“Si ce n’est pas toi, c’est donc ton frère”… Tous les jeunes mâles nés après 1975 l’ont connu de près ou de loin, ont moqué les adeptes, envié les collectionneurs, rejoint le cercle fermé des joueurs. Dans la cour d’école, le profane appelle ces petites figurines de métal à peindre “les Warhammer”, sans trop savoir de quoi il s’agit. Pour une partie des adultes c’est une survivance des soldats de plomb, un passe-temps guindé qui rassure la famille et garde l’ado à la maison. Les rares personnes à ne pas connaître sont souvent rattrapées une fois parent, par les demandes de leurs gamins. Quand les dits parents ne sont pas déjà joueurs eux-mêmes… Et pourtant c’est cher, c’est long, c’est violent, salissant, ça prend de la place, ça demande des efforts de mémoire et de fair-play… A tel point que la constance de ce succès reste un mystère. Pour en parler, il n’y a que les connaisseurs qui vaillent, place donc à un joueur et amoureux de la figurine depuis plus de 15 ans…
Rue Lejemptel, Vincennes, à quelques jours de Nöel 2010. Madame «X» est une personne convenable, la mamie type : une respectable dame de soixante-treize ans. Comme chaque année, elle trottine vers une boutique au nom enchanteur : le Bois rieur. Armée d’une liste où figurent les vœux de sa chère petite tête blonde (appelons-le Kevin), elle franchit le seuil de la boutique jeu.
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Nous sommes une espèce cannibale. On dit souvent du cannibalisme qu’il n’est qu’un fantasme d’explorateur en mal d’exotisme, au pire une légende de colon destinée à animaliser les « primitifs ». Il est pourtant constitutif du fonctionnement de nos sociétés. De la messe dominicale au monde de l’entreprise, de la science-fiction survivaliste de « The Road » à l’icône vampirique pré-pubère de « Twilight », la marque de l’anthropophagie est partout. Et elle l’a toujours été. Mais la nouvelle tendance est à positiver l’idée de dévorer, voire de se laisser dévorer par l’autre… Pour accroitre sa puissance, pour transgresser, pour se dépasser ou pour s’en sortir. Une pratique en vogue, au moins dans son acception symbolique, qui la rend plus acceptable.
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Gardes à vue, démentis et confidences rebondissantes font oublier l’information sociologique déterminante que rappelle l’affaire Bettencourt. La preuve est faite s’il en était besoin: les Hauts-de-Seine sont devenus le nouveau Versailles, un cœur géographique du pouvoir; l’office central de distribution des enveloppes Kraft. C’est là que se nouent les drames de «la France d’après la rupture», que se répètent les prestations «décomplexées» des jongleurs financiers. L’œil averti ou le paparazzi bien caché peut observer ces hommes de pouvoir et autres contribuables d’exception, évoluer dans leur habitat usuel. Petite exploration aux abords de la rue des milliardaires.
lire le billetDans le cliché du fantasme de l’adepte de tuning, belle voiture et belle compagnie vont de paire. Si longtemps on a acheté la voiture pour inviter ces dames à danser (« achètes la caisse, tu feras tomber la belle »), ces dames sont peu à peu devenues des faire-valoir décoratifs dans les publicités automobiles (il reste qu’une caisse que met en valeur la belle). Mais depuis quelques années émerge un phénomène surprenant : « plus que la gonzesse, tu aimeras la caisse ». Sous des atours de mordus des beaux moteurs, ils s’appellent fétichistes du revving, cranking ou du pedal pumping. Les plus extrêmes sont les mécaphiles et se revendiquent de “l’objectùm-sexualité“. Ils se sont détournés de la chair pour s’exciter de la seule mécanique.
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«Bien évidemment, on ne se trouve pas beau tout nus quand on est un couple d’octogénaires!», s’exclame Thérèse Clerc, du haut de ses 82 ans. «Mais j’aime que mes amant(e)s soient intelligents. Ces messieurs ont parfois des difficultés, ces dames n’ont plus la même fermeté. On est plus du tout dans la performance. Les prouesses sont inutiles, on devient souvent plus attentif au plaisir de l’autre qu’au sien». Quant on est vieux, l’amour se pratique en longueur, avec patience. Son diagnostic est sans appel: la galipette est l’un des meilleurs conservateurs qui soient. Dans une France dont la toison grise vire au blanc, la sexualité des personnes âgées est un enjeu majeur de société.
lire le billet« Bonne année, bonne santé, que vos vœux soient exhaussés »… C’est bien gentil pour la forme. Me voici cloué au lit, le ventre noué, et le corps courbaturé depuis trois jours; probablement une très vilaine indigestion. Tel est le prix des festins immodérés de la période de Noël. Trop mangé et visiblement mal mangé aussi… Enfin pardon pour mes hôtes, mais c’est l’avis de mon estomac. Et puisque la mode du moment est à la résolution, que les modes de production alimentaires actuels menacent la survie de l’espèce et que Copenhague n’a rien donné, j’ai décidé d’essayer de me nourrir proprement et correctement, autant que faire se peut. Manger moins mais Bio en somme. Mais la résolution se doit aussi d’être bonne, il faut donc que ce soit Bio et écolo. C’est là que les choses se corsent…
lire le billetImaginez, une île paradisiaque comme celle de Koh Lanta. Une pirogue brave la houle, avec à son bord un candidat à la forte carrure. Il toise fièrement le rivage de ce qui sera bientôt son enfer… Près du bord, un rameur le hisse sur ses épaules, le traîne jusqu’au sable pour le décharger comme un sac de pierres.
J’aime l’art monomaniaque, concentré de jus de crâne et d’esprits fous…
Les descendants du Facteur Cheval ?!
Depuis 20 ans, Homer Simpson porte préjudice à l’image de l’homo americanus moderne. L’employé de la centrale nucléaire de Springfield semble avoir provoqué toutes les catastrophes qu’un esprit gonflé de bière et d’hormones de croissances puisse concevoir. Voici pourtant un exploit véridique, réalisé par un de ses compatriotes de chair et d’os, que même le héros de Matt Groening n’a jamais égalé. Laissez vous conter l’histoire de Larry Walters.
Lorsque Lazare Ponticelli est décédé mon cœur s’est déchiré. Quelle perte ! Le dernier témoin de la grande boucherie, le plus vieux des poilus. Ces tout petits yeux humides qui avaient vu le bleu-horizon, le brun-gadoue, le vert-de-gris et le rouge-sang. Cette bouche tordue par les rides qui ne pourra plus raconter, cette mémoire perdue. Un million et demi de cadavres forment un piédestal qui l’a élevé au dessus du rang de simple français. Il était l’œil du fond des âges, redoutable et nécessaire. Il portait une charge symbolique, historique, et donc identitaire, très forte pour notre culture. Pour les générations à venir, il aurait fallu le cryogéniser. Il en va de même pour Claude Lévi-Strauss.
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