se garder sous le coude pour le 6 mai»), cela prend du temps. Parfois autant que d’écrire un article. Un article avec des «bons liens» = 10 ou plus contenus intéressants potentiels à portée de clic pour le lecteur.

Nombreux sont les sites d’informations qui pratiquent l’agrégation de liens comme sport national – dès le lancement du Drudge Report, en 1994, cela était déjà le cas. Ce «sport», Le Huffington Post le revendique, en se voulant une «combinaison de reportages originaux, commentaires, blogueurs, et… d’agrégation». Il s’agit de donner à voir «le meilleur du Web, pas ce que l’on produit, mais ce que les autres produisent», a insisté  la fondatrice Arianna Huffington, lors de la conférence de presse.

Les liens automatiques

Sauf que…. les liens repérés dans les articles ne sont pas tous le fruit d’une recherche fouillée du journaliste. Certains sont des liens automatiques qui s’ajoutent sur des mots, au fil de l’écriture, comme c’est le cas sur le site du Christian Science Monitor. Cette publication utilise en effet, selon Poynter, un programme informatique qui insère des liens sur, par exemple, les termes Harvard et Twitter pour y lier de vieux articles du Christian Science Monitor. Mauvaise idée? Pour le référencement de la page et du site, non. Pour la progression de l’audience, priée de rester cantonnée à l’intérieur de ce même site, idem. Mais c’est le niveau 0 du journalisme en ligne.

Entre le trop et le pas assez

En outre, à partir de combien de liens estime-t-on qu’il y a trop de liens? Cela freine-t-il la lecture, voire la décourage? La réponse n’est pas écrite. Entre le trop et le pas assez, «il y a un équilibre à trouver pour les rédactions en ligne», reprend Justin Martin, de Poynter. «Offrir trop de liens peut conduire les lecteurs à s’interroger sur l’intégrité des références. Les ensevelir sous des liens qui ne ramènent qu’à son propre contenu est preuve d’amateurisme, et peut frustrer les consommateurs d’informations».

Aux étudiants de l’Ecole de journalisme de Sciences Po, à qui l’on enseigne comment éditer en ligne, on suggère de trouver un «bon lien» par paragraphe. La règle n’est pas figée, il s’agit avant tout de donner un repère.

Sur une seule page article de Le Huffington Post, il y a près de 100 liens. Sur les mots ou phrases écrits dans les articles, mais aussi sur l’auteur de l’article, dont on peut suivre l’activité journalistique sur Facebook et Twitter, et sur les utilisateurs du site, parmi lesquels nos amis, dont on voit ce qu’ils lisent et ce qu’ils commentent. Résultat, des contenus remontent par la mécanique de la recommandation sociale (je lis ce que mes amis lisent).

Le lien, enjeu économique

C’est le principe d’utilité du réseau, mentionné dans Une Presse sans Gutenberg, de Bruno Patino et Jean-François Fogel (éd. Grasset) et théorisé par Robert Metcalfe, l’inventeur de l’Ethernet: «L’utilité d’un réseau est proportionnelle au carré du nombre de ses utilisateurs».

Sous ses airs de ne pas y toucher, le lien est devenu une denrée en or dans des espaces où l’on joue à saute-mouton entre les différentes informations. D’après une étude menée par Borchuluun Yadamsuren, une post-doctorante de l’Université de Missouri, aux Etats-Unis, nombreux sont ceux qui s’informent sans même le vouloir, juste parce qu’un lien vers une information traînait sur leur chemin en ligne. Un lien, et qui plus est un titre, qui a retenu leur attention, pendant qu’ils faisaient une requête sur Google, lisaient leurs emails, ou  sur les réseaux sociaux. Ce sont les informations qui trouvent les lecteurs, plutôt que l’inverse.

«Le lien est au coeur de notre stratégie», m’explique Julien Codorniou, de Facebook. «Facebook, comme Twitter, s’apparentent à des lieux de découverte qui mènent à d’autres endroits où consommer de l’information».

Reliés par le lien

Bref, le lien, c’est un peu l’appel du maître de maison pour passer à table. Autour de cette table, qui désigne le lieu où l’on consomme des informations, il y aurait, pour adapter la terminologie de la chercheuse Yadamsuren, quatre types de publics:

  1. les affamés, qui se connectent aux sites d’actualité plusieurs fois par jour, sciemment.
  2. ceux qui sont au régime et évitent de se rendre sur des sites d’infos, parce qu’ils n’ont pas confiance.
  3. les hôtes, qui n’ont «pas d’habitude ancrée, et ne cherchent ni à s’informer ni à éviter de s’informer. Ils savent que si une information importante survient, ils l’apprendront».
  4. les amateurs de grande tablée, qui «font confiance à leurs amis pour repérer une information qui vaudrait le coup d’oeil plutôt qu’à la hiérarchie des journalistes».

Tous réunis par le sacro-saint pouvoir du lien…

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Alice Antheaume

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