Orgie chez les serpents jarretières

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Imaginez une telle situation dans laquelle, de surcroît, les mâles sans bras auraient les yeux bandés… C’est le problème rencontré par les serpents-jarretières, ou couleuvres rayées (Thamnophis sirtalis parietalis) qui ne détectent les femelles, pourtant souvent plus grosses, qu’à l’odeur. Ces reptiles qui arborent de ravissantes rayures rouges sur leurs flancs sont fortement attirés par les phéromones sexuelles exhalées par la peau des femelles. Mais le fonctionnement exact de ce système de reconnaissance a longtemps échappé aux chercheurs.

Mâles “féminisés”

Rockwell Parker et Robert T. Mason, du département de zoologie de l’université de l’Oregon, ont donc fait l’expérience suivante: des capsules d’œstrogènes ont été implantées près des testicules de serpents mâles afin de simuler la production d’hormones par les femelles. Ensuite, des mâles normaux ont été placés en situation de choisir entre les traces odorantes laissées par des mâles “féminisés”, des femelles de petite taille et des femelles de grande taille, ainsi que des mâles transsexuels, c’est à dire émettant naturellement une petite quantité de phéromones femelles. Et les chercheurs ont pu constater que les mâles normaux étaient attirés de la même façon par les mâles féminisés et les grandes femelles, comme ils le rapportent dans leur article paru dans The Journal of Experimental Biology.

Risques de confusion via la pollution

Ils en concluent que ce sont bien les œstrogènes qui agissent seuls comme moteurs de l’attraction sexuelle entre les serpents-jarretières et que la forme des femelles n’intervient pas. Un constat inquiétant, selon les chercheurs. En effet, les agents chimiques polluants mimant les œstrogènes pourraient perturber la reconnaissance sexuelle des serpents et donc leur reproduction. Les mâles pourraient en effet jeter leur dévolu sur d’autres mâles ayant la même odeur que les femelles. “La bonne nouvelle, c’est que ces phénomènes perturbateurs sont réversibles”, concluent-ils.

Michel Alberganti

Rappel: Participez à l’exercice de prospective que vous propose Slate et Globule et télescope: Ce sera comment, la vie en 2112 ?

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Première radiographie d’un séisme

Séisme d'avril 2010 près de Mexicali - Les zones en bleu sont descendues tandis que celles en rouge sont montées. Image: Michael Oskin, UC Davis

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bien difficile de mesurer l’impact d’un séisme sur une région. Après coup, il est trop tard. Il faut donc disposer, avant le tremblement de terre, d’un relevé topographique très précis de la zone touchée. Ces phénomènes ne prévenant jamais à l’avance, il faut anticiper… Étant donné l’étendue des régions concernées, le travail semble titanesque. Même si les grandes failles de la croûte terrestre sont, bien entendu, des zones indéniablement dangereuses. Alors avec un peu de “chance”…

C’est ce dont ont bénéficié les chercheurs américains, mexicains et chinois qui signent une publication dans la revue Science du 10 février 2012 sur le séisme survenu le 4 avril 2010 à 20 km de Mexicali, capitale de l’Etat mexicain de Basse Californie. D’une magnitude de 7,2 sur l’échelle de Richter, ce tremblement de terre a touché une région située tout près de la frontière américaine et 20 millions de personnes l’ont ressenti. Le bilan humain fait état de 2 morts et plus de 200 blessés.

Relevé topographique au laser

Le résultat des travaux de l’équipe dirigée par Michael Oskin, professeur de géologie à l’université de Californie Davis, sont publiés aujourd’hui, 10 février 2012, dans la revue Science. “Nous pouvons apprendre beaucoup sur le fonctionnement des tremblements de terre en étudiant les récentes ruptures de failles”, déclare-t-il. Après le séisme de Mexicali, le chercheur a profité du relevé topographique de la région réalisé en 2006 par le gouvernement mexicain. Avec le concours du National Center for Airborne Laser Mapping (NCALM), les chercheurs ont utilisé la technologie de mesure au laser (LIDAR pour Light detection and ranging) pour effectuer un nouveau relevé grâce à l’envoi d’impulsions laser depuis un avion. Les systèmes récents de ce type détectent des variations d’altitude de quelques centimètres.

Un séisme engendré par plusieurs petites failles

Grâce au LIDAR, une surface de plus de 350 km2 a été à nouveau mesurée. Une mission au sol, effectuée par John Fletcher et Orlando Teran est venue compléter les informations. Ensuite, les chercheurs ont détecté les différences de hauteur provoquées par le séisme en comparant le relevé topographique de 2006 avec le nouveau, effectué en 3 jours. Le résultat est spectaculaire (image ci-dessus que vous pouvez agrandir en cliquant). Il montre, en bleu, les zones qui se sont enfoncées et en rouge celles qui sont montées sous l’effet du mouvement des failles à l’origine du séisme. Le tremblement de terre de Mexicali ne s’est en effet pas produit sur une faille majeure, comme celle de San Andreas qui menace Los Angeles et San Francisco dans la même région, mais sur une série de petites failles de la croûte terrestre. Le relevé LIDAR montre comment les mouvements de 7 de ces failles mineures peuvent engendrer un séisme majeur. “Un phénomène sous-estimé jusqu’à présent”, note Michael Oskin.

Michel Alberganti

Rappel: Participez à l’exercice de prospective que vous propose Slate et Globule et télescopeCe sera comment, la vie en 2112 ?

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Le monde en 2112? A vous de jouer!

Divination par John Niedermeyer - Flickr - CC

En cette période pré-électorale en France et dans le contexte actuel de crise économique mondiale persistante, faire de la prospective devient de plus en plus nécessaire. En effet, c’est bien dans les moments de doute et d’incertitude que nous avons, encore plus que d’habitude, besoin d’une perspective, voire d’un espoir… Dire que les hommes politiques actuels, voire nos intellectuels, ne nous aident guère dans ce domaine relève de la litote. Mais après tout, avons-nous vraiment besoin d’eux pour nous projeter dans le futur ? Ne sommes-nous pas capables d’imaginer, à partir de la situation actuelle, qu’il s’agisse des sciences, de la technologie, de la médecine, de la société ou de la politique, ce qui pourrait advenir d’ici 100 ans, en 2112 ?
Il y a un peu plus d’un siècle, un illustre inconnu, John Elfreth Watkins, n’a pas hésité à publier 29 prophéties dans la revue The Ladies’ Home Journal. Slate rend compte de quelques prédictions qui se sont rélèvées étonnamment justes dans cet article.
Devant cette preuve manifeste que la prédiction n’est pas vouée à l’échec, Slate et Globule et Télescope vous lancent le défi :

Prédire ce que sera le monde et notre vie quotidienne en 2112 !

Voici quelques pistes pour participer à cet exercice, non de divination, mais bien de prospective. Il ne s’agit pas de donner le nom du président de la République française à cette époque, mais plutôt d’imaginer si nous serons toujours en république ou sous un autre régime… Ainsi, vous pourriez répondre à certaines des 10 questions suivantes et à d’autres, bien entendu. L’utopie est même autorisée… En 2112 :

1 –   Grâce à la médecine, quelle sera la durée moyenne de la vie humaine ?
2 –   Pourrons-nous changer d’organes à volonté ?
3 –   Garderons-nous toute notre vie notre visage de 20 ans ?
4 –   Roulerons-nous toujours en automobile ou bien en aéromobile ?
5 –   La côte d’azur sera-t-elle devenue un désert ?
6 –   Communiquerons-nous toujours par téléphone ou bien par télépathie ?
7 –   L’homme aura-t-il colonisé une autre planète (la Lune, Mars…) ?
8 –   Faute de ressources fossiles, quelle énergie utiliserons-nous ?
9 –   Aurons-nous un gouvernement démocratique mondial ?
10 – Combien serons-nous sur Terre et avec quel niveau de vie moyen ?

Bien entendu, il ne s’agit là que d’exemples… Vous pouvez nous livrer d’autres prédictions. Nous publierons ensuite, d’ici quelques semaines, une synthèse de ces visions du futur sur le site de Slate.
Ainsi, dans 100 ans, nos descendants pourront-ils se livrer à l’exercice émouvant consistant à comparer ce que vous avez imaginé avec ce qui s’est réellement produit. Le même examen que celui que nous avons fait passer à John Elfreth Watkins. Peut-être auront-ils alors aussi quelques surprises…

A vous de jouer !

Michel Alberganti

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Le cri secret du tarsier

Le tarsier des Philippines est un tout petit primate nocturne aux grands yeux ronds, qui était bien connu jusqu’ici pour être discret, insoutenablement mignon, et bailler souvent.

Et un tarsier la bouche ouverte, croyez bien que ça vaut le détour :

Une branche, ça peut surprendre.

Mais cette apparence de fatigue perpétuelle était en fait usurpée : un tarsier ne baille pas, il crie.

Il crie mais son cri est bien trop aigu pour être audible pour une oreille humaine, ce qui explique que personne ne s’en était rendu compte jusqu’à maintenant. Produire des ultrasons n’a rien de très original chez les mammifères, mais ne produire que des ultrasons, voilà qui est plus rare.

Le tarsier ne fait pas les choses à moitié : alors que le spectre auditif humain va de 20 à 20 000 hertz, la fréquence principale du cri du tarsier est de 70 000 Hz, et il peut entendre jusqu’à 91 000 Hz. Cela ne bat pas la performance de certains cétacés (jusqu’à 160 000 Hz) mais ça reste très impressionnant, et complètement nouveau pour un primate.

Vous pouvez même écouter un échantillon de ce cri, suffisamment ralenti pour être audible, mais encore trop aigu pour être mélodieux :

Le cri du tarsier

Outre son originalité, ce moyen de communication présente un avantage précieux : la discrétion, car une bonne partie des prédateurs du tarsier, qu’il s’agisse d’oiseaux, de serpents ou de lézards, sont incapables d’entendre des fréquences aussi aiguës. En outre, un son aigu se détache mieux des nombreux bruits de la forêt (ce qui explique par exemple que peu d’oiseaux gazouillent dans les graves).

Les auteurs de cette découverte rappellent les autres cas connus de communication suraiguë chez, outre les cétacés, certains rongeurs, quelques chauves-souris et les chats. La question qu’ils posent maintenant est toute simple : que va-t-on découvrir si l’on met d’autres petits primates devant des enregistreurs d’ultrasons ? Peut-être bien que nos cousins primates sont plus d’une espèce à discuter derrière notre dos…

(Probablement de branches.)

Fabienne Gallaire

Eeeeeeek !

Sources :

Primate communication in the pure ultrasound, Marissa A. Ramsier et al., Biology Letters, février 2012. (Article complet en accès gratuit)

The only primate to communicate in pure ultrasound, Zoë Corbyn, New Scientist, 8 février 2012. (Avec enregistrement du cri ralenti pour être audible)

The only primate to communicate in pure ultrasound

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Offrez-vous un tour de Lune en 2017

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Attention ! Il risque de ne pas y avoir de place pour tout le monde ! Déjà un ticket vendu et un deuxième sur le point de l’être. Mieux vaut donc réserver au plus vite. D’autant que l’offre n’a jamais été aussi bon marché. Quasiment du low cost ! Pour la bagatelle de 150 millions de dollars, vous pouvez vous offrir la Lune !  Ou, du moins, un tour de Lune. Le plus grand manège que l’homme n’ait jamais conçu. De la Terre à la Lune  avec visite de la face cachée et retour. Imaginez la tête de vos amis qui ne se seront payés qu’un naufrage sur Costa Cruises, n’auront “fait” que la Chine en 3 jours ou même qu’un Super Trail autour du Mont-Blanc. Vous, vous reviendrez de la Lune !!! Eux n’en reviendront pas, pour sûr.

Au delà des limites…

C’est ainsi que l’être humain est en passe de repousser le tourisme au delà des limites de l’atmosphère et, surtout, du ridicule. Déjà passablement absurde, l’activité consistant à survoler des pays à la chaine sur Terre pourrait atteindre de nouveaux sommets. Bientôt, avec le tourisme spatial, les plus riches pourront se payer un saut de puce dans l’espace, histoire de s’éblouir d’un flash de grand noir du cosmos. Et mieux encore, la Lune. Comme certains autobus pressés par un programme surchargé, le vaisseau spatial ne s’arrêtera pas. Impossible, donc, d’ajouter l’empreinte de vos semelles à celles de Neil Armstrong. Ce sera pour plus tard, sans doute. Pour l’instant, vous pourrez découvrir “The Dark Side of the Moon” rêvé par les Pink Floyd et filmée récemment par la NASA et admirer un inégalable lever de Terre. Le tout dans une apesanteur premier choix et grâce, sans doute, à un hublot panoramique, genre 3D en HD.

Pour 150 millions de dollars

Après les visionnaires qui ont acheté des terrains sur la Lune, voici ceux qui vont se se l’offrir en destination touristique. Preuve que les distractions sur Terre ne sont plus guère à la hauteur. De fait, l’offre y est assez pauvre. Pour 150 millions de dollars, on a plus rien. D’où l’aubaine offerte, non par quelque illuminé en overdose de Tintin et de Jules Verne, mais par la très sérieuse société américaine Space Adventures.

Son président, Eric Anderson l’a annoncé mercredi 1er février dans une vidéo publiée sur Youtube : le départ est programmé pour février 2017. Dans seulement 5 ans. Pourquoi cette date ? Dans sa mégalomanie astronomique, Eric Anderson ne craint pas de choisir une célébration assez douteuse sur le plan publicitaire. Il a en effet fixé la date de ce premier vol touristique circum lunaire afin de fêter les 50 ans du premier vol Appolo.

Les astronautes Chaffee, White et Grissom avant le drame - NASA

L’idée serait symboliquement forte si cette mission ne s’était tragiquement terminée. Avant le lancement prévu pour  21 février 1967, les trois astronautes d’Appolo 1, Virgil Grissom, Edward White and Roger Chaffee, firent un test le 27 janvier 1967, à Cap Canaveral. Un feu ayant pris dans le module de commande, les trois hommes sont morts brulés et asphyxiés, faute d’avoir réussi à ouvrir l’écoutille du module pour s’en extraire à temps. Ils sont été retrouvés gisant sur le sol ou encore assis dans leur siège, brulés au troisième degrés sur une partie importante de leur corps.

 

L’entreprise privée pour stimuler les Etats

Cinquante ans plus tard, espérons que les touristes ne penseront pas trop à cet anniversaire, l’un des plus noirs de l’histoire de la conquête spatiale américaine, au moment d’entrer dans leur capsule.  Eric Anderson semble déterminé à effacer cette date des mémoires en la remplaçant par celle du premier vol touristique sur la Lune. Comme s’il était besoin de justifier une telle activité, il estime, dans sa vidéo, que les futures réussites de Space Adventures raviveront les ambitions de l’homme dans l’espace. “Si une entreprise privée peut emmener des civils autour de la Lune pour quelques centaines de millions de dollars, cela redonnera aux États, qu’il s’agisse des États-Unis, de la Chine, de la Russie ou de l’Europe, le désir de faire encore plus grâce aux moyens dont ils disposent”, explique-t-il en substance.

Promesses de Lune

Newt Gingrich - Photo: Gage Skidmore

Ces déclarations arrivent à point nommé dans la campagne présidentielle. L’un des candidats à l’investiture républicaine, Newt Gingrich, a promis, fin janvier, d’établir une base lunaire avant la fin de son second mandat (ambitieux lorsque l’on est pas encore candidat au premier…). Son concurrent Rick Santorum a considéré qu’un tel projet, à environ 100 milliards de dollars, n’est pas économiquement réaliste. Cela n’empêche pas la Russie de dresser ses propres plans sur la Lune en lançant une sélection d’astronautes pour une mission lunaire avant 2020, comme l’a annoncé la Pravda le 2 février 2012. Preuve que l’espace fait encore rêver et que, dans certains pays au moins, il existe des budgets pour financer de tels projets.

Bien avant la réalisation de ces hypothétiques missions de reconquête de la Lune par l’homme, vous pourrez aller vous faire une opinion de visu grâce à Space Adventures. Vous partirez donc à bord d’un vaisseau russe Soyouz-TMA équipé d’un module d’habitation supplémentaire. Peu après, une seconde fusée sera lancée qui viendra s’amarrer au Soyouz dans l’espace. Imaginez le spectacle ! Grâce à ce coup de pouce, vous échapperez à l’attraction terrestre pour partir faire le tour de la Lune et admirer sans face cachée à 100 km d’altitude. Il vous reste 5 ans pour vous préparer et sans doute moins pour racler vos fonds de tiroirs afin d’acheter un billet aller-retour…

Michel Alberganti

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La romance virtuelle, ça marche !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une bénédiction pour les coeurs solitaires… Alors qu’il est de bon ton de penser que les rencontres en ligne ne sont que des attrape-nigauds, une étude américaine montre que ce mode de mise en relation a dépassé toutes les autres, hormis la bonne vieille rencontre par l’intermédiaire d’amis. La publication destinée à la revue Psychological Science et rendue publique le 6 février 2012 constate que “chaque année, des millions de personnes à la recherche de relations utilisent ces sites [de rencontre en ligne], souvent en payant des sommes substantielles pour cela”.

Pour l’un des auteurs de l’étude, Harry Reis, professeur de psychologie à l’université de Rochester, “la rencontre en ligne est définitivement un nouveau et très utile virage dans les relations”. Un site à l’appellation particulièrement romantique comme PlentyOfFish annonce donner accès à “145 millions de visiteurs par mois”. Pas question de le concurrencer avec les boites de nuit ou les bals de toutes sortes. Les 64 pages de la publication synthétisent plus de 400 études psychologiques et d’intérêt public. Selon l’industrie de la rencontre virtuelle, cette pratique aurait rassemblé 25 millions d’utilisateurs uniques dans le monde pendant le seul mois d’avril 2011. L’étude conclue avec philosophie: “Les relations romantiques peuvent commencer n’importe où”.

Plus de 23% des Américains

Sur la toile, semble-t-il, on ne fait plus tapisserie. Les chercheurs publient une courbe montrant une spectaculaire croissance de la proportion d’Américains déclarant avoir rencontré leur partenaire en ligne. Le pourcentage passe de moins de 1% au début des années 1990, à environ 5% pour la période 1994-1998 et à plus de 23% pour les années 2007-2009, période pendant laquelle le virtuel à dépassé tous les autres entremetteurs à l’exclusion des amis. Ce dernier chiffre concerne les couples hétérosexuels qui se font formés à partir d’un premier contact virtuel. Il passe à 61% pour les couples homosexuels. Des pourcentages qui doivent avoir encore augmenté aujourd’hui, selon les auteurs. Avec des différences significatives de pratiques entre les hommes et les femmes. Selon une étude de 2010 sur 6485 utilisateurs, les premiers auraient vu 3 fois plus de profils que les secondes. Et les hommes seraient plus enclins à amorcer un contact avec une femme après avoir vu un profil féminin (12,5 contre 9 %).

Sélection opaque

Un mythe tombe, et pas le sens escompté par les sceptiques du virtuel. Les rencontres en ligne ne restent pas éternellement virtuelles. Elles ne concernent donc pas uniquement des personnes mal dans leur peau et incapables de passer de l’écran à la réalité. Pour autant, tout n’est pas rose dans l’univers du “online dating”. En particuliers, les promesses de rencontre de l’âme soeur grâce aux logiciels de sélection des profils sont encore loin d’être tenues. Ainsi les chercheurs n’ont pas trouvé trace de publications dans des revues scientifiques qui expliquent en détail les critères utilisés pour rapprocher les utilisateurs en fonction de leurs affinités. “En fait, les méthodes racoleuses affichées par les sites ont été élaborées en interne avec des techniques de traitement des données considérées comme des secrets de fabrication et, de ce fait, non vérifiables par des tiers”, notent les auteurs.

Productivité imbattable

Malgré cette inconnue de taille qui, probablement, ne recouvre pas une véritable optimisation de la sélection des profils, il semble donc que la rencontre en ligne fonctionne déjà avec une efficacité reconnue par les utilisateurs eux-mêmes. Le témoignage de l’un d’entre eux est sans équivoque: ” Où peut-on aller, en dehors des sites de rencontre en ligne, pour voir, en 20 minutes, les profils de 200 femmes célibataires qui cherchent des rencontres? “ Il est clair qu’en terme de productivité, le virtuel est imbattable…

Michel Alberganti

Photo: Don Hankins – Flickr – Licence CC

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Une explication au miracle des massages

Tout pratiquant occasionnel d’activité physique sait que les conséquences peuvent en être très douloureuses. Les muscles mis à contribution (en particulier trop rarement) ont une fâcheuse tendance à se venger en faisant extrêmement mal à leur propriétaire dans les jours qui suivent.

Un muscle squelettique au repos, avant qu’un exercice intense ne vienne désorganiser sa jolie structure (Louisa Howard)

Pour remédier à cette rançon de l’exercice, les sportifs vous diront que les massages sont d’une redoutable efficacité pour récupérer l’usage de ses muscles, et qu’on le sait depuis longtemps. Les explications avancées pour ce résultat sont cependant rarement convaincantes. Certains vous diront par exemple qu’il s’agit de drainer l’acide lactique ou des toxines générés par le métabolisme musculaire, mais cela ne colle pas avec le fait que les courbatures sont bien pires le lendemain de l’effort, c’est-à-dire des heures après la concentration maximale d’acide lactique.

La meilleure explication actuelle du phénomène de courbature, c’est que l’exercice, en particulier lorsqu’il est excentrique*, désorganise les structures microscopiques de la cellule musculaire qui doit ensuite se réparer. Les mécanismes impliqués entraînent une inflammation, avec son cortège de douleurs et de gonflement.

Et le massage dans tout ça ? De valeureux volontaires ont accepté de subir un traitement plutôt désagréable : il leur a fallu effectuer une session de pédalage particulièrement intense, avant d’être massés pendant dix minutes, certes, mais sur une seule de leurs jambes, de façon à pouvoir les comparer. Pour évaluer la réaction du muscle à l’exercice, trois séries d’échantillons ont été prélevés (c’est-à-dire, ne nous voilons pas la face, coupés) sur leur quadriceps avant l’exercice, après le massage, et enfin après deux heures et demie de récupération. Heureusement que ce muscle de la cuisse est le plus gros du corps humain…

Les résultats, publiés cette semaine dans Science Translational Medecine, sont éloquents : les muscles massés présentent une diminution des marqueurs d’inflammation et de stress cellulaire grâce à l’activation de récepteurs mécano-sensibles, c’est-à-dire sensibles aux variations de pressions et d’étirement du massage.

Fabienne Gallaire

* L’ exercice excentrique force à allonger le muscle en contraction. Pour le biceps, cela correspond  à faire descendre doucement un haltère en ouvrant le coude, par opposition à le faire monter vers l’épaule.

Source :

Muscle damage from eccentric exercise: mechanism, mechanical signs, adaptation, and clinical applications, U. Proske et D. L. Morgan, J Physiol 537(2):333-345, 2001.

Massage Therapy Attenuates Inflammatory Signaling After Exercise-Induced Muscle Damage,  Justin D. Crane et al., Sci Transl Med, Vol. 4, 119, février 2012.

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La face cachée de la Lune en vidéo

Le pôle Sud de la face cachée de la Lune - Mission GRAIL - NASA/JPL-Caltech

Pour la première fois, la NASA publie une brève vidéo de la face cachée de la Lune… Émouvant mais un peu décevant… La vidéo n’apportant pas grand chose par rapport à une photo. Mais on connaît l’art consommé de la NASA pour la communication.

Cette vidéo destinée à l’éducation dans le cadre de la mission Grail donne envie de comparer les deux faces de la Lune :

La face visible de la Lune - NASA/GSFC/ASU

La face cachée de la Lune - NASA/GSFC/ASU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On remarque un nombre d’impacts nettement supérieur sur la face cachée. La face visible est moins exposée aux objets venant de l’espace en raison du bouclier terrestre. Un bouclier lointain toutefois. Et il existe tout de même quelque 300 000 cratères de largeur supérieure à 1 km sur la seule face visible.
La situation relative de la Terre et de la Lune est difficile à imaginer et même à représenter. Si le diamètre de la Terre (environ 12 700 km) est environ 3,7 fois supérieur à celui de la Lune (environ 3 500 km), leur distance est de 384 400 km, soit plus de 30 fois le diamètre de la Terre. Il est donc délicat de les représenter à l’échelle pour les diamètres et la distance sur une même image, ce qui conduit souvent à les rapprocher exagérément. Les rares photos du couple prises depuis l’espace reflètent mieux cette distance :

Photo prise par la sonde NEAR en janvier 1998 à environ 400 000 km de la Terre et de la Lune - NASA

Michel Alberganti

 

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Qu’est-ce que la température ressentie?

On en entend parler à chaque bulletin météo par ces jours de grand froid. Au chiffre de la température en degrés Celsius s’ajoute une autre valeur appelée «température ressentie», encore appelée refroidissement éolien ou facteur vent. Cette dernière est plus basse que la température enregistrée par les thermomètres lorsque le vent souffle, comme cette bise sibérienne qui balaye actuellement la France.

Mais de quoi s’agit-il? Comment la calcule-t-on?

En fait, ce n’est pas très simple. L’objectif de la «température ressentie» (Windchill en anglais) est de tenir compte de l’impact du vent sur la peau humaine directement exposée au froid extérieur. Tout le monde a fait l’expérience de cette sensation glaciale qui accompagne le vent d’hivers. Au contraire, par grand froid dans un air calme, le corps humain souffre nettement moins.

La différence tient aux échanges thermiques entre la peau et l’air ambiant. Lorsque ce dernier est immobile, il se crée un gradient entre les 37°C de l’intérieur du corps humain et la température extérieure. La température varie progressivement. Le visage se trouve ainsi recouvert par une sorte d’isolation thermique constituée par la fine couche d’air qu’il a lui-même chauffée. L’air étant un excellent isolant, la protection est efficace. Au moins pendant un temps. Le refroidissement du corps se poursuit mais lentement.

Lorsque le vent souffle, ce phénomène n’est plus possible car la fine couche d’air chaud est sans cesse balayée. D’où une sensation de froid accentuée. mais comment la calculer? Les chercheurs se sont penchés pendant des années sur ce problème qui n’est pas sans rappeler celui de la pondération des décibels pour rendre compte de la perception du bruit par l’être humain (dB(A)).

Une formule complexe et contestée

La première formule et tables de températures ressenties ont établies pendant la Seconde Guerre mondiale dans l’Antarctique (Paul Allman Siple and Charles Passel) et utilisée dans les années 1970. En 2001, les Etats-Unis et le Canada ont adopté une nouvelle formule développée par des scientifiques et des médecins des deux pays. Ces derniers ont mesuré le transfert de chaleur qui se produit sur un visage exposé au vent lorsque la personne se déplace à une vitesse de 1,4 mètre par seconde. Ils ont abouti à la formule suivante:

Twc est la température ressentie, Ta est la température de l’air en degrés C et V est la vitesse du vent en km/h mesurée à 10 mètres.

On note tout de suite que le calcul n’est pas simple et que son résultat ne donne pas vraiment des degrés Celsius, les valeurs utilisées dans la formule ayant des unités incompatibles (une valeur sans unité à laquelle on ajoute des °C dont on soustrait des km/h avant de leur ajouter des °C multipliés par des km/h…). Par ailleurs, certains experts contestent la validité des hypothèses de base qui ne prennent en compte, par exemple, que le visage et négligent l’effet thermique de l’ensemble du corps ainsi que l’impact des vêtements chauds. La formule n’est donnée valable que pour des températures ambiantes inférieures à 10°C et des vitesses de vent supérieures à 4,8 km/h. Enfin, elle ne tient pas compte de l’humidité de l’air contrairement à la formule différente adoptée par l’Australie.

Malgré ces limitations, qui sont peut-être à l’origine de l’absence de mention, semble-t-il, de la température ressentie sur le site de Météo France, on trouve des sites, comme celui-ci, permettant de calculer cet indice dans la mesure où l’on connaît à la fois la température ambiante et la vitesse du vent… On peut aussi se référer à des tables comme celle-ci:

Michel Alberganti

Photo: Cold Man Freezing in Miserable Winter Snow Storm / Pink Sherbet via FlickrCC License by

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Climato-sceptiques: “Des dentistes pratiquant la cardiologie”…

La réponse des climatologues à la tribune publiée par 16 scientifiques, dont Claude Allègre, dans le Wall Street Journal du 27 janvier 2012 ne s’est pas fait attendre. Elle est venue le 1er février 2012 dans le même journal sous le titre: “Vérifiez auprès des climatologues les opinions sur le climat”. Signée par Kevin Trenberth et 37 scientifiques spécialisés dans l’atmosphère, les océans et  le climat, ce retour de bâton est aussi bref qu’incisif. Il commence par une question: “Consultez-vous un dentiste au sujet de l’état de votre cœur?”. La tribune souligne en effet que les signataires du texte intitulé “Pas la peine de paniquer sur le réchauffement climatique”, reconnus dans leur domaine, ne sont pas des experts du climat. Les signataires de la réponse contestent l’argument des climato-sceptiques concernant l’arrêt de l’augmentation de la température au cours des dix dernières années.

“Les experts du climat savent que la tendance au réchauffement n’a pas disparu au cours de la dernière décennie. En fait, il s’agit de la décennie la plus chaude jamais enregistrée. Les observations montrent sans équivoque que la planète se réchauffe. Et les modèles mathématiques ont récemment démontré que pendant certaines périodes, lorsque l’accroissement de la température de surface ralentit, le réchauffement se produit ailleurs dans le système climatique, en particuliers dans les océans profonds”.

97% des scientifiques du climat sont d’accord

La tribune rappelle que les principales académies nationales des sciences dans le monde, dont celle des États-Unis, ainsi que les corps constitués des experts du climat ont confirmé que “la science est claire” dans ce domaine, sans citer le GIEC. “Le monde se réchauffe et les hommes en sont les principaux responsables. Les effets sont déjà apparents et vont augmenter”. D’après les signataires, 97% des scientifiques publiant des articles dans le domaine du climat confirment que le réchauffement est une réalité et qu’il est dû à l’homme. “Ce serait un acte inconscient pour tout leader politique de ne pas tenir compte du poids des preuves et d’ignorer les risques énormes que fait peser le changement climatique”, concluent-ils en soulignant le cercle vertueux que représente l’investissement dans une économie à bas carbone: “Cela évitera non seulement les pires risques du changement climatique mais conduira à des décennies de croissance économique. Juste ce que le médecin a prescrit” .

L’impact du doute sur le terrain politique

Cette réaction apparaît d’autant plus nécessaire que le réchauffement climatique ne semble plus faire recette dans le débat politique aux Etats-Unis, pourtant en pleine campagne électorale pour les présidentielles du 6 novembre 2012. Ainsi, Maxwell T. Boykoff, professeur assistant au Centre de recherche sur la politique scientifique et technologique de l’université du Colorado, à Boulder, a publié une tribune dans le Washington Post du 27 janvier 2012 intitulée: “Un dangereux glissement dans la rhétorique d’Obama sur le “changement climatique”” L’auteur y analyse la façon dont les expressions “changement climatique” et “réchauffement planétaire” sont utilisées dans les discours politiques. En particulier ceux du président Obama. Il constate ainsi que ce dernier n’a prononcé qu’une fois les mots “changement climatique” dans son dernier discours à l’Union, contre zéro fois en 2011 et 2 fois en 2010. Cette année, cette citation n’a d’ailleurs été utilisée que pour souligner  les clivages au Parlement sur cette question qui rendent improbable l’adoption d’un plan efficace de lutte contre le changement climatique. Marginaux et marginalisés dans la communauté scientifique, les climato-sceptiques semblent donc atteindre leur but sur le plan politique aux Etats-Unis. C’était justement leur objectif. Et en France ?

Michel Alberganti

Photo: Le groupe  Banque mondiale

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