“Lady Gaga estomaquée par la biographie sur Steve Jobs, à lire sur Mashable”. Ce (faux) message ferait sans doute un carton sur Twitter. C’est ce que j’ai appris en lisant une étude menée par Bernardo Huberman, du laboratoire Hewlett Packard de Palo Alto, en Californie. Une étude sur… la possibilité de prédire la popularité des informations publiées sur Twitter.
Après avoir analysé l’actualité et la façon dont elle s’est répandue sur Twitter, pendant une semaine au mois d’août dernier, Huberman et deux autres chercheurs ont trouvé la formule pour prévoir – à 84% – si une information sera très diffusée (ou pas) sur le réseau social avant même qu’elle ne soit tweetée. La formule tiendrait à quatre facteurs:
1. Le sujet
Comme ailleurs, les informations concernant les scandales, le sexe, les réseaux sociaux ou la technologie, bénéficient d’une plus forte viralité sur Twitter.
2. Les personnes dont il est question dans le sujet
Sans surprise, les sujets les plus “twittables” sont ceux qui mentionnent des personnalités connues.
3. La source du sujet
Parce que les utilisateurs de Twitter sont plutôt connectés, un média de référence sur les nouvelles technologies a plus de poids qu’une autre source.
4. La subjectivité du sujet
Que le sujet soit écrit de façon “neutre” ou “engagée” n’aurait pas d’influence sur sa “tweetabilité”.
Algorithme
Il y aurait là de quoi créer un programme à installer sur les ordinateurs des journalistes, avance Huberman, interrogé sur MSNBC. Ce programme, basé sur la formule des quatre facteurs, permettrait de “scanner chacun des articles écrits par les journalistes afin de leur dire, à l’avance, comment leur article va prendre sur Twitter”, et comment, donc, ils peuvent le changer pour améliorer sa popularité sur le réseau social.
Inquiétant? Oui, répond Huberman. Plus que la liste des facteurs pour rendre un contenu journalistique “facebookable” ou visible sur Google, la formule de l’information “twittable” est catégorique. Si tout le monde utilise cette formule, “toutes les informations se ressembleront” afin d’être compatibles avec Twitter, craint le chercheur, toujours sur MSNBC. En outre, cela laissera sur le carreau d’autres informations. “Celles qui ne contiennent pas les caractéristiques (décrites ci-dessus, ndlr) seront noyées. Personne ne les remarquera. C’est triste.”
A la main
Pas si vite. Il semble, d’après les tests menés de façon empirique sur Twitter – certes non homologués par une étude, que le journaliste a aussi d’autres cordes à son arc pour améliorer la diffusion des informations sur ce réseau social:
Qu’est-ce qui, selon vous, constitue une information “twittable” ou pas? Merci pour vos commentaires et vos partages sur Facebook et Twitter!
AA
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@Alice
Votre réaction me paraît assez grave. Vous écrivez <>, et vous répondez à ces craintes par une surenchère : pour échapper à ce risque, il faudrait publier au bon moment et bien titrer. Donc vous acceptez implicitement l’idée que le but de tout journaliste est d’avoir un maximum de reprises sur les réseaux sociaux. En tant que journaliste, je récuse cette idée, ce “journalisme quantitatif”, cette dictature du tweetermètre. Si c’était vrai, ce serait réellement inquiétant, l’ensemble des médias étant condamnés à ne plus sélectionner que les infos people trash. Il me semble au contraire qu’il existe une demande de certains lecteurs pour des analyses approfondies, ou des informations utiles, ou des informations qui leur ouvrent des perspectives, ou des informations ciblées qui n’intéressent que peu de personnes mais pour lesquelles cet intérêt est très fort, etc. Bref, l’aspect qualitatif de l’information me paraît au moins aussi important que l’aspect quantitatif. Je crois que la valeur ajoutée de toutes les informations ne se vaut pas, qu’elle dépend aussi de celui qui la reçoit, et que tous les lecteurs ne sont pas intéressés par la même chose. Et, surtout, que c’est la grandeur de notre profession de savoir répondre à toutes les sortes de besoins d’informations et pas seulement à ce qui semble être la demande dominante du moment.
L’étude récente “who gives a tweet” donne des critères sur ce qui intéresse et ce qui intéresse moins dans un tweet. Il en ressort que l’information, présentée de manière humoristique, avec un aspect pratique, a toutes les chances de plaire.
L’usage malin des hashtags, voire le commentaire post-lien peuvent créer un lien complice avec le follower que peu (aucun ?) d’algorithmes peuvent générer.
Au final, c’est le lien personnel, la “relation numérique”, bâtie dans le temps et par le style, qui donne envie de lire et éventuellement retweeter. Un gazouillis des @Garriberts est facilement reconnaissable.
(article + étude)
http://www.theatlantic.com/technology/archive/2012/01/be-better-at-twitter-the-definitive-data-driven-guide/252273/
http://www.cs.cmu.edu/~pandre/pubs/whogivesatweet-cscw2012.pdf
N’en déplaise, pour une fois, à AA, le même sujet a été traité ” de manière plus longue, plus approfondie et aussi plus drôle ici.”