La gratuité se présente souvent masquée. En ce qui concerne les jeux sur téléphones mobiles téléchargés par millions par les utilisateurs de smartphones, elle peut dissimuler un espionnage qui consomme à lui seul jusqu’à 75% de la charge de la batterie dédiée à ces applications. En effet, ces dernières communiquent en permanence des informations sur l’utilisateur à des annonceurs, en particulier sa géolocalisation fort coûteuse en énergie. Tel est le résultat de l’étude effectuée par un professeur en électricité et en informatique de l’université de Purdue, Charlie Hu. “Il apparaît que ces applications gratuites ne le sont pas vraiment car elle induisent un coût caché: la réduction de l’autonomie de la batterie”, affirme-t-il. “Nous avons réalisé une analyse en profondeur, la première du genre, sur 6 applications populaires sur les smartphones comprenant le jeu Angry Birds, Facebook et le navigateur sous Android”, précise Abhinav Pathak, un doctorant travaillant avec Charlie Hu. Résultat: de 65% à 75% de l’énergie utilisée par ces applications n’est pas exploitée pour les faire fonctionner mais pour assurer des services publicitaires. Le “module commercial” d’Angry Birds absorbe ainsi 75% de l’énergie consommée par le jeu. Les 25% restants servent au jeu lui-même. “Nous pensons qu’il s’agit essentiellement de fournir aux annonceurs des informations sur la localisation géographique des utilisateurs afin que les publicités qui lui sont adressées soient précisément adaptées au lieu où ils se trouvent”, indique Charlie Hu. Autrement dit, si vous jouez à Angry Birds à proximité d’un centre commercial, d’un magasin ou d’un restaurant, vous recevrez de la publicité pour les commerçants les plus proches de vous. Le principe de l’affichage adapté au téléphone mobile.
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont mis au point un outil de profilage de la consommation d’énergie des applications de téléphones mobiles baptisé Eprof. “Il existe environ un million d’applications pour smartphone depuis leur apparition, il y a 5 ans environ mais il n’existait pas d’outils pour que les développeurs mesurent la consommation d’énergie de leurs logiciels”, note Abhinav Pathak qui espère que Eprof va permettre d’économiser de l’énergie. La publication des chercheurs montre que cette consommation peut être réduite de 20% à 65%.
Pistage mobile
L’équipe des scientifiques, qui comprend également Ming Zhang, chercheur chez Microsoft Research, s’est focalisée sur la question de la consommation d’énergie qui réduit l’autonomie des batteries de téléphones mobiles. La question de la protection de la vie privée, mise à mal par cet espionnage masqué, ne faisait pas partie de leurs préoccupations. Pourtant, leur découverte révèle une tendance lourde. Tandis que la navigation sur Internet fait déjà l’objet d’une pistage méticuleux par des acteurs devenus incontournables comme Google ou Facebook, c’est au tour des téléphones mobiles de devenir des auxiliaires indiscrets des services de marketing.
Michel Alberganti
lire le billetUne étude publiée dans la revue Human Relations par des chercheurs de l’Université Concordia, de l’Université de Montréal et d’HEC Montréal, souligne que l’attachement à l’entreprise peut conduire à l’épuisement émotionnel. Ce constat ne surprendra guère ceux, de plus en plus nombreux, qui ont expérimenté le harcèlement au travail. Mais il confirme le phénomène et l’analyse sur un échantillon bien plus jeune que et ces vieux de 55 ans et plus que l’on cherche à pousser vers la sortie. L’enquête des chercheurs a porté sur 260 salariés de différents secteurs d’activité, y compris les technologies de l’information, les services de santé, le génie et l’architecture, âgés en moyenne de 34 ans et dont environ 33 % occupaient un poste de direction et 50 % travaillaient dans le secteur public.
Manque de choix
Le résultat est édifiant. « L’employé qui reste dans une entreprise parce qu’il pense n’avoir aucune autre option risque de souffrir d’épuisement émotionnel et de finir par quitter son travail. Par conséquent, les employeurs devraient peut-être tenter de minimiser chez leurs salariés l’engagement “par manque de choix” et plutôt développer leurs compétences. Ils accroîtraient ainsi leur sentiment de mobilité et, paradoxalement, leur donneraient envie de continuer à exercer leurs fonctions », explique Alexandra Panaccio, coauteure de l’étude et professeure adjointe au Département de management de l’École de gestion John-Molson de Concordia.
Le paradoxe, c’est que ce sont les personnes qui ont la meilleure estime de soi qui sont les plus affectées par le manque de débouchés professionnels. « Il se pourrait qu’en l’absence d’un lien émotionnel avec l’entreprise, l’attachement par obligation soit vécu comme une forme d’endettement – une perte d’autonomie qui finit par être émotionnellement épuisante au fil du temps », ajoute Alexandra Panaccio.
Démotivation
Cette étude corrobore le dernier Baromètre Ipsos Edenred sur le « Bien-être au travail et la motivation des salariés français » qui indique que:
“Si les salariés Français s’affichent comme les recordmen de la démotivation (40%, +2), le constat est plus mitigé : 86% se disent ainsi en parallèle « heureux dans leur travail » et « fiers de leur travail ». La charge affective associée au travail en France demeure très forte.”
L’insatisfaction au travail n’apparaît pas comme une fatalité lorsque l’on considère les résultats de ce baromètre en Allemagne où 74% des salariés se disent satisfaits de leur situation professionnelle (+9%) et où 70% d’entre eux se déclarent confiants dans l’avenir de leur entreprise.
Ainsi, les Français semblent nombreux à se trouver dans la situation décrite par les chercheurs canadiens: attachés à leur travail mais insatisfaits. Des victimes potentielles de l’épuisement émotionnel.
Michel Alberganti
“En l’attendant je fais des vents des pets des poums”, chantait Serge Gainsbourg dans un titre quasi éponyme. Eh bien, une équipe de chercheurs de l’université de Floride du Sud a réussi à enregistrer un air assez différent. Il s’agit en effet, semble-t-il, du bruit émis par des poissons qui pètent, la nuit, par plus de 40 mètres de fond. Improbable ? Ecoutez plutôt !
Les chercheurs ont réalisé cette découverte par hasard. Ils utilisaient un robot en forme de suppositoire, genre torpille, baptisé “planeur” pour parcourir la baie de Tampa afin d’enregistrer, à l’aide d’un microphone embarqué, les bruits émis par les poissons au rythme d’un échantillon de 25 secondes capté toutes les 5 minutes. L’objectif scientifique était d’utiliser cette cartographie sonore pour mieux situer les différentes espèces de poissons présentes dans la baie et mesurer la température et la salinité de l’eau de mer ainsi que la profondeur.
Après une campagne de mesures d’une semaine, les scientifiques ont comparé leurs enregistrements sonores avec les cris connus de différentes espèces de poissons. Ils ont ainsi constaté que les Mérous nègres et les poissons crapauds étaient les plus nombreux dans la baie. Mais le bruit le plus étrange, que les chercheurs ont attribué à des pets, semble provenir de différentes espèces de harengs, dont les menhadens (Brevoortia tyrannus). Ces pets proviendraient d’un organe de flottaison baptisé “vessie gazeuse”.
Étonnant, non?
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Mise à jour du 2 avril 2012:
Contrairement aux apparences qui ont pu en tromper certains, ce billet n’est pas un poisson d’avril. Tout ce qu’il contient provient d’une véritable étude scientifique publiée dans la revue Marine Ecology Progress Series le 8 mars 2012.
Michel Alberganti
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